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12 juin 2015 Fête du Sacré-Cœur de Jésus |
Interrogé sur la source où il puise tant de profondes connaissances, saint Bonaventure indique du doigt son crucifix : « Voilà le livre qui minstruit. » Un jour où il traite avec lui de théologie, Thomas dAquin aperçoit Jésus en croix au-dessus de la tête de son ami ; des rayons partent des plaies sacrées du Sauveur et viennent aboutir sur les écrits de Bonaventure. Par respect pour le divin Maître, Thomas nose plus argumenter.
Bonaventure, que lon surnommera le docteur séraphique (à cause du lien quil a fait entre théologie et amour contemplatif de Dieu), voit le jour en 1217, ou 1221, à Bagnoregio, petite ville dItalie centrale, située près du lac de Bolsena. Fils de Jean de Fidanza, médecin, et de Maria Ritella, il reçoit au Baptême le même prénom que son père. Au cours de son enfance, Jean tombe gravement malade. Son père tente vainement tous les remèdes ; sa mère veille à son chevet et prie Dieu que lenfant lui soit conservé. Pour obtenir la guérison, elle fait un vu à François dAssise, mort tout récemment, en 1226, mais déjà invoqué par toute lItalie. Jean guérit : « O buona ventura ! » (oh ! lheureux événement !) sécrie la maman. Cette expression devient le surnom de son enfant. Lui, dans son cur, sait quaprès Dieu cest à François quil doit la vie du corps, et cest à François aussi quil demandera de nourrir la vie de son âme, en entrant dans lOrdre franciscain.
« Que faire de ma vie ? »
Paris, alors lumière de lOccident, attire les esprits avides de savoir. Lenseignement théologique y brille dun grand éclat. En 1235, Jean de Fidanza y envoie son fils qui sadonne dabord à létude des arts libéraux (grammaire, rhétorique, logique, arithmétique, géométrie, astronomie et musique). Étudiant sérieux et dune grande piété, il obtient le diplôme de Maître ès arts. Il se pose alors la question cruciale : « Que dois-je faire de ma vie ? » Séduit par le témoignage de ferveur et par lidéal évangélique des Frères mineurs, Jean frappe à la porte du couvent franciscain de Paris, fondé en 1219. En saint François et dans le mouvement quil a suscité, létudiant reconnaît laction de Jésus-Christ. Plus tard, il expliquera les raisons de son choix : « Je confesse devant Dieu, écrira-t-il, que la raison qui ma fait aimer le plus la vie du bienheureux François est quelle ressemble aux débuts et à la croissance de lÉglise. LÉglise commença avec de simples pêcheurs, et senrichit par la suite de docteurs très illustres et sages ; la religion (cest-à-dire la famille religieuse) du bienheureux François na pas été établie par la prudence des hommes mais par le Christ. »
Lors de son pèlerinage à Assise, le 4 octobre 2013, le Pape François se demandait : « Doù part le chemin de François vers le Christ ? Il part du regard de Jésus sur la Croix. Se laisser regarder par Lui au moment où Il donne sa vie pour nous et nous attire à Lui. François fait cette expérience particulièrement dans la petite église de Saint-Damien
Sur ce crucifix, Jésus napparaît pas mort, mais vivant ! Le sang coule des blessures de ses mains, de ses pieds et de son côté, mais ce sang exprime la vie. Jésus na pas les yeux fermés mais ouverts : un regard qui parle au cur. Et le crucifié ne nous parle ni de défaite, ni déchec : paradoxalement, Il nous parle dune mort qui est vie, qui enfante la vie, parce quelle nous parle damour, parce que cest lamour de Dieu incarné, et lamour ne meurt pas, au contraire, il triomphe du mal et de la mort. Celui qui se laisse regarder par Jésus crucifié est recréé, il devient une nouvelle créature. Tout part de là : cest lexpérience de la grâce qui transforme, le fait dêtre aimés sans mérite, alors que nous étions pécheurs (cf. Rm 5, 8-10). »
