10 octobre 2000

Sainte Faustine Kowalska

Bien chers Amis de l’abbaye Saint-Joseph,

La confiance en la Miséricorde de Dieu est particulièrement nécessaire de nos jours, dans un monde qui se distingue par des réussites scientifiques et techniques, mais qui, dans le même temps, est marqué par une profonde crise morale; celle-ci apparaît dans les interrogations de nos contemporains, relevées par le Cardinal A. Rouco Varela, archevêque de Madrid, au synode des évêques d’Europe: «Sur quoi construire la vie et la cité? Sur quelles vérités, quelles valeurs morales, quelles motivations vitales?» Aujourd’hui, constate le prélat, «avec une fréquence préoccupante, la réponse semble être la suivante: sur aucune vérité, sur aucune valeur permanente, sur aucun idéal qui ne soit celui du profit immédiat de ce que la vie peut offrir d’agréable» (8 octobre 1999).

Cette perte des repères et du sens de la vie engendre l’angoisse et la peur. «Si nous nous interrogeons sur les racines de cette situation actuelle de désespoir, disait encore le Cardinal Rouco Verula, nous sommes amenés à considérer la conception moderne de l’homme. Elle fait de celui-ci le centre absolu de la réalité, lui faisant occuper faussement la place de Dieu. Elle oublie que ce n’est pas l’homme qui fait Dieu, mais Dieu qui fait l’homme. L’oubli de Dieu a conduit à l’abandon de l’homme… Hors de Jésus-Christ, nous ne savons pas ce que sont réellement Dieu, la vie, la mort ou nous-mêmes. Il n’est pas étonnant qu’une culture sans Dieu finisse par devenir aussi une culture sans espérance, parce que seulement en Lui, qui est l’Amour éternel et créateur, le coeur de l’homme trouve son origine et sa fin véritable».

Un message pour le monde

À ce monde en détresse, Jésus-Christ a voulu rappeler l’amour de son Coeur miséricordieux, par la voix d’une femme modeste, inconnue, qui accomplissait les fonctions de cuisinière, de jardinière et de portière de son couvent. Il lui adressa ces paroles à la fois étonnantes et réconfortantes: «Je t’envoie, avec ma Miséricorde, à toute l’humanité. Je ne veux pas punir l’humanité qui souffre, mais je veux la guérir, la serrer contre mon Coeur miséricordieux… Parle au monde entier de ma Miséricorde». Cette humble Religieuse, soeur Faustine Kowalska, a été canonisée le 30 avril 2000, par le Pape Jean-Paul II.

Hélène Kowalska, troisième de dix enfants, est née le 25 août 1905, à Glogow (Pologne). Vive, primesautière, gaie comme un pinson, Hélène s’amuse tout comme les autres enfants du village. À sept ans, Dieu l’appelle par son nom: «Pour la première fois, écrira-t-elle plus tard, j’entendis distinctement la voix de Dieu dans mon âme, m’invitant à la vie parfaite. Cependant je ne lui fus pas toujours docile» (Petit Journal). À l’école, elle se distingue par son intelligence. Bientôt cependant, on a besoin de son aide à la maison, et, dès neuf ans et demi, elle troque son cabas d’écolière contre une houlette de pastourelle. À 14 ans, Hélène part travailler dans une ferme du voisinage. Après une année de service dévoué, aimable et consciencieux, elle déclare à sa mère: «Maman, je dois devenir Religieuse!» La réponse est un «non» catégorique. Les Kowalski ne peuvent assurer les frais de constitution d’un trousseau, nécessaire, à l’époque, pour entrer au couvent. Hélène reprend du service, dans la ville de Lodz. Lorsqu’elle atteint ses 18 ans, la jeune fille supplie à nouveau ses parents de lui permettre de réaliser sa vocation. Même refus.

«Lorsque mes parents m’eurent interdit d’entrer au couvent, écrira-t-elle, j’essayais de me distraire avec des bagatelles en faisant la sourde oreille à la voix de la grâce… j’évitais Dieu et je m’inclinais vers les créatures. Cependant, la grâce triompha. Un jour, j’étais au bal avec ma soeur. La fête battait son plein, mais mon âme souffrait d’un étrange malaise. Lorsque je me mis à danser, tout d’un coup, j’aperçus Jésus auprès de moi. Dépouillé, torturé, couvert de blessures« Il me dit: «Combien de temps te souffrirai-je encore? Jusqu’à quand me feras-tu attendre?» Aussitôt, il se fit un grand silence, je n’entendis plus la musique, et la joyeuse compagnie disparut à mes yeux. Il n’y avait que Jésus et moi. Je m’assis auprès de ma soeur, prétextant une migraine. Au bout d’un instant, en cachette, je quittai la salle et je courus à la cathédrale Saint-Stanislas Kostka. Le jour commençait à poindre et il y avait peu de monde. Sans me soucier de mon entourage, je me prosternai la face contre terre devant le Très Saint-Sacrement et je demandai ce que, maintenant, je devais faire. J’entendis ces paroles: «Va à Varsovie, là-bas tu entreras au couvent». Je me levai sur-le-champ… réglai comme je pus mes affaires… et, tout de suite, avec juste une robe sur mon dos et sans rien emporter, je pris le train pour Varsovie».

