7 octobre 1998

Bienheureux José Maria Rubio

Bien chers Amis,

Trois mars 1953. Le docteur Luis García Andrade, de Madrid, reçoit en consultation Marie-Victoire Guzmán Gascó. Cette fillette de 2 ans et demi souffre d’une grave infection compliquée de troubles méningés. Elle est parfois saisie de convulsions pendant cinq à dix minutes, les mains et les jambes raidies. Le diagnostic ne laisse guère d’espoir : méningite tuberculeuse. Malgré un traitement vigoureux, l’état de Marie-Victoire empire ; le 8 mars, elle semble morte : yeux enfoncés, narines pincées, respiration insaisissable, corps froid comme le marbre et sans aucune réaction.

Bienheureux José Maria RubioUne personne déclare alors qu’on aurait pu sauver la fillette, si on l’avait recommandée au Père Rubio. La maman, pensant que rien n’est impossible à Dieu, fait chercher une relique du Père. Prenant l’enfant dans ses bras, elle la lui applique sur tout le corps en implorant : « Père Rubio, faites pour le mieux » , voulant dire que, si elle revient à la vie, ce soit en bonne santé. Selon les médecins, en effet, dans un cas improbable de survie, Marie-Victoire resterait aveugle et handicapée mentale.

Au bout d’un moment, à la stupéfaction générale, Marie-Victoire ouvre les yeux, s’assied dans les bras de sa mère et dit : « Maman, mes beaux souliers pour aller dans la rue » . Le 10 mars, Marie-Victoire est amenée au Docteur Andrade. Une analyse de sang révèle la disparition des symptômes qui ont conduit, quatre jours auparavant, au diagnostic le plus alarmant. « C’est un vrai miracle du Père Rubio, déclare le docteur. Ne partez pas de Madrid sans aller à la maison des Jésuites pour rendre compte de tout au Père Cuadrado » (Vice-postulateur pour la béatification du Père Rubio).

Inexplicable

Le prodige est examiné par les docteurs Bosch Marin, membre de l’Académie de médecine, et Torres Gost, directeur de l’hôpital des maladies infectieuses. À deux ans et demi, la miraculée ne peut être une névrosée ou une simulatrice. De plus, les analyses révèlent qu’elle a été atteinte d’une infection organique aiguë dont elle a guéri subitement et sans la moindre séquelle psychique. Les médecins de la commission médicale de la Congrégation pour les causes des Saints reconnaîtront, le 27 juin 1984, que la guérison a été « instantanée, complète et permanente, sans possibilité d’explication naturelle » . Le miracle a servi pour la béatification du Père Rubio.

Avant de procéder à la béatification ou à la canonisation d’un serviteur de Dieu, l’Église attend un miracle attribuable à l’intercession de celui-ci. Aujourd’hui, dans de telles causes, on retient essentiellement des miracles de guérison physique. Sept critères permettent de juger si une guérison est miraculeuse : 1. La maladie ou l’infirmité doit être grave et, de l’avis des médecins compétents, inguérissable ou, du moins extrêmement difficile à guérir. 2. Le malade ne doit pas être sur le point de guérir ou dans une crise qui précède, classiquement, la guérison. 3. Les secours de la médecine doivent ne pas avoir encore été employés, ou bien l’avoir été sans effets. 4. La guérison doit avoir été instantanée. 5. Elle doit être parfaite, c’est-à-dire concerner la totalité de la maladie sans laisser de séquelles graves. 6. La guérison ne doit pas être précédée d’une période de rémission ou de rétablissement. 7. La guérison doit être stable et durable, ne pas être suivie de rechute ou de récidive. Lorsque tous ces critères sont remplis et qu’il ne reste aucune possibilité pour expliquer naturellement la guérison, le miracle peut être reconnu.

Un miracle est un fait sensible et certain qui déroge aux lois constantes et connues de la nature, et n’est pas possible sans une intervention spéciale de Dieu. Pourquoi Dieu fait-Il des miracles ? D’abord pour conforter la Foi. Le livre des Actes des Apôtres montre que les miracles affermissent la foi des fidèles et entraînent des conversions : Par les mains des Apôtres, beaucoup de signes et de prodiges se réalisaient dans le peuple. Tous les croyants, d’un seul coeur, se tenaient sous la colonnade de Salomon. Personne d’autre n’osait se joindre à eux ; cependant tout le peuple faisait leur éloge, et des hommes et des femmes de plus en plus nombreux adhéraient au Seigneur par la foi (5, 12-14). Saint Augustin affirme que les miracles ont pour première fonction d’établir la foi (La Cité de Dieu, l. XXII).

