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24 juin 2021

Bienheureux Benoît Daswa

Bien chers Amis de l’abbaye Saint-Joseph,

Dans un État qui garantit la liberté de religion et où environ 80 % de la population se dit chrétienne, peut-il arriver qu’une personne soit tuée à cause de sa foi en Jésus-Christ ? Il y a peu d’années, pourtant, en Afrique du Sud, Benoît Daswa, un catholique fervent, s’est heurté, jusqu’à y laisser la vie, au mode de penser de ses concitoyens, pour qui les désastres atmosphériques ainsi que les maladies et la mort sont attribués non au jeu des causes naturelles, mais à la présence d’esprits mauvais manipulés par des êtres humains. Ce père de famille a été béatifié le 13 septembre 2015. « La béatification de Benoît, soulignait le cardinal Angelo Amato, est une bénédiction pour toute l’Église, pour l’Afrique du Sud, pour l’Afrique entière. Son nom Tshimangadzo signifie “miracle” et il était une vraie merveille de Dieu. Le Saint-Esprit a transformé ce jeune Sud-Africain en un véritable héros de l’Évangile, semblable aux premiers martyrs de l’Église qui ont courageusement défendu la foi, priant et pardonnant à leurs ennemis. »

Benoît Daswa est né le 16 juin 1946, dans le petit village de Mbahe, dans la province du Transvaal. La région a été évangélisée d’abord par des missionnaires protestants, puis par des catholiques, surtout irlandais. Le registre d’état civil mentionne ainsi l’enfant : Tshimangadzo Samuel Daswa Bakali. Samuel, est un nom chrétien requis par l’administration anglaise, Daswa, le nom de la famille et Bakali, celui du clan Lemba. Après lui, ses parents, Petrus et Ida, donneront le jour à quatre autres enfants. La famille pratique la religion traditionnelle animiste, qui attribue une âme à tous les phénomènes naturels, pratique le culte des ancêtres, et parfois le spiritisme. Les parents sont cultivateurs et éleveurs, mais le père exerce aussi les métiers du bâtiment et du bois, ce qui lui permet d’augmenter les maigres revenus de la ferme. Notre père, rapporte une des filles, « nous montrait que nous devions travailler dur à la maison, et travailler pour notre subsistance. En même temps, il nous inculquait que nous devions nous aimer les uns les autres et même aimer les enfants qui n’étaient pas de la famille. » Benoît est un fils toujours respectueux et obéissant. « Son père l’aimait particulièrement », affirmera Mme Daswa.

Cœur du foyer, la mère de Benoît est généreuse et aimante. Elle aide aux travaux des champs, sait confectionner de la bière et vend des vêtements d’occasion pour apporter un peu d’argent au foyer. Après sa conversion au catholicisme, à la suite de son fils, elle se montrera très fervente dans sa foi ; c’est une femme simple, humble, qui a toujours le désir d’aider les personnes en difficulté. Lorsque ses enfants se plaignent de n’avoir pas assez à manger, elle répond : « Le peu que nous avons, nous devons le partager avec ceux qui sont dans le besoin. » Le frère de Benoît résume ainsi l’esprit de la famille : « Que tous soient les bienvenus ! Et si nous n’avons pas assez de lits, nous sortirons des nôtres pour les céder aux hôtes et dormir par terre : c’est une caractéristique de notre culture. Si nous n’avons pas assez de nourriture, ce que nous avons ira aux hôtes, et nous mangerons ce qui restera. Dans notre culture, les hôtes mangent en premier. »