Là, un peu désorientée, elle s’adresse à un prêtre qui la réconforte et la place comme servante chez une dame très pieuse, jusqu’à ce qu’elle soit reçue dans la Congrégation de Notre-Dame de la Miséricorde. Cette Congrégation, fondée par Mère Thérèse Rondeau (1793-1866), une française, aide les femmes et les jeunes filles tombées dans une vie de péché à retourner sur le bon chemin, et éduque des jeunes filles qui ont besoin d’une protection spéciale pour éviter les dangers de ce monde. Dans chaque couvent, on distingue trois catégories de personnes: les directrices, les coadjutrices et les pensionnaires. Hélène est admise parmi les coadjutrices, qui s’occupent des travaux matériels de la maison.

«Qui T’afflige ainsi?»

Heureuse d’abord, la postulante est bientôt déçue: elle est tout absorbée par les travaux manuels et n’a que peu de temps pour la prière, la méditation, le coeur à coeur avec Jésus. «Au bout de trois semaines, écrit-elle, je décidai d’entrer dans un couvent plus austère. Cette pensée s’ancra si profondément dans mon esprit qu’un beau jour je fus bien résolue à partir… Rentrée dans ma cellule, je me prosternai la face contre terre et suppliai Dieu de me montrer sa volonté… Tout d’un coup, il se fit une grande lumière. Sur le fond de mon rideau, je vis la Sainte Face exprimant une indicible douleur, couverte de plaies et avec de grosses larmes qui tombaient sur la couverture de mon lit. Bouleversée, je dis: «Mon Jésus, qui donc T’afflige ainsi?» Il me répondit: «Toi, si tu pars: ici je t’ai appelée, ici je te prépare de grandes grâces»… Depuis ce jour, je me sens heureuse et contente». Apaisée, Hélène s’applique à vivre son idéal d’union à Dieu, avec ses poêles et ses casseroles, en bêchant au jardin ou en vendant du pain dans le va-et-vient de la porterie.

Admise à la prise d’habit le 30 avril 1926, elle prend le nom de soeur Faustine. Mais bientôt commence pour elle une lourde épreuve: «Dès la fin de la première année de mon noviciat, une obscurité de plus en plus épaisse commença à envahir mon âme, écrit-elle. Mon esprit devint opaque, les vérités de la foi me semblaient absurdes. Lorsqu’on me parlait de Dieu, mon coeur était comme une pierre, incapable du moindre acte d’amour! Dans la prière, je ne trouvais aucune consolation… Souvent pendant la Messe tout entière, je ne faisais que lutter contre des blasphèmes qui se pressaient sur mes lèvres… Lorsque le prêtre m’expliquait que c’étaient des épreuves et que, dans cet état, je n’offensais pas Dieu, mais qu’au contraire c’était un signe que Dieu m’aimait, je n’y trouvais aucune consolation, il me semblait que ces paroles ne me concernaient pas… Je me prosternais alors devant le Saint-Sacrement et je répétais ces mots: «Même si tu me tues, j’aurai confiance en Toi!»» L’acuité de l’épreuve, qui durera deux ans et demi, est à la mesure de la mission qui va être confiée à soeur Faustine. Celle qui doit rappeler à un monde souvent en proie à l’angoisse, la confiance en l’infinie Miséricorde, a connu tous les degrés de la tentation du désespoir.

Le 22 février 1931, Notre-Seigneur lui apparaît, revêtu d’un grand vêtement blanc, une main levée en un geste d’absolution et l’autre posée à l’emplacement de son divin Coeur. De sa robe entrouverte sur le Coeur, sortent deux faisceaux de rayons, l’un rouge et l’autre blanc. «En silence je contemplais le Seigneur, écrit-elle, mon âme était remplie de crainte, mais aussi d’une grande joie. Au bout d’un moment, le Seigneur Jésus me dit: «Peins une image pareille à ce modèle et signe: Jésus, j’ai confiance en Toi. Je désire que cette image soit vénérée tout d’abord dans votre chapelle, puis dans le monde entier. Je promets à ceux qui la vénéreront qu’ils ne périront pas. Je leur promets dès ce monde la victoire sur l’ennemi, mais surtout à l’heure de la mort. Je les défendrai Moi-même, comme ma gloire»».

