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21 janvier 2015 fête de sainte Agnès, martyre |
«Je ne peux pas ne pas souligner limportance du témoignage donné par les familles chrétiennes, disait le Pape François, en Corée, le 16 août 2014. À une époque de crise de la vie familiale, nos communautés chrétiennes sont appelées à soutenir les couples mariés et les familles dans laccomplissement de leur mission dans lÉglise et la société.» Eurosia Fabris Barban, mère de famille, a été béatifiée le 6 novembre 2005 par Benoît XVI. Le vénérable Pie XII disait déjà delle: «Il faut faire connaître cette belle âme, cest un exemple pour les familles daujourdhui!»
Eurosia Fabris Barban est née en 1866 dune famille dagriculteurs italiens. Luigi et Maria Fabris, ses parents, habitent la commune de Quinto Vicentino, en Vénétie. La petite fille est baptisée peu après sa naissance et reçoit le nom dune vierge martyre du ixe siècle, sainte Eurosie, princesse de Bohême faite prisonnière par les Sarrasins et morte pour sa foi.
Passionnée par lÉvangile
En 1870, la famille déménage à Marola, sur la commune de Torri di Quartesolo. Eurosia y demeurera toute sa vie. Occupée aux travaux agricoles et domestiques, elle ne fréquente lécole élémentaire quentre 1872 et 1874. Ces deux ans de scolarité lui permettent dapprendre à lire et à écrire. Elle sinitie à lÉcriture Sainte, au catéchisme, à lHistoire sainte; elle lit lIntroduction à la vie dévote de saint François de Sales et les Maximes éternelles de saint Alphonse de Liguori. Sa mère lui apprend son futur métier de couturière. À partir de sa première Communion, à douze ans, elle communie à chaque fête. Inscrite à lassociation des Filles de Marie dans sa paroisse, elle sapplique à en observer les statuts. Sa piété mariale saccroît sous linfluence du sanctuaire voisin de la Madone de Monte Berico où la Vierge était apparue au xve siècle, délivrant la région dune épidémie de peste. Eurosia y prie Marie pour que la maladie spirituellement mortelle de lindifférentisme et de limpiété sécarte de son pays. Sa dévotion se porte également vers lEsprit Saint, la Crèche, le Crucifix et les âmes du Purgatoire. Elle se passionne pour lÉvangile et le catéchisme quelle enseigne, dès lâge de quinze ans, aux enfants de la paroisse; plus tard elle fera de même à légard des jeunes filles qui fréquenteront son atelier de couture. Elle a une manière toute personnelle de rendre cet enseignement passionnant pour son jeune auditoire, parsemant lexposé doctrinal danecdotes et dinstructions morales et pratiques. Mais avant tout, les enfants perçoivent la grande charité qui lanime: ils se sentent aimés et comprennent ce que signifie aimer Dieu. Eurosia trouve la source de ce grand amour dans la prière. Depuis sa plus tendre enfance, elle prie et médite régulièrement.
À dix-huit ans, cest une jeune fille sérieuse, pieuse et travailleuse. Malgré la pauvreté du foyer, elle veille à la propreté et à lordre. Ses vertus et son charme ne passent pas inaperçus: elle reçoit plusieurs demandes en mariage, quelle décline. En 1885, une jeune voisine, madame Barban, meurt en laissant trois filles en bas âge, dont la première décède, elle aussi, peu après. Les deux autres ont respectivement vingt et quatre mois. Un oncle et le grand-père, malade chronique, vivent avec le père des deux orphelines. Ce sont des hommes au tempérament fort, qui se disputent souvent. Pendant six mois, chaque matin, Eurosia va soccuper de ces enfants et accomplit les tâches ménagères. Charles Barban, le veuf, ne tarde pas à la demander en mariage. Après avoir longtemps prié pour connaître la volonté du Seigneur, et bien consciente des difficultés à venir, elle suit le conseil de ses parents comme de son curé, et accepte dépouser Charles. Le mariage, quelle considère comme une mission de Dieu, est célébré le 5 mai 1886; il sera béni par la naissance de neuf enfants, sans compter les deux petites orphelines et trois adoptions.
