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25 mars 2006 Annonciation |
Cet appel à la conversion, pour exigeant qu'il soit, est celui du Coeur infiniment aimant de Notre-Seigneur. Dans sa sollicitude maternelle à notre égard, la Très Sainte Vierge est venue nous le lancer à nouveau. Au cours de ses apparitions successives à Fatima, Notre-Dame, modèle de sagesse et d'une bonté sans égale, nous manifeste sa pédagogie surnaturelle. Lors de la première apparition, le 13 mai 1917, elle élève les trois jeunes voyants au désir du Ciel: alors que Marie, d'une beauté extraordinaire, toute lumineuse, vêtue d'une longue robe blanche et d'un voile qui descend jusqu'aux pieds, se tient devant elle, Lucie, la plus âgée du groupe, lui demande: «De quel endroit êtes-vous, Madame? Je suis du Ciel. Et que désirez-vous de nous? Je viens vous demander de vous trouver ici six fois de suite, à cette même heure, le 13 de chaque mois. Après, je vous dirai qui je suis et ce que je désire de vous. Vous venez du Ciel!... et moi, irai-je au Ciel? Oui, tu iras. Et Jacinte? Aussi. Et François? Il ira aussi; qu'il récite également son chapelet«»
Le Ciel est le but de notre existence. «Dieu, infiniment Parfait et Bienheureux en Lui-même, dans un dessein de pure bonté, a librement créé l'homme pour le faire participer à sa vie bienheureuse» (Catéchisme de l'Église catholique, CEC, 1). Ceux qui meurent dans la grâce et l'amitié de Dieu, et qui sont parfaitement purifiés, entrent au Ciel où ils sont pour toujours semblables à Dieu, parce qu'ils Le voient tel qu'Il est (1 Jn 3, 2), face à face (cf. 1 Co 13, 12). Bienheureux les coeurs purs, car ils verront Dieu (Mt 5, 8). Cette vie de parfaite communion et d'amour avec la Très Sainte Trinité, avec la Vierge Marie, les anges et les saints, tout en résultant d'un don gratuit de Dieu, est la réalisation des aspirations les plus profondes de l'homme, l'état de bonheur suprême et définitif. Dieu, en effet, a mis dans le coeur de l'homme le désir du bonheur afin de l'attirer à Lui. L'espérance du Ciel nous apprend que le vrai bonheur ne réside ni dans la richesse ou le plaisir, ni dans la gloire humaine ou le pouvoir, ni dans aucune oeuvre humaine, si utile soit-elle, comme les sciences, les techniques et les arts, ni dans aucune créature, mais en Dieu seul, source de tout bien et de tout amour (cf. CEC, 1723). «Dieu seul rassasie», affirme saint Thomas d'Aquin.
«Nous le voulons!»
Le 13 juillet suivant, la Sainte Vierge dévoile aux yeux des enfants une terrifiante réalité: «Notre-Dame nous montra une grande mer de feu, qui paraissait se trouver sous la terre et, plongés dans ce feu, les démons et les âmes, comme s'ils étaient des braises transparentes, noires ou bronzées, avec une forme humaine. Ils flottaient dans cet incendie, soulevés par les flammes qui sortaient d'eux-mêmes, avec des nuages de fumée. Ils retombaient de tous côtés, comme les étincelles retombent dans les grands incendies, sans poids ni équilibre, avec des cris et des gémissements de douleur et de désespoir qui horrifiaient et faisaient trembler de frayeur. Les démons se distinguaient par leurs formes horribles et dégoûtantes d'animaux épouvantables et inconnus, mais transparents et noirs. Cette vision ne dura qu'un moment, grâce à notre bonne Mère du Ciel qui auparavant nous avait prévenus, nous promettant de nous emmener au Ciel. Autrement, je crois que nous serions morts d'épouvante et de peur. Ensuite, nous levâmes les yeux vers Notre-Dame, qui nous dit avec bonté et tristesse: «Vous avez vu l'Enfer, où vont les âmes des pauvres pécheurs. Pour les sauver, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Coeur Immaculé. Si l'on fait ce que je vais vous dire, beaucoup d'âmes seront sauvées et l'on aura la paix»».
