1 mai 1999
Bienheureux Aloïs Stepinac
Bien chers Amis de l’abbaye Saint-Joseph,
Le mystère pascal de la Mort et de la Résurrection de Notre-Seigneur Jésus-Christ doit être vécu par tous les chrétiens, chacun y participant selon une mesure particulière voulue par Dieu. Pour le Cardinal Aloïs (Louis) Stepinac la mesure a été abondante. Après avoir suivi le Christ dans sa Passion, il a été glorifié non seulement au Ciel mais sur la terre. En 1992, trente-deux ans après sa mort, l’autorité politique de son pays le réhabilitait au yeux des hommes, reconnaissant comme injustes, le procès intenté contre lui et le verdict prononcé le 11 octobre 1946.
Qui plus est, le Pape Jean-Paul II le béatifiait, le premier samedi du mois d’octobre 1998, dans le sanctuaire national et marial de Marija Bistrica (Croatie): «Le Cardinal-archevêque de Zagreb, une des figures les plus en vue de l’Église catholique, après avoir subi dans son corps et dans son esprit les atrocités du système communiste, est désormais confié à la mémoire de ses compatriotes avec les insignes éclatants du martyre…
Par son itinéraire humain et spirituel, le bienheureux Aloïs Stepinac a donné à son peuple une sorte de boussole avec laquelle s’orienter. En voici les points cardinaux: la foi en Dieu, le respect de l’homme, l’amour de tous poussé jusqu’au pardon, l’unité avec l’Église sous la conduite du Successeur de Pierre. Il savait bien que l’on ne peut faire de réduction quand il s’agit de la vérité, car la vérité n’est pas une marchandise d’échange. Aussi préféra-t-il affronter la souffrance plutôt que trahir sa conscience et manquer à la parole donnée au Christ et à l’Église» (Homélie de la béatification, 3 octobre 1998).
L’exemple d’un saint
Aloïs Stepinac est né à Krasic, au nord-ouest de la Croatie, le 8 mai 1898. Cinquième enfant d’un foyer d’agriculteurs aisés, il grandit au sein d’une famille profondément chrétienne, où règnent l’amour et le respect mutuel ainsi que la charité envers les plus démunis. Sa mère, femme simple et pieuse, vénère particulièrement la Bienheureuse Vierge Marie, trait qui distinguera également son fils.
Envoyé au collège à Zagreb, Aloïs y montre une forte volonté, malgré un tempérament discret et réservé. En 1917, il est mobilisé dans l’armée austro-hongroise. Rentré au pays en juin 1919 après une brève captivité en Italie, le jeune homme traverse une crise intérieure. Dégoûté par l’immoralité côtoyée à l’armée, il commence des études d’agriculture, bientôt interrompues. Un projet de mariage n’aboutit pas. En mars 1924, un prêtre qui le connaît bien, publie dans une revue un article sur saint Clément-Marie Hofbauer et le lui envoie avec une longue lettre. Touché par l’exemple de ce saint, le jeune homme se décide à consacrer sa vie à Dieu et entre au Séminaire «Germanicum» à Rome. Un de ses condisciples dira de lui: «Il brûlait d’amour pour l’Église et était tout pénétré de fidélité envers le Saint-Père».
L’abbé Stepinac achève un doctorat en philosophie, puis en théologie à l’Université Grégorienne de Rome, et reçoit l’ordination sacerdotale le 26 octobre 1930. De retour en Croatie, il trouve le pays meurtri et exploité par la Serbie. Son désir est d’être curé de campagne, mais l’archevêque de Zagreb le garde comme cérémoniaire, puis comme notaire de la Curie archiépiscopale. Il accepte, en remarquant: «Je ne sais si je resterai ici ou non. Peu m’importe; tous les chemins au service de Dieu conduisent au Ciel». D’importantes missions lui sont confiées, comme celle d’apaiser les conflits survenus dans certaines paroisses. Il suscite des oeuvres caritatives dans les quartiers pauvres de Zagreb et organise des soupes populaires.
