22 février 1999

Jubilé an 2000

Bien chers Amis de l’abbaye Saint-Joseph,

Le matin du premier janvier 1300, Rome, capitale du monde chrétien, connaît une animation extraordinaire. Les Romains se rendent en foule vers la basilique Saint-Pierre. «Saint-Père, disent-ils au Pape, donnez-nous votre bénédiction avant que nous mourions. Nous avons entendu dire par les anciens que tout chrétien qui visitera les corps des Apôtres, pendant cette année centenaire, sera délivré tant de ses fautes que des peines dues au péché». Dans la soirée, l’affluence est telle que la circulation devient presque impossible dans la nef et autour des autels. Le lendemain et les jours suivants, même empressement. Les pèlerins arrivent de partout pour visiter la basilique, confesser leurs fautes et prier au tombeau des Apôtres.

La première réaction du Saint-Siège est la surprise: on ne connaît pas de tradition en ce sens. Le Pape Boniface VIII, met au travail les archivistes, mais en vain: ils ne trouvent aucune trace d’Indulgences exceptionnelles, ni pour l’année 1200, ni pour les siècles antérieurs. En quête de témoignages oraux, on finit par découvrir un vieillard qui affirme: «Mon père est allé à Rome en 1200; il m’a bien recommandé de ne pas manquer une telle grâce si j’atteignais à mon tour le nouveau centenaire». À la cour pontificale, on demeure perplexe.

Il faut l’avoir vu pour le croire!

Cependant les pèlerins arrivent toujours. Que faire? Il est difficile de laisser dans l’incertitude la piété populaire. Le 22 février, Boniface VIII présente au peuple une Bulle accordant aux pèlerins de l’an 1300, sous certaines conditions, une indulgence plénière. La promulgation de ce document a un effet prodigieux. De tous les pays on accourt vers Rome. Un chroniqueur de l’époque estime à 2 000 000 les pèlerins de cette année. Les routes sont encombrées de voyageurs. Des jeunes gens, trop pauvres pour se payer une monture, s’en vont à pied; des vieillards et des infirmes sont portés en litière. On voit des hommes riches qui cheminent modestement comme des pauvres, par esprit de pénitence et d’humilité. À Rome, il faut régler la circulation. L’accès au pont Saint-Ange, par lequel on arrive à Saint-Pierre, est trop étroit; on ouvre tant bien que mal une voie nouvelle. Le pont est divisé en deux par une palissade pour constituer un «sens unique». La nuit même n’arrête pas les visites aux basiliques. «Il faut avoir vu cela pour le croire!» affirme un témoin.

Le Pape Boniface VIII avait prévu la célébration d’un jubilé à chaque centenaire. Mais, «en raison de la brièveté de la vie humaine», le Pape Clément VI réduisit, en 1350, le rythme des jubilés à cinquante ans. La périodicité des jubilés est passée ensuite à 33, puis à 25 ans. Progressivement, le jubilé, qui consistait uniquement à gagner une indulgence plénière, a pris une signification plus large: une occasion de renouvellement spirituel dans l’amour de Dieu, la fidélité à l’Évangile, et par là, le progrès de la société humaine dans la justice et la charité. Lors de l’indiction de celui de 1950, le Pape Pie XII disait: «Le très grand Jubilé a pour fin principale d’inciter tous les chrétiens, non seulement à expier leurs fautes et à amender leur vie, mais encore à acquérir la vertu et la sainteté, suivant ce qui a été dit: Sanctifiez-vous et soyez saints, parce que je suis le Seigneur votre Dieu (Lv 19, 2)… Si les hommes écoutent favorablement cette voix de l’Église, … non seulement les moeurs privées mais encore la vie publique se conformeront aux préceptes et à l’esprit chrétien». Pour introduire le Jubilé de 1975, le Pape Paul VI affirmait que l’essentiel de l’Année sainte est «le renouvellement intérieur de l’homme: …Il faut refaire l’homme du dedans. Voilà ce que l’Évangile appelle conversion, pénitence… C’est un temps de grâce qui, habituellement, ne s’obtient qu’en courbant la tête».

