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20 septembre 2013 fête de saint Just de Bretenières, prêtre et martyr |
Le 12 mai 2013, lors de la canonisation des martyrs dOtrante, le Pape François disait: «Aujourdhui, lÉglise propose à notre vénération une foule de martyrs qui ont été appelés ensemble au témoignage suprême rendu à lÉvangile, en 1480. Environ huit cents personnes, qui avaient survécu au siège et à linvasion dOtrante, ont été décapitées aux environs de la ville. Elles refusèrent de renier leur foi et elles moururent en confessant le Christ ressuscité. Où ont-elles trouvé la force de rester fidèles? Justement dans la foi qui fait voir au-delà des limites de notre regard humain, qui, au-delà de la frontière de la vision terrestre, fait contempler les cieux ouverts comme le dit saint Étienne et le Christ vivant à la droite du Père (cf. Ac 7, 55-56).»
Dans le dernier quart du xve siècle, lexpansion conquérante de lEmpire ottoman représente pour la chrétienté une menace redoutable. Au xie siècle, les Turcs seldjoukides venus dAsie centrale, qui ont adhéré à lislam, ont envahi lEmpire byzantin. À partir de 1299, le prince Osman, qui laissera son nom à la dynastie ottomane, unit les clans turcs sous sa domination et menace lEmpire byzantin jusque dans son centre. En 1453, les Turcs entrent en vainqueurs à Constantinople, la seconde Rome. Le sultan ottoman Mehmet (Mahomet) II, après avoir profané lantique basilique Sainte-Sophie, la transforme en mosquée. Tout lOrient chrétien et déjà une partie des Balkans sont désormais aux mains des musulmans. Mais le conquérant ne veut pas en rester là: son objectif est de soumettre toute lEurope pour en faire une terre dislam.
Malheureuse cité!
En 1480, le moment paraît favorable à Mehmet II pour envahir lItalie, ravagée par des guerres intestines dans lesquelles est impliqué le roi de Naples, Ferdinand dAragon. Le sultan prévoit deux offensives conjuguées: lune vers la Vénétie, par voie de terre à travers les Balkans (cette offensive sera stoppée par la résistance hongroise); lautre vers lApulie (aujourdhui les Pouilles, au sud-est de lItalie), par voie maritime. Le Pape Sixte IV avertit en ces termes ses compatriotes de la menace turque: «Italiens, si vous voulez pouvoir vous dire encore chrétiens, défendez-vous!» Son appel tombe dans le vide; Mehmet II déclare au Pape avec sarcasme: «Je vais faire manger lavoine à mes chevaux sur la tombe de saint Pierre.» De son côté, saint François de Paule (1415-1507), le célèbre ermite de Calabre, a prédit plusieurs fois linvasion imminente du royaume de Naples par les Turcs. Au début de 1480, en présence de ses confrères de lOrdre des Minimes, le saint sécrie, en regardant dans la direction dOtrante: «Ah, malheureuse cité, de combien de cadavres tes rues vont être jonchées! Que de sang chrétien va tinonder!» François de Paule fait avertir le roi de Naples du péril: il ladjure de rappeler ses troupes qui mènent en Toscane une guerre fratricide et de défendre son royaume. Mais Ferdinand traite le saint de défaitiste et lui ordonne de se taire.
Le cap dOtrante, ou péninsule salentine, talon et point le plus oriental de la botte italienne, savance comme une sentinelle vers la sortie de la mer Adriatique, à moins de 100 km de lAlbanie au pouvoir des Turcs depuis 1478. Cité grecque dans lAntiquité, Otrante a probablement vu débarquer saint Pierre, venant dAntioche sur le chemin de Rome. Longtemps administrée par Byzance, elle a été en 1095 le point dembarquement des 12000 croisés normands conduits par Bohémond de Tarente. En 1219, saint François dAssise, de retour de Terre Sainte, y a été reçu avec honneur. Près dOtrante se trouve le monastère basilien Saint-Nicolas, dont les moines célèbrent la liturgie en langue grecque.