Les miracles peuvent aussi manifester la sainteté d’un homme que Dieu veut proposer en exemple. Dans le cas d’une béatification, l’Église exige un miracle pour confirmer le jugement préalable qu’elle a porté sur la pratique héroïque des vertus du candidat.

De longs moments avec Marie

Mais qui est le bienheureux Père Rubio ? José María Rubio vient au monde en Andalousie, le 22 juillet 1864. Ses parents, agriculteurs, sont de très bons chrétiens : chaque soir, on récite le Rosaire en famille. Le « Je vous salue, Marie » , est une prière qui vient du Ciel. « Les chrétiens, dit le Pape Jean-Paul II, apprennent à la réciter en famille dès leurs plus tendres années, la recevant comme un don précieux à conserver toute leur vie. Cette même prière, récitée des dizaines de fois dans le Rosaire, aide de nombreux fidèles à entrer dans la contemplation priante des mystères évangéliques et à rester parfois de longs moments en contact intime avec la Mère de Jésus… Ils demandent à la sainte Mère du Seigneur qu’elle les accompagne et les protège sur le chemin de l’existence quotidienne » (15 novembre 1995). De fait, l’intercession de Marie produit des fruits abondants de sainteté, et éveille des vocations.

Très tôt José María fréquente l’église et, si elle est fermée, il en demande la clé au sacristain afin de prier devant le Saint-Sacrement, révélant ainsi son esprit surnaturel. Il se montre aussi plein d’affection envers les siens – il aura douze frères et soeurs dont six mourront en bas âge – et studieux à l’école. Après ses études de philosophie et de théologie au séminaire de Grenade, José María est ordonné prêtre en 1887. Nommé vicaire, puis Curé, il assure de plus, treize ans durant, l’office d’aumônier de Religieuses bernardines. Dans son apostolat sacerdotal, il a soin des malades et des pauvres qu’il aime à instruire des vérités de la foi. « C’était un plaisir de l’entendre » , dira un témoin. À travers son langage simple, sans affectation, Dieu Lui-même passe. Au confessionnal, il donne une direction spirituelle exigeante. Ceux qui recourrent à son aide lui restent fidèles par la suite, même si sa direction demande l’abandon des mauvaises habitudes. Il engage ses pénitents à faire les Exercices spirituels de saint Ignace. Il les plonge dans le surnaturel, leur apprenant à s’entretenir avec Dieu dans la méditation et la prière, à faire l’examen de conscience, à endurer pour l’amour de Dieu les difficultés de la vie.

La « Garde d’honneur » et les « Maries »

En 1905, son père quitte cette terre pour l’éternité. Ce deuil douloureux libère don José María déjà quadragénaire. Dès son séminaire, il avait souhaité entrer chez les Jésuites, mais ses parents avaient refusé. En 1906, il réalise son désir. Au noviciat des Jésuites, le Père Rubio s’adonne avec ferveur à la prière et à la pénitence. Il écrit : « Tout me vient de mon Dieu et tout doit retourner à Lui. Aussi mon coeur doit-il rester amoureux de mon doux Seigneur, de Jésus, mon bien, mon repos, ma consolation, ma richesse et un jour, au ciel, ma joie et ma gloire éternelles » .

Divers ministères lui sont attribués. Le congrès eucharistique international de Madrid, en 1911, provoque un renouveau de la pratique religieuse et des oeuvres de piété envers la Sainte Eucharistie. Parmi celles-ci, la « Garde d’honneur du Sacré-Coeur » est confiée au Père Rubio. Elle réunit ses membres pour des offices, les premiers vendredis du mois (avec l’heure sainte la veille), les premiers dimanches du mois, la récollection mensuelle, la neuvaine de la fête du Sacré-Coeur et des activités caritatives. Très vite, le Père y révèle ses qualités d’organisateur. Une autre oeuvre s’y adjoint, celle des « Maries des tabernacles » . Il s’agit de pourvoir de « Maries » adoratrices les tabernacles déserts abandonnés des chrétiens. Le Père exige de ces « Maries » , qui représentent les saintes femmes qui se trouvaient au Golgotha, près de la Croix de Jésus, l’abandon de toute vie mondaine : ni romans, ni modes, ni bals. Il leur apprend à vivre des vertus surnaturelles de foi, espérance et charité.

