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16 avril 2021

Saint Joseph Vaz

Bien chers Amis de l’abbaye Saint-Joseph,

Le Père Joseph Vaz, affirmait saint Jean-Paul II le 21 janvier 1995, était un grand missionnaire prêtre, faisant partie de cette ligne quasi infinie d’ardents hérauts de l’Évangile, qui, à toutes les époques, ont quitté leur pays pour apporter la lumière de la foi à des peuples qui n’étaient pas le leur… Le Père Vaz a été un digne héritier de saint François-Xavier ; il était aussi un vrai fils de Goa (Inde) où il est né, ville remarquable par ses profondes traditions chrétiennes et missionnaires. Le Père Vaz est un fils de l’Asie qui devint missionnaire en Asie. L’Église aujourd’hui a besoin de tels hommes et femmes en provenance de tous les continents » (Homélie de la Messe de béatification).

Troisième de six enfants, Joseph est né le 21 avril 1651 à Benaulim, dans la province de Goa en Inde, alors possession portugaise. Ses parents sont des catholiques fervents, l’un et l’autre d’origine brahme, la caste la plus élevée. L’enfant est baptisé sous le nom de Joseph le huitième jour après sa naissance. Lors de sa scolarité, il apprend le portugais puis le latin. Il surprend les siens par son esprit de mortification, en particulier dans la nourriture. S’il entend un pauvre demander l’aumône à l’heure du repas, il s’empresse de lui donner sa part, en essayant de cacher ce geste à ses parents. Il s’isole volontiers pour prier et, très tôt, manifeste le désir de devenir prêtre. Ravi de cette vocation précoce, son père l’envoie au collège Saint-Paul des Jésuites, à Goa, puis à l’Académie Saint-Thomas-d’Aquin des Dominicains, pour étudier, comme séminariste, la philosophie et la théologie. Il reçoit de ses examinateurs les meilleures appréciations. L’archevêque de Goa l’ordonne prêtre en 1676. Peu après, Joseph prend l’habitude de marcher nu-pieds et de vivre comme les pauvres. Profondément pénétré de la doctrine de saint Louis-Marie Grignion de Montfort, il se consacre en 1677 comme “esclave de Marie”.

Une mystérieuse lumière

L’abbé Vaz souhaite partir en mission dans l’île de Ceylan (aujourd’hui Sri Lanka), mais ses supérieurs, jugeant la situation dans l’île trop difficile et même périlleuse, l’envoient à Canara, dans le sud-est de l’Inde, où sévit un conflit entre le “Padroado” (l’administration portugaise) et les autorités ecclésiastiques nommées par Rome. Joseph reçoit du Padroado son ordre de mission ; il succède à un prêtre qui n’a pas accepté la présence d’un vicaire apostolique, Mgr Thomas de Castro, nommé en 1675 par le Pape Clément X. Il en était résulté une division entre partisans de l’évêque et partisans des autorités portugaises. Mais bientôt, un nouveau Pape, Innocent XI, confirme Mgr de Castro dans sa charge. Joseph reconnaît son autorité, tout en évitant d’entrer en conflit avec le Padroado portugais. Mgr de Castro lui donne les pouvoirs nécessaires pour exercer son apostolat. Durant quatre ans, l’abbé Vaz se dépense pour raviver la foi, préparer aux sacrements et reconstruire des églises. Il fonde de petites écoles, érige de nombreuses confraternités, qui rassemblent les catholiques en des lieux où il n’y a ni missionnaire fixe ni église, et se met au service de ceux qui sont considérés comme les derniers de la société. Les chrétiens étant fort dispersés, le missionnaire s’impose de longs déplacements pour les visister : partout, il instruit, met fin aux discordes, administre les sacrements, enseigne comment baptiser. Les soins qu’il prodigue aux païens malades provoquent de nombreuses conversions. Toutefois, à l’occasion de ce fructueux labeur, Joseph reçoit beaucoup d’injures. Un jour, une bande de païens le roue de coups ; mais lui garde le silence. De leur côté, les hindouistes s’émeuvent de la trop grande activité du missionnaire et de l’ampleur de ses résultats. Ils l’attirent dans un lieu désert sous prétexte d’assister un moribond. Devinant leur intention, le Père se met à genoux pour prier. Une vive lumière apparaît alors et de l’eau jaillit tout autour de lui pour le protéger. Effrayés, les agresseurs s’enfuient. Un sanctuaire a été érigé, depuis, en ce lieu.