Tenue en échec à Rhodes par la défense des chevaliers de Saint-Jean, la flotte ottomane plus de 150 vaisseaux abandonne le siège de cette île et se dirige vers le cap dOtrante, avec à son bord 18000 soldats; elle parvient en vue des côtes le 29 juillet 1480. Lobjectif initial était le port de Brindisi, mais un vent contraire oblige les navires à toucher terre 50 milles plus au sud à Roca, lieu situé à quelques kilomètres dOtrante. Au moment du débarquement des Turcs, cette ville ne peut compter que sur une garnison de 400 hommes. La population otrantaise sempresse dappeler le roi Ferdinand au secours: «Si votre Majesté ne prend pas tout de suite les mesures indispensables, nous sommes en grand péril dêtre pris; nous ferons notre devoir, mais notre mort ne serait pas le pire: ce qui est à redouter, cest le dommage porté au service de Dieu et aux intérêts de votre Majesté.» Cependant, Ferdinand na pas de troupes disponibles et ne pourra pas intervenir à Otrante avant plusieurs semaines.
Les clés jetées à la mer
Le 1er août, les Turcs débarquent sans avoir rencontré de résistance. Les habitants se sont barricadés à lintérieur des fortifications. Le pacha Agometh, général de larmée turque, envoie un messager pour leur proposer une reddition à des conditions avantageuses: sils nopposent aucune résistance, hommes et femmes seront laissés libres, soit de rester sans subir de dommages, soit de sen aller. Après une discussion animée, les notables de la ville décident à lunanimité de résister à lenvahisseur et de combattre pour Dieu et la patrie. Ils ne veulent pas trahir leur roi ni ouvrir aux infidèles un accès à lItalie. Lun des anciens de la ville, Ladislao De Marco, répond à linterprète turc: «Si le pacha veut Otrante, il lui faudra la prendre par la force, parce que derrière les murs, il y a les poitrines des citoyens.» Pour supprimer toute équivoque, De Marco se saisit des clés de la ville et les jette ostensiblement à la mer du haut dune tour.
Les bombardes ottomanes tirent alors sur Otrante un ouragan de boulets. Au cours de la nuit, une bonne partie des soldats de la garnison napolitaine franchissent les murs de la ville au moyen de cordes et senfuient. Les habitants restent seuls pour défendre leur ville; la bataille est dès lors inégale. À laube du second jour, les assaillants ouvrent une brèche dans la muraille. Ils sy précipitent, mais sont repoussés par les défenseurs. Une autre attaque naura pas plus de succès: les Otrantais jettent de leau bouillante sur les Turcs qui tentent descalader les fortifications. Cependant, le pilonnage incessant de lartillerie ottomane fini par provoquer, le 11 août, léboulement de la partie la plus fragile des murailles; les assiégeants sintroduisent par cette large brèche. Les défenseurs de la ville, menés par Zurlo e Falconi, qui combattent pied à pied, seffondrent sous le nombre des assaillants. Les hordes ottomanes se précipitent en hurlant dans les rues, saccageant puis brûlant les maisons une par une, et massacrant leurs habitants. Un grand nombre dOtrantais sest réfugié et barricadé dans la cathédrale défendue avec lénergie du désespoir par quelques hommes darmes. Le vieil archevêque Stefano Pendinelli, vêtu de ses habits pontificaux, distribue pour la dernière fois à ses fidèles le Pain de vie; puis un Dominicain, Fra Fruttuoso, les exhorte à se préparer chrétiennement au martyre. Ses paroles sont interrompues par le fracas de la grande porte, abattue par les béliers des assaillants. Ceux-ci réduisent définitivement au silence le prédicateur, puis se précipitent vers lévêque, assis sur sa chaire. Agometh lui demande qui il est: «Je suis lindigne pasteur de ce troupeau du Christ.» Un des Turcs lui ordonne de ne plus prononcer le nom du Christ, mais uniquement celui de Mahomet. Larchevêque exhorte son agresseur à se convertir sil ne veut pas subir le sort de Mahomet, qui a été jugé au tribunal de Dieu pour son impiété. Hors de lui, le pacha ordonne alors que lévêque soit décapité. Cette exécution est le signal dune tuerie générale. Le sang des chrétiens coule à flots dans la cathédrale profanée.
Au bout de trois jours, le pacha Agometh suspend le massacre et ordonne aux soldats de rassembler tous les hommes valides de plus de quinze ans. Environ 800 hommes (813 selon une tradition) lui sont amenés. Un prêtre renégat de Calabre se tient à côté du chef ottoman; traduisant ses paroles, il sefforce de convaincre les Otrantais de renier le Christ. «La victoire des musulmans, leur dit-il, est une preuve que Mahomet est plus puissant que le Christ. Si vous vous convertissez à lislam, vous aurez la vie sauve et vous conserverez vos biens; dans le cas contraire, vous serez tous massacrés.»