Les heures saintes organisées par le Père connaissent un immense succès et provoquent de profondes transformations spirituelles. L’adoration du Très Saint-Sacrement est, en effet, un exercice très utile aux âmes. Le Christ Jésus qui est mort, ressuscité, assis à la droite de Dieu, et qui intercède pour nous, est présent de multiples manières à son Église, mais spécialement sous les espèces eucharistiques (cf. Catéchisme de l’Église Catholique, CEC, 1373). Dans le Très Saint-Sacrement de l’Eucharistie sont « contenus vraiment, réellement et substantiellement le Corps et le Sang conjointement avec l’âme et la divinité de notre Seigneur Jésus-Christ, et, par conséquent, le Christ tout entier » (CEC, 1374).

L’Église catholique a rendu et continue de rendre le culte d’adoration au sacrement de l’Eucharistie, même en dehors de la célébration de la Messe : en conservant avec le plus grand soin les hosties consacrées, en les présentant aux fidèles pour qu’ils les vénèrent avec solennité, en les portant en procession. « L’Église et le monde ont un grand besoin du culte eucharistique. Jésus nous attend dans ce sacrement de l’amour. Ne refusons pas le temps pour aller Le rencontrer dans l’adoration, dans la contemplation pleine de foi et ouverte à réparer les fautes graves et les délits du monde. Que ne cesse jamais notre adoration » (Jean-Paul II, cf. CEC, 1380).

Une simplicité qui captive

Le succès des prédications du Père Rubio est tel que même des prêtres et des Jésuites en sont ébahis. Des foules viennent à lui. « Il réussissait à pénétrer les coeurs comme avec une lame de couteau » , dira-t-on plus tard. Et pourtant, humainement parlant, le Père Rubio est un prédicateur sans talent. Rien d’extraordinaire en sa doctrine, en son style, en son élocution. Il s’exprime avec une simplicité un peu ingénue, comme dans une conversation privée. Il partage avec les âmes sa vie intérieure profonde.

Parlant un jour, par exemple, du devoir de réparer pour les fautes commises, il disait : « Chers frères, voudriez-vous une autre forme de réparation ? Accomplissez votre devoir. Pères de famille, remplissez bien votre belle mission. Épouses, mesdames qui m’écoutez, accomplissez bien chacune votre devoir dans la vocation où le divin Coeur vous a mises. L’accomplissement du devoir exige le sacrifice » . Et, dans son langage simple et accessible à tous, il n’hésite pas à affirmer que manquer gravement à son devoir d’état, par refus du sacrifice, c’est se mettre sur le chemin de l’enfer ; une conversion sincère est alors nécessaire pour reprendre la route du Ciel.

Dans sa prédication, le Père Rubio répète sans cesse les mêmes choses, mais toujours les âmes sont saisies de repentir et d’amour. Il parle des fins dernières de l’homme : la mort, le jugement, le Ciel, l’enfer. De nos jours, « on parle rarement et peu des fins dernières, disait le Pape Paul VI. Mais le Concile Vatican II nous rappelle les solennelles vérités eschatologiques qui nous concernent, y compris la terrible vérité d’un possible châtiment éternel que nous appelons l’enfer, dont le Christ parle sans réticences » (Audience du 8 septembre 1971). Le même Pape disait encore : « L’un des principes fondamentaux de la vie chrétienne, c’est qu’elle doit être vécue en fonction de sa destinée eschatologique future et éternelle. Oui, il y a de quoi trembler. Écoutons encore la voix prophétique de saint Paul : Travaillez à votre salut dans la crainte de Dieu et en tremblant (Ph 2, 12). La gravité et l’incertitude de notre sort final ont toujours été un abondant objet de méditation et une source d’énergie sans pareille pour la morale et aussi pour la sainteté de la vie chrétienne » (28 avril 1971).