En 1243, Jean revêt lhabit franciscain et reçoit le nom de Bonaventure. Dès les débuts de sa vie religieuse, il manifeste une profonde humilité, cherchant toujours le dernier rang et les emplois les plus bas. Il est animé dun grand amour pour la sainte Eucharistie ; pourtant, il nose parfois sapprocher du divin Sacrement, tant il est pénétré par la honte de ses imperfections. Un jour que cette disposition le retient, un ange vient lui apporter la Communion pour lencourager à ne pas sen éloigner sous le prétexte dune humilité mal comprise. La charité du jeune Frère est toujours en éveil, en particulier vis-à-vis de ses confrères auxquels il ne refuse jamais un service, même lorsque cela le dérange et lui coûte. On loriente vers des études à la Faculté de théologie de Paris. Là, il rencontre le professeur éminent qui marquera toute sa vie. Depuis 1231, en effet, cette Faculté est dirigée par Alexandre de Halès qui avait quitté le monde alors quil y jouissait de la gloire. Devenu franciscain, il sera jusquà sa mort, en 1245, le maître à penser de ses étudiants, enthousiasmés par son enseignement. Frère Alexandre de Halès perçoit rapidement la valeur morale de son nouveau disciple : « Adam, affirme-t-il, semble navoir pas péché en Frère Bonaventure. » Quant au disciple, il ne tarit pas déloge sur son maître : « Ce docteur irréfragable (impossible à contredire) restera mon père et mon guide. Jamais je ne mécarterai de ses opinions. » Sur ce fond de confiance, Bonaventure prépare un baccalauréat en théologie. Malgré une santé qui restera délicate toute sa vie, il brille par la pénétration de son esprit, son ardeur au travail, et plus encore par une pratique exemplaire des vertus religieuses. Déjà versé dans la poésie et la musique, il se révèle peu à peu profond philosophe et théologien sûr, dons quil met à profit pour se préparer avec ferveur à la réception du sacerdoce. Bachelier en 1248, il reçoit du bienheureux Jean de Parme, Ministre général des Franciscains, la faculté denseigner à Paris. Tout en poursuivant son étude des sciences sacrées, le nouveau professeur dispense des cours magistraux, qui, demblée, attirent de nombreux auditeurs.
Le primat de lamour
Benoît XVI relève, dans les écrits de Bonaventure, la manière dont il aborde la théologie : « Il existe une manière arrogante de faire de la théologie, un orgueil de la raison qui se place au-dessus de la Parole de Dieu. Mais la vraie théologie, le travail rationnel de la véritable et bonne théologie a une autre origine que lorgueil de la raison. Celui qui aime veut toujours connaître mieux et davantage laimé ; la véritable théologie engage la raison et sa recherche non par le motif de lorgueil, mais par celui de lamour de Celui à qui elle a donné son assentiment
Mieux connaître laimé, telle est lintention fondamentale de la théologie. Pour saint Bonaventure, le primat de lamour est donc déterminant » (Audience générale du 17 mars 2010).
De 1248 à 1257, Frère Bonaventure rédige aussi des ouvrages théologiques et assure des prédications. Quil sadresse à de simples fidèles, à des communautés religieuses, au roi ou bien aux clercs, cest avec la même simplicité, clarté, onction, quil prêche la Parole de Dieu. On le proclame premier prédicateur de son temps. Cependant, dans ces années-là, les membres de luniversité de Paris engagent une violente polémique contre les Ordres mendiants (Franciscains et Dominicains). Frère Bonaventure et son émule Frère Thomas dAquin en sont retardés dans leur accession à la maîtrise, grade qui leur est nécessaire pour enseigner à luniversité ; bien que tous deux aient été reçus docteurs dès 1253, luniversité de Paris refuse de les agréger. On va même jusquà mettre en doute lauthenticité de leur vie consacrée. Assurément, la nouveauté introduite par les Ordres mendiants (qui vivent daumônes et non de revenus fixes) dans la manière denvisager la vie religieuse donne lieu à des incompréhensions ; mais lenvie et la jalousie attisent le conflit. Pour répondre à ceux qui contestent la légitimité des Ordres mendiants, Bonaventure compose un écrit intitulé La perfection évangélique. Il y démontre que les Frères mineurs, par leur pratique radicale des vux de pauvreté, de chasteté et dobéissance, suivent les conseils de Jésus Lui-même dans lÉvangile. Le conflit sapaise, au moins un certain temps ; grâce à lintervention personnelle du Pape Alexandre IV, Bonaventure et Thomas dAquin sont reconnus officiellement, en 1257, docteurs et maîtres de luniversité parisienne.