En 1934, l’archevêque, Mgr Bauer, tombe gravement malade et demande au Saint-Siège un coadjuteur. Il propose le nom d’Aloïs Stepinac, qui essaie en vain d’échapper à cette charge, du fait de son âge (36 ans) et de son peu d’expérience sacerdotale: le 29 mai, il est nommé coadjuteur. Il se rend à pied au sanctuaire marial de Marija Bistrica, à 36 km de Zagreb, pour confier à Marie son difficile ministère. De fait, les évêques croates doivent sans cesse combattre pour la reconnaissance des droits de l’Église catholique (liberté scolaire, liberté d’association, autorité de l’Église sur les mariages des catholiques, etc.).
Le 7 décembre 1937, Mgr Bauer meurt et Mgr Stepinac lui succède comme archevêque de Zagreb. Le prélat recommande à ses prêtres de consacrer le meilleur d’eux-mêmes à leur vie intérieure. Parmi ses actes de gouvernement avant la guerre, il publie une lettre ouverte à tous les médecins pour dénoncer la «peste blanche»: le développement de la contraception et de l’avortement. D’autre part, il fonde un journal quotidien catholique pour combattre l’influence de la presse irréligieuse.
L’archevêque estime profondément la vie religieuse et juge son développement indispensable. Les monastères doivent devenir des «forteresses du Christ», et protéger le diocèse par les armes spirituelles de la prière, du renoncement et du sacrifice.
«Le fruit d’un immense égoïsme»
Mgr Stepinac avait annoncé la deuxième guerre mondiale en ces termes: «Les couples mariés ne respectent plus les valeurs du mariage; on pratique l’adultère, on ne s’occupe pas des enfants; en un mot, on fait tout pour effacer le nom de Dieu sur la terre. On détruit toutes les valeurs morales. Alors, il n’est pas étonnant que Dieu s’adresse maintenant aux foules par le seul langage qu’elles puissent comprendre… et c’est le chaos sur la terre, l’horreur de la guerre, la destruction de tout. C’est le fruit d’un immense égoïsme… La première règle, si nous voulons voir des jours meilleurs, c’est de rendre à Dieu le respect qui lui est dû, avec humilité; c’est la seule voie de la paix!» Enseignement qui demeure actuel!
Le 10 avril 1941, après l’invasion de la Yougoslavie par les armées allemandes, les nationalistes croates (appelés aussi Oustachis) proclament un État indépendant à Zagreb. À côté de réalisations positives (pleine liberté pour l’Église catholique, protection des bonnes moeurs, etc.), le nouveau régime se déshonore par des discriminations contre les citoyens de religion orthodoxe, les Juifs et les Tziganes. Sans condamner absolument
l’État croate reconnu «de facto» par le Saint-Siège, Mgr Stepinac garde la plus grande réserve. Il se fait le porte-parole de tous les opprimés et persécutés, dénonce les exactions des Oustachis et condamne les théories raciales ainsi que les persécutions contre les minorités juive et serbe.
Le gouvernement croate pousse les orthodoxes à passer à la religion catholique. Mgr Stepinac adresse à son clergé une note confidentielle: «Quand viennent à vous des personnes de confessions juive ou orthodoxe se trouvant en danger de mort, et qui veulent pour cela se convertir au catholicisme, recevez-les1 pour sauver leur vie. Ne cherchez d’eux aucune connaissance religieuse particulière car les orthodoxes sont des chrétiens comme nous, et la foi juive est la racine du christianisme. Le rôle et le devoir des chrétiens sont avant tout de sauver les gens. Quand prendra fin ce temps de démence et de sauvagerie, pourront rester dans notre Église ceux qui auront été convertis par conviction, les autres, une fois le danger passé, retourneront dans la leur». L’Église, en effet, enseigne la liberté de l’acte de foi: «C’est un des points principaux de la doctrine catholique que la réponse de foi donnée par l’homme à Dieu doit être volontaire; en conséquence, personne ne doit être contraint à embrasser la foi malgré lui» (Vatican II, Dignitatis humanæ, 10).
Tout au long de la guerre, l’archevêque de Zagreb prodigue les bienfaits de sa charité aux malheureux, quels qu’ils soient. Il distribue par wagons entiers de la nourriture aux réfugiés, prend personnellement soin des orphelins dont les parents ont été internés ou se sont enfuis dans les maquis, et sauve de la famine et de la mort 6700 enfants, la plupart de parents orthodoxes.
