11 juin 1999
Sainte Marguerite-Marie
Bien chers Amis de l’abbaye Saint-Joseph,
Partout, dans la société, dans nos villages, dans nos quartiers, dans nos usines et nos bureaux, dans nos rencontres entre peuples et races, le coeur de pierre, le coeur desséché, doit se changer en coeur de chair, ouvert aux frères, ouvert à Dieu. Il y va de la paix. Il y va de la survie de l’humanité. Cela dépasse nos forces. C’est un don de Dieu. Un don de son Amour» (Jean-Paul II, le 5 octobre 1986 à Paray-le-Monial). Ce don de l’amour avait été annoncé par le prophète Ezéchiel: Je vous donnerai un coeur nouveau et je mettrai au-dedans de vous un esprit nouveau; j’ôterai de votre chair le coeur de pierre, et je vous donnerai un coeur de chair (Ez 36, 26).
Mais comment se réalise cette transformation si nécessaire au bien de l’humanité et au salut des âmes? Comment le Saint-Esprit vient-Il dans le coeur des hommes? C’est l’oeuvre de Jésus-Christ: au Calvaire, le Coeur du Christ, ouvert par la lance du soldat, devient la source d’où le Père céleste fait descendre sur les hommes les grâces de la conversion et de la participation à la vie divine.
Au seuil des temps modernes, sainte Marguerite-Marie a été choisie par la divine Providence pour rappeler à toute l’Église et au monde la profondeur de l’amour du Christ. Elle «a connu le mystère bouleversant de l’amour divin. Elle a connu toute la profondeur des paroles d’Ezéchiel: Je vous donnerai un coeur. Tout au long de sa vie cachée dans le Christ, elle fut marquée par le don de ce Coeur qui s’offre sans limite à tous les coeurs humains» (Jean-Paul II, id.).
Sainte Marguerite-Marie est fille de Philiberte Lamyn et de Claude Alacoque, juge et notaire royal dans le Charolais, en Bourgogne. Ils ont déjà trois garçons quand vient au monde, le 22 juillet 1647, une fille qui reçoit au Baptême, trois jours après sa naissance, le nom de Marguerite. Vers l’âge de quatre ou cinq ans, Marguerite fait un séjour prolongé chez sa marraine, Madame de Fautrière. Pour la première fois, l’enfant y entend parler de vie consacrée à Dieu et de voeux religieux; Marie-Bénigne de Fautrière, fille de sa marraine, est en effet religieuse à la Visitation Sainte-Marie de Paray-le-Monial. La petite fille se sent continuellement pressée de dire et redire ces paroles: «Ô mon Dieu, je vous consacre ma pureté et je vous fais voeu de perpétuelle chasteté». Un jour, elle prononce cette formule entre les deux élévations de la Messe. Ces paroles prennent à ses yeux une telle importance qu’elle les rapporte, vingt années après, comme ayant marqué sa vie. Certes, elle n’a pas contracté un engagement devant l’Église, mais elle a saisi que Dieu la veut toute à Lui. Plus tard, Jésus lui dira: «Je t’ai choisie pour mon épouse, nous nous sommes promis la fidélité lorsque tu m’as fait le voeu de chasteté, que je t’ai inspiré avant que le monde eût part en ton coeur».
Cette consécration précoce peut nous surprendre. Mais parfois Notre-Seigneur destine certaines âmes à des oeuvres exceptionnelles, et leur révèle, même à un âge très tendre, les secrets de son amour. Ce fut, par exemple, le cas du prophète Jérémie (cf. Jr 1, 4-10). De telles grâces appellent une très grande fidélité à Dieu de la part de l’âme qui les reçoit.
Quatre ans paralysée
Marguerite est envoyée à l’école chez les Clarisses de Charolles. Partout on remarque sa ferveur et son amour pour la Très Sainte Vierge. Tous les jours, elle récite le chapelet avec une dévotion peu ordinaire. Mais une longue maladie interrompt ses études et l’oblige à sortir du couvent de Charolles. Elle reste paralysée dans son lit pendant quatre ans. L’enfant promet alors à Marie de se faire un jour religieuse si elle recouvre la santé. «Je n’eus pas plus tôt fait ce voeu, dira Marguerite, que je reçus la guérison». Ce miracle suscite en son coeur un nouvel élan de piété mariale: «La Sainte Vierge, nous dit-elle, s’est rendue dès lors la maîtresse de mon coeur. Elle me regarda comme sienne. Elle me gouvernait comme lui étant dédiée, me reprenait de mes fautes et m’apprenait à faire la volonté de Dieu».
