15 août 1999
Sainte Maria Goretti
Bien chers Amis,
Ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour couvrir de confusion ce qui est fort ; ce qui est d’origine modeste, méprisé dans le monde, ce qui n’est rien, voilà ce que Dieu a choisi… afin que personne ne puisse s’enorgueillir devant Dieu (1 Co, 1, 27-29). « Dieu a choisi, Il a glorifié une simple jeune fille de campagne, d’origine pauvre. Il l’a glorifiée avec la puissance de son Esprit… Très chers frères et soeurs ! Regardez Maria Goretti ; regardez le Ciel qu’elle a atteint par l’observance héroïque des commandements et où elle se trouve dans la gloire des saints… Elle est devenue une joie pour l’Église et une source d’espérance pour nous » , disait le Pape Jean-Paul II, le 29 septembre 1991.
Le Saint-Père prononçait ces paroles à la fin de l’année centenaire de la naissance de sainte Maria Goretti. Celle-ci a vu le jour le 16 octobre 1890, à Corinaldo, province d’Ancône (Italie), dans une famille pauvre de biens terrestres, mais riche de foi et de vertus : chaque jour, prières en commun et chapelet ; le dimanche, Messe et sainte communion. Maria est la troisième des sept enfants de Luigi Goretti et Assunta Carlini. Dès le lendemain de sa naissance, elle est baptisée et consacrée à la Sainte Vierge. Le sacrement de Confirmation lui sera donné à l’âge de six ans.
Après la naissance de son quatrième enfant, Luigi Goretti, trop pauvre pour subsister dans son pays d’origine, émigre avec sa famille vers les vastes plaines, encore malsaines à l’époque, de la campagne romaine. Il se fixe à Le Ferriere di Conca, au service du Comte Mazzoleni. Là, Maria ne tarde pas à révéler une intelligence et un jugement précoces. Jamais on ne surprend chez elle un caprice, une désobéissance ou un mensonge. C’est vraiment l’ange de la famille.
Après un an d’un travail épuisant, Luigi est frappé d’une maladie qui l’emporte en dix jours. Pour Assunta et ses enfants, un long calvaire commence. Maria pleure souvent la mort de son père et profite de la moindre occasion pour s’agenouiller devant la grille du cimetière : son papa est peut-être au Purgatoire, et comme elle n’a pas le moyen de faire dire des Messes pour le repos de son âme, elle s’efforce de compenser par des prières. Il ne faudrait pas penser que cette enfant pratique la bonté tout naturellement. Ses progrès étonnants sont le fruit de la prière. Sa mère dira que le chapelet lui était devenu comme nécessaire, et, de fait, elle le porte toujours enroulé autour de son poignet. Elle puise dans la contemplation du crucifix un intense amour de Dieu et une profonde horreur du péché.
« Je veux Jésus »
Maria soupire après le jour où elle recevra la sainte Eucharistie. Selon la coutume d’alors, elle doit attendre jusqu’à l’âge de onze ans. « Maman, demande-t-elle un jour, quand ferai-je ma Communion ? … Je veux Jésus. – Comment peux-tu la faire ? Tu ne sais pas ton catéchisme, tu ne sais pas lire, nous n’avons pas d’argent pour t’acheter la robe, les souliers, le voile et nous n’avons pas un moment de libre. – Maman, je ne ferai donc jamais ma première Communion ! et moi, je ne veux plus être sans Jésus ! – Mais que veux-tu que je fasse ? Je ne peux te voir aller communier comme une petite ignorante » . Finalement Maria trouve le moyen de se préparer avec l’aide d’une personne des environs. Tout le village lui vient en aide pour fournir des vêtements de Communiante. Elle reçoit l’Eucharistie le 29 mai 1902.