Dans la perspective de l’an 2000, de nombreux défis se présentent à l’Église. Monseigneur Cordes, vice-président du Conseil pontifical pour les laïcs, les présentait ainsi en 1992, lors d’une rencontre internationale: «Dans l’Église, plusieurs millions de catholiques ne suivent pas le Christ et ne lui sont pas soumis, même s’ils se disent toujours catholiques et participent occasionnellement aux liturgies de l’Église. Il en est d’autres millions qui sont désorientés et dans le vague en ce qui concerne les fondements de la foi, «fourvoyés même par des catéchèses erronées. Même si le communisme ne représente plus la menace qu’il a été, le matérialisme occidental, la sécularisation et le consumérisme (usage abusif des biens de ce monde) peuvent être une menace bien plus grande pour la vie de l’âme. Et au-delà des blessures visibles de l’Église, des milliards de nos semblables ne connaissent pas encore aujourd’hui le Christ et vivent sous des formes diverses d’oppression sociale et personnelle. Beaucoup sont encore esclaves du péché et sous l’emprise du Mauvais. Pourquoi ne reconnaîtrions-nous pas que Satan est à l’oeuvre pour séparer les personnes de Dieu – comme nous le disent les Écritures: Votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer (1 P 5, 8)?»

Une forte pédagogie

Face à ces défis, le Pape Jean-Paul II appelle tous les chrétiens à célébrer le grand Jubilé de l’an 2000: «Le temps du Jubilé nous introduit dans le vigoureux langage qu’emploie la pédagogie divine du salut pour inciter l’homme à la conversion et à la pénitence, principe et voie de sa réhabilitation, et condition pour retrouver ce qu’il ne pourrait atteindre par ses seules forces: l’amitié de Dieu, sa grâce, la vie surnaturelle, la seule où puissent être satisfaites les aspirations les plus profondes du coeur humain» (Bulle Incarnationis mysterium, IM, 29 novembre 1998, 2).

Le «vigoureux langage» employé par Dieu en vue de notre salut, est celui des prophètes jusqu’à saint Jean-Baptiste, et surtout de Jésus, le divin Maître: Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous (Lc 13, 3). Entrez par la porte étroite. Elle est grande la porte, il est large le chemin qui conduit à la perdition; et ils sont nombreux ceux qui s’y engagent. Mais elle est étroite la porte, il est resserré le chemin qui conduit à la vie; et ils sont peu nombreux ceux qui le trouvent (Mt 7, 13-14). Jésus nous révèle l’enjeu si grave de notre vie sur la terre: la manière dont nous aurons vécu fixera irrévocablement notre destin éternel. La vie ici-bas est unique: Les hommes ne meurent qu’une fois, après quoi il y a un jugement (He 9, 27). «Ignorants du jour et de l’heure, enseigne le Concile Vatican II, il faut que, suivant l’avertissement du Seigneur, nous restions constamment vigilants pour mériter, quand s’achèvera le cours unique de notre vie terrestre, d’être admis avec Lui aux noces et comptés parmi les bénis de Dieu, au lieu d’être, comme de mauvais et paresseux serviteurs, écartés par l’ordre de Dieu vers le feu éternel, vers ces ténèbres du dehors où seront les pleurs et les grincements de dents» (Lumen gentium, 48). Le Seigneur nous a placés devant deux chemins: le chemin de la vie et le chemin de la mort (Jr 21, 8). À nous de choisir l’un ou l’autre.

Créés à l’image de Dieu et à sa ressemblance (Gn 1, 26), nous sommes capables de Le connaître et de L’aimer librement. Par ce mot «image», l’Écriture Sainte veut dire que nous sommes appelés à l’amitié avec Dieu. D’autre part, le Christ a été envoyé par le Père pour que nous recevions l’adoption des fils (Ga 4, 5), que nous entrions dans la famille de Dieu, que nous soyons héritiers de Dieu, et cohéritiers du Christ (Rm 8, 17), dans la Patrie des Cieux. Telle est l’Espérance des chrétiens. Mais aucune amitié ne peut être imposée. L’amitié, comme aussi l’adoption, s’offre pour être librement acceptée ou refusée. Celui qui choisit le refus n’aura pas part au Royaume du Christ et de Dieu (Ep 5, 5). Par le péché grave, l’homme brise l’amitié divine et s’engage sur la voie qui conduit à la perdition éternelle. «Le péché mortel est une possibilité radicale de la liberté humaine comme l’amour lui-même, enseigne le Catéchisme de l’Église Catholique. Il entraîne la perte de la charité et la privation de la grâce sanctifiante, c’est-à-dire de l’état de grâce. S’il n’est pas racheté par le repentir et le pardon de Dieu, il cause l’exclusion du Royaume du Christ et la mort éternelle de l’enfer, notre liberté ayant le pouvoir de faire des choix pour toujours, sans retour» (CEC, 1861).