Cependant, «ayant retrouvé la santé, écrira Marguerite-Marie, je ne pensais plus qu’à chercher du plaisir dans la jouissance de ma liberté, sans me soucier d’accomplir ma promesse». Ainsi, une période de relâchement spirituel commence. Aucune faute vraiment grave ne se glisse dans sa vie, mais, «naturellement portée au plaisir», elle suit ses inclinations et s’adonne «à la vanité et à l’affection des créatures». Réaction toute naturelle après quatre années de maladie et à l’entrée dans l’adolescence. Mais bien vite, Dieu lui fait comprendre qu’«enfantée au Calvaire, la vie que le Seigneur lui a donnée ne peut s’entretenir que par l’aliment de la croix». Après avoir découvert la souffrance physique, elle va connaître la souffrance morale et, d’abord, les épreuves familiales.
Après la mort précoce de son mari, Madame Alacoque connaît les plus cruels embarras: engagée dans des litiges matériels sans fin, elle ne peut guère s’occuper de ses enfants. Elle en abandonne le soin à leur grand-mère paternelle, à laquelle se joignent une tante et la belle-mère de celle-ci. Toutes trois s’arrogent un droit absolu sur Marguerite et sa mère, les autres enfants Alacoque étant en pension. Marguerite est traitée plus mal que les servantes, elles-mêmes rudoyées par les terribles femmes. Mais Notre-Seigneur la réconforte et lui fait comprendre qu’Il l’a choisie pour partager sa douloureuse Passion: «Je veux me rendre présent à ton âme pour te faire agir comme j’ai agi moi-même au milieu des cruelles souffrances endurées par amour pour toi». Marguerite dira plus tard: «Depuis ce temps-là, Jésus m’est toujours resté présent à l’esprit, couronné d’épines, portant sa croix ou crucifié. J’avais alors tant de compassion pour Lui et d’amour pour ses souffrances, que mes peines devenaient légères, et que je désirais de plus grandes douleurs pour me rendre semblable à Lui». Et elle ajoutera: «Il faut régaler souvent l’adorable Coeur de Jésus de ce mets si délicieux à son goût, je veux dire les précieuses humiliations, mépris et abjections dont Il nourrit ses plus fidèles amis ici-bas».
Comment faut-il entendre ce langage si peu conforme à nos conceptions et apparemment contraire au soin légitime que nous prenons pour diminuer les souffrances? La souffrance n’est pas en elle-même un bien. Cependant, Jésus l’a Lui-même assumée afin de la transfigurer, de lui donner une valeur rédemptrice pour tous ceux qui voudront bien l’accepter avec Lui, par amour. Elle devient alors, par la puissance de Dieu, le moyen de notre relèvement moral après le péché. «Pourquoi Dieu permet-Il la souffrance? demandait-on un jour à Mère Teresa. – C’est difficile à comprendre: c’est le mystère de l’amour de Dieu, c’est pourquoi nous ne pouvons même pas comprendre pourquoi Jésus a tant souffert, pourquoi Il devait passer par cette solitude de Gethsémani et la souffrance de la crucifixion. C’est le mystère de son grand amour. La souffrance que nous voyons maintenant, c’est comme si le Christ revivait sa Passion en nous».
Les «vanités»«
Marguerite a maintenant dix-huit ans. Ses proches, et notamment sa mère, pensent à la marier. La jeune fille aime les parures et les frivolités; elle se laisse charmer par les fêtes du monde et sa vocation en est ébranlée. Cependant, Dieu la poursuit au milieu même des fêtes et des danses. Quelquefois, Il presse si sévèrement son coeur, qu’elle se sent comme forcée de sortir soudainement pour aller pleurer sur sa faiblesse à l’église ou dans quelque lieu secret. La face contre terre, elle demande pardon à Dieu pour son attachement aux mondanités, mais, le lendemain, elle retourne à ses dangereux divertissements.
Un soir où, retirée dans sa chambre, elle quitte les habits de fête et les bijoux dont elle s’est parée avec quelque complaisance, Jésus se montre à elle dans l’état où Il était après sa cruelle flagellation: «Ce sont, lui dit-Il, tes vanités qui m’ont réduit à cet état. Tu perds par tes irrésolutions un temps dont je te demanderai un compte rigoureux à ta mort. Tu me trahis par tes infidélités. Tu devrais mourir de honte de toutes tes ingratitudes comparées à toutes les preuves d’amour que je t’ai données pour t’attirer toute à moi». Marguerite, bouleversée, prend alors la résolution de redoubler austérités et pénitences. Cela ne contente pas Jésus qui la veut religieuse, comme elle le Lui a promis. Enfin, après six ans de lutte, elle se décide définitivement.