Perspective«

À l’occasion du 2 novembre 1983, le Pape Jean-Paul II disait : « Les réflexions que nous suggère la commémoraison des défunts nous plongent dans le grand chapitre des fins dernières : mort, jugement, enfer, paradis. C’est la perspective que nous devons avoir sans cesse devant les yeux, c’est le secret pour que la vie trouve la plénitude de sa signification et se déroule chaque jour avec la force de l’espérance. Méditons souvent sur les fins dernières et nous comprendrons toujours davantage le sens de la vie » . De tout temps les saints ont cru à l’enseignement de l’Église sur les fins dernières, y compris à l’existence de l’enfer, dogme difficile à admettre pour les mentalités modernes, davantage tributaires des impressions et des sentiments que soumises à la lumière de la foi. Le Bienheureux Frédéric Ozanam écrivait : « Quelques modernes ne peuvent supporter le dogme de l’éternité des peines de l’enfer, ils le trouvent inhumain ; mais peuvent-ils aimer plus l’humanité ou avoir une conscience plus exacte du juste et de l’injuste que saint Augustin et saint Thomas, saint François d’Assise et saint François de Sales ? Ce n’est donc pas qu’ils aiment plus l’humanité, c’est qu’ils ont un sentiment moins vif de l’horreur du péché et de la justice de Dieu » .

Tout en enseignant, lui aussi, ces vérités salutaires, le Père Rubio ne manque pas d’exhorter ses auditeurs à la confiance en Dieu, leur rappelant que Celui-ci a mis à leur disposition d’abondants moyens surnaturels pour gagner le Ciel : prière, pénitence, fréquentation des sacrements, pardon des offenses, etc. Sa méthode, basée sur la confiance dans la puissance de la grâce, déjoue les craintes pusillanimes. Il va, un jour, prêcher dans le quartier populaire de Entravias y Vallecas, et on lui recommande instamment de parler des questions sociales sans souffler un mot de la confession. Malgré cela, le Jésuite ne traite que de ce sujet. Lorsqu’il a fini, tous les hommes, sans exception, agenouillés dans la boue, demandent à se confesser.

Sous un escalier

Appuyé sur ces paroles du prophète Isaïe : Assistez l’orphelin, faites justice à la veuve, et venez, et soutenez votre cause contre moi… quand vos péchés seraient comme l’écarlate, je vous rendrai comme neige (1, 17-18), et sur celles du prophète Daniel : Rachetez vos péchés par des aumônes (4, 24), le Père recommande la pratique des bonnes oeuvres et l’assistance des pauvres. Il en donne lui-même l’exemple. Chaque jour, il reçoit des lettres réclamant du secours. Il lui faut trouver un asile pour des vieillards, des dots pour de futures religieuses, du travail pour des chômeurs, il doit encore recommander des femmes de service, régulariser des mariages, résoudre des litiges, procurer des charités aux mendiants, visiter des infirmes, etc. Ne pouvant se multiplier, il fait appel à l’aide des laïcs. « Plusieurs fois au parloir, où j’espérais un entretien spirituel, a raconté une de ses pénitentes, il me dit avec une grande délicatesse : nous parlerons demain. Voulez-vous me remplacer pour une oeuvre de charité ? Sous un escalier, à tel numéro de telle rue, il y a une pauvre tuberculeuse. C’est une âme en qui Jésus se complaît. Elle connaît la plus grande détresse » .

Le Père Rubio aime introniser le Sacré-Coeur (c’est-à-dire placer une de ses images à l’honneur) – il fit 10 000 intronisations en 18 ans – non seulement dans les palais et les écoles, mais dans les plus pauvres masures. Chez un vacher qui dort à l’étable, il place l’image du Sacré-Coeur au-dessus de la mangeoire des animaux. Il fonde et dirige quatre conférences de Saint-Vincent de Paul. Il s’occupe beaucoup des malades, disant que ce soin aide à mieux s’intéresser à ceux dont l’âme est en mauvais état, et, en général, aux gens peu sympathiques. Lorsqu’il chemine à pied avec un compagnon, tous deux récitent le chapelet et terminent par une prière dans une église.