De retour à Goa en 1684, le Père se joint à un groupe de prêtres qui ont décidé d’instaurer une forme de vie commune. Le 25 septembre 1685, il les organise selon l’esprit de l’Oratoire de saint Philippe Néri, constituant ainsi la première communauté religieuse indigène du diocèse. L’Oratoire, fondé à Rome par saint Philippe Néri au XVIe siècle est une société de prêtres séculiers, qui, sans être liés par des vœux, vivent en commun dans le but de travailler à leur sanctification et à celle du prochain par la prédication et l’enseignement. Le Père Vaz est élu premier supérieur, et il prêche non seulement par sa parole, mais aussi par toute sa manière d’être. Il parle souvent et avec beaucoup d’émotion de la Passion et de l’enfer.

« Dieu donne son Fils unique, expliquera saint Jean-Paul II, afin que l’homme ne périsse pas, et la signification de ce “ne périsse pas” est soigneusement précisée par les mots qui suivent : mais ait la vie éternelle (Jn 3, 16). L’homme périt quand il perd la vie éternelle. » Il ne s’agit pas « d’une souffrance quelconque, mais de la souffrance définitive : le fait d’être rejeté par Dieu, la damnation. Le Fils unique a été donné à l’humanité pour protéger l’homme avant tout contre ce mal définitif » (Encyclique Salvifici doloris, 11 février 1984, n° 14).

Touchés par la prédication du Père, de nombreux païens se convertissent et réforment leurs mœurs. Mais bientôt, celui-ci se démet de sa charge de supérieur et obtient la permission de partir pour l’île de Ceylan où les catholiques sont alors complètement abandonnés, dans un pays bouddhiste. En 1658, les Hollandais, partisans de l’Église réformée hollandaise, qui craignaient que les catholiques ne soutiennent les Portugais, avaient commencé à les persécuter, et interdit la pratique de la foi catholique. Cent vingt missionnaires catholiques avaient dû quitter Ceylan. Le désir d’aller sauver l’Église de Ceylan brûle dans le cœur du Père Vaz.

La réponse la plus complète

L’Église catholique « existe pour proclamer que la réponse la plus complète aux questions de la vie se trouve en Jésus-Christ, le Verbe de Dieu incarné. Il est la Parole éternelle du Père et le Nouvel Adam. Par lui tout a été fait et en lui tout le monde trouve cette lumière qui est la vie du monde. Le Christ, en révélant le mystère du Père et de son Amour, révèle pleinement l’homme à lui-même et rend claire sa sublime vocation. Pour cette raison, l’Église ne cesse de proclamer que Jésus-Christ est le chemin, la vérité et la vie (Jn 14, 6), celui en qui se trouve la plénitude de la vie religieuse et en qui Dieu a tout réconcilié avec lui-même. Le Père Joseph Vaz est venu sur cette terre de Ceylan pour proclamer ce même message. Il a prêché le nom du Christ par obéissance à la vérité, et par désir de partager avec les autres le chemin qui mène à la Vie éternelle » (Jean-Paul II, 21 janvier 1995).

En 1687, accompagné d’un chrétien, Jean, et déguisé en mendiant, Joseph parvient à Jaffna. Un chapelet au cou, il mendie et entre en contact avec les catholiques. Ceux-ci, craignant que sa présence ne finisse par être découverte, décident son transfert dans une bourgade voisine, où ils sont nombreux et vaillants. Ce village a échappé à la surveillance des Hollandais. Le Père réconforte ces chrétiens et reste deux ans auprès d’eux, visitant aussi les villages voisins, la nuit, sous escorte. Toutefois, le commandant néerlandais de Jaffna remarque un renouveau de la vie catholique dans son district, et repère la présence du prêtre. Trois cents chrétiens sont emprisonnés, mais Joseph Vaz réussit à s’échapper et à se rendre à Puttalam, dans le domaine du roi de Kandy, à l’intérieur de Ceylan, où les Hollandais n’ont presque pas pénétré. Pendant un an, il y accomplit son travail missionnaire avec succès. Il chemine de village en village, prêchant, administrant les sacrements, reconstruisant les églises et instituant des catéchistes. Après dix-huit mois, un commerçant lui obtient l’autorisation du roi pour se rendre dans la capitale, Kandy. Là, un Français violemment anti catholique le dénonce comme espion portugais, et le roi le fait emprisonner avec Jean. Joseph, qui avait déjà étudié le tamoul, profite de son incarcération pour apprendre la langue locale, le cinghalais. Bientôt, le comportement inoffensif de Joseph et de Jean porte le roi à adoucir leur sort ; ils restent toutefois sous surveillance. Le Père aménage un petit oratoire et, la nuit de Noël, y célèbre la Messe pour la première fois à Kandy. Peu à peu, les catholiques obtiennent du roi la permission d’assister à la Messe et de lui demander les sacrements. Puis le souverain autorise le missionnaire à quitter le lieu de sa résidence, à condition de ne jamais traverser la rivière qui entoure la ville. Le Père cependant brave l’interdiction lorsqu’on l’appelle pour assister un malade. Les agents du gouvernement ne le dénoncent pas, car ils le considèrent comme un saint homme.