Le 26 mai 1671, elle se rend à la Visitation Sainte-Marie de Paray-le-Monial. Dès qu’elle pénètre au parloir, une voix intérieure l’avertit: «C’est là que je te veux». Un mois après, elle entre pour toujours dans ce monastère. Son premier soin est de demander à sa maîtresse des novices de lui apprendre à faire oraison. La Mère lui répond: «Allez vous mettre devant Notre-Seigneur présent dans le tabernacle, et dites-Lui que vous voulez être devant Lui comme une toile d’attente devant un peintre». La jeune postulante ne comprend pas, mais obéit. Jésus lui explique intérieurement: «Cette toile d’attente, c’est ton âme. Je veux y peindre les traits de ma vie qui s’est écoulée dans l’amour et la privation, dans l’occupation et le silence, enfin dans le sacrifice le plus absolu… Je veux te purifier de toutes les taches qui te restent».
Le 25 août 1671, Marguerite reçoit l’habit religieux et ajoute à son nom de baptême celui de Marie. Le 6 novembre 1672, elle prononce les voeux de pauvreté, chasteté et obéissance. On lui donne la fonction d’aide-soignante à l’infirmerie.
Le symbole et l’instrument de la miséricorde
13 juin 1675. Lors d’une apparition, Notre-Seigneur, découvrant son Divin Coeur, révèle à soeur Marguerite-Marie: «Voilà ce Coeur qui a tant aimé les hommes qu’il n’a rien épargné jusqu’à s’épuiser et se consumer pour leur témoigner son amour». Dieu a voulu se faire homme afin de pouvoir nous aimer avec un Coeur d’homme. Le but ultime d’un tel amour est exprimé par cette parole de l’Évangile: Dieu a tant aimé le monde qu’il a envoyé son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle (Jn 3, 16). Mais, avant de nous introduire dans l’intimité de la vie divine, Dieu a dû ôter l’obstacle constitué par le péché, le plus grand des maux qui atteignent l’homme. «Aux yeux de la foi, aucun mal n’est plus grave que le péché et rien n’a de pires conséquences pour les pécheurs eux-mêmes, pour l’Église et pour le monde entier» (Catéchisme de l’Église Catholique, n. 1488). La manifestation de l’amour divin prendra donc une expression particulière: elle s’appellera «miséricorde».
La miséricorde est au centre du message confié par Jésus à sainte Marguerite-Marie. Être miséricordieux, c’est avoir un coeur affecté de tristesse à la vue de la misère d’autrui comme s’il s’agissait de la sienne propre. L’effet de la miséricorde est d’écarter autant que possible cette misère du prochain. Ainsi, Dieu est-Il pris de pitié pour les hommes en voyant les maux que le péché a introduits dans le monde. Et, bien qu’offensé par nos fautes, Il nous offre inlassablement la grâce du repentir et de son pardon. La miséricorde est Sa caractéristique propre. «Se montrer miséricordieux, est regardé comme le propre de Dieu, et c’est là surtout que se manifeste sa toute-puissance», enseigne saint Thomas d’Aquin (Somme théologique).
Le Coeur de Jésus, transpercé au Calvaire par la lance du soldat, est le symbole et l’instrument de cette miséricorde. Il en jaillit du sang et de l’eau (Jn 19, 34), images des sacrements de l’Eucharistie et du Baptême, qui purifient les âmes et leur ouvrent le chemin du salut. Le Baptême, symbolisé par l’eau, nous lave de tout péché. L’Eucharistie, figurée par le sang, nous applique, dans le Saint-Sacrifice de la Messe, les mérites de la Passion du Christ; elle nourrit également nos âmes, par la communion. Jésus a choisi soeur Marguerite-Marie pour rappeler ces mystères aux hommes; Il lui dit: «Je veux leur manifester les richesses de mon Coeur, et leur donner de nouvelles grâces pour les tirer de l’abîme du feu éternel vers lequel les précipitent les péchés mortels. Pour accomplir cela, c’est toi que j’ai choisie justement à cause de ta faiblesse et de ton ignorance. Ainsi on verra bien que tout vient de moi».
«Qu’est-ce que c’est encore que cette invention?»