La réception du Pain des Anges augmente en Maria l’amour de la pureté, et lui fait prendre la résolution de conserver à tout prix cette angélique vertu. Un jour, après avoir entendu un échange de paroles déshonnêtes entre un garçon et une de ses compagnes, elle dit avec indignation à sa mère : « Maman, comme cette fille parle mal ! – Fais bien attention à ne jamais prendre part à de telles conversations. – Je ne puis même pas y penser, maman ; plutôt que de le faire, j’aimerais mieux… » et le mot « mourir » reste sur ses lèvres. Un mois plus tard, la voix de son sang terminera la phrase…
En se mettant au service du Comte Mazzoleni, Luigi Goretti s’est associé avec Jean Serenelli et son fils, Alessandro. Les deux familles ont des appartements séparés, mais une cuisine commune. Luigi n’a pas tardé à regretter cette union avec Jean Serenelli, personnage si différent des siens, buveur et sans retenue dans ses paroles. Après sa mort, Assunta et ses enfants sont tombés sous le joug despotique des Serenelli. Maria, qui a compris la situation, s’efforce de soutenir sa mère : « Courage, maman, n’ayez pas peur, nous grandissons. Il suffit que Notre-Seigneur nous donne la santé. La Providence nous aidera. Nous lutterons, nous lutterons ! »
Toujours aux champs, depuis la mort de son mari, Madame Goretti n’a le temps de s’occuper ni du ménage, ni de l’instruction religieuse des plus petits. Maria se charge de tout, autant qu’elle le peut. Elle ne s’assoit aux repas qu’après avoir servi tout le monde et ne prend pour elle que les restes. Sa serviabilité s’étend également aux Serenelli. De son côté, Jean, dont l’épouse est décédée à l’hôpital psychiatrique d’Ancône, ne s’occupe guère de son fils Alessandro, solide gaillard de dix-neuf ans, grossier, vicieux, qui prend plaisir à tapisser sa chambre d’images obscènes et à lire de mauvais livres. Sur son lit de mort, Luigi Goretti a pressenti le danger que représente pour ses enfants la compagnie des Serenelli, et il a répété sans cesse à son épouse : « Assunta, retourne à Corinaldo ! » Malheureusement, Assunta est endettée et liée par un contrat de fermage.
Un lys immaculé
Au contact des Goretti, quelques sentiments religieux se sont réveillés chez Alessandro. Il s’associe parfois au chapelet qu’ils récitent en famille ; les jours de fête, il assiste à la Messe, il se confesse même de temps en temps. Cela ne l’empêche pas de faire des propositions déshonnêtes à l’innocente Maria qui, d’abord, ne comprend pas. Puis, devinant la perversité du garçon, la jeune fille se tient sur ses gardes et repousse la flatterie comme la menace. Elle supplie sa mère de ne plus la laisser seule à la maison, mais n’ose pas exposer clairement à sa mère les motifs de sa frayeur, car Alessandro l’a prévenue : « Si tu révèles quelque chose à ta mère, je te tue » . Son unique recours est la prière. La veille de sa mort, Maria demande encore avec larmes à sa mère de ne pas la laisser seule. N’obtenant pas d’autres explications, Madame Goretti croit à un caprice et ne donne pas d’importance à cette supplication réitérée.
Le 5 juillet, on bat les fèves sur l’aire, à une quarantaine de mètres de la maison d’habitation. Alessandro conduit un char traîné par des boeufs et le fait tourner et retourner sur les fèves étendues sur le sol. Vers trois heures de l’après-midi, alors que Maria est seule à la maison, Alessandro demande : « Assunta, voudriez-vous un instant conduire les boeufs à ma place ? » Sans méfiance, la femme s’exécute. Maria, assise sur le seuil de la cuisine, raccommode une chemise qu’Alessandro lui a confiée après le repas, tout en gardant sa petite soeur, Teresina, qui dort auprès d’elle.
« Maria ! crie Alessandro – Que veux-tu ? – Je veux que tu me suives. – Pourquoi ? – Suis-moi ! – Dis-moi ce que tu veux, sinon je ne te suis pas » . Devant cette résistance, le garçon la prend violemment par un bras et l’entraîne à la cuisine dont il barre la porte. L’enfant crie, mais le bruit ne porte pas à l’extérieur. N’arrivant pas à faire céder sa victime, Alessandro la bâillonne et brandit un poignard. Maria tremble mais ne succombe pas. Furieux, le jeune homme essaye avec violence de lui arracher ses vêtements. Maria se dégage de son bâillon et crie : « Ne fais pas cela… C’est un péché… Tu iras en enfer » . Peu soucieux du jugement de Dieu, le malheureux lève son arme : « Si tu ne veux pas, je te tue » . Devant sa résistance, il la transperce de coups. L’enfant s’écrie : « Mon Dieu ! Maman ! » et tombe sur le sol. La croyant morte, l’assassin jette son couteau et ouvre la porte pour fuir lorsqu’il entend qu’elle gémit encore. Il revient sur ses pas, ramasse son arme et la transperce de nouveau de part en part, puis il grimpe dans sa chambre et s’y barricade.
