25 avril 1998
Mère Teresa
Bien chers Amis de l’abbaye Saint-Joseph,
Décembre 1964. Le Pape Paul VI se rend à Bombay pour y présider un Congrès eucharistique international. Des millions de personnes se pressent tout au long des vingt kilomètres de route qui séparent l’aérodrome de la ville. Tous désirent voir et entendre «le plus grand chef religieux du monde». Parmi les invités au Congrès, figure Mère Teresa de Calcutta. Mais, en route pour le palais, elle croise un homme et sa femme épuisés, le visage sanguinolent, n’ayant plus que la peau sur les os. Mère Teresa s’approche, tente de les soutenir. L’homme a juste le temps de prononcer quelques mots avant de rendre le dernier soupir. Sans hésiter, Mère Teresa charge alors la femme sur ses épaules et l’emmène au Foyer des mourants. Cette femme épuisée représente Jésus qu’il faut secourir en priorité, même au prix d’une rencontre si précieuse avec le Vicaire du Christ. Ce que vous avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait, dira Jésus au jugement dernier (Mt 25, 40).
«Aider tous les hommes»
Gonxha (Agnès) Bojaxhiu, la future Mère Teresa, est née le 26 août 1910 à Skopje (ex-Yougoslavie). Sa famille, de nationalité albanaise, est profondément catholique. Vers 1928, une grâce venue de la Très Sainte Vierge oriente Gonxha vers la vie religieuse. Elle est reçue à Dublin (Irlande), chez les Soeurs de Notre-Dame de Lorette, dont la Règle s’inspire de la spiritualité des Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola. Gonxha médite sur le sens de la vie: «L’homme est créé pour louer, honorer et servir Dieu, Notre-Seigneur, et ainsi, sauver son âme» (Exercices spirituels, 23). Elle désire «aider tous les hommes» (id., 146) à trouver le chemin du Ciel.
Gonxha est attirée par les missions. Ses Supérieures l’envoient aux Indes, à Darjeeling, ville située au pied de l’Himalaya, où elle commence son noviciat, le 24 mai 1929. L’enseignement est la vocation principale des Soeurs de Lorette. Gonxha fera donc la classe aux petites filles, tout en étudiant elle-même en vue d’obtenir son diplôme de professeur. Le 25 mai 1931, elle prononce ses voeux de religion et prend le nom de Soeur Teresa, en l’honneur de sainte Thérèse de Lisieux. Pour achever ses études, Soeur Teresa est dirigée, en 1935, sur le Collège de Calcutta, capitale surpeuplée et insalubre du Bengale. Elle y côtoie la misère: toute une population vit, meurt, naît à même les trottoirs, n’ayant pour toit que le dessous d’un banc, une encoignure de porte, un chariot abandonné, quelques journaux ou cartons… Des enfants meurent à peine nés, et sont jetés à la poubelle, dans le ruisseau, n’importe où. Des morts sont ramassés chaque matin avec les tas d’ordures…
Le 10 septembre 1946, dans sa prière, Soeur Teresa perçoit distinctement une invitation de Notre-Seigneur à quitter le couvent de Lorette pour se consacrer au service des Pauvres, en vivant au milieu d’eux. Elle s’en ouvre à sa Supérieure qui la fait attendre afin d’éprouver son obéissance. Au bout d’un an, le Saint-Siège l’autorise à vivre hors de la clôture. Le 16 août 1947, à trente-sept ans, Soeur Teresa revêt pour la première fois un sari (robe traditionnelle des femmes indiennes) de couleur blanche en cotonnade grossière, orné d’un liseré bleu, aux couleurs de la Très Sainte Vierge Marie. À l’épaule, un petit crucifix noir. Dans ses déplacements, elle emporte une petite mallette d’affaires personnelles indispensables, mais pas d’argent. Mère Teresa n’a jamais demandé d’argent; elle n’en a jamais eu en sa possession. Et pourtant ses oeuvres et ses fondations ont exigé de très lourdes dépenses. La divine Providence y a toujours pourvu.
À partir de 1949, des jeunes filles de plus en plus nombreuses viennent partager la vie de Mère Teresa. Celle-ci les éprouve longuement avant de les recevoir. En automne 1950, le Pape Pie XII autorise officiellement cette nouvelle fondation, dénommée «Congrégation des Missionnaires de la Charité».
