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13 janvier 2013 Baptême du Seigneur |
1836 Labbé Desgenettes, curé de Notre-Dame-des-Victoires, à Paris, est découragé. Depuis quatre ans, son zèle ne peut venir à bout de lindifférence dune bourgeoisie enlisée dans les intérêts matériels; il songe sérieusement à démissionner. Cette tentation le poursuit jusquau samedi 3 décembre où, célébrant la Messe à lautel de la Sainte Vierge, il est saisi à plusieurs reprises par cette parole intérieure: «Consacre ta paroisse au Très Saint et Immaculé Cur de Marie.» Labbé remet sa paroisse entre les mains de la Vierge Marie, et tout se transforme: son église devient comme le Refuge des pécheurs, au point de voir sa renommée sétendre jusquau bout du monde. Qui est ce prêtre dont le ministère a connu un tel rayonnement?
Nature ardente
Le 10 août 1778, en Alençon (Orne), le magistrat Charles-Guillaume Dufriche-Desgenettes, son épouse et leurs deux filles se réjouissent de la naissance de Charles-Éléonore. Madame Desgenettes sefforce très tôt de transmettre la foi et la piété à son fils. Doué dune vive intelligence et dune mémoire remarquable, le petit Charles doit corriger sa nature ardente, voire batailleuse; il construit de petits oratoires en lhonneur de la Sainte Vierge, où il va régulièrement implorer son pardon pour avoir fait de la peine à sa mère. Sensible, généreux et franc, il possède un tempérament résolu qui le porte parfois à sobstiner. Pour dompter ce bouillant caractère, on décale sa première Communion de six semaines, bien quil soit premier en catéchisme. Il noubliera pas la leçon. À douze ans, il pense déjà au sacerdoce. La famille sest installée successivement à Sées, puis à Dreux. Placé au collège à Chartres, Charles se fait remarquer par ses convictions catholiques; il refuse de se confesser à un prêtre assermenté, cest-à-dire un prêtre ayant prêté le serment schismatique exigé par le gouvernement révolutionnaire. Lexécution de Louis XVI, le 21 janvier 1793, conduit Monsieur Desgenettes à se démettre de ses fonctions. Arrêté, il est emprisonné et dépouillé de tous ses biens; la famille se trouve alors dans lindigence. Pour y remédier, Charles parcourt la campagne; les fermiers rivalisent de générosité en lui offrant des vivres. Il noue des contacts avec des prêtres fidèles à Rome, contraints de se cacher pour éviter la prison, voire léchafaud. Madame Desgenettes sépuise en démarches inutiles auprès des autorités pour obtenir la libération de son mari. Le 4 août 1794, Charles ny tient plus: il se rend au club révolutionnaire de Dreux et obtient de pouvoir prendre la parole. Le plaidoyer de cet adolescent de seize ans obtient non seulement la libération de son père, mais encore celle dune centaine de détenus.
Lépreuve a mûri le jeune homme et la fortifié dans sa vo-cation sacerdotale; pour-tant sa famille, effrayée des souffrances endurées par les prêtres, soppose à son projet. Mais Charles est frappé par la typhoïde. Se voyant en danger de mort, il fait le vu de se consacrer à Dieu dans létat ecclésiastique sil guérit; il sombre alors dans un sommeil réparateur et, le matin suivant, il est en parfaite santé. Devenu un apôtre audacieux, il pourvoit aux besoins de prêtres cachés et commence avec lun deux létude de la théologie. En 1803, à la faveur du récent concordat, il peut enfin entrer au grand séminaire de Sées. Cependant, un souci le taraude: le salut de son père qui a abandonné toute pratique religieuse. Il invite sa mère et sa sur à redoubler de prières pendant un mois pour obtenir sa conversion. Peu après, ils ont la joie dêtre exaucés.
Le 9 juin 1805, en la fête de la Trinité, Charles est ordonné prêtre, puis nommé vicaire de la paroisse Saint-Germain dArgentan, poste délicat en raison de lopposition entre les partisans de lancien évêque constitutionnel (qui avait été installé par le gouvernement révolutionnaire) et les catholiques demeurés fidèles à Rome. Le jeune vicaire, en charge du catéchisme des enfants, donne ses instructions à léglise pour en augmenter la solennité et y attirer tous les paroissiens. Bien vite, il parvient à rétablir lunité des fidèles.