Il est mauvais et amer d’abandonner le Seigneur Dieu

Bien souvent dans l’Évangile, Jésus nous met en garde contre la conséquence éternelle du péché grave: Si ton oeil droit entraîne ta chute, arrache-le et jette-le loin de toi: car c’est ton intérêt de perdre un de tes membres, et que ton corps tout entier ne soit pas jeté dans la géhenne (l’enfer). Et si ta main droite entraîne ta chute, coupe-la et jette-la loin de toi: car c’est ton intérêt de perdre un de tes membres, et que ton corps tout entier ne s’en aille pas dans la géhenne (Mt 5, 29-30). Saint Benoît se fait l’écho de cet enseignement par l’avertissement qu’il donne aux moines de «craindre le jour du jugement» et de «redouter l’enfer» (Règle, ch. 4). Le Sauveur nous invite à une crainte salutaire du malheur éternel lorsqu’Il dit: Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, mais ne peuvent pas tuer l’âme; craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la géhenne l’âme aussi bien que le corps (Mt 10, 28). Ces paroles nous montrent combien il est mauvais et amer d’abandonner le Seigneur Dieu (Jr 2, 19). Elles sont destinées à ébranler la conscience pour y faire naître la contrition, c’est-à-dire «une douleur de l’âme et une détestation du péché commis avec la résolution de ne plus pécher à l’avenir» (CEC, 1451).

Quand elle provient de l’amour de Dieu aimé plus que tout, la contrition est appelée «parfaite». La contrition imparfaite, ou «attrition», naît de la considération de la laideur du péché ou de la crainte des peines de l’enfer; si, excluant la volonté de pécher, elle s’accompagne de l’espérance du pardon, c’est un véritable don de Dieu, une impulsion de l’Esprit-Saint qui, sur terre, ne cesse d’offrir sa grâce même à ceux qui se séparent de Lui, car Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité (1 Tm 2, 4) (cf. CEC, 1452-1453). Saint Ignace de Loyola explique dans ses «Exercices Spirituels» le rôle bienfaisant de la contrition imparfaite: «Bien que nous devions surtout désirer que les hommes servent Dieu, notre Seigneur, par le motif du pur amour, nous devons cependant louer beaucoup la crainte de la divine Majesté; car, non seulement la crainte filiale est pieuse et très sainte, mais la crainte servile même (contrition imparfaite), lorsque l’homme ne s’élève pas à quelque chose de meilleur et de plus utile, l’aide beaucoup à sortir du péché mortel; et, lorsqu’il en est sorti, il parvient facilement à la crainte filiale, qui est tout agréable et chère à Dieu, parce qu’elle est inséparablement unie à son amour» (n. 370).

La contrition imparfaite dispose à recevoir la grâce du pardon divin dans le sacrement de Pénitence. Celui-ci est, pour un chrétien, le moyen normal prévu par Dieu afin d’obtenir la rémission des péchés graves commis après le baptême. Le recours à ce sacrement se fait par la confession individuelle et intégrale suivie de l’absolution, «seul mode ordinaire par lequel les fidèles se réconcilient avec Dieu et l’Église, sauf si une impossibilité physique ou morale dispense d’une telle confession» (CEC, 1484). Cette pratique est motivée par des raisons profondes: «Le Christ agit en chacun des sacrements. Il s’adresse personnellement à chacun des pécheurs: Mon enfant, tes péchés sont remis (Mc 2, 5). Le Christ est le médecin qui se penche sur chacun des malades qui ont besoin de lui pour les guérir» (ibid.)

Nous laisser guérir par le Christ

Le premier acte essentiel de celui qui recourt au sacrement de Pénitence est la contrition. Le deuxième est l’aveu de ses péchés au prêtre: «Les pénitents doivent, dans la confession, énumérer tous les péchés mortels dont ils ont conscience après s’être examinés sérieusement, même si ces péchés sont très secrets et s’ils ont été commis seulement contre les deux derniers préceptes du Décalogue» (CEC, 1456). L’Église prévoit qu’en certains «cas de nécessité grave», jugés tels par l’évêque diocésain, on peut recourir à la célébration communautaire du sacrement de la Pénitence avec absolution collective. Mais pour recevoir validement l’absolution dans de telles circonstances, les fidèles doivent avoir l’intention ferme de confesser individuellement leurs péchés en temps voulu (cf. CEC, 1483).