Un valeureux tailleur
Alors, un tailleur déjà âgé, Antonio Primaldo, se lève et adresse à ses compagnons le discours suivant: «Mes frères, nous avons entendu à quel prix on nous propose dacheter le droit de prolonger cette misérable vie. Nous avons combattu jusquaujourdhui pour notre patrie, notre vie et nos maîtres terrestres. Le temps est venu désormais de combattre pour sauver nos âmes rachetées par Notre-Seigneur. PuisquIl est mort sur la Croix pour nous, il convient que nous aussi mourions pour Lui, fermes et constants dans la foi. Par cette mort terrestre, nous aurons la gloire du martyre et la vie éternelle.» À ces mots, tous crient dune seule voix et avec ferveur quils préfèrent mille fois mourir de nimporte quelle mort plutôt que de renier le Christ. Chacun exhorte ses compagnons, qui son fils, qui son père, à dire oui au Christ et non à Mahomet, quelles quen soient les conséquences.
Cependant, le chef des Turcs promet une fois encore aux prisonniers chrétiens de leur rendre leurs épouses, leurs enfants et tous leurs biens sils prononcent la shahada, formule rituelle qui en fera des musulmans: Il ny a pas dautre Dieu quAllah, et Mahomet est le prophète de Dieu. En réalité, prononcer cette phrase équivaut à une apostasie. Primaldo sy refuse et renouvelle son serment de fidélité au Christ, que la foule reprend avec ferveur; elle sait, en effet, que Jésus-Christ est Dieu, et quil ny a pas sous le ciel un autre nom qui ait été donné aux hommes que celui de Jésus, par lequel nous devions être sauvés (Ac 4, 12).
Jésus-Christ est, en effet, lunique Sauveur des hommes, comme le rappelait la Congrégation pour la Doctrine de la Foi dans un document approuvé par le bienheureux Jean-Paul II: «Lui seul, comme Fils de Dieu fait homme crucifié et ressuscité, donne la révélation et la vie divine à toute lhumanité et à chaque homme par la mission reçue du Père et dans la puissance du Saint-Esprit. Dans cette mesure, on peut et on doit dire que Jésus-Christ a une fonction unique et singulière pour le genre humain et pour son histoire: cette fonction lui est propre, elle est exclusive, universelle et absolue. Jésus est en effet le Verbe de Dieu fait homme pour le salut de tous. Recueillant cette conscience de foi, le Concile Vatican II enseigne: Le Verbe de Dieu, par qui tout a été fait, sest lui-même fait chair, afin que, homme parfait, il sauve tous les hommes et récapitule toutes choses en lui. Le Seigneur est le terme de lhistoire humaine, le point vers lequel convergent tous les désirs de lhistoire et de la civilisation, le centre du genre humain, la joie de tous les curs et la plénitude de leurs aspirations. Cest lui que le Père a ressuscité dentre les morts, a exalté et fait siéger à sa droite, le constituant juge des vivants et des morts (Gaudium et spes, 45). Cest précisément ce caractère unique du Christ qui lui confère une portée absolue et universelle par laquelle, étant dans lhistoire, il est le centre et la fin de lhistoire elle-même: Je suis lAlpha et lOméga, le Premier et le Dernier, le Principe et la Fin (Ap 22, 13)» (Déclaration Dominus Jesus, 6 août 2000, n. 15).
Irrité par la constance des 800 prisonniers dans leur confession de la foi, Agometh décrète alors leur condamnation à mort. Le 14 août au matin, ils sont conduits, la corde au cou et les mains liées derrière le dos, à la colline de la Minerve, à quelques centaines de mètres de la ville. Le prêtre apostat calabrais tourne autour deux et leur montre une tablette où est écrite en caractères latins la shahada: «Prononcez cette simple phrase, et vous aurez la vie sauve.» Mais tous les condamnés, invoquant Jésus et Marie, se disent prêts à mourir. Le pacha ordonne quAntonio Primaldo soit exécuté le premier. Avant de poser sa tête sur le billot, le vieil homme exhorte ses compagnons à être forts dans la foi et à regarder le Ciel qui les attend. Son assurance provient de la certitude de sa foi:
«La foi est certaine, plus certaine que toute connaissance humaine, parce quelle se fonde sur la Parole même de Dieu, qui ne peut pas mentir. Certes, les vérités révélées peuvent paraître obscures à la raison et à lexpérience humaines, mais la certitude que donne la lumière divine est plus grande que celle que donne la lumière de la raison naturelle» (Catéchisme de lÉglise Catholique, 157).