L’ingratitude et l’oubli des hommes devant la miséricorde divine blessent le Coeur de Jésus, comme en témoigne la couronne d’épines qui l’encerclait lors de la première apparition. Jésus s’en est plaint à la sainte: «En reconnaissance (de mon amour) je ne reçois de la plupart qu’ingratitudes, irrévérences, sacrilèges, froideurs et mépris». Et encore: «Regarde comme les pécheurs me traitent… Ils n’ont que des froideurs et du rebut pour tous mes empressements à leur faire du bien… Mais, du moins, donne-moi ce plaisir de suppléer à leurs ingratitudes« Participe aux amertumes de mon Coeur».
En réponse à cette attente de Notre-Seigneur, la sainte va se rapprocher des mystères de la Passion. Jésus lui demande de s’unir à son agonie au Jardin des Oliviers, en faisant chaque jeudi, de onze heures à minuit, une «heure sainte», priant et demandant pardon pour les pécheurs. Elle doit donc obtenir de sa Supérieure l’autorisation de faire cette «heure sainte». Elle va la trouver… mais quelle déception! «Non et non! Qu’est-ce que c’est encore que cette invention?» Soeur Marguerite-Marie se soumet. Peu après, elle tombe gravement malade: «Demandez à Notre-Seigneur de vous guérir, lui dit sa Supérieure. S’il le fait, je vous autoriserai». Elle obéit et recouvre la santé: cette fois, la Supérieure commence à croire aux voies extraordinaires par lesquelles le Bon Dieu conduit cette âme. Mais pour éprouver sa sainteté, elle l’accable de reproches, d’ordres et de contrordres et d’humiliations de toutes sortes que la sainte visitandine reçoit silencieusement et de bonne grâce, mais non sans en ressentir vivement les épines.
Un jour, Jésus lui prescrit de reprocher publiquement à ses soeurs les péchés qui se commettent dans la Communauté et qu’Il lui découvre. Avec l’autorisation de sa Supérieure, elle s’exécute, plus morte que vive. Aussitôt fusent les protestations des soeurs; les têtes s’échauffent, l’indignation est à son comble. On la traite de folle. On lui jette de l’eau bénite comme pour chasser le diable. Rendue ainsi conforme au Christ dans sa Passion, elle pourra dire plus tard: «Jamais je n’ai tant souffert».
Les fréquentes communications divines que reçoit soeur Marguerite-Marie la jettent parfois dans le trouble: elle craint d’être le jouet de son imagination ou de Satan. Mais Notre-Seigneur envoie comme confesseur de son couvent, un homme de Dieu, le Père jésuite Claude La Colombière, qui sera un jour canonisé. Celui-ci la rassure: «Je vous certifie, de la part de Dieu, que tout ce qui vous arrive vient de Lui».
«Je suis altéré de me faire aimer»
«Si tu savais, dit Jésus à soeur Marguerite-Marie, combien je suis altéré de me faire aimer des hommes, tu n’épargnerais rien pour cela« J’ai soif, je brûle du désir d’être aimé!» Y a-t-il, en effet, rien de plus pénible que d’aimer quelqu’un et de ne pas être aimé de lui? L’amour du Christ nous presse, dit saint Paul (II Co 5, 14); il nous presse surtout à rendre amour pour amour.
Un moyen privilégié de manifester notre amour pour Jésus est de l’honorer dans la Très Sainte Eucharistie, le «Sacrement de son Amour». «J’ai une soif ardente, confiait Jésus à notre sainte, d’être honoré et aimé des hommes dans le Très-Saint-Sacrement et je ne trouve presque personne qui s’efforce, selon mon désir, de me désaltérer, en usant envers moi de quelque retour». Notre-Seigneur désire en particulier que les chrétiens le reçoivent dans la Sainte Communion en esprit de réparation, offrant au Père éternel son Coeur réellement présent sous les espèces eucharistiques. Mais qu’entend-on par «réparation»?
L’âme qui progresse dans la voie de la sainteté, ne peut s’empêcher de considérer son passé. Elle veut alors rattraper le temps perdu et compenser par un amour plus grand tous les refus ou laisser-aller antérieurs. Elle s’aperçoit aussi avec douleur que les prévenances de la charité divine à l’égard des hommes sont bien méconnues. Alors, elle veut compenser l’indifférence et les offenses de beaucoup par un amour délicat et généreux envers le Sauveur; elle désire aussi s’unir au Christ et participer à son oeuvre de réparation et de salut, à l’exemple de saint Paul: Je complète dans ma chair ce qui manque aux souffrances du Christ pour son Corps qui est
l’Église (Col 1, 24).