Un endroit pour mourir «admirablement»
Durant l’hiver de 1952, un jour où elle va à la recherche des pauvres, elle découvre une femme agonisant dans la rue, trop faible pour lutter contre les rats qui lui rongent les orteils. Elle la porte à l’hôpital le plus proche où, après bien des difficultés, on accepte de recevoir la mourante. L’idée vient alors à Soeur Teresa de demander à la municipalité un local pour y recevoir les agonisants abandonnés. Une maison servant autrefois de résidence aux pèlerins du temple hindou de «Kali la Noire», et utilisée maintenant par les vagabonds et trafiquants de toute espèce, est mise à sa disposition. Soeur Teresa l’accepte. Bien des années plus tard, elle dira, à propos des milliers de mourants qui sont passés par cette Maison: «Ils meurent si admirablement avec Dieu! Nous n’avons jusqu’à présent rencontré personne qui refuse de demander «pardon à Dieu», qui refuse de dire: «Je t’aime, mon Dieu»».
Mère Teresa n’a pas d’idées préconçues sur les oeuvres à réaliser. Elle se laisse conduire par la Providence et les besoins des pauvres. Un enfant est trouvé en train de manger des ordures. Il se plaint de son estomac: «Qu’as-tu mangé ce matin? – Rien – Et hier? – Rien». Deux ans plus tard, Mère Teresa installe pour recueillir les enfants abandonnés le «Centre d’espérance et de vie». En fait, ceux que l’on apporte là, enveloppés dans des loques ou même dans du papier, n’ont guère d’espoir de vivre ici-bas. Ils reçoivent alors le baptême et vont tout droit au Ciel. Beaucoup de ceux qui reviennent à la vie ont été adoptés par des familles de tous pays. «Un enfant abandonné que nous avions recueilli fut confié à une famille très riche, raconte Mère Teresa, une famille de la haute société qui voulait adopter un petit garçon. Quelques mois après, j’entends dire que cet enfant a été très malade et qu’il restera paralysé. Je vais voir la famille et propose: «Rendez-moi cet enfant: je vous le remplacerai par un autre en bonne santé. – Je préférerais qu’on me tue que de me séparer de cet enfant!» répond le père en me regardant, le visage tout triste». Quelle leçon d’amour!
Mère Teresa remarque: «Ce dont les pauvres manquent le plus, c’est de se sentir nécessaires, de se sentir aimés. C’est l’état de bannissement que leur impose leur pauvreté qui les ulcère. Pour toutes sortes de maladies, il y a des remèdes, des traitements, mais quand on est indésirable, s’il n’y a pas de mains serviables et de coeurs aimants, alors il n’y a pas d’espérance de vraie guérison».
«Une plus haute valeur humaine»
Dans de nombreux pays du Tiers-Monde, l’augmentation de la population engendre des problèmes graves. «Dans bien des familles, écrit Mère Teresa, la pauvreté est si forte que l’idée d’un enfant de plus les épouvante; mes Soeurs s’efforcent de calmer cette peur et elles essaient aussi de leur faire comprendre la valeur humaine de la méthode naturelle de régulation des naissances». En effet, dans la tâche de transmettre la vie, les parents ne sont pas libres de procéder à leur guise, comme s’ils pouvaient déterminer de façon entièrement autonome les voies honnêtes à suivre, mais ils doivent conformer leur conduite à l’intention créatrice de Dieu, exprimée dans la nature même du mariage et de ses actes, et manifestée par l’enseignement constant de l’Église.
Cet enseignement part d’une vision intégrale de l’homme et de sa vocation, non seulement naturelle et terrestre, mais aussi surnaturelle et éternelle, et il «est fondé sur le lien indissoluble, que Dieu a voulu et que l’homme ne peut rompre de son initiative, entre les deux significations de l’acte conjugal: union et procréation» (Paul VI, encyclique Humanæ vitæ, 12). Pour réaliser le contrôle des naissances, «la continence périodique, les méthodes de régulation des naissances fondées sur l’auto-observation et le recours aux périodes infécondes sont conformes aux critères objectifs de la moralité. Ces méthodes respectent le corps des époux, encouragent la tendresse entre eux et favorisent l’éducation à une liberté authentique» (Catéchisme de l’Église Catholique, CEC, 2370).
