8 septembre 2000
Bienheureuse Teresa Bracco
Bien chers Amis de l’abbaye Saint-Joseph,
Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit (Jn 12, 24). Le 7 mai 2000, au Colisée (Rome), lieu du martyre de nombreux chrétiens, le Pape Jean-Paul II commentait ainsi ce verset de l’Évangile : «Le grain de blé qui, en mourant, a donné des fruits de vie immortelle, c’est le Christ. Les disciples du Roi crucifié ont marché sur ses traces, et ils sont devenus, au cours des siècles, des foules immenses de toute nation, race, peuple et langue« Au cours du vingtième siècle, peut-être plus encore que dans les débuts du christianisme, très nombreux ont été ceux qui ont témoigné de leur foi au milieu de souffrances souvent héroïques« Là où la haine semblait contaminer toute la vie sans possibilité d’échapper à sa logique, les martyrs ont montré que l’amour est plus fort que la mort (cf. Ct 8, 6). Dans les terribles systèmes d’oppression qui défiguraient l’homme« s’est élevée leur ferme adhésion au Christ mort et ressuscité».
Parmi ces martyrs, bien des femmes ont perdu la vie pour défendre leur dignité et leur pureté. Teresa Bracco, béatifiée le 24 mai 1998, en la fête de Marie Auxiliatrice, est l’une de ces femmes héroïques. Son martyre «fut le couronnement d’un chemin de maturation chrétienne, développé jour après jour, grâce à la force puisée dans la communion eucharistique quotidienne, et à une profonde dévotion pour la Vierge Marie, Mère de Dieu» (Homélie de la Messe de béatification).
Où sont-ils partis?
Teresa Bracco est née le 24 février 1924 à Santa Giulia (province de Savone, Italie du Nord), sixième enfant de Giacomo et Angela Bracco. Ces paysans simples mettent en valeur par un labeur inlassable leurs propriétés terriennes. Le père est sévère mais juste, la mère douce et pacifique. Chaque parole qui sort de la bouche des parents Bracco est pesée sur la balance de
l’Évangile et mesurée au mètre de la crainte de Dieu, un Dieu vers qui l’on va dans des sentiments de respect et d’amour. Le soir, Giacomo préside lui-même la récitation du chapelet en famille. Teresa reçoit son nom en l’honneur de la «petite Sainte» de Lisieux, béatifiée en 1923. C’est une enfant douce et bonne. En 1927, ses deux frères meurent du typhus. La fillette demande ingénument où ils sont partis: «Au Paradis!» lui répond-on; ce qui lui fait souhaiter d’y aller pour les rejoindre. Une autre fille, Anna, naît chez les Bracco en 1928. Les parents auraient préféré un garçon, qui aurait pu reprendre la ferme. Mais, dans ce foyer chrétien, tout événement est regardé à la lumière de la volonté de Dieu; aussi Anna est-elle accueillie avec joie.
En 1930, arrive à Santa Giulia un jeune prêtre zélé, Don Natale Olivieri. Il remarque la piété de Teresa, qui fréquente régulièrement ses catéchismes. L’enfant désire beaucoup faire sa première communion; cette grâce lui sera accordée au printemps de 1931. Elle passe sa vie entre la maison familiale, aidant sa mère pour les travaux domestiques, l’église, l’école communale et les champs où elle mène parfois paître le bétail. Le prêtre la montre en exemple: «Faites comme Teresa; si tout le monde était comme elle, je n’aurais pas de soucis».
Le 2 octobre 1933, Teresa reçoit le sacrement de Confirmation. Elle a gravé dans son coeur les paroles de Don Natale: «Nous sommes ici-bas pour connaître, aimer et servir Dieu et Le voir au Paradis dans l’autre vie. C’est là-dessus que nous devons compter. Sinon, nous perdons tout». La même année, elle lit avec émotion la vie de saint Dominique Savio (1842-1857), disciple de saint Jean Bosco; la devise du jeune saint la fascine: «Plutôt mourir que de pécher». La méditation des Maximes éternelles de saint Alphonse de Liguori, axées sur l’importance du salut éternel et les fins dernières de l’homme, ancre dans son coeur la résolution d’éviter tout péché. Teresa aime aussi beaucoup les saintes vierges martyres Agnès, Lucie, Cécile, et la patronne de sa paroisse, sainte Julie, qui avait préféré être crucifiée plutôt que de renier sa foi. La Passion de Jésus, découverte à travers un écrit de saint Vincent Strambi, Passionniste du XVIIIe siècle, est fréquemment l’objet de sa contemplation. L’assistance à la Messe en semaine et la sainte communion lui deviennent un besoin. Elle fait, neuf premiers Vendredis du mois de suite, la communion réparatrice au Sacré-Coeur, demandée par Notre-Seigneur à sainte Marguerite-Marie. Teresa voudrait entrer dans la Société des Enfants de Marie, mais son père ne le lui permet pas, parce que les jeunes filles de cette association doivent quêter de porte en porte pour la paroisse. Teresa se soumet sans un mot, mais elle n’en suit pas moins toutes les pratiques de vie intérieure recommandées aux Enfants de Marie.
