6 janvier 1998

Léonie Martin

Bien chers Amis de l’abbaye Saint-Joseph,

Depuis les apparitions de la Vierge Marie en 1858, Lourdes est devenue une terre de grâces. La puissance et la miséricorde de Dieu s’y manifestent aux yeux de tous, croyants et incroyants. Aujourd’hui encore, Marie y fait sentir sa présence maternelle, ainsi que le prouve le récit suivant.

Un mal sans remède

Delizia Cirolli, née en Sicile le 17 novembre 1964, est l’aînée de quatre enfants. Elle mène une vie heureuse au sein de sa famille, malgré les difficultés financières dues au chômage de son père. Au début de mars 1976, elle éprouve une gêne douloureuse et persistante au genou droit. Les parents Cirolli font examiner la fillette par leur médecin de famille qui ordonne quelques analyses de laboratoire et prescrit des calmants. Puis, le 6 mai, une intervention chirurgicale révèle une tumeur maligne au genou (ostéo-sarcome). Le chirurgien propose une amputation totale de la jambe, sans pour autant garantir la guérison. Les pauvres parents ne peuvent se résoudre à une pareille solution. Le médecin prescrit alors un traitement par irradiation. Mais l’enfant, très émotive, ne supporte pas son entrée à l’hôpital et elle rentre au domicile familial, avant même toute séance de rayons.

«Ayons la foi !»

Devant les souffrances de l’enfant, la maîtresse d’école a l’idée de l’envoyer à Lourdes avec sa mère. Le séjour (7-11 août 1976) est pénible. Les deux pèlerines assistent pourtant à toutes les cérémonies, vont à la grotte, aux fontaines, aux piscines. À son retour, Delizia ne va pas mieux. De nouvelles radios montrent une nette aggravation du mal. Cependant, aucun traitement n’est encore prescrit. L’enfant dépérit à vue d’oeil. Mais l’entourage n’a pas perdu confiance: «La Sainte Vierge fera quelque chose, ayons la foi!» Et on continue à prier Notre-Dame de Lourdes, tandis que la maman ne laisse jamais sa fille manquer d’eau de la Grotte.

Vers la mi-décembre, l’enfant ne s’alimente presque plus. Sa mère prépare déjà, comme c’est de tradition en Sicile, le vêtement mortuaire dont elle devra revêtir sa fille, après son décès. C’est alors que se produit l’imprévisible. Un peu avant Noël, Delizia se sent tout à coup mieux. Elle demande à sa mère si elle peut sortir de son lit. Quelle n’est pas la stupéfaction de madame Cirolli lorsqu’elle voit sa fille se tenir debout sans appui, et marcher! Delizia est guérie, la Vierge Marie a exaucé les prières! Dès la fin des vacances de Noël, la jeune fille peut reprendre une scolarité normale.

Cette guérison extraordinaire, dûment examinée par plusieurs instances médicales internationales, a été jugée comme un phénomène contraire aux observations et aux prévisions de l’expérience médicale, l’état avancé de la maladie rendant impossible la guérison. Le 28 juin 1989, l’Archevêque de Catane (Sicile) déclarait: «Je prends acte du fait que cette guérison, étant données les conditions dans lesquelles elle s’est produite et maintenue, est «scientifiquement inexplicable» et, en tant qu’Archevêque de Catane, je déclare son caractère «miraculeux»».

Ce miracle récent nous porte à louer de tout notre coeur la puissance et la bonté divines. Mais le Seigneur accomplit aussi des transformations dans l’ordre moral et spirituel qui constituent un motif plus grand encore de gratitude envers Lui. En témoigne l’histoire de Léonie Martin, une des soeurs de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face.

«Cette terrible petite fille»

Quand Léonie vient au monde, le 3 juin 1863 à Alençon, elle trouve autour de son berceau, ses parents, Louis et Zélie Martin, deux soeurs, Marie qui n’a que trois ans, et Pauline, âgée de vingt et un mois. Céline (1869) et Thérèse (1873) viendront plus tard enrichir le foyer. Léonie est une enfant bien faible, souffrant successivement d’une sorte de coqueluche chronique, puis de la rougeole avec des convulsions très fortes. De temps à autre, un eczéma purulent couvre tout son corps. Instable, maladroite et très en retard intellectuellement, Léonie désole la famille. Son manque d’équilibre psychique se manifeste de plus en plus, tandis qu’elle grandit. Elle avouera, un jour: «Mon enfance et ma première jeunesse se sont passées dans la souffrance, dans les épreuves les plus cuisantes». Cependant, elle a une bonne mémoire et elle sait le catéchisme à la perfection.