En 1815, Charles songe à rejoindre la Compagnie de Jésus, que le Pape Pie VII vient de rétablir. Il sen ouvre au Père de Clorivière, qui travaille à la restauration des Jésuites en France. Les deux prêtres conviennent de célébrer lun et lautre la Messe du 8 septembre pour obtenir par lintercession de Marie les lumières du Saint-Esprit. Après leur action de grâces, ils se rejoignent. Le verdict du jésuite est sans appel: «Il faut absolument que vous renonciez pour toujours à votre projet; Dieu veut que vous soyez curé, vous ferez ainsi plus de bien. Moi, curé? Oh jamais! Deux fois déjà jai refusé cette charge, réplique labbé qui se voit depuis toujours comme un prédicateur, un confesseur, un éducateur mais surtout pas un curé. Cette année ne sécoulera pas sans que vous ayez reçu votre nomination, répond le jésuite. On vous enverra dans une paroisse où vous aurez beaucoup à souffrir, mais où vous ferez beaucoup de bien. Après quelques années, vous serez envoyé dans une autre cité.»
Une charité persévérante
En 1816, en effet, labbé Desgenettes est nommé curé de la paroisse Saint-Pierre-de-Montsort en Alençon. Le faubourg de Montsort est tristement renommé pour lesprit révolutionnaire et limmoralité de ses habitants. En quatre ans, il transforme sa paroisse, grâce à sa charité persévérante qui vient à bout de nombreux obstacles. Toutefois certains irréductibles obtiennent du ministre des cultes sa révocation. Il sinterroge alors sur sa vocation pastorale, et envisage de se consacrer à dautres uvres. Mais ses vertus de pasteur sont vantées au Docteur Récamier, de Paris, qui sen fait lécho auprès de labbé Desjardin, curé de la paroisse des Missions Étrangères. Celui-ci senthousiasme: il veut Desgenettes comme vicaire. Bientôt, lévêque de Sées accepte de le prêter au clergé parisien, avec lespoir de le récupérer un jour.
Charles Desgenettes arrive à Paris en mars 1819. Dès le mois doctobre, il succède à labbé Desjardin et se retrouve malgré lui curé dune paroisse de Paris qui compte des centaines de pauvres. La catéchèse du dimanche soir leur est réservée; ceux qui y assistent sont assurés de repartir avec des bons de pain et de bois. Labbé ne se contente pas de solliciter les riches, il casse sa propre tirelire pour fonder une nouvelle uvre déducation: la Providence Saint-Charles, que Charles X soutient généreusement. En 1829, le curé accueille un nouveau vicaire, le futur Dom Guéranger, quil aidera dans son projet de restauration de labbaye de Solesmes et de lordre bénédictin en France. En juillet 1830, la révolution éclate. Labbé Desgenettes, dont les uvres sont liées à celles du roi proscrit, devient une cible pour les révolutionnaires; il donne sa démission et prend la route de Fribourg, en Suisse. Mais au printemps de 1832, apprenant que le choléra frappe à Paris, il se décide à revenir. Larchevêque, Mgr de Quélen, le nomme alors curé de Notre-Dame-des-Victoires. Cette église, fondée le 8 décembre 1629 en mémoire des victoires de Louis XIII, en particulier sur le parti protestant à La Rochelle, avait été confiée aux Augustins déchaussés. Un humble religieux très populaire, le Frère Fiacre, est à lorigine du culte rendu à Marie en ce sanctuaire; il avait reçu de Dieu, en novembre 1637, la mission dannoncer la naissance prochaine du dauphin, le futur Louis XIV, et de hâter la consécration officielle de la France à la Sainte Vierge. Il avait obtenu que Marie soit invoquée en ce lieu sous les beaux titres de Mère de Miséricorde et de Refuge des pécheurs.