Ministre général
La même année, Jean de Parme, Ministre général des Franciscains depuis dix ans, est accusé par certains Frères de reprendre à son compte les hérésies de Joachim de Flore (1202 ; pour celui-ci, lÉglise devrait renoncer à toute organisation et structure hiérarchique, pour être conduite immédiatement par lEsprit). Conciliateur-né, il convoque un Chapitre général extraordinaire, où il donne sa démission et propose délire en sa place Frère Bonaventure. Le Chapitre se rend à cet avis. Frère Bonaventure apprend la nouvelle à Paris. LOrdre des Frères mineurs, dont il prend la direction avec réticence, sest développé dune manière prodigieuse en moins dun demi-siècle : il compte trente-cinq mille membres, répartis en trente-deux provinces, de la Suède à lÉgypte, du Portugal à la Hongrie, avec des avant-postes missionnaires au Moyen-Orient et jusquà Pékin. Pendant dix-sept ans, Bonaventure exercera cette fonction avec sagesse et dévouement, visitant les provinces, écrivant aux Frères, intervenant parfois avec quelque sévérité pour éliminer les abus. En octobre 1259, désirant simprégner de lesprit de saint François, il se retire sur le mont Alverne où ce dernier a reçu les stigmates en 1224. De cette retraite, naît le plus célèbre des écrits de saint Bonaventure : lItinéraire de lesprit en Dieu, manuel de contemplation mystique.
« Saint Bonaventure, soulignait Benoît XVI, partagea aussi avec saint François dAssise lamour pour la création, la joie pour la beauté de la création de Dieu. Je cite sur ce point une phrase du premier chapitre de lItinéraire : Celui qui ne voit pas les splendeurs innombrables des créatures est aveugle ; celui qui nest pas réveillé par de si nombreuses voix est sourd ; celui qui, pour toutes ces merveilles, ne loue pas Dieu est muet ; celui qui devant tant de signes ne sélève pas au premier principe est stupide (I, 15). Toute la création parle à voix haute de Dieu, du Dieu bon et beau, de son amour. Toute notre vie est donc pour saint Bonaventure un itinéraire, un pèlerinage, une ascension vers Dieu. Mais avec nos seules forces nous ne pouvons pas monter vers les hauteurs de Dieu. Dieu lui-même doit nous aider, doit nous tirer vers le haut. Cest pourquoi la prière est nécessaire. La prière est la mère et lorigine de lélévation, une action qui nous élève, dit Bonaventure » (Audience générale du 17 mars 2010).
Dissiper une équivoque
Frère Bonaventure veut consolider lexpansion de lOrdre et surtout lui conférer, en pleine fidélité au charisme de saint François, unité daction et desprit. En effet, parmi les disciples du Poverello dAssise, se manifeste un très grave malentendu sur le message du fondateur, sur son humble fidélité à lÉvangile et à lÉglise ; et cette équivoque comporte une vision erronée du christianisme dans son ensemble. Un courant de Frères dits spirituels soutient quavec saint François a été inaugurée une phase entièrement nouvelle de lhistoire, et que serait apparu lÉvangile éternel, dont parle lApocalypse (Ap 14, 6), qui remplacerait le Nouveau Testament. Ce groupe affirme que lÉglise aurait désormais accompli son rôle historique, et serait remplacée par une communauté purement charismatique dhommes libres, guidés intérieurement par lEsprit, les spirituels. Frère Bonaventure perçoit immédiatement quavec cette conception spiritualiste, inspirée par les écrits de Joachim de Flore, lOrdre nest pas gouvernable, mais va logiquement vers lanarchie. Pour conjurer ce danger, le Chapitre général tenu à Narbonne en 1260 ratifie un texte dans lequel sont recueillies et unifiées les normes qui réglementent la vie quotidienne des Frères mineurs.