Icône vivante

Saint Joseph Vaz, « fut avant tout un prêtre exemplaire, affirmait le Pape François… Il nous apprend à sortir vers les périphéries, pour que Jésus-Christ soit connu et aimé partout. Il est aussi un exemple de souffrance patiente pour la cause de l’Évangile, d’obéissance aux supérieurs, de soin affectueux pour l’Église de Dieu. Comme nous, il a vécu à un moment de rapides et profondes transformations ; les catholiques étaient une minorité, souvent divisée de l’intérieur ; au-dehors il y avait une hostilité occasionnelle, et même la persécution. Malgré cela, parce qu’il fut constamment uni par la prière au Seigneur crucifié, il a été capable de devenir pour tous une icône vivante de l’amour miséricordieux et réconciliateur de Dieu » (Homélie de la canonisation, 14 janvier 2015).

En 1696, une sécheresse prolongée sévit à Kandy. Le roi demande aux chefs bouddhistes d’accomplir leurs cérémonies pour obtenir la pluie, mais en vain. Il envoie alors quelques courtisans catholiques demander au Père de prier à la même intention. Celui-ci installe un autel sur la place publique, y met une croix, s’agenouille et prie Dieu de glorifier son Nom en envoyant de la pluie. Avant qu’il ne se relève, la pluie commence à tomber abondamment. Reconnaissant, le roi accorde au missionnaire une grande liberté et des privilèges que nul autre n’avait obtenus. De nombreuses conversions s’ensuivent. Joseph envoie alors son fidèle Jean à Goa pour exposer le besoin urgent d’un renfort en prêtres, puis il visite les villages catholiques des royaumes voisins dépendants de Kandy. Mais son zèle le pousse à pénétrer dans la partie de l’île qui est sous domination néerlandaise ; discrêtement, il se rend à Colombo, capitale des Hollandais. Là, il ramène à la vraie foi plusieurs protestants et réconcilie des ennemis jurés. Informé de sa présence, le gouverneur de la ville ordonne son arrestation immédiate, mais le Père réussit à partir, et il se rend dans plusieurs villages où se trouvent des catholiques ; il s’efforce, non sans mal, de rétablir parmi eux les bonnes mœurs, puis retourne à Kandy. Trois missionnaires de l’Oratoire de Goa venus le rejoindre lui apprennent que l’évêque l’a nommé vicaire général pour Ceylan. Il accepte la charge et se met en devoir de mieux organiser la mission.

Dévouement désintéressé

À Kandy sévit alors une violente épidémie de variole. Les premiers malades ont été portés hors de la ville et abandonnés. Joseph et les siens partent à leur recherche, les installent dans des cabanes et les soignent avec diligence. Le nombre croissant des malades pousse le roi et sa cour à quitter la ville ; un exode général s’ensuit. Le Père Vaz se rend de maison en maison pour s’occuper des abandonnés, ou pour les transporter dans des bâtiments qu’il loue près de l’église. À la nouvelle d’une telle générosité, de nombreux malades affluent, sachant que les missionnaires prennent soin de chacun, quelle que soit sa race et sa religion. Cet exemple encourage puissamment les chrétiens à pratiquer leur foi ouvertement. Beaucoup de conversions ont lieu. Au plus fort de l’épidémie, on compte dix à douze morts par jour à Jaffna. Les prêtres creusent eux-mêmes les tombes. Le fléau dure douze mois, mais les Pères ne succombent pas à tant de fatigues. Des païens et des chrétiens apostats tentent malgré tout de les calomnier auprès du roi, sous le prétexte qu’ils agissent par ambition humaine ; mais le souverain, très bien informé sur leur dévouement désintéressé, déclare publiquement que sans eux les rues de la ville auraient été obstruées par les cadavres.