Unis par le sacrement du mariage, les époux Barban marchent ensemble vers la sainteté en assumant le soin de leurs nombreux enfants. Où trouver les ressources pour les élever? Certes, Charles possède des terres fertiles, mais il a hérité de lourdes dettes. Eurosia lencourage à la confiance: «Les enfants, Dieu nous les envoie comme un trésor. Ayons confiance en Lui, car Il ne permettra pas que nous manquions du nécessaire.»
Confiance et responsabilité
Si la confiance en Dieu est requise pour élever une famille nombreuse, elle ne dispense pas les époux de pratiquer une procréation responsable. Pour déterminer le nombre de leurs enfants, «les époux discerneront les conditions matérielles et spirituelles de leur époque et de leur situation; ils tiendront compte enfin du bien de la communauté familiale, des besoins de la société et de lÉglise elle-même. Ce jugement, ce sont, en dernier ressort, les époux eux-mêmes qui doivent larrêter devant Dieu» (Vatican II, Gaudium et spes, n. 50). Dans lencyclique Humanæ vitæ, le bienheureux Paul VI précise: «Par rapport aux conditions physiques, économiques, psychologiques et sociales, la paternité responsable sexerce soit par la détermination réfléchie et généreuse de faire grandir une famille nombreuse, soit par la décision, prise pour de graves motifs et dans le respect de la loi morale, déviter temporairement ou même pour un temps déterminé une nouvelle naissance» (25 juillet 1968, n. 10).
Dans cette dernière perspective, les époux peuvent recourir aux méthodes naturelles de régulation des naissances, qui, correctement mises en uvre, sont aujourdhui très fiables. Mais lÉglise a toujours enseigné la malice intrinsèque de la contraception, par laquelle chacun des actes conjugaux est rendu intentionnellement infécond. Cet enseignement est définitif et irréformable. La contraception soppose de manière grave à la chasteté matrimoniale, elle est contraire au bien de la transmission de la vie (aspect de procréation du mariage), et lèse le don réciproque des conjoints (aspect dunion du mariage). Elle blesse lamour véritable et nie le rôle souverain de Dieu dans la transmission de la vie humaine (cf. Humanæ vitæ, n. 14). Lusage de moyens ayant un effet abortif comporte une malice morale plus grave encore, parce quils entraînent la mort de lembryon.
Mamma Rosa, comme on appelle dès lors Eurosia, accomplit ses obligations conjugales avec la plus grande fidélité et vit dans une profonde harmonie avec son mari dont elle devient la conseillère et le réconfort. Elle éduque ses enfants à la prière, à lobéissance, à la crainte de Dieu, au sacrifice, à lamour du travail. Elle désire que chacun découvre et suive le plan de Dieu sur lui. «Les enfants que le Seigneur nous a donnés sont à Lui avant dêtre à nous, a-t-elle coutume de dire. Et sIl les veut pour Lui, nous devons être reconnaissants et même contents: ce faisant, Il nous fait un grand honneur. Cela signifie un supplément de travail, mais Dieu nous aidera.» De fait, la Sainte Vierge lui révèle que ses trois fils aînés deviendront prêtres; pour les trois autres le Seigneur a dautres desseins. Elle répond: «Chère Madone, je suis si contente. Je vous remercie de tout cur pour ces trois choisis, parce que je ne mérite pas une telle grâce, tant de privilèges. Mais dès maintenant, je vous offre et consacre tous mes enfants.» Confor-mément à la prédiction de la Sainte Vierge, Joseph, laîné, et Albert, le second, seront ordonnés prêtres en 1918 et 1921; Matthieu-Ange, le troisième, entrera chez les Franciscains sous le nom de Frère Bernardino; il sera le premier biographe de sa mère. Trois autres garçons mourront prématurément. Deux des fils adoptifs et une fille se marieront. Lune des filles adoptives, Claire, entrera en religion sous le nom de Sur Théophanie. Le dernier des fils adoptifs deviendra Frère Georges chez les Franciscains.