Pour qu’un péché soit mortel trois conditions sont requises simultanément: «Est péché mortel tout péché qui a pour objet une matière grave, et qui est commis en pleine conscience et de propos délibéré. La matière grave est précisée par les dix commandements selon la réponse de Jésus au jeune homme riche: Ne tue pas, ne commets pas d’adultère, ne vole pas, ne porte pas de faux témoignage, ne fais pas de tort, honore ton père et ta mère (Mc 10, 19)» (CEC, 1857-1858). Sont graves en eux-mêmes les péchés d’idolâtrie, d’apostasie, d’athéisme, mais aussi de fornication, concubinage avant le mariage, adultère, contraception, avortement, etc.

S’il manque une des trois conditions, le péché est véniel; il ne brise pas l’amitié divine mais la blesse. Sans être strictement nécessaire, «la confession régulière de nos péchés véniels nous aide à former notre conscience, à lutter contre nos penchants mauvais, à nous laisser guérir par le Christ, à progresser dans la vie de l’Esprit. En recevant plus fréquemment, par ce sacrement, le don de la miséricorde du Père, nous sommes poussés à être miséricordieux comme Lui» (CEC, 1458).

Enfin, le sacrement de Pénitence comporte la «satisfaction». Relevé du péché, le pécheur doit réparer ses fautes: «il doit «satisfaire» de manière appropriée ou «expier» ses péchés. Cette satisfaction s’appelle aussi «pénitence»» (CEC, 1459). Elle est imposée par le prêtre en fonction de la situation personnelle du pénitent et de son bien spirituel.

La doctrine et la pratique des indulgences sont étroitement liées aux effets du sacrement de Pénitence. Dans la Bulle Incarnationis mysterium, le Pape Jean-Paul II les explique ainsi: «Tout péché, même véniel, entraîne un attachement malsain aux créatures, qui a besoin de purification, soit ici-bas, soit après la mort, dans l’état que l’on nomme Purgatoire. Cette purification libère de ce qu’on appelle la «peine temporelle» du péché; une fois celle-ci expiée, ce qui fait obstacle à la pleine communion avec Dieu et avec les frères est effacé» (IM, 10).

Ainsi, «le fait d’avoir été réconcilié avec Dieu n’exclut pas qu’il reste certaines conséquences du péché dont il est nécessaire de se purifier… Par l’indulgence accordée au pécheur repenti, est remise la peine temporelle pour les péchés déjà pardonnés quant à la faute» (Ibid., 9). Celui qui a gagné une indulgence plénière est donc prêt à entrer immédiatement au Ciel sans passer par le Purgatoire. Si cette indulgence est appliquée à une âme du Purgatoire, elle la libère aussitôt de ses peines.

Un surplus d’amour

«L’indulgence s’obtient par l’Église qui, en vertu du pouvoir de lier et de délier qui lui a été accordé par le Christ Jésus, intervient en faveur d’un chrétien et lui ouvre le trésor des mérites du Christ et des saints pour obtenir du Père des miséricordes la remise des peines temporelles dues pour ses péchés» (CEC, 1478). C’est dans le Christ que se trouvent en abondance les satisfactions et les mérites de la Rédemption. Mais les prières et les bonnes oeuvres de la bienheureuse Vierge Marie et de tous les saints ont également un prix immense auprès de Dieu. Ainsi, «il s’instaure entre les fidèles un merveilleux échange de biens spirituels (appelé «communion des saints»), en vertu duquel la sainteté de l’un apporte aux autres un bénéfice bien supérieur au dommage que le péché de l’un a pu causer aux autres. Il y a des personnes qui laissent derrière elles comme un surplus d’amour, de souffrance supportée, de pureté et de vérité, qui se déverse sur les autres et les soutient» (IM, 10).