Des signes certains
Reprenant les paroles de saint Étienne, Primaldo sécrie quil voit les cieux ouverts et les anges consolateurs. Il est décapité dun coup de cimeterre, mais à la stupeur générale, se remet sur son séant; son corps sans tête, en dépit des furieux efforts des bourreaux qui le poussent et le tirent avec des cordes, restera debout jusquà la fin du supplice. Devant ce miracle, un des bourreaux, nommé Berlabei, se déclare chrétien. Cette conversion illustre laffirmation du Catéchisme de lÉglise Catholique: les miracles du Christ et des saints, les prophéties, la propagation et la sainteté de lÉglise, sa fécondité et sa stabilité «sont des signes certains de la Révélation, adaptés à lintelligence de tous» (CEC, 156). Furieux, le pacha condamne le nouveau converti au supplice du pal, et Berlabei est ainsi baptisé dans son sang. Quatre témoins oculaires (encore enfants ou adolescents en 1480) ont rapporté en 1539, lors du procès de béatification, le prodige du corps décapité mais toujours debout dAntonio Primaldo, et la conversion de Berlabei. La colline de la Minerve baignée de tant de sang sappellera désormais la Colline des Martyrs, et les religieux minimes y fonderont bientôt un monastère.
La chute dOtrante et le massacre dune grande partie de sa population plongent lItalie et même tout lOccident chrétien dans la consternation et lépouvante. Le Pape Sixte IV envisage un moment de fuir Rome menacée et lance un appel à la croisade; effrayés, les potentats italiens et le roi de France font taire leurs querelles. Le roi Ferdinand se hâte, en quelques jours, de conclure la paix avec Laurent de Médicis; une armée internationale de croisés provenant de plusieurs nations européennes se met aussitôt en route vers le cap dOtrante, sous le commandement du duc Alphonse de Calabre, fils du roi de Naples. Cependant, les Turcs ont rapidement reconstruit les fortifications de la ville. Les croisés piétinent tout lhiver, tandis que les musulmans reçoivent par voie maritime des vivres et des munitions en vue dune grande offensive de printemps sur lApulie. Mais le 3 mai 1481, le sultan Mehmet II meurt à limproviste, et la lutte pour le pouvoir entre ses fils Bajazet et Diem détourne de lItalie lattention des Ottomans. Cet événement providentiel permet à Alphonse de Calabre, après un siège de trois mois, dentrer en libérateur dans la ville martyre, le 10 septembre 1481. Le duc sest laissé convaincre déviter un assaut qui provoquerait une grande effusion de sang. Les occupants turcs ont capitulé, moyennant la vie sauve et le droit de se retirer sur quatre vaisseaux; Alphonse les contraint à libérer leurs prisonniers chrétiens quils sapprêtaient à emmener en esclavage.
Résistance salvatrice
À peine arrivés devant Otrante, les croisés ont découvert les corps des huit cents martyrs, intacts bien quils soient restés un an sans sépulture. Alphonse les fait enterrer provisoirement à proximité. Le 13 octobre, une grande partie des reliques est transportée à la cathédrale dOtrante: on peut voir aujourdhui autour de lautel de Marie un ossuaire contenant les reliques de 560 corps; le reste des reliques a été transféré à Naples. Le bilan de la tragédie est lourd: sur les 22000 habitants dOtrante, 12000 sont morts pendant et après le siège; 813 hommes ont été décapités (les martyrs qui viennent dêtre canonisés); la majorité des autres habitants, femmes et enfants, ont été emmenés comme esclaves. Seul un très petit nombre dOtrantais a réussi à échapper au massacre ou à la servitude. Mais les deux semaines de résistance des habitants assiégés et le sacrifice de leurs martyrs ont sauvé lItalie en permettant aux princes chrétiens de se ressaisir et dorganiser lexpédition salvatrice. Les chroniqueurs de lépoque ont pu affirmer à juste titre que la résistance dOtrante a permis le salut de lItalie du Sud et peut-être de Rome elle-même.