La grande surprise du curé
Mais depuis, la Révolution a fait son uvre et labbé Desgenettes ne compte que quarante personnes à la grand-Messe dominicale, pour une paroisse de quarante mille âmes! Pendant quatre ans, il traverse un désert. «Cest en vain, dit-il, que le prêtre monte dans la chaire pour y rompre le pain de la Parole: personne pour lécouter. Une poignée de chrétiens, et qui craignent de le paraître, voilà tout le troupeau. Les autres, absorbés par les calculs de lintérêt et du gain, ou noyés dans les excès des voluptés et des passions, ne connaissent ni léglise, ni le pasteur.» À la suite de la locution intérieure reçue lors de la Messe du samedi 3 décembre 1836, il dresse les statuts dune association de prières pour la conversion des pécheurs, et invite les fidèles à venir le dimanche 11 décembre à loffice des Vêpres, pour implorer, par lintercession du Cur de Marie, la conversion des pécheurs. Toute la journée du dimanche, le pauvre curé se fait du souci, espérant quau moins quelques paroissiens viendront. Le soir, à sa grande surprise, cinq cents personnes sont là, dont beaucoup dhommes! Qui les a amenés? Beaucoup avoueront: «On ne savait pas pourquoi on était là.» Lassemblée, passive pendant les Vêpres, participe avec ferveur au Salut du Saint-Sacrement. On chante spontanément trois fois linvocation tirée des litanies de la Sainte Vierge: Refuge des pécheurs, priez pour nous. Ému jusquaux larmes, le curé demande aussitôt à Notre-Dame un signe dapprobation pour lAssociation, une conversion notoire dans sa paroisse, celle de Monsieur Étienne-Louis-Hector de Joly, desprit voltairien, qui fut le dernier garde des Sceaux de Louis XVI. Labbé avait déjà tenté en vain dapprocher ce vieillard aveugle et malade, mais le lundi 12, il est enfin introduit auprès de lui. Après quelques minutes dentretien, cette âme souvre à la grâce: la conversion est instantanée!
Le 16 décembre, lassociation est érigée canoniquement, et le 12 janvier, on ouvre des registres. Avant la fin de lannée, on compte déjà 214 associés. Désormais, labbé Desgenettes comprend sa mission: entraîner les pauvres pécheurs aux pieds de Marie et combattre ainsi luvre de Satan dans les âmes et dans la société. Quant aux associés, ils doivent participer à la Messe le premier samedi du mois et se réunir le dimanche soir pour accomplir les exercices propres à lassociation. Ils «se souviendront, disent les statuts, que cest surtout par la pureté de leur cur quils obtiendront la protection du Cur Très Saint et Immaculé de Marie. Ils sefforceront de la mériter par de bonnes confessions et de fréquentes communions.» Car, précise labbé Desgenettes, «cest avec Jésus-Christ, cest par Jésus-Christ, en employant auprès de Lui la puissance et la médiation du Très Saint Cur de son auguste Mère, que nous demandons la conversion des pécheurs».
«Confier le monde au Cur Immaculé de Marie, disait le bienheureux Jean-Paul II, signifie revenir au pied de la Croix du Fils. Plus encore, cela veut dire confier ce monde au Cur transpercé du Sauveur, le faire remonter à la source même de sa Rédemption. La Rédemption surpasse toujours le péché de lhomme et le péché du monde. La puissance de la Rédemption est infiniment supérieure à toutes les possibilités de mal qui se trouvent dans lhomme et dans le monde. Le Cur de la Mère, plus quaucun autre dans tout lunivers, en est bien conscient. Cest pour cela quil appelle. Il nappelle pas seulement à la conversion, il nous appelle à nous faire aider par elle, la Mère, pour revenir vers la source de la Rédemption» (Fatima, le 13 mai 1982).
Dinnombrables conversions
Dans les débuts, les grâces les plus visibles viennent récompenser la ferveur des associés. Luvre est encore à labri des calomnies et des railleries qui fondront sur elle par la suite. Dans une lettre datée de juin 1837, labbé Desgenettes écrit: «Des conversions innombrables et éclatantes ont eu lieu, et la majeure partie sont des hommes de vingt à trente ans. Ma paroisse était le centre de lindifférentisme et de limpiété. Eh bien! elle ma donné des consolations étonnantes. Jamais je nai tant confessé de ma vie que depuis décembre dernier. Parmi les néophytes, je compte plusieurs athées systématiques, danciens carbonari, des saint-simoniens (sectes révolutionnaires)... Tous vivent aujourdhui chrétiennement, plusieurs mènent une vie angélique.» Le 24 avril 1838, le Pape Grégoire XVI érige lassociation en Archiconfrérie; désormais, elle peut agréger des fidèles et des communautés catholiques dans le monde entier. À la mort de labbé Desgenettes, en 1860, plus de 800000 personnes auront pris leur inscription individuelle à lArchiconfrérie, et quelque 14000 communautés chrétiennes (paroisses, congrégations, écoles...) sy seront enrôlées. En 1845, le curé dArs demande linscription de sa paroisse. À la vérité, labbé Vianney a précédé son confrère en consacrant sa paroisse au Cur Immaculé de Marie dès le 1er mai 1836, sept mois avant labbé Desgenettes. Il nen vient pas moins demander humblement lagrégation de la paroisse dArs à lArchiconfrérie.