Le Pape Paul VI décrit ainsi la valeur des méthodes naturelles: «La maîtrise de l’instinct par la raison et la libre volonté impose sans nul doute une ascèse, pour que les manifestations affectives de la vie conjugale soient dûment réglées, en particulier pour l’observance de la continence périodique. Mais cette discipline, propre à la pureté des époux, bien loin de nuire à l’amour conjugal, lui confère au contraire une plus haute valeur humaine. Elle exige un effort continuel, mais grâce à son influence bienfaisante, les conjoints développent intégralement leur personnalité, en s’enrichissant de valeurs spirituelles: elle apporte à la vie familiale des fruits de sérénité et de paix, et elle facilite la solution d’autres problèmes; elle favorise l’attention à l’autre conjoint, aide les époux à bannir l’égoïsme, ennemi du véritable amour, et approfondit leur sens des responsabilités dans l’accomplissement de leurs devoirs. Les parents acquièrent ainsi la capacité d’une influence plus profonde et plus efficace pour l’éducation des enfants» (Humanæ vitæ, 21).
Une différence essentielle de mentalité
Fidèle à l’Église, Mère Teresa n’accepte pas la contraception, c’est-à-dire toute action qui, soit en prévision de l’acte conjugal, soit dans son déroulement, soit dans le développement de ses conséquences naturelles, se proposerait comme but ou comme moyen de rendre impossible la procréation (pilules, préservatifs«). En effet, «lorsque les époux, en recourant à la contraception, séparent les deux significations que le Dieu créateur a inscrites dans l’être de l’homme et de la femme comme dans le dynamisme de leur communion sexuelle, ils se comportent en arbitres du dessein de Dieu; ils «manipulent» et «avilissent» la sexualité humaine et, avec elle, leur propre personne et celle du conjoint en altérant la valeur de leur donation totale» (Encyclique Familiaris consortio, du 22 novembre 1981, n. 32). C’est pourquoi, il y a une différence beaucoup plus importante et plus profonde qu’on ne le pense habituellement entre la contraception artificielle et le recours aux rythmes périodiques. Cette différence implique en dernière analyse deux conceptions de la personne et de la sexualité humaines irréductibles l’une à l’autre. Le choix des rythmes naturels comporte l’acceptation du temps de la personne, ici du cycle féminin, et aussi l’acceptation du dialogue, du respect réciproque, de la responsabilité commune, de la maîtrise de soi. Dans le choix de la contraception, la sexualité n’est pas respectée, mais est «utilisée» comme un «objet» (cf. ibid.).
L’amour, la vie, la patrie
«L’Église a toujours enseigné la malice intrinsèque de la contraception, c’est-à-dire de chacun des actes conjugaux rendus intentionnellement inféconds, affirme le Conseil Pontifical pour la Famille, en date du 12 février 1997. Cet enseignement doit être considéré comme doctrine définitive et irréformable. La contraception s’oppose de manière grave à la chasteté matrimoniale, elle est contraire au bien de la transmission de la vie (aspect de procréation du mariage), et contraire au don réciproque des conjoints (aspect d’union du mariage). Elle blesse l’amour véritable et nie le rôle souverain de Dieu dans la transmission de la vie humaine» (Vade-mecum des confesseurs). La contraception est donc un péché objectivement grave ou «mortel» (c’est-à-dire qui cause la «mort» de l’âme en la privant de la vie de la grâce, lorsqu’il est commis avec pleine connaissance et entier consentement).
La mentalité contraceptive qui veut à tout prix éviter l’enfant, aboutit logiquement à la mentalité abortive en cas d’échec de la contraception. Les statistiques montrent que la pratique de l’avortement se développe davantage dans les pays qui favorisent la contraception. De plus, plusieurs produits présentés comme contraceptifs sont en réalité abortifs (pilule du lendemain, stérilet…). Aussi, Mère Teresa refuse-t-elle de confier, pour l’adoption, un enfant à un couple qui aurait recours à la contraception, estimant qu’il se trouverait dans un environnement de mort.