Les aînées, Marie et Pauline, sont élèves au pensionnat de la Visitation du Mans, où se trouve leur tante Visitandine, soeur Marie-Dosithée. La supérieure ne veut pas recevoir Léonie. La tante obtient cependant la permission de la prendre à l’essai: «J’ai maintenant Léonie, cette terrible petite fille, écrit-elle, et je vous assure qu’elle ne me donne pas peu à faire. C’est un combat continuel… Elle ne craint personne que moi!» L’essai ne dure pas: on la renvoie dans sa famille.

«Trop beau»

Madame Martin lui fait donner des leçons particulières. Mais Léonie ne comprend rien au calcul et aligne les chiffres avec la plus grande fantaisie. On envisage un nouvel essai de scolarisation à la Visitation. Sa maman écrit: «On est en train de faire son trousseau. Je crois que c’est de l’argent perdu, mais c’est surtout le mal qu’elle va donner à sa tante qui me tourmente… Celle-ci est la seule personne qui ait de l’emprise sur elle. Aussi quand on demande à cette pauvre petite Léonie ce qu’elle fera quand elle sera grande, la réponse est toujours la même: «Moi, je serai religieuse à la Visitation, avec ma tante». Dieu veuille qu’il en soit ainsi, mais c’est trop beau, je n’ose l’espérer».

La correspondance de Madame Martin trahit ses préoccupations pédagogiques, surtout en ce qui concerne Léonie dont le retard affectif et intellectuel demande une attention toute particulière. Elle n’ignore pas que la confiance est l’âme de l’éducation, et met tout en oeuvre pour gagner ce coeur replié sur lui-même. Zélie veut que ses filles soient expansives, ouvertes, épanouies. À force d’amour, elle éveille la confidence ou l’aveu, mais elle sait se montrer ferme, ne laissant passer ni entêtement ni caprice. Elle stimule la générosité de sa fille, et se sert des événements du quotidien pour lui apprendre à se vaincre, insistant sur la fidélité au devoir d’état.

«Le rôle des parents dans l’éducation est d’une telle importance qu’il est presque impossible de les remplacer, enseigne le Catéchisme de l’Église Catholique… Les parents sont les premiers responsables de l’éducation de leurs enfants. Ils témoignent de cette responsabilité d’abord par la création d’un foyer, où la tendresse, le pardon, le respect, la fidélité et le service désintéressé sont de règle… Ils enseigneront aux enfants à subordonner les dimensions physiques et instinctives aux dimensions intérieures et spirituelles» (CEC, 2221; 2223).

Une tâche de longue haleine

Éduquer, c’est aussi former le sens moral et la conscience. «Une conscience bien formée est droite et véridique. Elle formule ses jugements suivant la raison, conformément au bien véritable voulu par la sagesse du Créateur. L’éducation de la conscience est indispensable à des êtres humains soumis à des influences négatives et tentés par le péché de préférer leur jugement propre et de récuser les enseignements autorisés. L’éducation de la conscience est une tâche de toute la vie. Dès les premières années, elle éveille l’enfant à la connaissance et à la pratique de la loi intérieure reconnue par la conscience morale. Une éducation prudente enseigne la vertu; elle préserve ou guérit de la peur, de l’égoïsme et de l’orgueil, des ressentiments de la culpabilité et des mouvements de complaisance, nés de la faiblesse et des fautes humaines. L’éducation de la conscience garantit la liberté et engendre la paix du coeur» (CEC, 1783-1784).

Cependant, les soins affectueux de Madame Martin, ne viennent pas à bout de l’esprit de contradiction de Léonie, qui donne parfois l’impression de se barricader dans sa bouderie. La maman ne se décourage pourtant pas. Elle relève les moindres signes d’amélioration. «Je ne suis pas mécontente de ma Léonie, écrit-elle un jour; si on pouvait arriver à triompher de son entêtement, à assouplir un peu son caractère, on en ferait une bonne fille, dévouée, ne craignant point sa peine. Elle a une volonté de fer; quand elle veut quelque chose, elle triomphe de tous les obstacles pour arriver à ses fins». Mais quelques semaines plus tard, elle confie à Pauline: «Je ne puis plus en venir à bout, elle fait ce qu’elle veut et comme elle veut».

