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11 juillet 2022

Saint Junipero Serra

Bien chers Amis de l’abbaye Saint-Joseph,

Au cours d’un voyage apostolique en Californie, en 1988, saint Jean-Paul II s’est rendu sur la tombe de Junípero Serra, aujourd’hui honoré comme saint par l’Église. Le Pape précisait ainsi le sens de son pèlerinage : « À des moments cruciaux dans les affaires humaines, Dieu place des hommes en qui il a confiance dans des rôles d’importance décisive pour le développement tant de l’Église que de la société. Nous nous en réjouissons d’autant plus lorsque leurs réalisations s’accompagnent d’une vie sainte et qu’on peut véritablement qualifier d’héroïque. Ainsi en est-il de Junípero Serra, qui, grâce à la Providence divine, est devenu l’Apôtre de la Californie. » Une statue de cet humble prêtre est présente à Washington dans la salle statuaire du Capitole américain.

Junípero Serra est né en 1713 à Petra dans l’île de Majorque (la principale des îles Baléares, Espagne). Il reçoit au baptême le prénom de Miguel José. Ses parents, Antonio Nadal Serra et Margarita Rosa Ferrer, sont des paysans illettrés, mais riches de foi et de vraie charité. Enfant, Miguel salue les passants selon la pieuse formule locale, qu’il propagera en Amérique et qui lui survivra : « Aimez Dieu ! » En raison de sa santé fragile, ses parents estiment qu’il ne pourra être paysan ou tailleur de pierre, les deux professions dominantes dans le village. Décelant en lui des aptitudes intellectuelles, ils lui permettent de fréquenter l’école tenue dans le village par les Franciscains. Le jeune homme y restera une dizaine d’années écolier chez les franciscains.

L’âme compte plus que le corps

À l’âge de seize ans, l’adolescent demande à entrer comme religieux dans cet Ordre et prend le nom de Fra Junípero, en mémoire de l’un des premiers compagnons de saint François d’Assise, dont la personnalité simple et spontanée l’attire. Novice au couvent Saint-François de Palma, il est enchanté par le silence, l’Office divin, les leçons centrées surtout sur la vie du fondateur. En revanche, à son grand regret, sa santé fragile lui vaudra plusieurs dispenses dont celle du lever de nuit (les religieux se levaient au milieu de la nuit pour chanter l’office de matines) ; il s’inquiète quant à son admission définitive. Mais ses supérieurs, pour qui la qualité d’âme compte plus que la vigueur du corps, le reçoivent dans l’Ordre franciscain, où il s’engage définitivement par la profession religieuse le 15 septembre 1731. À partir de ce moment, ses problèmes de santé disparaissent pratiquement, à tel point qu’il pourra, au cours de sa vie de missionnaire, parcourir à pied des distances extraordinaires. À Palma, Frère Junípero accomplit brillamment un triennat d’études philosophiques, puis un autre de théologie. Il est ordonné prêtre en 1737. Ses supérieurs le dirigent vers l’enseignement pour lequel ils l’estiment doué. Il devient professeur de philosophie, et cinq ans plus tard, de théologie, à l’université Lulliana de Palma, fondée par le bienheureux Raymond Lulle (1232-1315), où il est très apprécié. Mais il ne peut se contenter de ce ministère intellectuel et, dans ses temps libres, prêche au peuple dans toute l’île.