À seize ans, Teresa est employée à des travaux agricoles plus durs, car il n’y a pas d’autre homme dans cette famille que le père: elle conduit les boeufs au labour, elle sème, moissonne, cueille les fruits, mais ne se plaint jamais de la fatigue. Elle ne refuse aucun travail et remplace volontiers ses soeurs, au point que Giacomo leur dit un jour: «J’ai peur que vous ne lui fassiez du tort, parce qu’elle est trop bonne». Sa soeur Giuseppina décrit ainsi le caractère de Teresa: «Je ne sais d’où lui venait tant de force« pour l’amour de Dieu, elle acceptait fatigues et sacrifices« elle prenait toutes les choses par le bon côté« Je ne l’ai jamais vue en colère, ni agir sans réflexion« Mourir plutôt que de pécher, tel était son programme de vie».
Un rempart naturel
Devant la ferveur de Teresa, ses parents la pensent appelée à la vie religieuse. Mais elle n’a pas encore fait son choix. Une de ses amies dira: «Elle était toujours belle et modeste dans sa manière de se vêtir». Sa soeur Maria ajoute: «Elle fut très modérée et équilibrée en tout. Elle ne désirait pas paraître. Elle porta toujours ses tresses et ne voulut jamais se faire couper les cheveux». Elle n’aime pas à se maquiller, mais sa beauté naturelle est remarquée dans le village et de nombreux jeunes gens cherchent à l’accompagner à la sortie de la Messe ou au retour des champs. Obligeante à leur égard et toujours disposée à rendre service, la jeune fille demeure réservée et elle emploie de petits moyens pour les éviter, spécialement ceux qui ont un comportement trop libre. Teresa trouve dans sa modestie la gardienne de sa chasteté, selon cette parole de saint Ambroise: la pudeur est «compagne de la pureté; sa présence rend la chasteté plus sûre» (De Officiis, I, 20).
«La pudeur, disait le Pape Pie XII, est le rempart naturel de la chasteté, sa muraille efficace, parce qu’elle modère les actes étroitement connexes avec l’objet même de la chasteté. Comme sa sentinelle avancée, la pudeur fait entendre à l’homme son avertissement dès qu’il acquiert l’âge de la raison… et elle l’accompagne pendant toute sa vie; elle exige que certains actes, honnêtes en eux-mêmes parce que disposés divinement, soient protégés par le voile discret de l’ombre et par la réserve du silence, comme pour leur concilier le respect dû à la dignité de leurs fins élevées» (Congrès de l’Union latine de Haute Couture, 8 novembre 1957).
La protection de la pureté ne se fait pas sans combats, comme l’expliquait encore Pie XII aux jeunes filles de l’Action Catholique de Rome: «À l’exception de la Vierge bienheureuse, il est vain d’imaginer une vie humaine qui puisse être à la fois pure et vécue sans vigilance ni combat… Vous ne connaissez pas le fond de la fragilité humaine, ni de quel sang corrompu ruissellent les blessures laissées dans la nature humaine par le péché d’Adam avec l’ignorance dans l’intelligence, la malice dans la volonté, l’avidité du plaisir et la faiblesse à l’égard du bien ardu dans les passions des sens… Tant que certaines toilettes provocantes demeurent le triste privilège de femmes de réputation douteuse et comme le signe qui les fait reconnaître, on n’osera pas les adopter pour soi. Mais le jour où ces toilettes apparaissent portées par des personnes au-dessus de tout soupçon, on n’hésitera plus à suivre le courant, un courant qui entraînera peut-être aux pires chutes» (22 mai 1941). Déjà, la Sainte Vierge avait prévenu la bienheureuse Jacinthe Marto de Fatima, qu’il viendrait «des modes qui offenseront beaucoup Notre-Seigneur». Cet avertissement stimule la vigilance contre les dangers et les ruines spirituelles semés par les modes indécentes.