On objecte parfois que les méthodes naturelles ne sont ni sûres ni efficaces. C’est inexact. Des études médicales sérieuses ont montré que la méthode Billings (méthode naturelle), par exemple, est un moyen très efficace d’éviter une naissance non souhaitable. La plupart des femmes peuvent déterminer sans risque notable d’erreur leur période de fécondité. Voici un témoignage de Mère Teresa: «À Calcutta, nous dirigeons actuellement 102 centres où l’on enseigne aux familles le contrôle des naissances dans le respect de l’amour mutuel et des enfants. L’an dernier, des milliers de familles chrétiennes, musulmanes ou hindoues sont passées dans nos centres et ont ainsi évité la naissance de quelque 70000 enfants, mais sans en tuer aucun. Simplement en s’appuyant sur ces trois piliers que sont: l’amour, la vie et la patrie» (Lettre au Premier Ministre de l’Inde, 26 mars 1979).
Mère Teresa ajoute, parlant aux populations des pays «riches»: «Puisque nos gens (les pauvres) peuvent faire cela, combien plus vous qui connaissez les moyens de ne pas détruire la vie que Dieu a créée en nous» (11 décembre 1979). Cependant, si les pauvres ont souvent des motifs valables pour espacer la naissance de leurs enfants, les époux des pays aisés, où la natalité est en baisse, doivent vérifier que leur désir d’éviter une nouvelle conception, «ne relève pas de l’égoïsme, mais est conforme à la juste générosité d’une paternité responsable» (CEC, 2368).
Pour l’amour de Jésus-Christ
Mère Teresa est mue dans toutes ses actions par l’amour du Christ, par la volonté de «faire quelque chose de beau pour Dieu», au service de l’Église. «Être catholique a pour moi une importance totale, absolue, dit-elle. Nous sommes à la totale disposition de l’Église. Nous professons pour le Saint-Père un grand amour, profond et personnel… Nous devons attester la vérité de l’Évangile en proclamant la parole de Dieu sans crainte, ouvertement, clairement, selon ce que l’Église enseigne». «Le travail que nous réalisons n’est pour nous qu’un moyen de concrétiser notre amour du Christ« Nous sommes livrées au service des pauvres les plus pauvres, c’est-à-dire du Christ dont les pauvres sont la douloureuse image« Jésus dans l’Eucharistie et Jésus dans les pauvres, sous les apparences du pain et sous les apparences du pauvre, voilà ce qui fait de nous des Contemplatives au coeur du monde».
L’adoration du Saint-Sacrement tient une place importante dans la journée des Missionnaires de la Charité. Elles communient chaque jour et reçoivent chaque semaine le sacrement de pénitence. «La confession est un acte magnifique, un acte de grand amour. Elle est ce moment où je permets au Christ d’ôter de moi tout ce qui divise, tout ce qui détruit. Pour la plupart d’entre nous existe le danger d’oublier que nous sommes des pécheurs et que nous devons nous rendre en confession comme tels».
Une dévotion toute particulière à la Très Sainte Vierge existe chez les disciples de Mère Teresa. «Marie est notre guide, la cause de notre joie. Priez-la. Dites le Rosaire, afin que la Vierge soit toujours avec vous, vous protège, vous aide. Introduisez la prière dans vos familles. La famille où l’on prie ensemble demeure unie».
Développement de l’oeuvre
Dans le courant des années 1960, l’oeuvre de Mère Teresa s’étend à presque tous les diocèses de l’Inde. En 1965, des Religieuses partent au Vénézuela. En mars 1968, Paul VI demande à Mère Teresa d’ouvrir une maison à Rome. Après avoir visité la banlieue de la ville et constaté que la misère matérielle et morale existe aussi dans les pays «developpés», elle accepte. En même temps, les Soeurs oeuvrent au Bangladesh, pays dévasté par une horrible guerre civile. De nombreuses femmes ont été violées par des soldats: on conseille à celles qui sont enceintes, d’avorter. Mère Teresa déclare alors au gouvernement qu’elle et ses Soeurs adopteront ces enfants, mais qu’il ne faut à aucun prix, «qu’à ces femmes qui n’avaient fait que subir la violence, on fasse désormais commettre une transgression qui les accompagnerait tout au long de leur vie». Mère Teresa a toujours lutté avec une grande énergie et un courage sans pareil contre toute forme d’avortement. Elle est persuadée, à juste titre, que dès la conception, l’embryon est un homme et qu’il possède un droit inaliénable à la vie. Aucune personne, aucune autorité, aucune raison ne peuvent disposer de la vie des enfants innocents.