Durant sa formation, le jeune religieux a été frappé par la lecture des récits de missionnaires de son Ordre établis en Amérique latine. À l’âge de trente-cinq ans, Fray Junípero répond à un nouvel appel de Dieu, qu’il a patiemment discerné dans son cœur, et obtient de son supérieur la permission de partir comme missionnaire en « Nouvelle Espagne » (le Mexique). Après un séjour de huit mois à Cadix, où il est retenu par des obstacles administratifs et matériels, il s’embarque en 1749 sur un navire en partance pour l’Amérique, avec vingt autres franciscains et dix dominicains. Le voyage dure 90 jours ; les réserves d’eau ont été mal calculées et, les derniers jours, il faudra rationner sévèrement les passagers. « Pour avoir moins soif, je me suis résolu à parler moins », dit Frère Junípero. Son courage et sa régularité sont un encouragement pour tous. Le navire fait escale à Porto Rico, aux Antilles, pour se procurer de l’eau et des provisions. Un petit ermitage sert de refuge aux franciscains, qui organisent une mission pour le temps de l’escale, afin de suppléer au petit nombre de prêtres résidant dans l’île. À son départ, Junípero pourra dire que tous les Portoricains se sont confessés. Le 1er novembre, après un faux départ qui manque de se terminer en naufrage, le navire met les voiles pour le continent. La traversée sera difficile en raison de la surcharge du navire. Le 2 décembre, les passagers aperçoivent la côte mexicaine, mais une tempête violente les en éloigne. Le 4, l’équipage se mutine contre le capitaine et le pilote. Les missionnaires se réunissent pour prier et décident d’honorer spécialement, s’ils sortent vivants de ce péril, le saint dont le nom sera tiré au sort. Ce sera sainte Barbe, martyre du ive siècle, dont la fête tombait précisément ce jour-là. Ils arrivent à Vera Cruz le 9 décembre et célèbrent le lendemain une Messe d’action de grâces en l’honneur de sainte Barbe, à laquelle Junípero dédiera plus tard une mission de Californie, origine de la ville de Santa Barbara.

8000 kilomètres à pied

Alors que ses compagnons font le voyage en chars attelés, fournis pour eux par le gouvernement, le Père Serra décide avec un de ses confrères, pour gagner du temps, de couvrir à pied la distance de 500 km jusqu’à Mexico. En chemin, une piqûre d’insecte provoque l’inflammation de sa jambe, qu’il ne soigne pas ; il en résulte une blessure infectée qui le tourmentera le reste de sa vie. Ils arrivent enfin dans la capitale où, le 1er janvier 1750, ils célèbrent une Messe d’action de grâces au sanctuaire de Notre-Dame-de-Guadalupe, avant de rejoindre le collège missionnaire franciscain de San Fernando. Avant de commencer son apostolat, le Père Junípero Serra demande à ses supérieurs de lui indiquer un directeur de conscience pour lui- même : son premier souci reste son cheminement vers la perfection. Il est bientôt envoyé dans une mission établie dans le massif montagneux de la Sierra Gorda, au nord-ouest de Mexico (aujourd’hui dans l’État de Querétaro), auprès des indiens Pames, encore païens. Ayant appris rapidement la langue indigène non sans l’aide de l’Esprit Saint, il traduit les prières ainsi que le catéchisme ; il prêche en langue indigène et apprend des cantiques aux Indiens. Il s’emploie à améliorer leurs conditions de vie en les initiant à l’agriculture, à l’artisanat et aux échanges commerciaux. Junípero utilisera partout les mêmes méthodes d’observation bienveillante et d’adaptation aux conditions de vie locales. Au cours de ses neuf années en Sierra Gorda, le Père Serra fonde quatre missions (aujourd’hui inscrites au patrimoine culturel de l’humanité par l’UNESCO), parcourt plus de 8000 kilomètres, souvent à pied malgré le handicap de sa blessure à la jambe – il marche toujours avec une canne. Au moment où il est rappelé à Mexico, la plupart des Indiens avec qui il a été en contact sont devenus catholiques ; leur situation économique et leur mode de vie social et individuel se sont améliorés.

En 1767, le roi d’Espagne Charles III décrète l’expulsion des Jésuites de tous les domaines de la couronne, dont ceux du vice-royaume de Nouvelle-Espagne : les ministres et courtisans imbus de l’esprit « philosophique » ont persuadé le souverain que les Jésuites répandaient le bruit qu’il était bâtard. En Amérique espagnole, il faut donc remplacer les Jésuites chassés ; pour cela le gouvernement fait appel aux Franciscains. Le Père Serra est nommé administrateur des missions de Basse-Californie (péninsule située à l’ouest du Mexique). Peu après son arrivée à la mission de Loreto, il apprend que l’Espagne souhaite coloniser la côte de la Haute-Californie, convoitée par les Anglais et les Russes, en établissant des missions et des postes militaires. Se présente alors une occasion dont Fray Junípero rêvait et pour laquelle il priait depuis longtemps : semer la bonne graine de l’Évangile dans une terre encore non labourée. Il se porte immédiatement volontaire « pour ériger la sainte Croix et instaurer son étendard », et est désigné comme chef de la nouvelle mission.