Le Conseil Pontifical pour la Famille rappelait, le 8 décembre 1995, que «même si elles sont acceptées socialement, il y a des façons de parler et de s’habiller qui sont moralement incorrectes et représentent une façon de banaliser la sexualité, la réduisant à un objet de consommation. Les parents doivent donc enseigner à leurs enfants la valeur de la modestie chrétienne, d’un habillement sobre, de la nécessaire liberté vis-à-vis des modes» (Vérité et signification de la sexualité humaine, n. 97). La mode n’a, en elle-même, rien de mauvais. Elle naît spontanément de la sociabilité humaine, suivant l’impulsion qui incline à se mettre en harmonie avec ses semblables. Cependant la mode n’est pas la règle suprême de la conduite. Saint Thomas d’Aquin enseigne qu’il y a acte méritoire de vertu dans la parure féminine quand elle est conforme à l’état de la personne et portée dans une bonne intention (Commentaire sur le Prophète Isaïe). Mais il rappelle également que le bien de notre âme l’emporte sur celui de notre corps, et que nous devons préférer à l’avantage de notre propre corps le bien de l’âme de notre prochain (Somme théologique). Dès lors, il existe une limite qu’aucune forme de mode ne peut permettre de dépasser, une limite au-delà de laquelle la mode se fait cause de ruine spirituelle.
Quel critère suprême?
Fortifiée par les sacrements, Teresa est un modèle de joyeuse modestie. Sa vie exemplaire manifeste un profond amour de Dieu et du prochain, amour qui s’oublie, selon ces paroles de Jésus à ses disciples: Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive (Mt 16, 24). Celui qui aime sa vie la perd; celui qui s’en détache en ce monde la garde pour la vie éternelle (Jn 12, 25). «Il s’agit là, explique le Pape Jean-Paul II, d’une vérité que le monde contemporain refuse souvent et méprise, car il fait de l’amour de soi le critère suprême de l’existence. Mais les témoins de la foi qui nous parlent par l’exemple de leur vie, n’ont considéré ni leur propre avantage, ni leur bien-être, ni même leur survie physique comme des valeurs supérieures à la fidélité à l’Évangile» (7 mai 2000). La fidélité de Teresa à la volonté de Dieu, dans les petits événements de la vie quotidienne, la prépare au combat suprême du martyre.
À l’approche de la guerre, le Pape Pie XII appelle tous les chrétiens à prier pour la paix. Teresa multiplie ses prières. Aux offices religieux, elle est fort recueillie, n’ayant d’yeux que pour l’autel où se trouve le Saint-Sacrement. Pendant le Carême de 1940, deux Religieux passionnistes viennent prêcher une mission populaire à Santa Giulia. Au début de chaque instruction, les missionnaires répètent de fortes sentences: «La vie est brève, la mort certaine; de la mort, l’heure est incertaine; je n’ai qu’une âme; si je la perds, que me restera-t-il? Tout passe, tout finira bientôt, jamais ne finira l’éternité». Teresa médite ces vérités et comprend l’urgente nécessité de travailler pour le Règne de Dieu, selon la parole de Jésus: Voici que mon retour est proche, et j’apporte avec moi le salaire que je vais payer à chacun, en proportion de son travail (Ap 22, 12).
Situation tendue
Septembre 1943. Deux mois après la destitution de Mussolini, un armistice est signé entre l’Italie et les puissances alliées. En représailles, et pour éviter l’invasion de son territoire, le Troisième Reich allemand décide l’occupation de la péninsule italienne. Des mouvements armés de résistance à l’occupant (les «partisans») s’organisent; ils sont particulièrement actifs dans la province de Savone. Les Allemands, exaspérés par la «trahison» de l’allié italien, ripostent aux opérations de guérilla des partisans, par une répression sévère. Le diocèse d’Acqui, auquel appartient Santa Giulia, subit un douloureux calvaire. Au péril de sa vie, l’évêque du lieu, Mgr Dell’Omo, plaide auprès des belligérants, la cause des populations civiles.