Accompagné par d’autres prêtres, le Père Vaz annonce ensuite l’Évangile dans l’île. Il rentre à Kandy en 1699 en compagnie du Père Joseph de Carvalho, expulsé d’une autre région par des moines bouddhistes. Il achève la construction d’une nouvelle église et se met au service du roi pour traduire certains écrits du portugais au cinghalais. En 1705, d’autres prêtres l’ayant rejoint, il organise la mission en huit districts. Il publie des ouvrages de piété dans la langue du pays, et défend les droits des catholiques là où dominent les protestants ou les bouddhistes. En 1703, le Pape Clément XI songe à le nommer évêque et vicaire apostolique de Ceylan : préférant demeurer simple missionnaire, le Père décline l’offre. Il repart alors en mission itinérante en commençant par la ville hollandaise de Hanwella, où se trouve une chrétienté solide composée de Portugais et de convertis locaux. Il passe à Colombo puis se rend à Gurubevel. La police locale le repère et tente de l’arrêter dans la maison où il se trouve : les policiers dévisagent toutes les personnes présentes sans le reconnaître. Il visite encore d’autres chrétientés avant de rentrer à Kandy où l’attend un jeune noble du royaume désireux d’être instruit dans la foi. Grâce à son labeur, la côte ouest de Ceylan, où se trouve pourtant une forte présence de protestants néerlandais, devient la partie la plus catholique de l’île.

Aller plus loin

«Saint Joseph Vaz nous donne un exemple de zèle missionnaire. Bien qu’il soit venu à Ceylan pour être prêtre au service de la communauté catholique, dans sa charité évangélique, il est allé à tous. Laissant derrière lui sa maison, sa famille, le confort de ses lieux familiers, il a répondu à l’appel d’aller au-delà, de parler du Christ partout où il serait conduit. Saint Joseph Vaz savait comment offrir la vérité et la beauté de l’Évangile dans un contexte multi-religieux, avec respect, dévouement, persévérance et humilité. C’est encore la voie pour les disciples de Jésus aujourd’hui. Nous sommes appelés à aller plus loin avec le même zèle, avec le même courage que saint Joseph, mais aussi avec sa sensibilité, avec son respect des autres, avec son désir de partager avec eux cette parole de grâce qui a le pouvoir de les édifier. Nous sommes appelés à être disciples-missionnaires » (Pape François, ibid.).

Mais en l’absence du Père, se forme à Kandy une puissante conjuration contre lui. L’hôpital qu’il a bâti pendant l’épidémie est détruit. Les prêtres des idoles se plaignent du préjudice que leur occasionne l’accroissement constant de l’Église. On insinue au roi que le recul du culte de Bouddha met sa souveraineté en péril. Trop attaché à sa tranquillité personnelle, le roi fait expulser le Père Carvalho. Immédiatement les ennemis de la foi commencent à persécuter les chrétiens. À la nouvelle de ces événements, le Père Vaz se met aussitôt en route pour la capitale, malgré les avis contraires de beaucoup. Avant de se rendre chez le roi, il célèbre la Messe et met les chrétiens en prière. Le médecin du roi, païen d’une grande droiture, fort influent sur le souverain, lui propose alors ses services comme intermédiaire. En moins d’une heure, ce médecin convainc le roi de l’innocence des missionnaires et obtient pour eux des permissions encore plus étendues qu’auparavant.