Le président de la communauté juive des États-Unis, Louis Breier, dira de lui, le 13 octobre 1946: «Cette grande personnalité de l’Église a été accusée de collaboration avec les nazis. Nous, Juifs, nous le nions. Nous savons, par sa vie depuis 1934, qu’il a toujours été un ami véritable des Juifs qui, en ces années-là, subissaient les persécutions d’Hitler et de ses adeptes. Aloïs Stepinac est un de ces hommes, rares en Europe, qui se sont élevés contre la tyrannie nazie, justement au moment où c’était le plus dangereux de le faire… C’est grâce à lui que la loi sur le «brassard jaune» a été retirée… Après Sa Sainteté le Pape Pie XII, l’archevêque Stepinac a été le plus grand défenseur des Juifs persécutés en Europe».
Quand les cloches se taisent
Lors du retrait des troupes allemandes à la fin de la guerre, l’archevêque réussit à éviter la destruction totale de Zagreb, mais il voit avec douleur les Partisans communistes de Josip Tito prendre le pouvoir, commencer une épuration sanglante et instaurer des lois antireligieuses. Peu impressionné par les bruits selon lesquels il est fiché parmi les criminels de guerre, Mgr Stepinac est fermement décidé à rester au milieu de son peuple.
Le 17 mai 1945, l’archevêque est emmené par surprise en prison. Le 3 juin, les évêques croates exigent sa libération comme préalable à toute discussion. Toutes les cloches se taisent à Zagreb et la procession de la Fête-Dieu est annulée. Devant ce mouvement de résistance inattendu, Tito cède et fait libérer Mgr Stepinac. Le 24 juin, dans une circulaire envoyée à tous les prêtres, le prélat rappelle le devoir sacré des parents de demander l’éducation religieuse dans les écoles. Il exhorte tous les fidèles à prier davantage en ces temps si difficiles, et en particulier à dire le chapelet.
Cependant la dictature se met en place sans tenir compte de la déclaration solennelle du gouvernement fédéral de Yougoslavie selon laquelle seraient respectées la liberté de conscience et de confession religieuse, ainsi que la propriété privée. Dans une lettre pastorale du 20 septembre 1945, les évêques catholiques de Yougoslavie constatent que 243 prêtres ont été tués depuis la fin de la guerre et que 258 sont internés ou disparus. Puis, notant la paralysie des séminaires, les ravages exercés dans la jeunesse par la propagande athée et l’immoralité favorisée par l’État, ils condamnent solennellement «l’esprit matérialiste et impie qui se répand dans notre pays».
En octobre 1945, lors d’une visite pastorale, la voiture de Mgr Stepinac est assaillie par des communistes et les vitres cassées à coups de pierres. La veille de l’attentat la milice avait menacé le prélat de représailles, s’il accomplissait cette visite. «De toute façon, remarque l’archevêque, on ne meurt qu’une fois; qu’ils fassent ce qu’ils veulent, mais je ne m’arrêterai jamais de prêcher la vérité; je ne crains personne, sauf Dieu, et mon devoir reste le même: sauver les âmes».
«Ma conscience est propre et paisible»
Dès novembre 1945, Mgr Stepinac donne toutes les instructions pour que l’Église soit administrée au cas où il serait emprisonné. Le 17 décembre, dans un message à son clergé, il se justifie de toutes les accusations dont il est l’objet, par ces paroles qui résument sa vie et expliquent sa force d’âme: «Ma conscience est propre et paisible devant Dieu, qui est le plus fidèle témoin et le seul juge de nos actions, devant le Saint-Siège, devant les catholiques de cet État, devant le peuple croate». Il ajoutera plus tard: «Je suis prêt à mourir à tout moment».
Le 18 septembre 1946, à 5 heures du matin, la milice pénètre dans l’Archevêché et se précipite dans la chapelle où le prélat est en prière. Sommé de suivre les policiers, il répond: «Si vous avez soif de mon sang, me voici». Le 30 septembre, commence un procès que le Pape Pie XII qualifiera de «tristissimo» (lamentable). Fort d’une conscience droite et pure, Mgr Stepinac ne faiblit pas devant ses juges. Dans un calme parfait, sûr de la protection de «l’avocate de la Croatie, la plus fidèle des Mères», la Très Sainte Vierge Marie, il entend, le 11 octobre, la sentence injuste prononcée contre lui, le condamnant à l’emprisonnement et au travail forcé pendant seize ans «pour crime contre le peuple et l’État». «La raison de la persécution qu’il subit et du simulacre de procès monté contre lui, dira le Pape Jean-Paul II, le 7 octobre 1998, fut le refus qu’il opposa aux insistances du régime afin qu’il se séparât du Pape et du Siège Apostolique, et prît la tête d’une «Église nationale croate». Il préféra rester fidèle au Successeur de Pierre. C’est pour cela qu’il fut calomnié puis condamné».