Chez les Bracco, cette époque troublée voit le décès, à la suite d’une maladie, du père, Giacomo, le 13 mai 1944. Les six femmes restées à la maison doivent pourvoir à leur subsistance. Teresa a vingt ans. Loin d’être fragilisée et déstabilisée par la mort de son père, la jeune fille est devenue plus forte et courageuse comme si elle avait reçu en legs les vertus paternelles. Le 24 juillet, un affrontement sanglant oppose non loin de Santa Giulia un détachement allemand à un groupe de résistants. Après avoir tué quelques soldats, les partisans se réfugient dans le village. Le lendemain, les Allemands reviennent avec des renforts et se livrent au saccage. Cinq fermes sont détruites. Le bruit court que des soldats ont violé des femmes et des jeunes filles.
Une jeune fille intrépide
Le 27 août, nouvel affrontement. Les partisans prennent la fuite. Le 28 au matin, Teresa assiste à la Messe de sept heures. Puis, elle s’en va travailler aux champs, accompagnée de ses soeurs, Adèle et Anna. Tout à coup, les trois jeunes filles entendent des coups de feu. Vers neuf heures, des partisans en fuite les avertissent de ne pas retourner à Santa Giulia, parce que les Allemands y sont. Malgré sa timidité naturelle, Teresa ne les écoute pas. «Que voulez-vous qu’ils me fassent de plus que de me tuer?» dit-elle à un voisin. Elle veut porter secours à sa mère et l’aider à mettre à l’abri les objets de famille les plus précieux, parmi lesquels la photographie de son père. Avec ses soeurs, elle repart vers le village et atteint le lieu-dit «la châtaigneraie» où se trouvent déjà des habitants en fuite dont sa mère. Une amie de Teresa rapporte: «Je parlai avec elle de la barbarie des soldats et de leur peu de respect pour les femmes. Avec décision, elle me dit: «Plutôt que d’être profanée, je préférerais mourir»». Madame Bracco invite les personnes présentes à réciter le Rosaire.
À quinze heures, les Allemands approchent, avec les partisans qu’ils ont capturés. Angela et Teresa se cachent dans le creux d’un rocher. Soudain, les soldats découvrent la présence des deux soeurs et leur ordonnent de suivre la colonne des prisonniers. Plus loin, ils rejoignent une femme avec son bébé; c’est Enrichetta Ferrera, cousine de Teresa. Emmenée avec le groupe, elle s’écrie: «Mes autres enfants sont restés dans le bois!» On l’autorise à y retourner. Enrichetta donne son enfant à Teresa, mais il se met à crier, obligeant sa mère à le reprendre. Alors, un soldat ordonne à Teresa d’accompagner sa cousine.
Une triste aventure
Le mari d’Enrichetta racontera: «J’ai vu arriver ma femme portant l’enfant, avec Teresa qui me dit: «Ils m’ont envoyée pour vous aider à emmener les enfants». Arrivent alors quatre soldats qui ordonnent à la famille Ferrera de rejoindre sa maison, mais retiennent Teresa et deux de ses jeunes compagnes. Teresa est séquestrée par un officier qui ordonne à deux soldats d’emmener les deux autres jeunes filles. Celles-ci sont violées quelques minutes plus tard. Quand elles rejoignent ce soir-là leurs familles séquestrées et racontent, en présence de Madame Bracco, leur triste aventure, la mère de Teresa sent son coeur se serrer: «Ma fille ne rentrera plus à la maison, s’il lui arrive une chose pareille», pense-t-elle. «Tandis que l’ensemble des femmes et des enfants étaient acheminés vers Sanvarezzo, puis enfermés dans un salon de ma maison, dira un habitant de ce hameau, les jeunes filles, parmi lesquelles se trouve Teresa, furent obligées par les soldats à les suivre dans des directions diverses. J’ai entendu des cris répétés et des appels au secours; un de mes voisins, nommé Baldo Giovanni, déjà âgé, rencontra le soldat qui avait enlevé Teresa; il la serrait au cou et la traînait».
Aussitôt après le départ de l’armée allemande, Don Natale, se rend sur les lieux de la tragédie, accompagné de Venanzio Ferrari et de la mère de la victime ainsi que de sa soeur. Il trouve le corps dans un lieu appelé «le Plan des Cerises». Teresa est couchée sur le dos, les mains croisées sur la poitrine, dans une attitude de défense contre un agresseur. Une balle a transpercé une de ses mains et s’est logée dans la poitrine. À la gorge se voit une marque livide. Le visage porte des ecchymoses; sur la poitrine et les bras, apparaissent d’horribles traces de morsure. Le crâne présente un enfoncement de huit centimètres provoqué vraisemblablement par un coup porté avec une chaussure ferrée. Avec une peine immense, le prêtre se hâte de faire recouvrir le corps d’un linceul, sans permettre qu’on y touche. Puis un médecin, le docteur Scorza, vient constater le décès et examiner le corps. «Il n’est rien arrivé à l’intégrité de la jeune fille, affirme-t-il. Elle a lutté jusqu’à ce que le soldat l’étrangle et la tue par rage de ne pas l’avoir fait plier».