Le curé de Notre-Dame-des-Victoires a conscience quun lien rattache son église à la chapelle de la rue du Bac, où la Vierge était apparue, en 1830, à Catherine Labouré, religieuse de la Charité. Marie lui avait demandé de faire frapper la médaille que lon appellera miraculeuse. Labbé Desgenettes y découvre la source doù les grâces se répandent sur sa paroisse. Cest pourquoi, sous son impulsion, lArchiconfrérie devient lun des premiers foyers de diffusion de la Médaille miraculeuse. Labbé voit aussi dans le recours au Cur Immaculé de Marie la suite des révélations de Paray-le-Monial: «Toutes mes grâces, fait-il dire à Notre-Seigneur, vous les avez rendues inutiles. Eh bien ! je vous donne un nouveau gage de mon amour et de ma mansuétude. Allez à ma Mère, confiez à son Cur si compatissant à tous vos maux, le sentiment de vos péchés et de vos remords. Conjurez-la, par la tendresse, par les mérites et la puissance de son Cur; elle intercédera pour vous.» Le 1er janvier 1839 paraît la première édition du Manuel de lArchiconfrérie, dans lequel le fondateur rapporte les grâces les plus notoires. Suivront les Annales qui seront diffusées par de nombreux missionnaires sur les cinq continents. Léloquence de ces écrits le disputera à celle des Pères Lacordaire, Guéranger, dAlzon, Libermann, Ratisbonne, qui viendront prêcher à Notre-Dame-des-Victoires. Parmi les grâces obtenues, la conversion à Rome, en 1842, dAlphonse Ratisbonne, dorigine juive, a un immense retentissement; son frère aîné, Théodore, devenu prêtre en 1830 et membre de lArchiconfrérie en 1839, aide labbé Desgenettes dans son ministère. Ce dernier insiste pour avoir le récit détaillé de la conversion dAlphonse, et il le publie dans les Annales en avril 1842. Désormais, les foules se portent vers Notre-Dame-des-Victoires.
Monsieur Rude-Abord
Tous les matins, après un temps doraison, labbé se rend à léglise de 6 à 9 heures pour confesser, puis il célèbre la Messe, suivie dune longue action de grâces. Dans la journée, il reçoit avec bonté toutes sortes de personnes quil entraîne souvent jusquau confessionnal. Cependant, Monsieur Rude-Abord, comme on lavait surnommé en Alençon, simpatiente quand on le dérange, même par une sainte curiosité: «Cest aux pécheurs, et ils sont nombreux, que mon temps appartient», affirme-t-il. Un jour, la Mère Barat (sainte Sophie Barat, fondatrice des Dames du Sacré-Cur) sattire une vive réplique alors quaccompagnée de ses novices, elle lui déclare: «Nous sommes bien contentes que vous fassiez prier pour la conversion des pauvres pécheurs, car nous sommes toutes pécheresses! Ma Mère, répond-il, jai autre chose à faire que de moccuper de pécheresses de cette espèce-là!» Mais il est lui-même bien conscient de ses fautes. Deux fois par an, à loccasion de sa fête et de son anniversaire dordination, il demande publiquement pardon aux fidèles pour ses manquements à leur égard: «Je nai pas rompu mon caractère quand jétais plus jeune et aujourdhui je suis le jouet de mes impatiences; tous ces défauts dont je gémis devant Dieu et devant vous, me retiendront de longues années dans les flammes du Purgatoire, si Dieu na pitié de ma pauvre âme, si Marie, ma bonne Mère, nintercède pour moi.»