Un refus clair et net

Avant sa scolarité, Benoît garde les troupeaux, et son père l’initie à la culture des fruits et légumes, mettant à sa disposition un petit terrain à côté du potager familial. En 1957, l’enfant commence sa scolarité dans une école primaire. De 1962 à 1965, il étudie dans une autre école, gérée par l’Armée du Salut, puis achève son cursus scolaire dans une école supérieure en 1968. Après une formation spécifique, il recevra le diplôme d’instituteur en 1970. Pendant ces années de scolarité, il est soutenu par son oncle, Franck Gundula, qui travaille à Johannesburg. Au contact d’un ami catholique, l’écolier entrevoit la beauté et la vérité de la foi. Un catéchiste qui rassemble un groupe de catéchumènes chaque dimanche sous un figuier, lui en enseigne les rudiments. Après deux ans d’instruction, le jeune homme est baptisé le 21 avril 1963 par le Père Augustin O’Brien. Il prend le nom de Benoît car il apprécie beaucoup la vie du patriarche des moines d’Occident, dont il adopte la devise : “Ora et labora” (prie et travaille) ; trois mois plus tard, le 21 juillet, il reçoit la Confirmation. Benoît s’adresse alors au Père Patrick (‘Paddy’) O’Connor qui devient son guide spirituel. « Il vint à la mission, rapporte ce dernier, en quête d’un travail ; n’ayant rien à lui offrir, nous lui avons proposé une aide financière pour achever ses études. Il refusa et nous dit qu’il irait à Sibasa voir s’il n’y trouverait pas un emploi. » Là, il s’embauche pour faire le ménage dans un hôpital. Mais un jour, lui ayant demandé quelle est sa religion, son employeur lui signifie que s’il veut garder son travail il doit quitter l’Église catholique et adhérer à sa propre religion. Benoît oppose un refus immédiat et sans ambiguïté. « Il revint à la mission, continue le Père Patrick, et cette fois il accepta de l’argent. Je lui dis que s’il voulait plus tard nous rembourser, ce serait bien. Il l’a fait, et bien au-delà. »

La fidélité de Benoît à ses engagements chrétiens, sous l’effet de la grâce de l’Esprit Saint, constitue un exemple de cet héroïsme chrétien que décrira saint Jean-Paul II : il existe « un témoignage cohérent que tous les chrétiens doivent être prêts à rendre chaque jour, même au prix de souffrances et de durs sacrifices. En effet, face aux nombreuses difficultés que la fidélité à l’ordre moral peut faire affronter même dans les circonstances les plus ordinaires, le chrétien est appelé, avec la grâce de Dieu implorée dans la prière, à un engagement parfois héroïque, soutenu par la vertu de force, par laquelle – ainsi que l’enseigne saint Grégoire le Grand – il peut aller jusqu’à aimer les difficultés de ce monde en vue des récompenses éternelles » (Encyclique Veritatis splendor, 6 août 1993, n° 93). Si quelqu’un veut marcher derrière moi, disait Jésus, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix, et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi et pour l’Évangile la sauvera (Mc 8, 34-35).

La joie dans le travail

Devenu enseignant, Benoît considère sa tâche comme une véritable vocation : « Il se tourna vers ce métier, affirmera sa sœur, parce qu’il aimait les enfants et voulait les préparer à devenir des personnes responsables. » Il enseigne d’abord dans une école primaire. En 1973, il obtient un diplôme supérieur en étudiant par correspondance. Il forme les enfants aux bonnes manières, au respect mutuel, à celui des lois, des anciens, mais aussi de la vérité. Particulièrement sensible à la détresse des enfants de milieux très pauvres, il leur permet de travailler dans son jardin potager et les rémunère afin qu’ils puissent acheter livres et uniformes scolaires, ou simplement continuer leurs études. Convaincu qu’il faut habituer les enfants à travailler et à ne pas dépendre des distributions gratuites, il leur dit : « Si vous faites quelque chose sans y être obligés, vous y prendrez plaisir. »

« La personne qui travaille, écrit le Pape François, quelle que soit sa tâche, collabore avec Dieu lui-même et devient un peu créatrice du monde qui nous entoure. La crise de notre époque, qui est une crise économique, sociale, culturelle et spirituelle, peut représenter pour tous un appel à redécouvrir la valeur, l’importance et la nécessité du travail pour donner naissance à une nouvelle “normalité” dont personne n’est exclu. Le travail de saint Joseph nous rappelle que Dieu lui-même fait homme n’a pas dédaigné de travailler » (Lettre apostolique Patris Corde, 8 décembre 2020, n° 6).