Soeur Faustine s’ouvre à son confesseur de cette vision. Le prêtre n’y accorde pas beaucoup d’attention. Au fil des mois, les ordres du Seigneur se précisent et deviennent plus pressants: «Je veux que les prêtres proclament ma très grande Miséricorde. Je veux que les pécheurs m’approchent sans crainte d’aucune sorte! Les flammes de ma Miséricorde me consument. Aucun péché, fût-il un abîme d’abjection, n’épuisera ma Miséricorde, car plus on y puise et plus elle augmente. C’est pour les pécheurs que je suis descendu sur cette terre et que j’ai versé tout mon sang. Pour châtier, j’ai toute l’éternité: maintenant, je prolonge le temps de la Miséricorde. Mon Coeur souffre, car même les âmes consacrées ignorent ma Miséricorde et me traitent avec méfiance. Combien le manque de confiance me blesse!»

«Vois qui tu as épousé!»

La nouvelle des visions de soeur Faustine se répand dans son couvent, et, bien que sa vie soit exemplaire, les contradictions pleuvent. «Tout était encore supportable, écrit-elle, jusqu’au jour où le Seigneur m’ordonna de peindre cette image. À partir de ce moment, on se mit à me considérer comme une hystérique et une hallucinée, et les jugements pleuvaient drus». Pendant deux ans, aucun prêtre n’ose se prononcer clairement sur ses révélations. Enfin, pendant sa retraite de profession perpétuelle, en avril 1933, le prédicateur, un homme spirituel, lui dit: «Ma Soeur, vous vous méfiez du Seigneur Jésus parce qu’Il vous traite si intimement, n’est-ce pas? Soyez bien tranquille. Jésus est votre Maître et vos rapports avec Lui ne sont ni de l’hystérie, ni des rêves, ni de l’illusion. Sachez que vous êtes dans un bon chemin. Tâchez d’être bien fidèle à tant de grâces». Aussitôt une paix surnaturelle profonde emplit l’âme de soeur Faustine et la libère de ses doutes.

Le 1er mai suivant, elle fait profession perpétuelle avec une grande ferveur. Quatre jours plus tard, elle entre à la chapelle pour une Heure Sainte. «Tout d’un coup, écrit-elle, j’ai aperçu le Seigneur, tout couvert de plaies. Il me dit: «Vois qui tu as épousé»… Je contemplais ses plaies et j’étais heureuse de souffrir avec Lui. Ô mon Dieu, qu’il est doux de souffrir pour Toi, au plus profond de nos coeurs, à l’insu de tous… Merci, Jésus, pour les menues croix quotidiennes, pour les contrariétés et les peines de la vie commune, pour les fausses interprétations de mes desseins, pour les humiliations et les mauvais traitements, pour les soupçons pénibles, pour ma santé délabrée et mon extrême lassitude… Merci, Jésus, pour la souffrance de l’âme, pour les aridités, l’angoisse et l’incertitude, pour la nuit et les ténèbres intérieures, pour les tentations et les épreuves… Merci, Jésus, Toi qui as bu ce calice amer avant de me l’offrir adouci. Je ne désire que Ton bon plaisir, selon les plans de Ton éternelle Sagesse».

Le véritable Ami

Fin mai 1933, soeur Faustine part pour Wilno. Là, elle rencontre l’abbé Sopocko qui devient son directeur de conscience. Après bien des hésitations, celui-ci se décide à faire peindre l’image de Jésus miséricordieux, mais il veut connaître la signification des faisceaux blancs et rouges qui rayonnent du Coeur du Seigneur. Soeur Faustine interroge le divin Maître qui répond: «Ils signifient l’eau et le sang. L’eau qui justifie les âmes, le sang qui est vie de l’âme. Ils jaillissent de mon Coeur ouvert sur la Croix. Ces rayons mettent l’âme à l’abri de la colère de mon Père», c’est-à-dire des peines justement méritées par nos fautes. Le dimanche de Quasimodo (Octave de Pâques) 1935, l’icône est exposée publiquement au sanctuaire de Notre-Dame d’Ostra Brama, et aussitôt, la Miséricorde divine se manifeste par de nombreuses grâces de conversions extraordinaires.

