Répondre à l’appel à la vie monastique

« Écoute, mon fils, les préceptes du Maître et prête l’oreille de ton cœur. »
Dès les premiers mots du Prologue de sa Règle, saint Benoît nous invite à une attitude d’accueil de la Parole de Dieu.
Plus loin, il nous interroge : « Le Seigneur, cherchant son ouvrier dans la foule du peuple à laquelle il crie, dit encore : “Quel est l’homme qui veut la vie et désire voir des jours heureux ?” (Ps 33, 13). Que si, à cette demande, tu lui réponds : “C’est moi”, Dieu te réplique : “Si tu veux avoir la vie véritable et éternelle… détourne-toi du mal et fais le bien ; cherche la paix avec ardeur et persévérance. (Ps 33, 15). Et lorsque vous agirez de la sorte, mes yeux seront sur vous et mes oreilles attentives à vos prières, et avant même que vous ne m’invoquiez, je vous dirai : ‘Me voici.’” Quoi de plus doux, frères très chers, que cette voix du Seigneur qui nous invite ? Voyez comme le Seigneur lui-même, dans sa bonté, nous montre le chemin de la vie. »

Aujourd’hui encore le Seigneur appelle, comme Il le fit en Galilée, des hommes et des femmes à Le suivre en quittant tout. Chaque vocation (du latin vocare, appeler) est tout à fait personnelle. Ce désir de suivre Notre-Seigneur a résonné dans le cœur de chrétiens de tous les temps, les appelant à suivre l’exemple d’Abraham qui a quitté son pays, sa parenté et la maison de son père, (cf. Gen. 12, 1) pour un pays inconnu.

‘Suis-moi’ : pour entendre et authentifier cet appel, il faut se retirer du monde dans la solitude, cherchant dans le silence à se mettre à l’écoute du Seigneur, soit par un séjour dans un monastère, soit lors d’une retraite organisée.

De fait, les Exercices Spirituels de saint Ignace de Loyola, donnés à l’abbaye, sont un temps privilégié non seulement pour entendre cet appel, mais aussi pour en discerner l’authenticité. (Il faut quelquefois plusieurs retraites pour voir clairement la volonté de Dieu.) Ainsi, le retraitant, avec l’aide de la grâce et de son père spirituel, pourra choisir où et comment y répondre. En effet, de multiples formes de vie religieuse s’offrent à celui qui est appelé. Il lui faut discerner à laquelle le Seigneur veut qu’il consacre sa vie.

Celui qui pense être appelé à la vie monastique en notre abbaye, devra, dans un premier temps, prendre du recul vis-à-vis de son désir, en reprenant pendant quelque temps ses activités, tout en continuant à interroger le Seigneur dans la prière. Ensuite, Il viendra faire quelques séjours (stages de quinze jours à un mois) pour partager la vie des frères, et, s’il persiste toujours à frapper à la porte (cf. Règle, chapitre 58, 3-4), alors il sera admis à commencer un postulat de dix-huit mois environ, première étape du processus interne de discernement.

Accueilli au noviciat, il partagera la vie des novices. Au terme de cette période, s’il le désire toujours, il pourra demander à commencer son noviciat. C’est à cette occasion qu’il recevra l’habit, et un nom nouveau, en signe du changement de vie auquel il aspire (ce que la tradition monastique appelle sa conversion). Ce n’est qu’au bout de dix-huit mois complémentaires qu’il pourra prononcer ses premiers vœux, au cours de sa profession temporaire. La communauté, participant au discernement, est consultée par un vote à bulletin secret.

Finalement, ce n’est qu’après sept ans, qu’il prononcera ses vœux définitifs, lors de la cérémonie de la profession perpétuelle, s’engageant ainsi à rester dans la communauté toute sa vie (vœu de stabilité), à progresser vers la perfection de la vie religieuse bénédictine (vœu de conversion des mœurs qui comprend le vœu de chasteté et celui de pauvreté), et à obéir à la Règle et à l’abbé (vœu d’obéissance).