D’abord, une prière

Modeste, Benoît ne veut pas que ses bienfaits soient connus : il procure discrètement une aide financière aux parents d’enfants qui en ont vraiment besoin. Il visite les familles dont les enfants ne veulent plus fréquenter l’école. « Les enfants sont la lumière de demain, affirme-t-il. Nous devons tout faire pour qu’ils reçoivent une bonne éducation. » Devenu directeur de l’école de Nweli en 1978, il fait construire cinq classes supplémentaires, introduit la coutume des uniformes scolaires, inaugure un potager et des repas scolaires, promeut toutes les formes de sport, des cours de musique et de chant à l’école et dans le village. Pour les garçons, il monte une équipe de football, mais s’en éloigne lorsque des joueurs veulent recourir à des substances dopantes, et en constitue une autre. Il refuse aussi le port d’amulettes destinées à garantir la victoire. À l’école, c’est un directeur exigeant, qui attend une conduite professionnelle et morale impeccable tant des élèves que des professeurs. Un groupe solidaire se constitue avec ces derniers : dans les difficultés, on peut compter sur lui et sur les autres pour trouver de l’aide. Benoît insiste sur la ponctualité, surtout de la part des instituteurs : « Si nous voulons obtenir de la discipline des enfants, nous devons être disciplinés nous-mêmes, honnêtes dans le travail et ne pas quitter l’école en avance sur l’horaire. » Un jour, un professeur enfreint cette consigne : Benoît le rejoint en voiture et le ramène à l’école afin qu’il prépare correctement les cours du lendemain, puis, le reconduit lui-même à sa destination. Devenu membre de l’Union des Professeurs du Transvaal, il est élu secrétaire de la branche locale. Il commence les réunions de l’Union par une prière, quitte à la faire tout seul si personne n’y est disposé, et ne rougit pas de se conduire en public conformément à la foi ; sans l’étaler, ni chercher à l’imposer aux autres, il ne la cache pas.

Après la mort de son père, Benoît, en tant qu’aîné, subvient par son travail aux besoins de sa famille, permettant ainsi à plusieurs des siens de faire des études. Dans son village, on le respecte pour son honnêteté et son intégrité. En 1974, il épouse Shadi Éveline Monyai (décédée en 2008) ; le couple aura huit enfants. Défiant les coutumes ancestrales, il s’expose à la dérision en allant personnellement chercher de l’eau à la rivière, en lavant les langes des enfants, et en aidant sa femme pour les travaux ménagers ; il invite d’ailleurs ses garçons à en faire autant. L’égale dignité des deux époux ne reste pas, pour lui, théorique. « Les hommes, dit-il, ne doivent pas attendre de leurs femmes toutes sortes de services personnels quand elles ont déjà assez à faire avec leurs travaux domestiques. » Son comportement est si insolite que certains vont jusqu’à prétendre qu’il est ensorcelé. Pour sa famille, il construit lui-même une maison en briques. Ses relations avec ses enfants sont très cordiales. Son aîné, alors en cours d’études secondaires, se souvient de leur dernier entretien avant sa mort : « Il m’amena en voiture à l’école Saint-Brendan, et nous avons eu une longue conversation. Puis nous avons prié ensemble et nous nous sommes embrassés. » Benoît étend aussi sa sollicitude aux cousins et neveux.

Une responsabilité personnelle

La foi en Jésus-Christ est, pour Benoît Daswa, la source à laquelle doit s’alimenter la vie de la famille pour qu’elle devienne une vraie “église domestique” (cf. CEC, n° 1656). « Il nous enseignait le Rosaire, la lecture de la Bible et comment suivre la Messe, rapportera une de ses filles. Il nous encourageait à participer aux activités de la paroisse pour les jeunes, et nous priions en famille. » La belle-sœur de Benoît se souvient : « Ce que j’ai vu des relations entre les membres de sa famille était exemplaire. Les enfants étaient éduqués à ne pas manger avant le bénédicité, et à dire les grâces après le repas, à prier le matin en se levant et le soir au coucher. » Un catéchiste qui eut le privilège d’être reçu chez les Daswa raconte : « Avant d’aller se coucher, la famille se rassembla. Le père lut un passage de la Bible ; puis tous chantèrent, et nous avons récité l’acte de contrition, le Pater et l’Ave. Benoît et Éveline ont transmis la foi à leurs enfants, c’était pour eux une responsabilité dont ils ne voulaient se décharger sur personne. » Plus largement, Benoît organise des réunions de partage et d’amitié. À Noël, tous se réunissent et chacun reçoit un petit cadeau. Ils prennent leur repas à tour de rôle chez les uns et les autres.