B?onaventure a toutefois lintuition que les dispositions législatives, même inspirées par la sagesse et la modération, ne suffisent pas à assurer la communion des esprits et des curs. Pour cette raison, il entreprend de préciser, en vue de les faire connaître, le charisme authentique de saint François ainsi que les lignes maîtresses de sa vie et de son enseignement. Afin de composer la biographie du saint fondateur, il rassemble tous les documents disponibles et fait appel aux souvenirs de ceux qui lont directement connu. Frère Thomas dAquin, qui vient le visiter un jour où il travaille à cet ouvrage, laperçoit entièrement absorbé dans la contemplation : « Retirons-nous, dit-il, et laissons un saint écrire la vie dun saint. » Cette biographie, intitulée Legenda Maior, offre le portrait le plus fidèle du fondateur et reçoit lapprobation du Chapitre général de Pise (1263). Le mot latin Legenda, à la différence du mot français qui en dérive, nindique pas un fruit de limagination ; il signifie au contraire un texte faisant autorité, qui doit être lu en public.
« Quelle est limage de François qui ressort du cur et de la plume de son pieux fils et successeur, saint Bonaventure ? se demandait Benoît XVI. Le point essentiel : François est un alter Christus (un autre Christ), un homme qui a cherché passionnément le Christ. Dans lamour qui pousse à limitation, il sest conformé entièrement à Lui. Bonaventure indiquait cet idéal vivant à tous les disciples de François. » Et Benoît XVI précisait que laccent spécifique de la théologie de saint Bonaventure « sexplique à partir du charisme franciscain : le Poverello dAssise, au-delà des débats intellectuels de son époque, avait montré à travers toute sa vie le primat de lamour. Il fut une icône vivante et aimante du Christ, et il rendit présente, à son époque, la figure du Seigneur. Il réussit à convaincre ses contemporains non par les mots, mais par sa vie. Dans toutes les uvres de saint Bonaventure, on voit et on trouve cette inspiration franciscaine ; cest-à-dire que lon remarque quil pense en partant de la rencontre avec le Poverello dAssise » (Audiences générales des 3 et 17 mars 2010).
Le grand trésor
Malgré le grand nombre de ses religieux, Bonaventure fait en sorte que tous puissent laborder. Sa charité pour ses Frères na pas de limites. Un Frère convers, Égide, dune simplicité admirable, lui expose son tourment : « Quand je songe aux lumières que des docteurs tels que toi reçoivent du ciel, je minterroge : comment un ignorant tel que moi peut-il faire son salut ? Si Dieu naccordait à un homme dautre talent que la grâce de laimer, répond Bonaventure, cela seul suffirait et serait un grand trésor. Me diras-tu quun illettré peut aimer le Seigneur plus quun grand savant ? Bien sûr, Frère Égide ; non seulement autant mais bien davantage. On voit des vieilles femmes toutes simples qui, sur ce point capital, surpassent les plus grands théologiens. » À ces mots, le Frère, transporté de joie, sort sur le grand chemin et se met à crier : « Venez, hommes simples et sans lettres, venez bonnes femmes, venez tous aimer Notre-Seigneur. Vous pouvez Laimer autant et même plus que le Père Bonaventure et les plus habiles théologiens ! »
L?e 24 novembre 1265, Clément IV nomme Frère Bonaventure archevêque dYork, en Angleterre. Le pays nest pas inconnu à celui-ci ; il sy est déjà rendu en tant que visiteur apostolique. À York cependant, lÉglise est déchirée par des dissensions ; le Pape est, sans doute, heureux de pouvoir envoyer là-bas un homme avisé, de murs irréprochables, ferme et aimable, dont on peut espérer quil se conciliera toutes les parties en présence. Bonaventure, alors à Paris, part immédiatement pour lItalie, malgré lhiver, afin de demander au Pape de ne pas larracher, à ce moment précis, aux tâches de lOrdre. Ses arguments ne restent pas sans effet, mais ce nest que recul déchéance : son activité, la prudence de son gouvernement, son zèle réformateur et les grandes uvres quil opère retiennent lattention sur lui. Réunis à Viterbe pour donner un successeur à Clément IV, les cardinaux narrivent pas, malgré trois ans de discussions, à saccorder, notamment en raison dinterventions politiques. Lavis de Bonaventure est sollicité lorsquil passe dans la ville en 1271. Il donne aux cardinaux une prédication sur leurs devoirs à légard de lÉglise et fait en demi-teinte le portrait du Pape idéal. Grâce à cette lumière, Théobald Visconti, alors légat en Syrie, est élu ; il prend le nom de Grégoire X. Le nouveau Pape presse le Ministre général des franciscains de lui donner quatre Frères pour être ses ambassadeurs en Orient, et y négocier lunion avec les Grecs.