La première année de sa présence à Kandy, le Père avait converti le fils de l’économe général du royaume, et lui avait conseillé de ne pas publier sa conversion pendant un certain temps, de peur d’occasionner des troubles sociaux. Le jeune seigneur, qui n’avait pas encore reçu le Baptême, partit vivre dans une ville lointaine et, n’y trouvant pas de soutien, sombra dans le libertinage. Il se lia avec une femme idolâtre et en eut des enfants. Mais Dieu parla à cet homme dans un songe, et il revint sans réserve à la foi. Rentré à Kandy, il se présenta comme catéchumène à un prêtre qui ne le connaissait pas. Ce prêtre l’avertit qu’il fallait se séparer de sa compagne. Il accepta ; toutefois, avant de la renvoyer, il voulut la catéchiser, elle et ses parents. Il obtint ainsi la conversion de quarante personnes que le Père baptisa. Puis le jeune homme et la femme se marièrent. Furieux, les païens prétendirent que les baptêmes avaient été faits avec du sang de vache, l’animal sacré des hindouistes, mêlé à de l’eau. Abusé, le roi prit de sévères sanctions ; mais quand il eut reconnu qu’il s’agissait d’une nouvelle calomnie, toutes les peines furent levées.

Marcher sur les eaux

Le Père Vaz se rend à Puttalam pour accueillir deux nouveaux missionnaires envoyés de Goa. Arrivé devant une rivière en crue, sur les rives de laquelle plusieurs commerçants attendent la baisse des eaux pour traverser, le Père se met en prière puis, le bâton à la main, s’engage dans les eaux rapides, invitant ses compagnons à le suivre ; les marchands regardent la scène, moqueurs. Le prêtre s’arrête au milieu de la rivière sans incident et prie ses compagnons de passer sans crainte jusqu’à l’autre rive. Tous traversent alors. Près de Batticaloa, village sous domination néerlandaise qu’il visite en 1710, le Père est capturé par des païens, attaché à un arbre et battu. Ce mauvais traitement ne l’empêchera pas de visiter le village une seconde fois. Lorsqu’il quitte un lieu pour un autre, il célèbre la Messe avant l’aube, puis récite l’office des morts. Si une croix a été érigée dans le village, il la vénère puis se met en route. Sa dévotion impressionne ceux qui en sont témoins, chrétiens ou païens. Autant que possible, il se fait accompagner dans ses déplacements, par prudence, et emporte toujours une réserve de riz pour en donner aux pauvres qu’il rencontre.

À la mort du roi Vimaldharna Surya II, en 1707, son successeur, Vira Narendra Sinha, se révèle encore plus favorable aux missions catholiques. Malgré sa santé déficiente, le Père fait un nouveau voyage missionnaire en 1710. À son retour, il est terrassé par des fièvres tropicales ; il se remet partiellement, tout en demeurant très faible. Il vit désormais retiré, mais visite encore quelques malades en s’appuyant sur une canne ; à l’église, il prêche assis sur une chaise. Au retour de la visite d’un moribond, la voiture qui le transporte verse et le Père, blessé, perd connaissance un moment. Il continue cependant, en puisant son courage dans la contemplation de la Passion de Notre-Seigneur. Malgré son état de faiblesse et ses vives douleurs, il suit la retraite de huit jours que prescrivent les règles de l’Oratoire. Son état s’aggravant, il reçoit les derniers sacrements avec une profonde dévotion. À la demande de ses confrères, il prononce en cinghalais cette sentence, en guise de testament : « Vous pourrez très difficilement faire à la mort ce que vous n’aurez pas fait pendant la vie. » Il répond distinctement aux prières des agonisants, puis invoque le Saint Nom de Jésus ; une grande joie se répand sur son visage et il expire paisiblement, le 16 janvier 1711, à l’âge de cinquante-neuf ans. Le Père laisse en héritage 70 000 catholiques, 15 églises et 400 chapelles. Son exemple et ses méthodes de travail apostolique ont fait de lui une source d’inspiration permanente pour les prêtres au Sri Lanka.

« Le bienheureux Joseph doit vous inspirer d’être des témoins infatigables et remplis de l’esprit de l’Évangile dans vos familles et dans vos communautés. Le Baptême vous a régénérés à la ressemblance du Christ, et vous avez reçu la mission de proclamer prophétiquement Sa présence dans le monde. Dans la Confirmation, vous avez été fortifiés par le Saint-Esprit et envoyés pour professer votre foi en paroles et en actes… Comme Joseph Vaz, qui a librement partagé la vérité qu’il avait reçue, quiconque a reçu le don de la foi est appelé à partager ce don avec les autres. » Ces paroles de saint Jean-Paul II aux chrétiens du Sri Lanka nous exhortent tous à témoigner de la vérité de la foi, en paroles et en actes.

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