Davantage aimée
Eurosia gère les finances de la famille en tenant compte de la charité à exercer envers les pauvres, avec qui elle partage volontiers sa table. Elle offre aux malades une assistance constante et prolongée, pleine damour et de soin. Sa vie se déroule principalement à lintérieur des murs de sa maison, dans la pauvreté: «Je désire être une pauvresse et jen suis contente, affirme-t-elle, parce quil me semble quainsi je suis davantage aimée du Seigneur. Si jétais riche, je craindrais presque que le Seigneur ne maime pas autant et quIl me demande moins... Il est préférable dêtre pauvre que dêtre riche!... Ce ne sont pas les richesses qui contentent le cur, mais le fait daccomplir la volonté de Dieu.» Entrée dans le Tiers-Ordre franciscain, elle puise dans une vie de prière intense, et spécialement dans lassistance quotidienne à la Messe, la force de répondre aux besoins des nécessiteux. Elle saisit toutes les occasions de faire le bien, et partage les produits du potager et du poulailler avec les malheureux, les pèlerins et les voyageurs de passage. «Le Seigneur pourvoit davantage à nos besoins quand nous faisons la charité par amour de Lui, dit-elle. Si nous donnons quelque chose aux pauvres, cest comme si nous loffrions à Jésus en personne. Je suis tellement émue par cette pensée que si cétait possible, je me donnerais moi-même!» Après le déclenchement de la Première Guerre mondiale, les veuves ne manquent pas et se trouvent souvent dans un état de grande misère, avec plusieurs enfants à charge. Eurosia secourt au mieux tous ceux qui lentourent, avec une bonté souriante, manifestation de sa joie intérieure de faire la volonté de Dieu, malgré les difficultés et les épreuves.
Dans son message pour le carême de 2012, le Pape Benoît XVI exhortait les chrétiens à fixer leur regard «sur lautre, tout dabord sur Jésus, à ne pas se montrer étrangers, indifférents au destin des frères. Souvent, au contraire, lattitude inverse prédomine: lindifférence, le désintérêt qui naissent de légoïsme dissimulé derrière une apparence de respect pour la sphère privée... Lattention à lautre comporte que lon désire pour lui ou pour elle, le bien sous tous ses aspects: physique, moral et spirituel. La culture contemporaine semble avoir perdu le sens du bien et du mal, tandis quil est nécessaire de répéter avec force que le bien existe et triomphe, parce que Dieu est le bon, le bienfaisant (Ps 118, 68). Le bien est ce qui suscite, protège et promeut la vie, la fraternité et la communion. La responsabilité envers le prochain signifie alors vouloir et faire le bien de lautre, désirant quil souvre lui aussi à la logique du bien; sintéresser au frère veut dire ouvrir les yeux sur ses nécessités. LÉcriture Sainte met en garde contre le danger davoir le cur endurci par une sorte danesthésie spirituelle qui rend aveugle aux souffrances des autres.
Quest-ce qui empêche ce regard humain et affectueux envers le frère? Ce sont souvent la richesse matérielle et la satiété, mais cest aussi le fait de faire passer avant tout nos intérêts et nos préoccupations personnels... À linverse, cest lhumilité de cur et lexpérience personnelle de la souffrance qui peuvent se révéler source dun éveil intérieur à la compassion et à lempathie: Le juste connaît la cause des faibles, le méchant na pas lintelligence de la connaître (Pr 29, 7). Nous comprenons ainsi la béatitude de ceux qui sont affligés (Mt 5, 5), cest-à-dire de ceux qui sont en mesure de sortir deux-mêmes pour se laisser apitoyer par la souffrance des autres. Rencontrer lautre et ouvrir son cur à ce dont il a besoin, sont une occasion de salut et de béatitude» (3novembre 2011).
Tact et diplomatie
Eurosia dirige un petit atelier de couture qui emploie dix à quinze apprenties. Elle leur donne gratuitement une formation professionnelle, et les prépare chrétiennement à leur futur rôle de mères de famille. Elle naccepte pas de confectionner des habits immodestes. On lui demande en particulier des robes de mariées; elle parvient souvent, avec tact et diplomatie, à convaincre la clientèle de choisir un modèle aussi élégant que modeste.