Après avoir présidé un Chapitre de son Ordre à Lyon en 1272, Bonaventure réside de nouveau à Paris où il donne à luniversité une série de conférences intitulées Hexaemeron. Il sagit dune explication allégorique des six jours de la création. Mais le 3 juin 1273, Grégoire X interrompt cette prédication en créant Bonaventure cardinal-évêque dAlbano. Cette fois, lacceptation simpose à lélu ; il se met aussitôt en route pour rejoindre le Pape. De son côté, le Saint-Père a envoyé à sa rencontre des légats chargés de lui apporter le chapeau de cardinal. Ils le rejoignent au couvent de Mugello, près de Florence : Frère Bonaventure, qui lave la vaisselle, les prie dattendre la fin de ce service. Bientôt, le Pape demande au nouveau cardinal de laider à préparer le second concile cuménique de Lyon, qui a pour but le rétablissement de la communion entre lÉglise latine et lÉglise grecque, séparées depuis 1054. Sans se laisser décourager par les échecs de ses prédécesseurs, Grégoire X veut rétablir lunion.
Le second concile de Lyon
Devenu négociateur officiel du Saint-Siège auprès des Grecs, Bonaventure se démet, le 20 mai 1274, de sa charge de Ministre général, et il présente Frère Jérôme dAscoli pour lui succéder. Tout à son rôle, il anime les débats du concile ; le 6 juillet, à la quatrième session, les représentants de lempereur grec Michel Paléologue acceptent de signer une profession de foi qui reconnaît la primauté du Pape, linsertion du Filioque dans le Credo (lEsprit Saint procède du Père et du Fils), lexistence du purgatoire et linstitution des sept sacrements par le Christ. « La Sainte Église romaine, reconnaît-on, possède la primauté et lautorité souveraine et entière sur lÉglise catholique. Elle reconnaît sincèrement et humblement lavoir reçue, avec la plénitude du pouvoir, du Seigneur lui-même, en la personne de Pierre, chef ou tête des Apôtres, dont le Pontife romain est le successeur. Et puisquelle doit, par-dessus tout, défendre la vérité de la foi, les questions qui surgiraient à propos de la foi doivent être définies par son jugement
À elle sont soumises toutes les Églises, dont les prélats lui rendent obéissance et révérence. » Malheureusement, cette union avec les Grecs, réalisée à tant de frais, ne durera pas.
Le lendemain, Bonaventure tombe gravement malade ; il meurt dans la nuit du 13 au 14 juillet 1274. Son corps est enseveli dans léglise de son Ordre à Lyon, en présence du Pape et des Pères conciliaires. Un notaire pontifical anonyme compose cet éloge du défunt : « Un homme bon, affable, pieux et miséricordieux, plein de vertus, aimé de Dieu et des hommes
En effet, Dieu lui avait donné une telle grâce, que tous ceux qui le voyaient étaient envahis par un amour que le cur ne pouvait cacher. »
En 1434, à loccasion de la translation de son corps, sa tête aurait été trouvée dans un parfait état de conservation, ce qui aurait favorisé grandement la cause de sa canonisation. Par la suite, lun de ses bras fut détaché et porté à Bagnoregio, sa ville natale. Cest la seule relique qui subsiste de son corps, son tombeau à Lyon ayant été profané par les huguenots lors du sac de cette ville au xvie siècle. Le 14 avril 1462, Sixte IV, Pape franciscain, a inscrit Bonaventure au catalogue des saints. Sixte Quint, autre franciscain, la élevé au rang de docteur de lÉglise en 1587.
La doctrine de saint Bonaventure est pénétrée dun immense amour du Christ. « La foi, affirmait saint Bonaventure, est dans lesprit dune façon telle quelle provoque laffection. Par exemple, savoir que le Christ est mort pour nous ne demeure pas une connaissance, mais devient nécessairement affection, amour » (Proæmium in Sent., q. 3). Demandons-lui de nous obtenir un esprit docile à la foi et un cur embrasé damour.