Incarcéré à Lepoglava, Mgr Stepinac y partage le sort misérable de centaines de milliers de prisonniers politiques. Nombreux sont les gardiens qui l’humilient, entrant à tout moment dans sa cellule, l’injure à la bouche. Les colis alimentaires qu’il reçoit sont exposés plusieurs jours à la chaleur ou dévastés pour être rendus incomestibles. L’archevêque garde le silence. Il transforme sa cellule de prison en cellule monacale de prière, de travail et de sainte pénitence. On lui a tout pris «sauf une chose: la possibilité de lever, comme Moïse, les bras vers le ciel» (cf. Ex 17, 11). Il a le bonheur de pouvoir célébrer la Messe sur un autel de fortune. À la dernière page de son agenda de 1946, il écrit: «Tout pour la plus grande gloire de Dieu; ma prison aussi».
«Souffrir et travailler pour l’Église»
Le 5 décembre 1951, cédant aux pressions internationales, le gouvernement yougoslave consent à transférer l’archevêque à Krasic, son village natal, en liberté surveillée. Là, il exerce les fonctions de vicaire, passant à l’église paroissiale une grande partie de son temps. Il entend les confessions pendant des heures entières et, lorsqu’on l’engage à économiser ses forces déclinantes, il répond que son plus grand délassement est de confesser. Au cours de ses premiers jours à Krasic, un journaliste étranger lui demande: «Comment vous sentez-vous? – Ici, comme là-bas à Lepoglava, j’accomplis mon devoir. – Quel est votre devoir? – Souffrir et travailler pour l’Église».
À des visiteurs découragés par les méfaits du communisme, Mgr Stepinac répond: «Il ne faut pas désespérer, car même si le communisme laisse des traces dans notre peuple, si nous avons les mains liées par cette idéologie perfide et si quelques-uns ont failli, nous sommes cependant meilleurs que les peuples de l’Ouest, saturés de biens matériels, mais qui étouffent dans l’immoralité et l’athéisme pratique. Dieu merci! mon peuple est resté fidèle à Dieu et au respect dû à la Sainte Vierge».
Pendant ce temps, le gouvernement yougoslave cherche à tout prix à provoquer une rupture des Catholiques croates avec Rome et à fonder une Église nationale schismatique, dans la perspective de rattacher les Croates à l’Église orthodoxe serbe. Une «association Saints Cyrille et Méthode» regroupant des «prêtres patriotes» à la dévotion du régime est créée à cet effet. L’année 1953 est marquée par des violences de la part du gouvernement. L’archevêque reclus encourage prêtres et fidèles au moyen d’un courrier abondant, exhorte les indécis, ramène les brebis égarées. Plus d’un prêtre a avoué: «S’il n’avait pas été là, qui sait comment nous aurions tourné?» Un des principaux comparses de Tito, Milovan Djilas, confiera plus tard: «Si Stepinac avait voulu céder et proclamer une Église croate indépendante de Rome, comme nous le voulions, nous l’aurions comblé d’honneurs!»
«C’est l’esprit qui vaincra, non la matière…»
Le 12 janvier 1953, le Pape Pie XII élève
Mgr Stepinac à la dignité cardinalice. L’archevêque n’a pu se rendre à Rome, de peur que le gouvernement de Tito ne l’empêche de rentrer dans son pays. Dans un entretien avec un journaliste étranger, il annonce
prophétiquement: «Dans la lutte qui se déroule (en Yougoslavie) entre l’Église et l’État, c’est l’esprit qui vaincra, non la matière. Jamais, dans l’histoire de l’humanité, le matérialisme n’a pu se maintenir définitivement».
La générosité du Cardinal pour plus pauvre que lui est sans limite: «Il n’a que le strict nécessaire pour se vêtir, note le curé de Krasic; il donne tout. Il vient encore de donner aux pauvres deux paires de chaussures». Humble, Mgr Stepinac regrette la publicité faite autour de sa personne. Apprenant un jour qu’une revue étrangère a publié une déclaration du Pape: «Le Cardinal de Croatie est le plus grand prélat de l’Église catholique», il baisse la tête en murmurant: «Dieu seul est grand!»