« Les parents sont les principaux et premiers éducateurs de leurs enfants… C’est au sein de la famille que les parents sont, par la parole et par l’exemple, pour leurs enfants, les premiers hérauts de la foi, au service de la vocation propre de chacun et tout spécialement de la vocation sacrée » (CEC, nos 1653 et 1656).

Toute la vie de Benoît, aussi bien privée que publique, est sous l’influence de sa relation au Christ. De nombreuses personnes sont impressionnées en voyant monsieur le directeur aider sa femme à la maison, ou travailler au jardin comme un ouvrier ordinaire. Promu à un poste de direction, un collègue vient le consulter. « Commençons par une prière », lui demande Benoît qui ouvre sa Bible, lit quelques versets puis demande à Dieu de les guider pendant cette rencontre. « Sois humble ! dit-il ensuite. Un directeur d’école doit être humble, avec son personnel, avec ses élèves, avec les parents. » Revêtez-vous d’humilité dans vos rapports les uns avec les autres, demandait saint Pierre aux premiers chrétiens (1 P 5, 5).

Benoît s’investit aussi dans la mission de catéchiste. Sœur Angela, coordinatrice des catéchismes dans la paroisse, est très impressionnée par la sainteté de sa vie : « J’irai jusqu’à dire que tout en lui était chrétien… Il ne parlait pas beaucoup de sa foi, mais la vivait profondément et silencieusement. » La vie spirituelle de Benoît est nourrie par la prière et la réception fréquente des sacrements. Il lui arrive de diriger la réunion dominicale en l’absence de prêtre ; il appartient, de plus, à un petit groupe de chrétiens qui se réunissent, parfois chez lui, pour prier le chapelet et partager la Parole de Dieu. À ses yeux, la propagation de l’Évangile passe par des paroisses solides et vivantes. Lorsqu’on institue un conseil paroissial, il en est élu président, et invite ceux qui en ont les moyens, en particulier les enseignants rémunérés par l’État, à contribuer à l’entretien des prêtres et des catéchistes. Il participe à la construction de l’église de Nweli, dédiée à l’Assomption de Marie, patronne de l’Afrique du Sud. Pour cela, il lui arrive de transporter des pierres et d’autres matériaux dans sa voiture personnelle. Grâce à son influence, des jeunes de la région acceptent de participer à ce travail. On lui reprochera d’ailleurs d’avoir donné la priorité à cet édifice sur la construction de sa propre maison. Des activités caritatives occupent ses temps libres : visites de malades et de pauvres, mais aussi de catholiques qui ont abandonné la pratique religieuse. Sa charité ne se limite d’ailleurs pas aux chrétiens. Lorsqu’on le sollicite pour intervenir dans des querelles de ménage, il commence par réunir sa propre famille et demande des prières pour le couple en difficulté. « Dans certains cas graves, témoignera sa fille, il nous a même invités à jeûner. » Souvent son influence parvient à rétablir la paix.

Un rejet compromettant

Portant un vif intérêt à la vie sociale, Benoît est le secrétaire du conseil traditionnel du village. Le chef local apprécie ses avis et lui manifeste son estime. Le mode de vie de Benoît, qui ne cache jamais sa foi, lui vaut toutefois de nombreux ennemis qui le condamneront pour avoir tourné le dos aux traditions animistes et embrassé la foi chrétienne, identifiée à la mentalité occidentale. Son clair rejet de la sorcellerie lui attire des inimitiés dans le conseil du village ; des personnes jalouses de ses succès les attribuent à la sorcellerie, même la fécondité de son potager… Dans les années qui précèdent la mort de Benoît, on remarque d’ailleurs une recrudescence de crimes liés à la superstition, surtout dans la région du nord-est de l’Afrique du Sud.

« Toutes les pratiques de magie ou de sorcellerie, par lesquelles on prétend domestiquer les puissances occultes pour les mettre à son service et obtenir un pouvoir surnaturel sur le prochain – fût-ce pour lui procurer la santé –, sont gravement contraires à la vertu de religion, affirme le Catéchisme. Ces pratiques sont plus condamnables encore quand elles s’accompagnent d’une intention de nuire à autrui ou qu’elles recourent à l’intervention des démons. Le port des amulettes est lui aussi répréhensible. Le spiritisme implique souvent des pratiques divinatoires ou magiques. Aussi l’Église avertit-elle les fidèles de s’en garder. Le recours aux médecines dites traditionnelles ne légitime ni l’invocation des puissances mauvaises, ni l’exploitation de la crédulité d’autrui » (CEC, n° 2117).