Dans son Petit Journal, soeur Faustine écrit: «La Miséricorde est le plus grand des attributs divins». L’abbé Sopocko, d’abord perplexe, retrouvera cette vérité dans les oeuvres de saint Augustin et de saint Thomas d’Aquin. De fait, aucun attribut de Dieu n’est souligné aussi fortement dans la Bible que la Miséricorde. Dieu n’est pas un être lointain et indifférent au destin de l’homme, mais il est l’Ami, le Sauveur, le Bon Pasteur, aux yeux de qui chaque personne est précieuse. Après la chute de l’homme par le péché originel, chute qui a eu tant de conséquences tragiques (souffrance, mort…), Dieu nous révèle pleinement sa Miséricorde dans les mystères de l’Incarnation et de la Rédemption. Toute la vie du Christ sur la terre, ses paroles et ses actes, ses paraboles et ses miracles, sa mort sur la Croix et sa Résurrection, la fondation de son Église guidée à travers les siècles par l’Esprit-Saint, proclament au monde entier la Miséricorde de Dieu.

Expérimenter la Miséricorde

Être miséricordieux, c’est avoir un coeur affecté de tristesse à la vue de la misère d’autrui comme s’il s’agissait de la sienne propre, et s’efforcer, autant que possible, de l’écarter ou de la soulager. Le plus grand mal qui atteigne l’homme est le péché. Dieu y porte remède par sa Miséricorde. En tant qu’offense faite à Dieu, le péché a une malice insondable dont la conséquence éternelle a été montrée à soeur Faustine. «Moi, soeur Faustine, par ordre de Dieu, j’ai pénétré dans les abîmes de l’enfer pour en parler aux âmes et témoigner que l’enfer existe». Une autre vision met sous les yeux de soeur Faustine les péchés des hommes: «En un clin d’oeil, note-t-elle le 9 février 1937, le Seigneur m’a montré les péchés du monde, commis aujourd’hui. Je m’évanouis d’épouvante! Bien que je connaisse l’abîme de l’insondable Miséricorde, je fus tout étonnée que Dieu permette au monde d’exister! Alors Il me fit entendre que ce sont les élus qui font contrepoids».

Mais, quel que soit le nombre et la gravité des péchés, la Miséricorde de Dieu est toujours accessible ici-bas: «Je suis Saint, dit Jésus à soeur Faustine, et le moindre péché me fait horreur. Mais lorsque les pécheurs se repentent, ma Miséricorde est sans limites… Les plus grands pécheurs pourraient devenir de très grands saints s’ils se fiaient à ma Miséricorde… On ne puise ma Miséricorde qu’avec la coupe de la confiance. Plus on a confiance et plus on obtient… Ce m’est une joie lorsque les pécheurs recourent à ma Miséricorde. Je les comble au-delà de leur espérance». Le 10 octobre 1937, notre Sainte écrivait: «J’ai vu, dans une grande lumière, l’abîme de mon néant. Et je me suis blottie sur le Coeur de Jésus avec tant de confiance que même si j’avais sur la conscience tous les péchés des damnés, je ne douterais pas de la divine Miséricorde, mais je me précipiterais, avec un coeur contrit, dans l’abîme de ton amour, Seigneur Jésus! Je sais que tu ne me rejetterais pas, mais que tu me pardonnerais par ton prêtre». La Miséricorde divine se donne aux pécheurs principalement dans la confession: «Dans ce sacrement, écrit le Pape

Jean-Paul II, tout homme (baptisé) peut expérimenter de manière unique la Miséricorde, c’est-à-dire l’amour qui est plus fort que le péché» (Encyclique Dives in Misericordia, DM, 30 novembre 1980, n. 13).

La seule limite

Puissant motif d’espérance, la Miséricorde divine est aussi un appel à la conversion. Sans le regret sincère des péchés et la ferme résolution de s’en corriger, la Miséricorde ne peut se répandre sur le pécheur. «Du côté de l’homme, seul peut limiter (la Miséricorde) le manque de bonne volonté, le manque de promptitude dans la conversion et la pénitence, c’est-à-dire l’obstination continuelle qui s’oppose à la grâce et à la vérité, spécialement face au témoignage de la Croix et de la Résurrection du Christ» (DM, n. 13). Saint Alphonse de Liguori note que la Miséricorde de Dieu s’étend sur ceux qui le craignent (cf. Lc 1, 50), c’est-à-dire que «le Seigneur use de Miséricorde envers ceux qui craignent de l’offenser, mais non pas envers ceux qui comptent sur sa Miséricorde pour l’offenser davantage» (La voie du salut, 1ère partie, 8e méditation).