Maria a reçu quatorze blessures graves ; elle est évanouie. Reprenant connaissance, elle appelle M. Serenelli : « Jean ! Alessandro m’a tuée… Venez… » Presque en même temps, Teresina, réveillée par le bruit, pousse un cri strident, que Madame Goretti entend. Effrayée, celle-ci dit à son jeune fils Mariano : « Va vite chercher Maria ; dis-lui que Teresina l’appelle » . À ce moment, Jean Serenelli monte l’escalier et, voyant l’horrible tableau qui s’offre à ses yeux, il s’exclame : « Assunta et toi aussi Mario, venez ! » Mario Cimarelli, un ouvrier de la ferme, grimpe l’escalier quatre à quatre. La maman arrive à son tour : « Maman ! gémit Maria – Qu’est-il arrivé ? – C’est Alessandro qui m’a voulu du mal ! » On appelle le médecin et les gendarmes qui arrivent à temps pour empêcher les voisins, très excités, de mettre Alessandro à mort sur le champ.
Pas une goutte d’eau !
Après une route longue et très pénible en ambulance, on arrive à l’hôpital, vers vingt heures. Les médecins s’étonnent que l’enfant n’ait point succombé à ses blessures : le péricarde, le coeur, le poumon gauche, le diaphragme, l’intestin ont été atteints. La voyant perdue, ils appellent l’aumônier. Maria se confesse en toute lucidité. Puis, les médecins lui prodiguent leurs soins pendant deux heures, sans l’endormir. Maria ne se plaint pas. Elle ne cesse de prier et d’offrir ses souffrances à la Très Sainte Vierge, Mère des douleurs. Sa mère est admise à rester à son chevet. Maria trouve la force de la consoler : « Maman, ma chère maman, je suis bien maintenant ! … Comment vont les petits frères et soeurs ? »
Maria est dévorée par la soif : « Maman, donne-moi une goutte d’eau. – Ma pauvre Maria, le docteur ne le veut pas, cela te ferait encore plus de mal » . Étonnée, Maria poursuit : « Est-ce possible que je ne puisse avoir une goutte d’eau ! » Elle jette un regard sur Jésus en Croix qui, lui aussi, avait dit : « J’ai soif ! » , et se résigne. L’aumônier de l’hôpital l’assiste paternellement. Au moment de lui donner la Sainte Communion, il l’interroge : « Maria, pardonnez-vous de tout coeur à votre assassin ? » Elle réprime une répulsion instinctive, puis répond : « Oui, je lui pardonne pour l’amour de Jésus… et je veux qu’il vienne lui aussi avec moi en Paradis… Je le veux à côté de moi… Que Dieu lui pardonne, parce que moi je lui ai déjà pardonné… » C’est dans ces sentiments, ceux du Christ lui-même au Calvaire, qu’elle reçoit l’Eucharistie et l’Extrême-Onction, sereine, tranquille, humble dans l’héroïsme de sa victoire. La fin approche. On l’entend appeler : « Papa » . Enfin, après un dernier appel à Marie, elle entre dans la joie immense du Paradis. C’est le 6 juillet 1902, à trois heures de l’après-midi.
« Vous perdez votre temps, Monseigneur »
Trois mois après le drame, a lieu le procès d’Alessandro. Sur le conseil de son avocat, il avoue : « Elle me plaisait. Je l’ai provoquée au mal deux fois et n’ai rien pu en tirer. Dans mon dépit, j’ai préparé le poignard dont je devais me servir » . Il est condamné à trente ans de travaux forcés. Il affecte de n’avoir aucun regret de son crime. On l’entend parfois crier : « Sois gai, Serenelli, encore vingt-neuf ans et six mois et tu redeviendras un bourgeois ! » Mais Maria ne l’oublie pas. Quelques années après, Mgr Blandini, évêque du diocèse où se trouve la prison, a l’inspiration de visiter l’assassin pour l’amener au repentir. « Vous perdez votre temps, Monseigneur, affirme le gardien, c’est un dur ! » Alessandro reçoit l’évêque en grommelant. Mais, au souvenir de Maria, de son héroïque pardon, de la bonté et de la miséricorde infinies de Dieu, il se laisse toucher par la grâce. Au départ du prélat, il pleure dans la solitude de son cachot, à la grande stupéfaction de ses gardiens.