«Il se laissera fléchir»

Une pensée soutient Zélie dans sa tâche toujours à reprendre: l’enfant de tant de prières et de tant d’angoisses ne peut périr! Prier pour sa fille fait partie de son rôle d’éducatrice et de mère. «Quand on participe à l’amour sauveur de Dieu, on comprend que tout besoin puisse devenir objet de demande. Le Christ, qui a tout assumé afin de tout racheter, est glorifié par les demandes que nous offrons au Père en son Nom» (CEC, 2633). Zélie espère une intervention du Ciel: «Plus je la vois difficile, plus je me persuade que le Bon Dieu ne permettra pas qu’elle reste ainsi. Je prierai tant, qu’Il se laissera fléchir. Elle a été guérie, à l’âge de dix-huit mois, d’une maladie dont elle devait mourir; pourquoi le Bon Dieu l’aurait-il sauvée de la mort, s’il n’avait pas sur elle des vues de miséricorde?» Quelques années plus tard la «Petite Thérèse» aura cette belle parole: «On obtient du Bon Dieu autant qu’on en espère». L’espérance de Madame Martin ne sera pas déçue. Ainsi se vérifie la remarque du Catéchisme: «Les enfants à leur tour contribuent à la croissance de leurs parents dans la sainteté» (CEC, 2227).

La tante Visitandine meurt au monastère du Mans, le 24 février 1877. Léonie lui avait confié ses «commissions» pour le Ciel: «Je veux, avait-elle dit à sa soeur Marie, que ma tante Religieuse, quand elle sera au Ciel, demande pour moi au Bon Dieu la vocation religieuse… Je veux être une vraie Religieuse – Vraie? Que veux-tu dire par là? – Une Sainte». Bientôt, un des mystères qui pèse sur la destinée de Léonie s’éclaircit. Louise, l’employée de la famille, exerce depuis deux ans sur l’enfant une véritable tyrannie: elle pense rendre un grand service en «matant» cette petite par des châtiments corporels. Elle exige de la fillette le secret, et lui interdit tout entretien avec sa mère. Le mal est enfin découvert. Madame Martin s’en explique dans une lettre à sa belle-soeur: «Oui, je vois luire un rayon d’espérance qui me présage un changement à venir complet. Tous les efforts que j’avais faits jusqu’ici pour me l’attacher avaient été infructueux, mais il n’en est plus de même aujourd’hui. Elle m’aime autant qu’il est possible d’aimer et, avec cet amour-là, pénètre peu à peu l’amour de Dieu dans son coeur. Elle a en moi une confiance illimitée et va jusqu’à me révéler ses moindres fautes, elle veut vraiment changer de vie et fait bien des efforts que personne ne peut apprécier comme moi».

Les efforts sans cesse renouvelés, finissent par produire du fruit: «Les vertus humaines acquises par l’éducation, par des actes délibérés et par une persévérance toujours reprise dans l’effort, sont purifiées et élevées par la grâce divine. Avec l’aide de Dieu, elles forgent le caractère et donnent aisance dans la pratique du bien. L’homme vertueux est heureux de les pratiquer» (CEC, 1810).

Mais, le 28 août 1877, Madame Martin meurt d’un cancer. La famille quitte alors Alençon pour Lisieux, où habitent l’oncle et la tante Guérin. Le 2 octobre 1882, Pauline entre au Carmel de Lisieux, où Marie sera admise à son tour en 1886. Léonie profite d’un voyage à Alençon pour se faire admettre, le 7 octobre 1886, chez les Clarisses de cette ville. L’oncle Guérin rassure la famille Martin sur ce «saint» caprice de Léonie: «Ne vous en faites pas, elle n’y restera pas». De fait, le 1er décembre, Léonie, profondément déprimée, ressort du couvent.