Une preuve de plus
Au cours de sa vie publique, notre Sauveur Jésus revient souvent sur le thème de l'Enfer, de la géhenne, du feu qui ne s'éteint pas (cf. Mc 9, 43-48), réservé à ceux qui refusent jusqu'à la fin de leur vie de croire et de se convertir, et où peuvent être perdus à la fois l'âme et le corps (cf. Mt 10, 28). Le Compendium du Catéchisme de l'Église catholique (n. 395) nous le rappelle: «Le péché mortel détruit en nous la charité, nous prive de la grâce sanctifiante et conduit à la mort éternelle de l'Enfer s'il n'y a pas de repentir». Le Magistère de l'Église s'est exprimé bien souvent à ce sujet; le Pape Pie XII soulignait, le 23 mars 1949: «La prédication des premières vérités de la foi et des fins dernières, non seulement n'a rien perdu en nos jours de son opportunité, mais elle est devenue plus que jamais nécessaire et urgente, même la prédication sur l'Enfer. Sans doute faut-il traiter ce sujet avec dignité et avec sagesse. Mais, quant à la substance de cette vérité, l'Église a, devant Dieu et devant les hommes, le devoir sacré de l'annoncer, de l'enseigner, sans aucune atténuation, telle que le Christ l'a révélée, et il n'y a aucune circonstance de temps qui puisse diminuer la rigueur de cette obligation. Elle lie en conscience chaque prêtre auquel, dans le ministère ordinaire ou extraordinaire, est confié le soin d'instruire, d'avertir et de guider les fidèles. Il est vrai que le désir du Ciel est un motif en soi plus parfait que la crainte des peines éternelles; mais il ne s'ensuit pas que ce soit pour tous les hommes aussi le motif le plus efficace pour les retenir éloignés du péché, et pour les convertir à Dieu».
Le souci d'une Mère
Le message de Fatima est essentiellement celui de l'Évangile. Dès le début de sa vie publique, Notre-Seigneur a proclamé: Le royaume de Dieu est tout proche... Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle (Mc 1, 15). Cet appel est constamment au coeur de la prédication de l'Église. Saint Benoît le fait entendre dès le prologue de sa Règle: « Écoute, ô mon fils, les préceptes du Maître, et incline l'oreille de ton coeur. Reçois volontiers l'avertissement d'un père plein de tendresse, et accomplis-le efficacement, afin que le labeur de l'obéissance te ramène à celui dont t'avait éloigné la lâcheté de la désobéissance... C'est pour l'amendement de nos péchés que les jours de cette vie nous sont prolongés comme une trêve, ainsi que dit l'Apôtre: Ignores-tu que la patience de Dieu t'invite à la pénitence? (Rm 2, 4). Car notre miséricordieux Seigneur dit aussi: Je ne veux pas la mort du pécheur, mais qu'il se convertisse et qu'il vive (Ez 18, 23)».
Se convertir, changer de vie, signifie revenir vers Dieu en Lui témoignant notre regret de L'avoir offensé. Particulièrement frappé par la tristesse de Notre-Dame lorsqu'elle demande que l'on n'offense plus son Fils, François désirait consoler Celui-ci, en commençant par s'abstenir de tout péché. «J'aime tant Notre-Seigneur! Mais Il est si triste à cause de tous les péchés. Non! nous ne ferons plus aucun péché». Aussi, les trois enfants sont-ils prêts à affronter les persécutions et la mort plutôt que de mentir pour se libérer des contradictions. Mais le changement de vie comprend, en plus de la confession sacramentelle pour recevoir le pardon des péchés, la mortification du coeur et des sens pour réparer les péchés passés et s'unir au Christ dans sa Passion. Fait très remarquable: les apparitions allumèrent dans les coeurs des trois voyants un zèle ardent de prendre part aux souffrances du Christ. Par exemple, ils décident de donner leur goûter quotidien à des enfants pauvres et de se contenter de ce qu'ils pourraient trouver dans la nature. Un jour, la mère de l'un des enfants les appelle pour leur faire manger des figues d'une variété succulente. Jacinte s'assoit à côté du panier et déjà se délecte à la pensée de manger de si beaux fruits. Elle en prend un. Puis, subitement, elle se ravise: «Nous n'avons encore fait aucun sacrifice pour les pécheurs. Faisons celui-ci». Et elle replace la figue dans le panier.