Si, grâce à la Passion du Christ, la Miséricorde divine apporte un remède souverain au plus grand des maux qui affectent l’homme, le péché, elle se penche aussi sur toutes les autres misères, physiques ou morales, qui le touchent. Parfois, elle les supprime; mais plus souvent, elle se manifeste dans son aspect propre et véritable «quand elle tire le bien de toutes les formes de mal qui existent dans le monde et dans l’homme» (DM, n. 6). Là se trouve le contenu fondamental du message messianique de Jésus-Christ dont la mission révèle le «dynamisme de l’amour qui ne se laisse pas vaincre par le mal, mais qui est vainqueur du mal par le bien (cf. Rm 12, 21)» (DM, n. 6). Pour vaincre le mal, la Miséricorde de Dieu donne à tous ceux qui l’invoquent, force et patience dans l’épreuve, leur apprenant à unir leurs souffrances à celles du divin Crucifié. «Le doux visage de Jésus se présente à celui qui est affligé par une épreuve particulièrement dure, dit le Pape Jean-Paul II; sur lui arrivent ces rayons qui partent de son Coeur et illuminent, qui réchauffent, qui indiquent le chemin et donnent espoir. Combien d’âmes a déjà consolées l’invocation: Jésus, j’ai confiance en Toi!» (Homélie de la Messe de canonisation).

La Miséricorde de Dieu suscite aussi entre les hommes un amour fraternel véritable. «Il n’est pas facile d’aimer d’un amour profond, fait d’authentique don de soi, affirme le Pape. Cet amour ne s’apprend qu’à l’école de Dieu, à la chaleur de sa charité. En fixant sur Lui notre regard, en nous mettant en parfaite harmonie avec son Coeur de Père, nous devenons capables de regarder nos frères avec des yeux nouveaux, dans une attitude de gratuité et de partage, de générosité et de pardon. Tout cela est Miséricorde» (Ibid.). Jésus exhorte ses disciples à se mettre «à l’école de Dieu», afin d’obtenir pour eux-mêmes la Miséricorde divine: Bienheureux les miséricordieux, car ils obtiendront Miséricorde (Mt 5, 7).

Jusqu’à la fin de sa vie, soeur Faustine a accompli des oeuvres de Miséricorde à l’égard de ses proches. Depuis 1933, elle est atteinte par la tuberculose. Ses Supérieures ne perçoivent pas tout de suite la gravité de ce mal qu’elle supporte en silence. En décembre 1936, alors que la maladie est déjà avancée, on l’envoie en sanatorium. Elle y reste quatre mois; puis, en 1938, nouveau séjour de cinq mois. Elle prie avec ferveur pour les agonisants de son entourage dont elle obtient souvent la conversion, même dans des circonstances humainement désespérées. Elle récite à leur intention le «chapelet à la divine Miséricorde», dont la révélation lui a été faite le 14 septembre 1935 (cf. image ci-jointe). Rentrée dans son couvent en septembre 1938, soeur Faustine s’endort doucement dans le Seigneur à l’âge de 33 ans, le 5 octobre suivant.

«Transforme-moi!»

Dans une belle prière, soeur Faustine dévoile sa manière de pratiquer la Miséricorde: «Seigneur Jésus, transforme-moi toute en ta Miséricorde! Fais que mes yeux soient miséricordieux, pour que jamais je ne juge selon les apparences et ne soupçonne personne, mais que je voie, dans toutes les âmes, ce qu’elles ont de beau, et qu’à toutes je sois secourable. Fais que mes oreilles soient miséricordieuses, toujours attentives aux besoins de mes frères et jamais fermées à leur appel. Fais que ma langue soit miséricordieuse pour que jamais je ne dise du mal de personne, mais que pour tous j’aie des paroles de pardon et de réconfort. Fais que mes mains soient miséricordieuses et pleines de charité, afin que je prenne sur moi tout ce qui est dur et pénible pour alléger ainsi les fardeaux des autres. Fais que mes pieds soient miséricordieux et toujours prêts à courir au secours du prochain… Que je me repose en servant! Fais que mon coeur soit miséricordieux et ouvert à toute souffrance. Je ne le fermerai à personne, même à ceux qui en abusent, et moi-même je m’enfermerai dans ton Coeur… Puisse ta Miséricorde se reposer en moi, Seigneur! Transforme-moi en toi, car tu es mon tout».

Demandons à la Très Sainte Vierge, Mère de Miséricorde, et à saint Joseph, de nous apprendre à être miséricordieux comme notre Père du Ciel afin d’obtenir Sa Miséricorde et la vie éternelle.

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