Au début de 1769, Junípero Serra entame son voyage avec entrain, bien que sa jambe infectée le contraigne à cheminer sur une mule. À son arrivée à San Diego (aujourd’hui aux États-Unis, dans le sud de l’État de Californie), il déborde de joie. Tout n’est pas rose, pourtant : en route, une vingtaine de soldats sont morts du scorbut et les provisions sont épuisées. Le Père écrit alors à ses supérieurs : « Faites en sorte que tous ceux qui viennent ici comme missionnaires n’imaginent pas venir pour autre chose que subir des épreuves pour l’amour de Dieu et le salut des âmes. » San Diego sera le lieu de la première mission californienne. Les Indiens de cette région vivaient de manière très primitive : ils ne connaissaient pas l’agriculture, et leur régime alimentaire se limitait à la cueillette de fruits et de racines sauvages, à la chasse et à la pêche. Ils ne portaient pas de vêtements et, pour se protéger du froid en hiver, se couvraient le corps de peaux, de plumes et de boue.

L’urgence d’évangéliser

Pour établir une mission, le Père Junípero procède toujours de la même manière. Après avoir repéré un endroit convenable pourvu en eau, il fait construire, dans l’ordre, une chapelle où le culte est établi, une cabane pour le logement des Frères, puis un fortin (petite construction fortifiée), où l’on pourra se réfugier en cas d’attaque. Puis il accueille cordialement les Indiens qui ne manquent pas de venir par curiosité. Une fois que des liens de confiance suffisants sont établis, il les invite à s’établir à proximité de la mission. Dans ses voyages d’exploration et de fondation, le Père ne manque jamais d’emporter des instruments agricoles et du bétail (en particulier des chevaux) pour en faire profiter les Indiens. Les Franciscains et leurs auxiliaires transmettent également aux Amérindiens les techniques de travail du bois, du fer, de la pierre et du tissage. Les missionnaires ne se limitent pas à faire bénéficier les Indiens des progrès techniques de la civilisation européenne. Leur but ultime est de faire connaître à ces hommes, jusqu’alors prisonniers des superstitions animistes, de la sorcellerie et de nombreux vices, la lumière de l’Évangile et le dessein de salut de Jésus-Christ sur chacun d’eux. Les conversions, les Baptêmes se multiplient.

Dans son encyclique Redemptoris Missio (7 décembre 1990), saint Jean-Paul II a souligné fortement la légitimité de l’évangélisation et le devoir pour l’Église d’être missionnaire : « L’annonce et le témoignage du Christ, quand ils sont faits dans le respect des consciences, ne violent pas la liberté. La foi exige la libre adhésion de l’homme, mais elle doit être proposée parce que les multitudes ont le droit de connaître la richesse du mystère du Christ, dans lequel nous croyons que toute l’humanité peut trouver, avec une plénitude insoupçonnable, tout ce qu’elle cherche à tâtons au sujet de Dieu, de l’homme et de son destin, de la vie et de la mort, de la vérité… C’est pourquoi l’Église garde vivant son élan missionnaire, et même elle veut l’intensifier dans le moment historique qui est le nôtre » (n° 8). « L’Église ne peut se dispenser de proclamer que Jésus est venu révéler le visage de Dieu et mériter, par la Croix et la Résurrection, le salut pour tous les hommes » (n° 10). « Ceux qui font partie de l’Église catholique doivent se considérer comme privilégiés et, de ce fait, d’autant plus engagés à donner un témoignage de foi et de vie chrétienne qui soit un service à l’égard de leurs frères et une réponse due à Dieu, se souvenant que la grandeur de leur condition doit être rapportée non à leurs mérites, mais à une grâce spéciale du Christ ; s’ils n’y correspondent pas par la pensée, la parole et l’action, ce n’est pas le salut qu’elle leur vaudra, mais un plus sévère jugement » (n° 11 – Concile Vatican II, Lumen gentium). Le même Pape, dans l’exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Asia (6 novembre 1999), souligne que « l’évangélisation, comme une prédication joyeuse, patiente et progressive de la mort salvifique et de la Résurrection de Jésus-Christ, doit être une priorité absolue ». En effet, il n’y a pas sous le ciel d’autre nom [que celui de Jésus] donné aux hommes par lequel nous devions être sauvés (discours de saint Pierre, Ac 4, 12).