À la fin de 1952, il faut l’opérer à la jambe, puis, l’année suivante, se déclare une grave maladie du sang, due, de l’avis des médecins, aux mauvais traitements subis. Des soins médicaux lui sont dispensés, mais il refuse de se faire traiter à l’étranger, comme cela aurait été nécessaire; en bon pasteur, il désire rester avec son troupeau. Cependant les méthodes du régime communiste ne s’assouplissent pas. En novembre 1952, Tito a décidé de rompre les relations diplomatiques avec le Vatican, et simultanément, a donné l’ordre à la police d’empêcher toutes les visites à Krasic. Les gardiens du prélat (ils ne sont pas moins de trente en 1954) l’injurient et se moquent de lui de toutes façons. La longue enquête menée en vue de sa béatification aboutira, en 1994, à la conclusion que sa mort est la conséquence des quatorze années d’un isolement injuste, de pressions physiques et morales constantes et de souffrances de toute sorte. Aussi est-il «confié à la mémoire de ses compatriotes avec les insignes éclatants du martyre» (Jean-Paul II, 3 octobre 1998).
Vaincre le mal par le bien
Pendant toutes ces années de réclusion forcée, le Cardinal Stepinac adopte l’attitude spirituelle commandée par Notre-Seigneur Jésus-Christ: Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent (Mt 5, 44). Jusqu’au bout, il persévère dans sa résolution de pardon. On l’entend prier pour ses persécuteurs et répéter tout bas: «Nous ne devons pas haïr; eux aussi sont des créatures de Dieu». Dans son «testament spirituel», il écrit: «Je prie sincèrement toute personne à qui, de quelque manière que ce soit, j’aurais pu faire du mal, de me pardonner, et je pardonne de tout coeur à tous ceux qui m’ont fait du mal… Fils très chers, aimez aussi vos ennemis, car tel est le commandement de Dieu. Vous serez alors les fils de votre Père qui est aux cieux, qui fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants, et qui fait pleuvoir pour ceux qui font le bien comme pour ceux qui font le mal. Que la conduite de vos ennemis ne vous éloigne pas de l’amour envers eux, car l’homme est une chose, et la méchanceté en est une autre».
«Pardonner et se réconcilier, dira le Pape Jean-Paul II lors de la béatification du Cardinal Stepinac, cela veut dire purifier la mémoire de la haine, des rancoeurs, du désir de vengeance; cela veut dire reconnaître que même celui qui nous a fait le mal est un frère; cela veut dire ne pas se laisser vaincre par le mal, mais vaincre le mal par le bien (cf. Rm 12, 21)».
En 1958, les souffrances du Cardinal deviennent quasi intolérables, mais le plus pénible pour lui est de ne plus avoir la force de célébrer la Messe. Le 10 février 1960, il expire à Krasic, en prononçant ces paroles: «Fiat voluntas tua!» (Que Votre Volonté soit faite!).
In te Domine speravi (En Vous, Seigneur, j’ai espéré). Telle était sa devise. Dans l’un de ses sermons, il confiait le secret de son espérance: «Quelqu’un pourrait demander: «Et notre espérance, sur quoi se fonde-t-elle?» Je réponds: sur la fidélité à Dieu, car Dieu ne ment pas. Sur l’omniscience divine à qui rien n’échappe. Sur la toute-puissance de Dieu qui est toujours Maître de tout». Le 7 octobre 1998, le Pape Jean-Paul II constatait le triomphe de cette invincible espérance: «Nous reconnaissons, dans la béatification du Cardinal Stepinac, la victoire de l’Évangile du Christ sur les idéologies totalitaires; la victoire des droits de Dieu et de la conscience sur la violence et les vexations; la victoire du pardon et de la réconciliation sur la haine et la vengeance».
Si nous sommes remplis d’une profonde reconnaissance envers le Saint-Père pour cette béatification, nous remercions surtout le Seigneur d’avoir fait briller à nos yeux une telle lumière et de nous avoir donné en exemple le bienheureux Aloïs Stepinac.
Nous prions la Très Sainte Vierge Marie et saint Joseph pour vous, vos défunts et à toutes vos intentions.
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