Toutefois, les calomnies dont il est lobjet lui donnent loccasion de faire son Purgatoire dès ici-bas: lArchiconfrérie, en effet, ne lui attire pas que des amis, comme en témoigne le Père Libermann: «Cest un saint et un homme dune grande sagesse. Tout ce quil y a de mauvais prêtres à Paris est déchaîné contre lui; il les laisse dire sans jamais faire la moindre démarche pour se justifier... Pour lArchiconfrérie, la jalousie fait dire que cest pour amasser de largent que ce saint homme a établi cette uvre. Si tous les ecclésiastiques amassaient de largent comme lui, ce serait un grand bonheur pour les pauvres... Il ma montré les lettres qui venaient de toutes parts, et qui annonçaient les miracles opérés par les prières de lArchiconfrérie... Plusieurs de ces miracles sont du premier ordre: des maladies désespérées subitement guéries, des conversions inespérées...» Les 37000 ex-voto du sanctuaire témoignent aujourdhui encore des diverses grâces qui ont bouleversé dinnombrables curs.
Cest le jour de sa fête, le 4 novembre 1858, quil célèbre pour la dernière fois la Messe dans léglise Notre-Dame-des-Victoires. Il a 80 ans et éprouve de grandes difficultés pour se déplacer, aussi célèbre-t-il la Messe dans un oratoire contigu à sa chambre. Durant dix-huit mois encore, il expérimente le dépouillement de la vieillesse. Dans ses derniers jours, il a beaucoup de mal à sexprimer, mais tient à bénir les fidèles le dimanche du Bon Pasteur, 22 avril 1860. Ses derniers mots de prédicateur sont marqués par la simplicité et laudace quil a montrées toute sa vie: «Priez, persévérez et vous triompherez. La dévotion au Saint et Immaculé Cur de Marie est le principe et le centre de toute dévotion.» Il rend son âme à Dieu le 25 avril. Une foule immense vient lui rendre un dernier hommage, avant quil ne soit inhumé dans son église, aux pieds de Celle qui lavait si souvent exaucé. À lannonce de la mort du saint prêtre, le Pape Pie IX est saisi de douleur, lui qui avait confié naguère: «LArchiconfrérie du Saint Cur de Marie est luvre de Dieu, cest une pensée du Ciel qui la produite sur la terre; elle sera la ressource de lÉglise.»
Moins de soixante ans plus tard, Notre-Dame apparaîtra à trois jeunes enfants de Fatima (Portugal) pour recommander elle-même la dévotion à son Cur Immaculé, exhorter à la conversion et au repentir des péchés, à ne plus affliger Notre-Seigneur déjà tant offensé et à réciter le saint Rosaire. «À la lumière de lamour maternel, nous comprenons tout le message de la Dame de Fatima, affirmait le bienheureux Jean-Paul II. Ce qui soppose le plus directement au cheminement de lhomme vers Dieu, cest le péché, lobstination dans le péché et, finalement, la négation de Dieu... Le salut éternel de lhomme se trouve en Dieu seul. Si le refus de Dieu de la part de lhomme devient définitif, il mène logiquement au refus de lhomme de la part de Dieu, à la damnation. Alors que la Mère, avec toute la puissance de lamour quelle nourrit dans lEsprit-Saint, désire le salut de tout homme, peut-elle garder le silence sur ce qui menace les bases mêmes de ce salut? Non, elle ne le peut pas!» (Fatima, le 13 mai 1982).
Tâche de me consoler
Le 13 juin 1917, Notre-Dame a déclaré à Lucie, la plus âgée des enfants qui lont vue à Fatima: « Jésus veut répandre dans le monde la dévotion à mon Cur Immaculé. Je promets le salut à ceux qui embrasseront cette dévotion. Leurs âmes seront aimées de Dieu dun amour de prédilection, comme des fleurs placées par moi devant son trône.» Et le 10 décembre 1925, elle précise: «Vois, ma fille, mon Cur entouré dépines que les hommes ingrats menfoncent à chaque instant, par leurs blasphèmes et leurs ingratitudes. Toi du moins, tâche de me consoler, et annonce de ma part que je promets dassister au moment de la mort avec les grâces nécessaires au salut, tous ceux qui, le premier samedi de cinq mois consécutifs, se confesseront, recevront la sainte communion, réciteront le chapelet, et me tiendront compagnie pendant un quart dheure en méditant les mystères du Rosaire, avec lintention de me faire réparation.»
En cette année de la Foi, demandons à la Sainte Vierge, Elle qui est bienheureuse parce quelle a cru (Lc 1, 45), daccroître dans nos curs cette vertu théologale afin que tous nos actes soient guidés par sa lumière.