Toujours en avant !

En 1770, Junípero Serra accompagne une expédition espagnole par voie de terre en Haute-Californie, conduite par Gaspar de Portolá i Rovira. Ce voyage aboutit à la fondation du « presidio » (poste militaire et civil) de Monterey (à 80 km au sud de San Francisco), où le Père Serra établit le 3 juin 1770 la mission Saint-Charles-Borromée. L’année suivante, afin d’éviter des contestations avec le gouverneur du presidio et de trouver de meilleures terres à cultiver, il déplace la mission plus au sud, près de la rivière Carmel. Il y établit son quartier général pour les quatorze ans qui lui resteront à vivre. Entre 1770 et 1782, fidèle à sa devise « Toujours de l’avant ! », il fondera les neuf premières missions de Haute-Californie, malgré l’opposition du gouverneur de Californie, Neves, disciple de Voltaire. En 1794, elles regrouperont 4650 Indiens et 38 franciscains. Douze autres missions franciscaines seront fondées après la mort du Père Serra, jusqu’en 1823. En 1776, au cours d’un autre voyage d’exploration, le Père Palou célèbre la Messe devant une hutte et y fonde, sous l’autorité du Père Serra, la mission Saint-François-d’Assise, origine de la métropole de San Francisco. Une autre mission, Sainte-Marie-des-Anges, portera le nom du sanctuaire d’Assise où est mort saint François. Autour d’elle s’élève aujourd’hui la métropole de Los Angeles.

Junípero et ses confrères entrent parfois en conflit avec les autorités civiles. En août 1770, Pedro Fages, gouverneur du presidio de Monterey, permet certains désordres ; des soldats maltraitent les indigènes et enlèvent des femmes indiennes pour en faire des concubines. Comme le gouverneur dispose du contrôle complet du courrier, Serra décide d’aller lui-même à Mexico, pour faire valoir auprès du vice-roi Bucareli une « Representación » (doléance), exigeant que les Indiens soient traités comme des personnes humaines, et proposant des mesures concrètes en ce sens. Le voyage (3200 km à pied) est compliqué du fait de son caractère clandestin et des difficultés de santé du Père, sexagénaire ; il durera trois ans. La « Representación » du Père Serra, qu’on a parfois qualifiée de « Déclaration des droits des Amérindiens », est acceptée par le pouvoir civil espagnol et sera mise en pratique assez généralement.

Obtenir davantage par la douceur

Le 4 novembre 1775, des Indiens Kumeyaay attaquent la mission de San Diego, en détruisent les bâtiments et tuent le Frère Luis Jaime. Cette exaction entraîne des poursuites de la part du pouvoir civil ; deux ans plus tard, vingt autochtones sont condamnés à mort. Tous ne sont pas des assassins ; le Père Serra écrit sur-le-champ au vice-roi et lui rappelle une précédente requête : « Si des autochtones, qu’ils soient païens ou chrétiens, venaient à me tuer, moi ou d’autres Frères, ils devraient être pardonnés. » Le vice-roi Moncada sait d’expérience que les franciscains obtiennent davantage par la douceur que les soldats par la sévérité ; c’est pourquoi il accède de nouveau à cette supplique : les révoltés échappent à la peine capitale.