Une nuit, Maria lui apparaît en songe, vêtue de blanc dans les jardins fleuris du Paradis. Bouleversé, Alessandro écrit à Monseigneur Blandini : « Je regrette d’autant plus mon crime que j’ai conscience d’avoir enlevé la vie à une pauvre fille innocente qui, jusqu’au dernier moment, a voulu sauver son honneur, se sacrifiant plutôt que de céder à ma volonté criminelle. Publiquement, je demande pardon à Dieu et à la pauvre famille pour ce grand crime commis. Je veux espérer que moi aussi, j’obtiendrai mon pardon comme tant d’autres sur cette terre » . Son repentir sincère et sa bonne conduite au pénitencier lui valent d’être libéré quatre ans avant l’expiration de sa peine. Il trouve alors une place de jardinier dans un couvent de capucins et s’y montre exemplaire. Il est admis dans le Tiers-Ordre de saint François.
Grâce à ses bonnes dispositions, Alessandro est appelé à témoigner au Procès de Béatification de Maria. C’est une chose bien délicate et très pénible pour lui. Mais il confesse : « Je dois réparer et je dois faire tout ce qui est en mon pouvoir pour sa glorification. Le mal est tout de mon côté. Je me suis laissé aller à la passion brutale. Elle est une sainte. C’est une vraie martyre. Elle est une des premières au Paradis, après ce qu’elle a eu à souffrir à cause de moi » .
À Noël 1937, il se rend à Corinaldo, où Assunta Goretti s’est retirée avec ses enfants, uniquement pour réparer et demander son pardon à la mère de sa victime. À peine est-il devant elle, qu’il demande en pleurant : « Assunta, vous me pardonnerez ? – Maria vous a pardonné, ne pourrais-je pas pardonner aussi ? » balbutie celle-ci. Le jour de Noël, les habitants de Corinaldo ne sont pas peu surpris et émus de voir s’approcher de la Table Eucharistique côte à côte Alessandro et Assunta.
« Regardez-la ! »
Le rayonnement de Maria Goretti, canonisée comme martyre par le Pape Pie XII, le 26 juin 1950, se poursuit de nos jours. Le Pape Jean-Paul II la donne spécialement en modèle aux jeunes : « Notre vocation à la sainteté, qui est la vocation de tout baptisé, est encouragée par l’exemple de cette jeune martyre. Regardez-la, surtout vous les adolescents, vous les jeunes. Soyez, comme elle, capables de défendre la pureté du coeur et du corps ; efforcez-vous de lutter contre le mal et le péché, en alimentant votre communion avec le Seigneur par la prière, l’exercice quotidien de la mortification et la scrupuleuse observance des commandements » (29 septembre 1991).
L’entière observation des commandements est un fruit de l’amour. « L’amour de Dieu et l’amour du prochain sont inséparables de l’observance des commandements de l’Alliance » , rappelait le Pape dans son Encyclique Veritatis splendor (6 août 1993, n. 76). Voici par quoi nous savons que nous connaissons Dieu, dit saint Jean : si nous gardons ses commandements. Celui qui dit le connaître et ne garde pas ses commandements, est un menteur, et la vérité n’est point en lui… L’amour de Dieu, c’est cela : garder ses commandements (1 Jn 2, 3-4 ; 5, 3). Il est toujours possible, avec le secours de la grâce divine, d’observer les commandements. « Dieu ne commande pas de choses impossibles, mais en commandant il t’invite à faire ce que tu peux et à demander ce que tu ne peux pas et il t’aide afin que tu puisses. Ses commandements ne sont pas pesants (1 Jn 5, 3), son joug est doux et son fardeau léger (cf. Mt 11, 30) » (Concile de Trente, session VI, ch. 11). La vertu d’espérance est sans cesse offerte à l’homme. C’est dans la Croix de Jésus, dans le don de l’Esprit-Saint et dans les sacrements (spécialement de Pénitence et d’Eucharistie) qu’il trouve la force d’être fidèle à son Créateur, même dans les plus graves difficultés (cf. Veritatis splendor, 103).
La réalité et la puissance du secours divin se manifestent d’une manière particulièrement tangible chez les martyrs. En élevant ceux-ci aux honneurs des autels, « l’Église a canonisé leur témoignage et déclaré vrai leur jugement, selon lequel l’amour de Dieu implique obligatoirement le respect de ses commandements, même dans les circonstances les plus graves, et le refus de les transgresser même dans l’intention de sauver sa propre vie » (Veritatis splendor, 91). Assurément, peu de personnes sont appelées à subir le martyre du sang. Mais, « face aux nombreuses difficultés que la fidélité à l’ordre moral peut faire affronter même dans les circonstances les plus ordinaires, tout chrétien est appelé, avec la grâce de Dieu implorée dans la prière, à un engagement parfois héroïque, soutenu par la vertu de force par laquelle
– ainsi que l’enseigne saint Grégoire le Grand – il peut aller jusqu’à « aimer les difficultés de ce monde en vue des récompenses éternelles » » (Id., 93).