Un jour, une femme âgée lui dit : « Venez cet après-midi confesser un homme qui va mourir » , et elle lui donne l’adresse. Lorsque le Père Rubio sonne à la porte, un jeune homme qui jouait du piano, vient lui ouvrir. Le Religieux prononce le nom du « malade » : « C’est moi, dit l’homme – Excusez-moi, on m’avait parlé d’un mourant » . L’homme se met à rire, puis il invite son visiteur, qui a gravi trois étages, à se reposer un peu. Le Père entre donc et, apercevant une photographie, reconnaît la femme âgée qui, le matin, lui a dit de venir ici : « C’est ma mère, décédée depuis longtemps. – Oui, c’est bien cette dame qui m’a donné votre nom et votre adresse, en me disant d’aller confesser un mourant. – Attendez un moment, dit l’homme, et confessez-moi » . Le lendemain à l’aube, le musicien est trouvé mort dans son lit.

Le Père Rubio se rend dans les faubourgs éloignés de la capitale où s’entasse, rongé par la misère et tenté par l’envie, un peuple de malheureux. Il veut évangéliser systématiquement ces gens. Mais, dans ces quartiers, une soutane semble mal venue. Il n’y a pas de Messe, ni même de lieu où la célébrer. Personne d’ailleurs n’en éprouve le besoin, pas plus que celui d’une école catholique. Avec l’aide d’un confrère Jésuite, le Père Rubio réussit à acheter un terrain, et y faire bâtir une église et deux écoles, au milieu des chiffonniers.

Plein de confusion

À travers toutes ces oeuvres, le Père Rubio entretient en lui-même une vie spirituelle intense. En 1917, Dieu le fait passer par de rudes épreuves intérieures et des crises de scrupules. S’y ajoutent des persécutions extérieures : certains confrères jugent sévèrement ses projets et ses méthodes, se moquent de ses oeuvres, prétendent qu’il veut tout accaparer. Dans ces humiliations, il manifeste une patience peu commune. Avec sincérité, il confesse son insuffisance : « Je ne sais comment Dieu me trouve. Plutôt mal, je le crains. Priez pour moi ! Je marche plein de confusion en voyant l’état de mon âme. Mes amis obtiendront du bon Jésus qu’il ait pitié de moi » . Cependant, selon lui, on doit se servir de ses défauts et de ses imperfections pour croître en humilité. Lui-même prend conseil auprès de ses supérieurs, de ses égaux et de ses inférieurs.

Depuis sa jeunesse, où il avait dû prendre une année de repos, le Père Rubio ne s’est jamais ménagé, se fatigant même à l’excès. Un jour, le médecin diagnostique une angine de poitrine. Son Supérieur décide de l’envoyer se reposer au noviciat d’Aranjuez. Le Père ne se fait pas d’illusion : « Je vais à Aranjuez pour mourir » . N’ayant pris avec lui que son crucifix et deux carnets de notes, il monte dans la voiture que lui ont proposée deux de ses filles spirituelles. Celles-ci se lamentent de le voir partir : « Vous n’avez plus besoin de moi, leur dit-il. Vous connaissez le chemin pour aller au Ciel et c’est l’unique chose que vous ayez à faire » .

« Je viens ici pour arranger mes affaires avec Dieu et me reposer » , dit-il en arrivant à Aranjuez. Le 2 mai 1929, veille du premier Vendredi du mois, il dit à son Supérieur : « Père, quel beau jour demain, pour partir au Ciel dès aujourd’hui ! » Depuis son ordination sacerdotale, 41 ans plus tôt, il répète avec insistance son désir de mourir le premier jeudi du mois pour célébrer au ciel le premier vendredi. Vers six heures du soir, il se sent très mal. Aussitôt, il reçoit les derniers sacrements. Peu après, il expire, laissant son corps à la terre, tandis que son âme entre dans l’inexprimable bonheur du Ciel.

Proclamant Bienheureux le Père José María Rubio, le 6 octobre 1985, le Pape Jean-Paul II le présenta comme un « authentique autre Christ » . Puissions-nous, avec l’aide de la Très Sainte Vierge et de saint Joseph, être nous aussi de parfaits disciples du Sauveur. Les moines prient pour vous et tous ceux qui vous sont chers, vivants et défunts.

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Sainte Bernadette

2 septembre 1998

Mgr Buguet

11 novembre 1998

Sainte Claudine Thévenet

14 décembre 1998