Un choix judicieux

L’année suivante, nouvel essai de vie religieuse: Léonie entre cette fois chez les Visitandines de Caen. Le choix est judicieux: les Fondateurs de la Visitation, saint François de Sales et sainte Jeanne de Chantal, ont conçu cet Ordre pour rendre la vie contemplative accessible aux sujets de faible santé. Mais, au bout de six mois, Léonie est obligée d’interrompre ce nouvel essai. De retour à Lisieux, elle emploie son temps à visiter les pauvres, les malades, à s’occuper même des mourants; elle rend service à la maison, comme au dehors. Le 9 avril 1888, Thérèse entre au Carmel, à l’âge de 15 ans. Survient ensuite la maladie mentale de Monsieur Martin qui doit être interné à l’hôpital du Bon-Sauveur de Caen. Léonie et Céline vont s’occuper de lui pendant plusieurs années, aidées de leur oncle et de leur tante.

Le 24 juin 1893, Léonie fait un deuxième essai à la Visitation de Caen qu’elle quittera à nouveau en juillet 1895. Son père est décédé un an auparavant et Céline est entrée au Carmel en septembre 1894. Il faut beaucoup de courage à Léonie pour assumer son tempérament incohérent et versatile, malgré un entêtement tenace pour la vie religieuse. Mais Thérèse, maîtresse de vie spirituelle, est un véritable guide pour elle, par sa pédagogie simple et persuasive. La voie d’enfance qu’elle lui enseigne par ses lettres ou au parloir du Carmel, suscite chez Léonie des sentiments d’abandon et de confiance, qui l’établissent de plus en plus dans la paix.

Le 30 septembre 1897, soeur Thérèse de l’Enfant-Jésus meurt au Carmel de Lisieux. Un an après, paraît l’Histoire d’une âme, autobiographie de Thérèse. Léonie dévore le livre et retrouve, émue, les souvenirs de son enfance; mais surtout elle découvre les secrets d’amour échangés entre Thérèse et son Bien-Aimé Seigneur. L’Histoire d’une âme devient son livre de chevet et l’aide à espérer la réalisation de sa propre vocation.

Enfin toute à Dieu

Le 28 janvier 1899, Léonie entre définitivement à la Visitation de Caen, à l’âge de 35 ans. Elle prend l’habit religieux le 30 juin 1899, et reçoit le nom de soeur Françoise-Thérèse. Les recommandations de saint François de Sales sont présentes à son esprit: «Pratiquons certaines petites vertus propres à notre petitesse: la patience, le support du prochain, le service, l’humilité, la douceur, l’affabilité, la tolérance de notre imperfection… Ce n’est pas par la grandeur de nos actions que nous plaisons à Dieu, mais par l’amour avec lequel nous les faisons».

La santé de soeur Françoise-Thérèse reste bien faible. Parfois, les éruptions d’eczéma couvrent tout son corps. Elle écrit, un jour: «L’eczéma me revêt d’un cilice des pieds à la tête, par des démangeaisons qui m’empêchent de fermer l’oeil; si j’ai le malheur de me soulager tant soit peu, ce sont de vraies brûlures. Je pense que j’en verrais d’autres si j’étais dans le purgatoire, alors j’offre mes souffrances pour toutes les grandes causes qui touchent particulièrement le coeur de notre Pontife et Père bien-aimé (le Pape). Enfin, tous ces désirs d’apostolat m’aident à être généreuse». De plus, elle souffre de migraines répétées, de dermatose au cuir chevelu, d’ongles incarnés, de fréquentes crises intestinales, de rhumatismes, etc.

En 1930, soeur Françoise-Thérèse est au plus mal et elle reçoit les derniers sacrements. «La chère malade est vraiment aux mains de Dieu et, de la conversation que j’ai eue avec elle, je sors tout édifié», écrit Mgr Suhard, alors évêque du lieu. Mais petit à petit, elle se remet. Elle écrit à Céline: «Je ne puis plus m’acclimater sur cette triste terre. Tout m’est un sujet d’ennui et de lassitude, prie bien pour ta pauvre petite lâche, car en somme c’est pure lâcheté de ne plus vouloir souffrir pour le Bon Dieu, pourtant plus offensé que jamais… Je me cramponne tant que je peux à sa volonté que j’aime et que je veux par-dessus tout, mais tous mes pauvres efforts sont bien infructueux et me laissent souvent dans une souffrance indicible».