Les miracles accomplis par linvocation des martyrs dOtrante dont les noms restent inconnus, sauf celui de Primaldo ou par leurs saintes reliques ont été innombrables jusquà nos jours: aura lumineuse autour des ossements, guérisons subites, protection de la cité dOtrante contre de nouveaux assauts de lIslam ou contre des tremblements de terre... Le 4 août 1980, pour le 500e anniversaire du drame, le bienheureux Jean-Paul II sest rendu à Otrante afin de vénérer ses martyrs. À la jeunesse venue le rencontrer, le Pape a dit: «Vous conservez dans votre cur, comme un précieux héritage, lexemple admirable de ces Otrantais qui, le 14 août 1480, à laube des temps modernes, ont préféré sacrifier leur vie plutôt que de renoncer à la foi chrétienne. Cest une page lumineuse et glorieuse de lhistoire civile et religieuse de lItalie, mais spécialement pour lhistoire de lÉglise en pèlerinage dans ce monde. Celle-ci doit payer, à travers les siècles, son tribut de souffrance et de persécutions pour maintenir intacte et immaculée sa fidélité à son Époux, le Christ, Homme-Dieu, Rédempteur et Libérateur de lHomme... Vous êtes les descendants de cette noble et forte race qui, après avoir défendu courageusement par tous les moyens sa cité bien-aimée, a su aussi défendre, de manière sublime, le trésor de la foi, qui lui a été communiqué par le Baptême... Ces hommes étaient-ils dans lillusion, hors de leur temps? Non, chers jeunes! Ils étaient des hommes authentiques, cohérents. Parmi eux se trouvaient des jeunes qui avaient envie, comme vous, de vivre, dêtre heureux, daimer. Mais ils ont fait, avec lucidité et fermeté, leur choix: le Christ! En face des idéologies contemporaines qui exaltent et proclament lathéisme théorique ou pratique, je vous demande: êtes-vous prêts à répéter les paroles des bienheureux martyrs: Nous choisissons de mourir pour Jésus-Christ, plutôt que de Le renier?... Être disposé à mourir pour le Christ comporte lengagement daccepter avec générosité et cohérence les exigences de la vie chrétienne, cest-à-dire de vivre pour le Christ.»
Le procès diocésain tenu à Otrante en 1539 a permis laudition de dix témoins oculaires du martyre. Ils ont rapporté les détails dont nous disposons, particulièrement en ce qui concerne le rôle essentiel dAntonio Primaldo. Le culte rendu aux huit cents martyrs de temps immémorial a été authentifié officiellement en 1771 par le Saint-Siège, ce qui équivalait à une béatification. En vue de leur canonisation, lauthenticité dun miracle a été reconnue en 2012 par le Pape Benoît XVI: il sagit de la guérison subite et médicalement inexplicable dune moniale italienne, Sur Francesca Levote, atteinte dun cancer avancé et incurable; ce miracle a été obtenu du Seigneur en 1980 par la prière de la malade, moyennant lintercession des martyrs dOtrante.
Le refus des valeurs avariées
Le 24 juin 2013, le Pape François sadressait aux fidèles en ces termes : «En deux mille ans, tant dhommes et de femmes ont sacrifié leur vie pour rester fidèles à Jésus-Christ et à son Évangile. Et aujourdhui, un peu partout dans le monde, il y a tellement de martyrs, encore plus quaux premiers siècles, qui donnent leur vie pour le Christ, qui sont conduits à la mort pour avoir refusé de renier Jésus-Christ. Cest cela notre Église... Mais il y a aussi le martyre quotidien, qui nest pas la mort mais bien la perte de la vie pour le Christ, accomplie par devoir avec amour, selon la logique de Jésus, la logique du don, du sacrifice... des martyrs quotidiens, des martyrs du quotidien! Et il y a tant dautres personnes qui perdent leur vie pour la vérité.» En conclusion, le Pape sadressait aux jeunes: «Nayez pas peur daller à contre-courant quand on veut vous voler votre espérance, quand on vous propose des valeurs qui sont avariées. En avant, soyez courageux et allez à contre-courant.»
Demandons à Dieu, par lintercession des martyrs dOtrante, la grâce dêtre fidèles à Jésus-Christ dans le martyre quotidien, et, si besoin est, jusque dans le martyre du sang. Alors, nous verrons un jour les cieux ouverts et le Christ à la droite du Père.