Junípero Serra a baptisé en Californie plus de 5000 Indiens. Après avoir reçu du Pape une délégation de pouvoirs très rare à l’époque, il a administré à 6000 autres le sacrement de Confirmation, acte réservé normalement à l’évêque. Sentant sa fin approcher, il part pour une dernière tournée dans ses chères missions. « Ma vie est en Californie, écrit-il, et si Dieu le veut, c’est ici que j’espère mourir. » Rentré épuisé à Monterey le 20 août 1784, il n’en continue pas moins à prier, chanter et danser avec les indigènes. Un médecin qui l’examine le lendemain l’avertit que son état de santé est grave et qu’il doit se soigner. Mais les traitements administrés au malade ne produisent aucun effet. Dans la nuit du 27 au 28, le Père demande à recevoir les derniers sacrements. Il récite avec les missionnaires présents les psaumes pénitentiaux et les litanies des saints ; il essaie parfois de s’agenouiller sur son prie-Dieu. Puis il reçoit l’absolution avec indulgence plénière. Au matin, le Père Palou le trouve couché, une expression de grande sérénité au visage, tenant le grand crucifix qu’il transportait avec lui depuis son arrivée au Nouveau Monde : le Père Junípero Serra a rendu son âme à Dieu, pratiquement sans agonie. Immédiatement la nouvelle de sa mort se répand et le peuple afflue. Le corps est religieusement transporté à l’église. Les laïcs obtiennent que celle-ci reste ouverte toute la nuit pour qu’ils puissent le veiller. Le lendemain sont célébrées les obsèques solennelles. 6000 Indiens sont venus malgré la brièveté du temps écoulé depuis le décès ; la petite garnison locale et l’équipage d’un navire espagnol en rade seraient totalement impuissants si quelque désordre survenait ; mais tout se passe calmement et dans une grande ferveur. On monte la garde pour éviter le vol des reliques par des fidèles indiscrets. Aujourd’hui encore, les reliques de saint Junípero peuvent être vénérées à Monterey-Carmel, dans la basilique de cette mission qu’il a lui-même fondée.

En avance sur son temps

Bien que saint Junípero ait été célébré depuis plus de deux siècles par des personnalités américaines tant religieuses que séculières, sa mémoire a été mise en cause depuis quelques décennies par des mouvements révolutionnaires américains ; ce franciscain que le Pape François a appelé « l’un des pères fondateurs des États-Unis » (en 1848, ce pays a arraché la Haute-Californie au Mexique), est accusé d’avoir promu le colonialisme et réduit en esclavage les Amérindiens. Cette agitation a abouti au déboulonnage sauvage des statues du saint à Los Angeles et San Francisco par des émeutiers en juin 2020. En réplique à ces actes absurdes, les évêques de Californie ont déclaré le 22 juin : « La vérité historique est que Junípero Serra a maintes fois insisté auprès des autorités espagnoles pour que les communautés amérindiennes soient mieux traitées. Junípero Serra n’était pas simplement un homme de son époque. En travaillant avec les Amérindiens, il était un homme en avance sur son temps, qui a fait d’immenses sacrifices pour défendre et servir la population autochtone et œuvrer contre une oppression qui va bien au-delà de l’ère des missions. » De son côté, Mgr José H. Gómez, archevêque de Los Angeles et président de la Conférence épiscopale américaine, confie : « Je crois que le frère Junípero est un saint pour notre époque, le fondateur spirituel de Los Angeles, un défenseur des droits de l’homme et le premier saint hispanique de ce pays. Saint Junípero n’est pas venu pour conquérir ; il est venu pour être un frère. “Nous sommes tous venus ici et y sommes restés avec pour seuls buts le bien-être des Indiens et leur salut”, a-t-il écrit de lui et de ses frères. »

Junípero Serra a été canonisé le 23 septembre 2015 par le Pape François à Washington D.C. (États-Unis). Il s’agit d’une “canonisation équipollente” : en raison de la vénération populaire avérée pour le Saint, la constatation d’un miracle n’est pas nécessaire. « Le Frère Junípero Serra, dit le Pape dans son homélie, a su vivre ce qu’est “l’Église en sortie”, cette Église qui sait sortir et aller par les chemins, pour partager la tendresse réconciliatrice de Dieu. Il a su quitter sa terre, ses coutumes, il a eu le courage d’ouvrir des chemins, il a su aller à la rencontre de tant de personnes en apprenant à respecter leurs coutumes et leurs particularités. Il a appris à porter la vie de Dieu et à l’accompagner dans les visages de ceux qu’il rencontrait en faisant d’eux ses frères. Junípero a cherché à défendre la dignité de la communauté autochtone, en la protégeant de ceux qui avaient abusé d’elle. »

Sainte Thérèse de Lisieux, à la fin de sa courte vie terrestre, confiait un jour à une Sœur affligée de la voir, malade, se déplacer avec tant de difficulté dans son couvent : « Je marche pour un missionnaire ! » Comme elle, chacun de nous peut participer à la mission, soit directement, soit indirectement en offrant à Dieu prières, sacrifices et souffrances pour que, selon la demande de Jésus-Christ, l’Évangile soit annoncé en toute assurance, jusqu’aux extrémités de la terre (cf. Ac 1, 8).

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