Lorsque la grâce de Dieu est entrée dans une âme, celle-ci ne se contente pas de faire pénitence pour ses propres péchés, elle veut aussi se sacrifier pour les autres. C'est ainsi que, pendant la longue et cruelle maladie qui l'emportera le 20 février 1920, Jacinte est encouragée par l'assurance que ses souffrances, unies à celles du Sauveur, convertiront des pécheurs et leur éviteront la damnation. Cette fillette délicate, naturellement boudeuse, est devenue patiente et même forte devant la souffrance. Peu de temps avant sa mort, elle dit à Soeur Marie-Purification Godinho, la religieuse qui la soigne: «La mortification et les sacrifices font grand plaisir à Notre-Seigneur! Oh! fuyez le luxe. Fuyez les richesses. Aimez beaucoup la sainte pauvreté. Soyez très charitable, même à l'égard des méchants. Ne dites jamais du mal de personne et fuyez ceux qui médisent des autres. Soyez très patiente, parce que la patience conduit au Ciel. Priez beaucoup pour les pécheurs! Priez beaucoup pour les prêtres, pour les religieux et pour les gouvernements. Les prêtres ne devraient s'occuper que des affaires de l'Église. Ils doivent être purs, très purs! La désobéissance des prêtres et des religieux à leurs supérieurs et au Saint-Père offense beaucoup Notre-Seigneur».
La pénitence que Dieu attend
Quels sont les sacrifices qui plaisent davantage à Dieu? Quelques mois avant la première apparition de Notre-Dame, les enfants eurent la visite d'un Ange. Celui-ci leur dit: «Surtout, acceptez et supportez les souffrances que le Seigneur vous enverra». Bien des années plus tard, en 1943, Soeur Lucie écrira: «Le Bon Dieu désire grandement le retour de la paix, mais Il est peiné de voir un si petit nombre d'âmes en état de grâce et disposées à pratiquer les renoncements qu'Il leur demande pour adhérer à sa Loi. Et c'est précisément la pénitence que le Bon Dieu exige maintenant, c'est le sacrifice que chacun doit s'imposer afin de vivre une vie juste en conformité avec sa Loi. Il veut pour mortification l'accomplissement simple et honnête des tâches quotidiennes et l'acceptation des peines et des soucis; et Il désire que l'on fasse connaître clairement cette voie aux âmes, car beaucoup, prenant le mot de pénitence dans le sens de «grandes austérités», et ne s'en sentant ni les forces ni la générosité, se découragent et tombent dans une vie d'indifférence et de péché». Notre-Seigneur dira encore à Lucie: «Le sacrifice exigé de chacun est l'accomplissement de son propre devoir et l'observation de ma Loi; c'est la pénitence que maintenant je demande et j'exige».
La recommandation du Rosaire est, elle aussi, au coeur des apparitions de Fatima. La Sainte Vierge en parle à plusieurs reprises. En 1917, le monde connaît encore les horreurs de la première guerre mondiale, sans que personne n'en voie l'issue. Lors de la troisième apparition, le 13 juillet, Notre-Dame insiste: «Il faut réciter tous les jours le chapelet en l'honneur de la Sainte Vierge pour obtenir la fin de la guerre par son intercession, parce qu'il n'y a qu'Elle qui puisse nous venir en aide». Et le 13 octobre, elle se nomme elle-même, «Notre-Dame du Rosaire». Lors de cette prière traditionnelle, elle demande d'ajouter, à la fin de chaque dizaine, l'invocation: «Ô mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés; préservez-nous du feu de l'Enfer, et conduisez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde». En effet, le secours de la grâce de Dieu s'étend aussi loin que possible; personne n'est exclu de la volonté salvifique de Dieu, ni par conséquent, de la sollicitude maternelle de Marie, qui nous enseigne le rôle primordial de la prière dans l'oeuvre du salut. «Il faut prier beaucoup pour empêcher les âmes d'aller en Enfer», répétait souvent Jacinte.