Dans les moments de silence, Eurosia sadonne à la prière, et notamment à la récitation du Rosaire quotidien. Un soir, elle sort soccuper dun nouveau-né chez une voisine. Survient alors le père de la petite qui, voyant le chapelet dans la main dEurosia, se met à crier: «Jette ces grains... que veux-tu obtenir par eux?» Elle répond sereinement: «Ceci est larme la plus puissante pour obtenir des grâces. Si vous voulez obtenir un service de quelquun, il est nécessaire de le demander gentiment, avec, au besoin, des supplications, et alors vous obtiendrez. Nous devons faire la même chose avec Notre-Seigneur et Notre-Dame.» Lhomme se met à réfléchir, se calme, et répond finalement: «Oui, vous avez raison.»
«Le Rosaire de la Vierge Marie est une prière aimée de nombreux saints et encouragée par le Magistère, écrivait le Pape Jean-Paul II. Dans sa simplicité et dans sa profondeur, il reste, même dans le troisième millénaire commençant, une prière dune grande signification, destinée à porter des fruits de sainteté. Il se situe bien dans la ligne spirituelle dun christianisme qui, après deux mille ans, na rien perdu de la fraîcheur des origines et qui se sent poussé par lEsprit de Dieu à avancer au large pour redire, et même pour crier au monde, que le Christ est Seigneur et Sauveur, quIl est le chemin, la vérité et la vie (Jn 14, 6), quIl est la fin de lhistoire humaine, le point vers lequel convergent les désirs de lhistoire et de la civilisation. En effet, tout en ayant une caractéristique mariale, le Rosaire est une prière dont le centre est christologique... Avec lui, le peuple chrétien se met à lécole de Marie, pour se laisser introduire dans la contemplation de la beauté du visage du Christ et dans lexpérience de la profondeur de son amour... Prière pour la paix, le Rosaire est aussi, depuis toujours, la prière de la famille et pour la famille. Il fut un temps où cette prière était particulièrement chère aux familles chrétiennes et en favorisait certainement la communion. Il ne faut pas perdre ce précieux héritage... La famille qui est unie dans la prière demeure unie... De nombreux problèmes des familles contemporaines, particulièrement dans les sociétés économiquement évoluées, dépendent du fait quil devient toujours plus difficile de communiquer. On ne parvient pas à rester ensemble, et les rares moments passés en commun sont absorbés par les images de la télévision. Recommencer à réciter le Rosaire en famille signifie introduire dans la vie quotidienne des images bien différentes, celles du mystère qui sauve: limage du Rédempteur, limage de sa Mère très sainte. La famille qui récite le Rosaire reproduit un peu le climat de la maison de Nazareth: on place Jésus au centre, on partage avec lui les joies et les souffrances, on remet entre ses mains les besoins et les projets, on reçoit de lui espérance et force pour le chemin» (Lettre apostolique Rosarium Virginis Mariæ, 16 octobre 2002, n. 1).
Prêter attention
La grande préoccupation dEurosia est la conversion des pécheurs: elle prie et fait prier pour eux. «Prêter attention au frère, affirmait le Pape Benoît XVI, comporte aussi la sollicitude pour son bien spirituel. Je désire rappeler ici un aspect de la vie chrétienne qui me semble être tombé en désuétude: la correction fraternelle en vue du salut éternel. En général, aujourdhui, on est très sensible au thème des soins et de la charité à prodiguer pour le bien physique et matériel des autres, mais on ne parle pour ainsi dire pas de notre responsabilité spirituelle envers les frères. Il nen est pas ainsi dans lÉglise des premiers temps, ni dans les communautés vraiment mûres dans leur foi, où on se soucie non seulement de la santé corporelle du frère, mais aussi de celle de son âme en vue de son destin ultime... Le Christ lui-même nous commande de reprendre le frère qui commet un péché (cf. Mt 18, 15)... Il ne faut pas se taire face au mal. Je pense ici à lattitude de ces chrétiens qui, par respect humain ou par simple commodité, sadaptent à la mentalité commune au lieu de mettre en garde leurs frères contre des manières de penser et dagir qui sont contraires à la vérité, et ne suivent pas le chemin du bien. Toutefois le reproche chrétien nest jamais fait dans un esprit de condamnation ou de récrimination. Il est toujours animé par lamour et par la miséricorde, et il naît de la véritable sollicitude pour le bien du frère... Nous avons toujours besoin dun regard qui aime et corrige, qui connaît et reconnaît, qui discerne et pardonne (cf. Lc 22, 61), comme Dieu la fait et le fait avec chacun de nous. Cette garde des autres contraste avec une mentalité qui, réduisant la vie à sa seule dimension terrestre, ne la considère pas dans une perspective eschatologique et accepte nimporte quel choix moral au nom de la liberté individuelle. Une société comme la société actuelle peut devenir sourde aux souffrances physiques comme aux exigences spirituelles et morales de la vie. Il ne doit pas en être ainsi dans la communauté chrétienne!