«Pour obéir à Dieu qui lui demandait de défendre le temple de son corps (cf. 1 Co 3, 16), écrivait en 1998 Mgr Livio Maritano, évêque d’Acqui Terme, Teresa a désobéi à l’homme qui l’aurait violentée, mais l’aurait laissée en vie. Son attitude n’a pas été un silence résigné en face d’une brute prête à tout, mais un refus positif de laisser ternir sa beauté virginale. Teresa n’est pas un personnage anachronique; elle est proche des jeunes d’aujourd’hui par son désir d’authenticité et la cohérence entre ce dont elle est convaincue – sa foi catholique – et sa manière de vivre. Teresa Bracco était vraiment «amoureuse de Dieu», c’est pour cela qu’elle a décidé de sacrifier sa vie; elle a préféré la perdre ici-bas pour la retrouver à jamais dans l’Amour infini».
Le 31 août, a lieu un enterrement religieux fort discret. Mais l’occupant est effrayé par les excès de ses propres soldats et les représailles cessent dans la région; le sacrifice de Teresa commence ainsi à porter du fruit. L’Évêque du lieu ayant envoyé au Général allemand une lettre de protestation pour les outrages perpétrés contre des femmes, ce dernier reconnaît que des violences arbitraires ont été commises, pour lesquelles deux soldats allemands ont été traduits devant des tribunaux militaires.
Un phare pour les jeunes
Depuis 1945, chaque année, les habitants de Santa Giulia ont pris l’habitude de se retrouver le 28 août pour commémorer la mort de Teresa. De nombreuses personnes du diocèse se joignent à eux; beaucoup se confessent et communient, spécialement des jeunes. Au cours de la cérémonie de béatification de Teresa, le Pape Jean-Paul II remarquait: «Quel témoignage évangélique significatif pour les jeunes générations qui entrent dans le troisième millénaire! Quel message d’espérance pour tous ceux qui s’efforcent d’aller à contre-courant de l’esprit qui règne en ce monde! Je présente en particulier aux Jeunes cette jeune fille, pour qu’ils apprennent d’elle la foi limpide témoignée dans l’engagement quotidien, la cohérence morale sans compromis, le courage de sacrifier, si nécessaire, sa propre vie, pour ne pas trahir les valeurs qui donnent un sens à la vie».
Sachons gré au Saint-Père de nous proposer en modèle l’exemple des martyrs, qui nous apprennent à mettre notre conduite en harmonie avec notre foi. Par la foi «nous croyons en Dieu et à tout ce qu’Il nous a dit et révélé et que la Sainte Église nous propose à croire, parce qu’Il est la Vérité même» (Catéchisme de l’Église Catholique, n. 1814). Mais la foi «n’est pas seulement un ensemble de propositions à accueillir et à ratifier par l’intelligence. Au contraire, c’est une connaissance et une expérience du Christ, une mémoire vivante de ses commandements, une vérité à vivre. Du reste, une parole n’est vraiment accueillie que lorsqu’elle est appliquée dans les actes, lorsqu’elle est mise en pratique… Elle implique un acte de confiance et d’abandon au Christ, et elle nous permet de vivre comme Il a vécu, c’est-à-dire dans le plus grand amour de Dieu et de nos frères… Par la vie morale, la foi devient «confession», non seulement devant Dieu, mais aussi devant les hommes: elle se fait témoignage. Vous êtes la lumière du monde, a dit Jésus… Votre lumière doit briller devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes oeuvres et glorifient votre Père qui est dans les cieux (Mt 5, 14-16)» (Jean-Paul II, Veritatis splendor, 88-89).
Que saint Joseph et la bienheureuse Teresa nous obtiennent la grâce d’une pleine cohérence entre notre vie et notre foi catholique, source de bienfaits innombrables pour nous et pour tous ceux que nous confions au Seigneur dans la prière!
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