Mais l’esprit d’expiation ou de réparation ne constitue pas la plénitude de la dévotion au Sacré-Coeur. La pratique essentielle en est la consécration, c’est-à-dire, selon la définition de la sainte, une entière donation de soi-même, de toutes ses actions. Le Christ vient alors vivre en nous: «Il faut que ce divin Coeur de Jésus soit tellement substitué en place des nôtres que lui seul vive et agisse en nous et pour nous« que ses affections, ses pensées et ses désirs soient en la place des nôtres, mais surtout son amour». La dévotion au Sacré-Coeur s’exprime aussi par des signes extérieurs, par exemple l’exposition de son image. En instituant cette dévotion, Notre-Seigneur n’a pas voulu ajouter des exigences supplémentaires ni alourdir nos fardeaux, mais nous mettre en état de recevoir une nouvelle effusion de grâces, selon les promesses qu’Il a faites à sainte Marguerite-Marie (cf. image jointe).
Tous les chrétiens sont appelés à honorer le Coeur du Christ, mais spécialement les âmes consacrées et les familles. En retour, ce Coeur leur apportera une «protection particulière d’amour et d’union». Lors de sa visite pastorale à Paray-le-Monial, le 5 octobre 1986, le Pape Jean-Paul II déclarait: «Devant le Coeur ouvert du Christ, nous cherchons à puiser en lui l’amour vrai dont nos familles ont besoin. La cellule familiale est fondamentale pour édifier la civilisation de l’amour». Si les familles de notre temps connaissent trop souvent l’épreuve et la rupture, ne serait-ce pas parce que nos coeurs, au lieu d’être remplis du véritable amour qui se donne, se sont rendus durs comme la pierre en s’abandonnant à l’égoïsme? Jésus a offert son Coeur blessé pour transformer nos coeurs de pierre en coeurs de chair, pleins d’amour envers tous et de prévenances envers nos proches.
Des voies pour aujourd’hui
Ayant transmis à toute l’Église le message de la miséricorde divine, soeur Marguerite-Marie a accompli sa mission ici-bas. Le 17 octobre 1690, elle meurt, en prononçant ce seul mot: «Jésus». Vers la fin de sa vie, elle écrivait à son directeur de conscience: «Il me semble que je ne serai jamais en repos que je ne me voie dans des abîmes d’humiliation et de souffrance, inconnue de tout le monde et ensevelie dans un éternel oubli». Si Notre-Seigneur a conduit la confidente de son Coeur à une telle humilité, c’est pour la faire participer à sa gloire, car: Celui qui s’humilie sera exalté (Mt 23, 12). Soeur Marguerite-Marie, si petite à ses propres yeux, est aujourd’hui proclamée sainte par l’Église, à la face du monde. De partout, des fidèles viennent se recueillir auprès de ses reliques et implorer son intercession. Paray-le-Monial est devenu le centre d’une vie spirituelle intense.
Le Pape Jean-Paul II résumait ainsi le message de Paray-le-Monial, dans un message au RP. Kolvenbach, Préposé Général de la Compagnie de Jésus, le 5 octobre 1986: «Les fruits spirituels abondants qu’a produit la dévotion au Coeur de Jésus sont largement reconnus. S’exprimant notamment par la pratique de l’heure sainte, de la confession et de la communion des premiers vendredis du mois, elle a contribué à inciter des générations de chrétiens à prier davantage et à participer plus fréquemment aux sacrements de la Pénitence et de l’Eucharistie. Ce sont là des voies qu’il est souhaitable de proposer aux fidèles, aujourd’hui encore».
En cette fête du Sacré-Coeur de Jésus, répondons à l’appel plein de bonté de notre Sauveur: Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau et je vous soulagerai. Prenez sur vous mon joug et apprenez de moi que je suis doux et humble de coeur; et vous trouverez le repos pour vos âmes (Mt 11, 28-29). «Quoi de plus doux pour nous, frères très chers, que cette voix du Seigneur qui nous invite? Voici que, dans sa bonté, le Seigneur Lui-même nous montre le chemin de la vie!» (Saint Benoît, Prologue de la Règle). Puissions-nous Le suivre sur ce chemin où des trésors ineffables de grâces sont préparés pour nos âmes! Confiants en la miséricorde infinie du Coeur de Jésus, nous Lui recommandons vos personnes, vos familles, vos défunts et toutes vos intentions.
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