Cependant, ces peines sont accompagnées de profondes joies. Sa surprise est bien grande quand elle apprend qu’on est en train de canoniser Thérèse: «Elle était bien gentille, Thérèse, écrit-elle, mais quand même, la canoniser!» Le 29 avril 1923, le Pape Pie XI la proclame solennellement Bienheureuse. Puis, le 17 mai 1925, c’est la canonisation. Pour les grandioses cérémonies de ce jour, il a été proposé aux quatre soeurs Martin de se rendre à Rome. Toutes quatre préfèrent le silence et l’oubli de leur cloître. «Je suis bien plus heureuse ici que d’être à Rome, écrit soeur Françoise-Thérèse, j’aime mieux être dans ma dernière place… C’est le silence seul qui convient… Mais tout cela, grâce à Dieu, loin de m’éblouir, me donne toujours la nostalgie du Ciel».

«Quel bonheur!»

Au début de 1941, soeur Françoise-Thérèse quitte sa cellule pour l’infirmerie. Elle écrit à ses soeurs: «Je m’en vais dans mon éternité, quel bonheur!… Je n’ai plus rien de sain que les yeux, le coeur et la tête, grâce à Dieu, mais il peut tout prendre, tout est à Lui! Abandon complet, même de ma très petite et pauvre intelligence!» Dans la nuit du 16 au 17 juin, elle quitte paisiblement ce monde en présence de sa Supérieure, Mère Marie-Agnès Debon, qui la bénit et l’embrasse de la part de ses soeurs.

Au cours de ses 78 ans de vie, dont 43 à la Visitation, Léonie a connu des épreuves multiples: sentiments d’infériorité, échecs, ténèbres, souffrances physiques, tentations intérieures de révolte… Mais celle qui était une enfant «caractérielle» et dont on ne pouvait humainement rien espérer, est devenue, par l’action puissante du Saint-Esprit, une «sainte»! Récemment encore, Mère Marie-Agnès Debon, sa dernière Supérieure, témoignait de la gentillesse, de la simplicité et de l’effacement volontaire de l’enfant difficile d’Alençon qui devint, par ses efforts et la grâce de Dieu, une visitandine accomplie. Cette profonde transformation morale est une des plus belles réussites de «la voie d’enfance» de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus pour qui la sainteté est une disposition du coeur qui nous rend humbles et petits entre les bras de Dieu, conscients de notre faiblesse, et confiants jusqu’à l’audace en sa bonté de Père (cf. Novissima verba, 3 août 1897).

«Une grâce singulière»

Depuis la mort de soeur Françoise-Thérèse, un élan de sympathie universelle à son égard s’est rapidement propagé. De toutes les parties du monde arrivent à la Visitation de Caen des demandes d’intercession, ainsi que des remerciements pour les grâces obtenues. Celle qui causa tant de soucis à ses parents est devenue le recours de ceux qui éprouvent des difficultés dans l’éducation de leurs enfants.

«ô mon Dieu, écrivait soeur Françoise-Thérèse, dans ma vie, vous avez mis peu de ce qui brille, faites que, comme Vous, j’aille aux valeurs authentiques, dédaignant les valeurs humaines pour estimer et ne vouloir que l’absolu, l’Éternel, l’amour de Dieu à force d’espérance». Ces paroles s’inspirent du livre de l’Imitation de Jésus-Christ qu’elle lisait souvent: «Seigneur, mon Dieu, je regarde comme une grâce singulière que vous m’ayez accordé peu de ces dons qui paraissent au dehors, et qui attirent les louanges et l’admiration des hommes. Et certes, en considérant son indigence et son abjection, loin d’en être abattu, loin d’en concevoir aucune peine, aucune tristesse, on doit plutôt sentir une douce consolation, une grande joie; car vous avez choisi, mon Dieu, pour vos amis et vos serviteurs les pauvres, les humbles, ceux que le monde méprise» (III, 22). La vie toute d’humilité de soeur Françoise-Thérèse est présente dans ces quelques mots.

Nous la prions avec confiance de nous enseigner à marcher sur ses traces et d’intercéder avec sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et saint Joseph pour tous ceux qui vous sont chers vivants et défunts.

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