Les disciples du Seigneur, unis au Christ par lEucharistie, vivent dans une communion qui les lie les uns aux autres comme membres dun seul corps. Cela veut dire que lautre mest uni de manière particulière, sa vie, son salut, concernent ma vie et mon salut... notre existence est liée à celle des autres, dans le bien comme dans le mal; le péché comme les uvres damour ont aussi une dimension sociale. Dans lÉglise, Corps mystique du Christ, cette réciprocité se vérifie: la communauté ne cesse de faire pénitence et dimplorer le pardon des péchés de ses enfants, mais elle se réjouit aussi constamment et exulte pour les témoignages de vertu et de charité qui adviennent en son sein» (3 novembre 2011).
Notre destination
Eurosia se comporte avec courage au cours de la dernière maladie de son mari, au printemps de 1930. Attentive à tous les soins, elle sait aussi, quand loccasion se présente, lui glisser quelques paroles despérance: «Il nous faut tous mourir... Le paradis est notre destination finale... Là-haut nous nous retrouverons tous pour ne jamais plus nous séparer.» À la mort de Charles, Eurosia est âgée de 64 ans; leur mariage a duré 45 ans.
Pour persévérer dans lengagement pris lors du mariage, les époux ont besoin de la grâce du Christ. «Lamour de Jésus, qui a béni et consacré lunion des époux, disait le Pape François, est en mesure de maintenir leur amour et de le renouveler quand humainement il se perd, se déchire, sépuise. Lamour du Christ peut rendre aux époux la joie de cheminer ensemble; parce que le mariage, cest cela: le cheminement ensemble dun homme et dune femme, dans lequel lhomme a la tâche daider son épouse à être davantage femme, et la femme a la tâche daider son mari à être davantage homme... Cest un voyage exigeant, parfois difficile, parfois aussi conflictuel, mais cest la vie!... Il est normal que les époux se disputent: cest normal. Cela arrive toujours. Mais je vous conseille ceci: ne jamais finir la journée sans faire la paix. Jamais! Un petit geste est suffisant. Et ainsi on continue à marcher. Le mariage est symbole de la vie, de la vie réelle, ce nest pas une fiction! Cest le sacrement de lamour du Christ et de lÉglise, un amour qui trouve dans la Croix sa vérification et sa garantie» (Homélie du 14 septembre 2014).
Depuis la mort de son époux, la vie de prière dEurosia se fait plus intense. Elle confie un jour à lun de ses fils prêtres, que le Seigneur lui a révélé lheure de sa mort, qui adviendra dans dix-huit mois. Elle sy prépare par une charité toujours plus grande: «Je ne désire rien dautre que croître sans cesse dans lamour de Dieu. Le reste na aucune importance pour moi.» Pendant lautomne de 1931, des douleurs rhumatismales envahissent les articulations de ses pieds et de ses mains. Le mal sétend aux genoux et aux épaules et la cloue au lit, mais elle ne se plaint pas. Le 1er janvier 1932, elle est atteinte dune pneumonie et sa respiration, accompagnée de crises de toux, devient de plus en plus difficile. Jusquà la fin, elle conserve sa lucidité et offre sa vie au Seigneur par amour. Elle meurt le 8 janvier 1932. Son corps est déposé dans une tombe toute simple du cimetière de Marola, mais bientôt de nombreuses personnes viennent lorner de bouquets de fleurs, en signe de reconnaissance pour les nombreuses grâces reçues par son intercession. Sa mémoire liturgique est fixée au 9 janvier.
Que lexemple donné par la bienheureuse Eurosia nous stimule pour la défense de la famille, à laquelle les Papes de notre temps encouragent tous les chrétiens.