«Reprenez le chapelet en main!»
«Aie pitié du Coeur de ta Mère!»
On peut se demander quels sont ces outrages qui font tant de peine au Coeur de Notre-Dame. Généralement, ce sont tous les péchés qui offensent Dieu. Parmi eux, certains offensent spécialement le Coeur de notre Mère du Ciel: d'abord les blasphèmes contre ses trois grands privilèges, sa Conception Immaculée, sa Virginité perpétuelle, sa Maternité divine; puis, les outrages contre les images qui la représentent, enfin le crime de ceux qui enseignent aux enfants le mépris, la moquerie, et jusqu'à la haine de leur Mère du Ciel. Sans doute faut-il aussi compter comme offensant particulièrement son Coeur Immaculé les manquements à la vertu de pureté. À ce propos, Jacinte fera part à Soeur Marie-Purification des paroles reçues de Notre-Dame: «Les péchés qui jettent le plus d'âmes en Enfer sont les péchés d'impureté. Il viendra certaines modes qui offenseront beaucoup Notre-Seigneur. Les personnes qui servent Dieu ne doivent pas suivre ces modes». La même Jacinte, peu avant sa mort, disait encore à Lucie: «Tu resteras encore ici-bas pour faire connaître aux hommes que le Seigneur veut répandre dans le monde la dévotion au Coeur Immaculé de Marie. Rappelle bien à tout le monde que c'est par le Coeur Immaculé de Marie que le Bon Dieu veut nous accorder ses grâces; c'est à ce Coeur Immaculé qu'il faut les demander... Le Coeur de Jésus veut que le Coeur Immaculé de Marie soit vénéré avec le sien».
Le message de Fatima est toujours d'actualité. Au seuil du troisième millénaire, le pape Jean-Paul II s'exprimait ainsi lors de la béatification de François et Jacinte: «Le message de Fatima est un appel à la conversion; il en appelle à l'humanité pour qu'elle ne fasse pas le jeu du dragon, dont la queue balayait le tiers des étoiles du Ciel et les précipita sur la terre (Ap 12, 4). Le but ultime de l'homme, c'est le Ciel, sa vraie maison où le Père céleste, dans son amour miséricordieux, est en attente de tous. Dieu veut que personne ne se perde. Aussi, il y a deux mille ans, a-t-il envoyé son Fils sur terre pour chercher et sauver ce qui était perdu (Lc 19, 10). Il nous a sauvés par sa mort sur la Croix. Que personne ne rende vaine cette Croix! Jésus est mort et ressuscité pour être l'aîné d'une multitude de frères (Rm 8, 29). Dans sa sollicitude maternelle, la Très Sainte Vierge Marie est venue ici, à Fatima, pour demander aux hommes de «ne plus offenser Dieu, Notre-Seigneur, qui est déjà tellement offensé». C'est la douleur d'une mère qui l'oblige à parler; ce qui est en jeu, c'est le sort de ses enfants. Aussi demande-t-elle aux jeunes bergers: «Priez, priez beaucoup et faites des sacrifices pour les pécheurs; tant d'âmes finissent en Enfer parce qu'il n'y a personne qui prie et se sacrifie pour elles»» (13 mai 2000).
Puissions-nous contribuer à l'établissement dans le monde de la dévotion au Coeur Immaculé de Marie pour amener un grand nombre d'âmes à la conversion et à un ardent amour pour Jésus et Marie.