Au Yémen, pays musulman où aucune influence chrétienne n’a pénétré depuis huit cents ans, Mère Teresa accepte d’envoyer des Soeurs à condition qu’elle puissent emmener un prêtre avec elles. Dans les années 1980, l’Ordre fonde en moyenne quinze nouvelles maisons par an. À partir de 1986, il s’installe dans des pays communistes, jusque-là interdits à tout missionnaire: l’Éthiopie, le Sud-Yémen, l’URSS, l’Albanie, la Chine.
En mars 1967, l’oeuvre de Mère Teresa s’est accrue d’une branche masculine: la «Congrégation des Frères Missionnaires». Et en 1969, est née la Fraternité des collaborateurs laïcs des Missionnaires de la Charité.
Un secret tout simple
Si on lui demande d’où vient sa force morale, Mère Teresa confie: «Mon secret est infiniment simple. Je prie. Par la prière, je deviens une dans l’amour avec le Christ. Le prier, c’est L’aimer». L’amour est indissolublement uni à la joie. «La joie est prière, par le fait qu’elle loue Dieu: l’homme est créé pour louer. La joie est l’espoir d’un bonheur éternel. La joie est un filet d’amour pour attraper les âmes. La vraie sainteté consiste à faire la volonté de Dieu avec le sourire».
Après plusieurs hospitalisations, Mère Teresa s’est éteinte dans la paix du Seigneur, à Calcutta, le 5 septembre 1997. À la nouvelle de sa mort, le Pape Jean-Paul II résumait ainsi sa vie: «Sa mission commençait à l’aube devant l’Eucharistie. Dans le silence de la contemplation, Mère Teresa entendait retentir le cri de Jésus sur la Croix: J’ai soif. Ce cri, conservé au fond du coeur, la poussait sur les routes de Calcutta et de toutes les banlieues du monde, à la recherche de Jésus, chez le pauvre, l’abandonné, le mourant« Mère Teresa, inoubliable mère des pauvres, est un exemple éloquent pour tous» (Angélus du 7 septembre 1997).
Bien des fois, Mère Teresa a répondu à des jeunes qui voulaient venir l’aider en Inde, de rester dans leur pays pour y exercer la charité envers les «pauvres» de leur milieu habituel. Voici quelques-unes de ses suggestions: «En France, comme à New York et partout, combien les êtres ont faim d’être aimés: ça c’est une pauvreté terrible, sans comparaison avec la pauvreté des Africains et des Indiens… Ce n’est pas tant combien l’on donne, mais c’est l’amour que nous mettons à donner qui compte… Priez pour que cela commence dans votre propre famille. Les enfants n’ont souvent personne pour les accueillir quand ils reviennent de l’école. Quand ils se retrouvent avec leurs parents, c’est pour s’asseoir devant la télévision, et ils n’échangent aucune parole. C’est une pauvreté très profonde… Vous devez travailler pour gagner la vie de votre famille, mais ayez aussi le courage de partager avec quelqu’un qui n’a pas – peut-être simplement un sourire, un verre d’eau –, de lui demander de s’asseoir pour parler quelques minutes; peut-être seulement écrivez une lettre pour un malade à l’hôpital… Et le mieux, c’est que nous allions à Nazareth et regardions comment vit la Sainte Famille: Faites de votre famille un autre Nazareth. Aimez Jésus! Souvent, au cours de la journée, dites-vous: «Jésus est dans mon coeur. Je crois à ton amour tendre pour moi et je t’aime, Jésus». Il faut le dire et le répéter constamment. Et vous verrez la force, la joie et la paix qui seront vôtres, grâce à cet amour que vous portez à Jésus. Et vous pourrez aimer les autres comme Jésus vous aime».
Il nous est possible d’aimer les autres comme Jésus, car, si nous vivons dans la grâce de Dieu, le Saint-Esprit, qui est l’Amour, habite en nous (cf. Jn 14, 18). Les moines Lui demandent de diffuser sa Charité en vos coeurs, pour que vous soyez ses témoins, à l’exemple de Mère Teresa de Calcutta. Ils prient pour vous et tous ceux qui vous sont chers, vivants et défunts.
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