Quelques centimes d’euro

Entre novembre 1989 et janvier 1990, la foudre frappe et incendie plusieurs maisons du village de Benoît. Les “sages” affirment que ce n’est pas naturel, et qu’il y a là de la sorcellerie. Certains orientent les soupçons vers l’instituteur chrétien. Pour s’en assurer, le conseil du village décide de faire appel à un sorcier réputé, et chaque chef de famille est invité à participer au paiement de ses honoraires. Benoît refuse de payer la somme demandée, 5 rands, soit moins de 50 centimes d’euro. Il essaie d’expliquer au chef et à ses conseillers que la foudre et les tempêtes sont des phénomènes naturels, que la recherche de coupables conduirait sûrement au meurtre d’innocents, et qu’en raison de sa foi en Jésus, il ne peut accepter cette décision. On insinue alors que ce refus constitue un indice de sa culpabilité. Conscient du danger, Benoît demande à ses amis de prier pour lui ; le dimanche qui précède son meurtre, il passe un temps particulièrement long à l’église à prier avec sa Bible. Le 25 janvier 1990, au cours d’un orage d’une rare violence, plusieurs huttes au toit de chaume sont frappées. Le 28, le chef convoque un conseil où la question de la foudre est discutée, avant l’arrivée de Benoît. Il est décidé de récolter la somme nécessaire pour aller consulter le sorcier. Mis au courant, le directeur de l’école réitère son refus de contribuer à cela.

Le 2 février, fête de la Présentation de Jésus au Temple, Benoît conduit en voiture sa belle-sœur avec son bébé malade chez le médecin. Au retour, un jeune homme, chargé d’un gros sac de produits végétaux, lui demande de le ramener chez lui. Après l’avoir déposé à son domicile, Benoît se dirige vers son propre village, à la nuit tombante, mais un tronc d’arbre et de grosses pierres lui barrent la route. Il descend de voiture et se trouve en présence de jeunes gens qui lui lancent des pierres. Blessé et ensanglanté, il tente de se réfugier dans une maison, mais doit en sortir lorsque ses assaillants menacent d’y mettre le feu. Il demande alors en vain à être épargné, mais obtient qu’on lui laisse un moment pour prier. Alors qu’il est à genoux, un jeune homme lui assène un fort coup de massue qui lui brise la tête. Un autre verse sur lui de l’eau bouillante. Ainsi meurt à quarante-cinq ans ce laïc exemplaire.

Lors de la béatification de Benoît Daswa en l’église de Nweli, à la construction de laquelle il avait contribué, Mgr Rodrigues, évêque du diocèse de Tzaneen, remarquait : « Benoît a vécu dans un esprit de liberté fondé sur la liberté de Jésus-Christ. La foi l’a libéré de la peur de la sorcellerie, des mauvais esprits et des forces obscures. En vérité, sa vie et sa mort témoignent que la sorcellerie et toute forme de divination n’ont aucun sens et sont un fardeau qui asservit l’esprit humain souvent conditionné par la peur et l’ignorance. » La liberté est en l’homme une force de croissance et de maturation dans la vérité et la bonté. Le choix de la désobéissance et du mal est un abus de la liberté et conduit à l’esclavage du péché (cf. Rm 6, 17). La liberté atteint sa perfection quand elle est ordonnée à Dieu, notre béatitude. Jésus-Christ est venu nous indiquer le chemin de la vraie liberté. Il importe d’en rendre témoignage par notre fidélité à l’Évangile : « La fidélité des baptisés est une condition primordiale pour l’annonce de l’Évangile et pour la mission de l’Église dans le monde. Pour manifester devant les hommes sa force de vérité et de rayonnement, le message du salut doit être authentifié par le témoignage de vie des chrétiens » (CEC, n° 2044). Que le bienheureux Benoît Daswa nous obtienne la grâce de témoigner du Christ par toute notre vie, afin qu’en toutes choses Dieu soit glorifié !

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