Pour le Jubilé de l’an 2000, l’Église ouvre ses trésors spirituels aux fidèles par la concession d’une indulgence particulière: «Le sommet du Jubilé est la rencontre avec Dieu le Père, par le Christ Sauveur, présent en son Église de manière spéciale par les sacrements. C’est pourquoi tout le cheminement jubilaire, préparé par le pèlerinage, a pour point de départ et d’arrivée la célébration du sacrement de la Réconciliation, ainsi que du sacrement de l’Eucharistie…

Après avoir procédé dignement à la confession sacramentelle, qui doit être ordinairement la confession individuelle et complète, le fidèle, en exécutant ce qui doit être accompli, peut recevoir ou appliquer durant une période convenable de temps le don de l’indulgence plénière, même quotidiennement, sans être obligé de se confesser à nouveau… En revanche, il est opportun que la participation à l’Eucharistie – nécessaire pour chaque indulgence – ait lieu le jour même où l’on accomplit les oeuvres prescrites» (Pénitencerie apostolique: Dispositions pour l’obtention de l’indulgence du Jubilé, 29 novembre 1998).

Plusieurs conditions sont requises pour le gain de toute indulgence plénière: s’être confessé, avoir reçu la communion eucharistique, accomplir l’oeuvre à laquelle l’indulgence est attachée et prier aux intentions du Pape. Pour le Jubilé de l’an 2000, l’oeuvre à accomplir consiste normalement en un pèlerinage: pèlerinage à Rome, ou en Terre Sainte, ou à l’église cathédrale de son diocèse (ou bien au lieu désigné par l’évêque du diocèse), ou encore visite pendant un temps convenable de personnes en difficulté (malades, prisonniers, personnes âgées et seules, handicapés, etc.), comme s’il s’agissait d’un pèlerinage vers le Christ présent en eux.

Il n’y a qu’une seule porte

Le grand Jubilé de l’an 2000 commencera par l’ouverture de la Porte Sainte. Chacune des quatre grandes basiliques patriarcales romaines (Saint-Pierre, Saint-Jean-de-Latran, Sainte-Marie-Majeure, Saint-Paul-hors-les-murs) possède sur sa façade une porte spéciale, appelée «Porte Sainte», qui n’est ouverte qu’à l’occasion des jubilés. Dans la nuit du 24 au 25 décembre 1999, le Pape ouvrira la Porte Sainte de la basilique Saint-Pierre et la franchira solennellement en montrant le Saint Évangile à l’Église et au monde.

Ce geste symbolique «évoque le passage que tout chrétien est appelé à effectuer du péché à la grâce, affirme le Pape. Jésus a dit: Moi, je suis la porte (Jn 10, 7), pour montrer que personne ne peut accéder au Père sinon par Lui. Cette désignation que Jésus fait de lui-même atteste que Lui seul est le Sauveur envoyé par le Père. Il n’y a qu’une seule porte qui ouvre toute grande l’entrée dans la vie de communion avec Dieu, et cette porte, c’est Jésus, chemin unique et absolu de salut» (IM, 8). L’Apôtre saint Pierre déclare, en effet: En dehors de lui (Jésus), il n’y a pas de salut. Et son Nom, donné aux hommes, est le seul qui puisse nous sauver (Ac 4, 12). «L’indication de la Porte, continue le Pape, rappelle la responsabilité qu’a tout croyant d’en franchir le seuil. Passer par cette porte signifie professer que Jésus-Christ est le Seigneur» (IM, 8).

Le rite solennel par lequel est ouverte la Porte Sainte signifie encore «que les trésors spirituels de l’Église sont ouverts de façon plus large à tous ceux qui, poussés par le désir d’expier leurs fautes, désirent bénéficier des privilèges du grand Jubilé» (Pie XII, 12 décembre 1949).

Le temps du Jubilé sera également l’occasion d’un rapprochement des chrétiens en vue de l’unité voulue par le Christ; un temps de demande de pardon et de réconciliation entre les hommes; il devra être marqué par une pratique persévérante de la charité, surtout à l’égard de ceux qui vivent dans la pauvreté et la marginalité. Il sera aussi un temps de souvenir du témoignage des martyrs (cf. IM, 4, 11, 12, 13).

La joie du Jubilé se complétera en tournant le regard vers la Sainte Vierge Marie. «Femme de silence et d’écoute, docile entre les mains du Père, la Vierge Marie est invoquée par toutes les générations comme «bienheureuse», parce qu’elle a su reconnaître les merveilles accomplies en elle par l’Esprit-Saint. Les peuples ne se lasseront jamais d’invoquer la Mère de la miséricorde et ils trouveront toujours refuge sous sa protection. Que celle qui, avec son fils Jésus et son époux Joseph, alla en pèlerinage vers le temple saint de Dieu, protège la route de ceux qui se feront pèlerins en cette année jubilaire!» (IM, 14).

Nous prions à toutes vos intentions et spécialement pour tous vos défunts.

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