Aussi, le Pape ne craint-il pas de dire aux jeunes : « N’ayez pas peur d’aller à contre-courant, de rejeter les idoles du monde » . Et il explique : « Par le péché, on se détourne de Dieu, notre seul bien, et on choisit de se ranger aux côtés des « idoles » qui nous conduisent à la mort et à la condamnation éternelle, à l’enfer » . Maria Goretti « nous encourage à expérimenter la joie des pauvres qui savent renoncer à tout pourvu qu’ils ne perdent pas l’unique chose nécessaire : l’amitié avec Dieu… Chers jeunes, écoutez la voix du Christ qui vous appelle, vous aussi, sur la route étroite de la sainteté » (29 septembre 1991).
Sainte Maria Goretti nous rappelle que la « route étroite de la sainteté » passe par la fidélité à la vertu de chasteté. De nos jours, la chasteté est souvent bafouée et méprisée. Le Cardinal López Trujillo écrit : « Pour certains, qui se trouvent dans des milieux où l’on offense et où l’on discrédite la chasteté, vivre de façon chaste peut exiger une lutte dure, parfois héroïque. De toutes façons, avec la grâce du Christ, qui découle de son amour d’Époux pour l’Église, tous peuvent vivre de façon chaste, même s’ils se trouvent dans des conditions peu favorables » (Vérité et signification de la sexualité humaine, Conseil Pontifical pour la Famille, 8 décembre 1995, n. 19).
Un long et lent martyre
La garde de la chasteté implique le refus de certaines pensées, paroles et actions peccamineuses ainsi que la fuite des occasions de péché. « Que l’enfance riante et la jeunesse ardente apprennent à ne pas s’abandonner éperdument aux joies éphémères et vaines de la volupté, ni aux plaisirs de vices enivrants qui détruisent la paisible innocence, engendrent une sombre tristesse, affaiblissent tôt ou tard les forces de l’âme et du corps » , avertissait le Pape Pie XII, lors de la canonisation de sainte Maria Goretti. Le Catéchisme de l’Église Catholique rappelle : « Ou bien l’homme commande à ses passions et obtient la paix, ou bien il se laisse asservir par elles et devient malheureux » (CEC, 2339). Aussi, est-il nécessaire de suivre une règle de vie qui « demande de la force, une attention constante, ainsi qu’une courageuse renonciation aux séductions du monde. Il nous faut faire preuve d’une vigilance incessante dont nous ne devons nous départir sous aucun prétexte… jusqu’au terme de notre parcours terrestre. Il s’agit là d’une lutte contre soi-même que nous pouvons assimiler à un lent et long martyre. L’Évangile nous exhorte clairement à cette lutte : Le Royaume des Cieux souffre violence, et les violents s’en emparent (Mt 11, 12) » (Jean-Paul II, id.).
Pour créer un climat favorable à la chasteté, il importe de pratiquer la modestie et la pudeur dans le parler, l’agir et l’habillement. Par ces vertus, la personne est respectée et aimée pour elle-même, au lieu d’être regardée et traitée comme objet de plaisir. Ainsi, les parents veilleront-ils à ce que certaines modes ne violent pas l’entrée de la maison, en particulier à travers un mauvais usage des mass-media. On encouragera les enfants et les adolescents à estimer et pratiquer la maîtrise de soi et la retenue, à vivre avec ordre, à faire des sacrifices personnels dans un esprit d’amour pour Dieu et de générosité pour les autres, sans étouffer les sentiments et les tendances, mais en les canalisant dans une vie vertueuse (Cf. Conseil Pontifical pour la Famille, id., n. 56-58). En suivant l’exemple de sainte Maria Goretti, les jeunes découvriront « la valeur de la vérité qui libère l’homme de l’esclavage des réalités matérielles » , et ils pourront « savourer le goût de la beauté authentique et du bien qui vainc le mal » (Jean-Paul II, id.).
Sainte Maria Goretti, obtenez-nous de Dieu, par l’intercession de la Très Sainte Vierge et de saint Joseph, cette force surnaturelle qui vous a fait préférer la mort au péché, afin que nous suivions vos traces lumineuses avec joie, avec énergie et avec ardeur !
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