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9 mars 2021

Bienheureux Ivan Merz

Bien chers Amis de l’abbaye Saint-Joseph,

« Très chers frères et sœurs, que le juste, inondé par la lumière divine, devienne à son tour la flamme qui resplendit et qui réchauffe ! disait saint Jean-Paul II, le 22 juin 2003. C’est ce que nous enseigne aujourd’hui la figure du nouveau bienheureux Ivan Merz. Jeune homme brillant, il sut multiplier les riches talents naturels dont il était doté et il obtint de nombreux succès humains : sa vie peut être qualifiée de vie bien réussie. Mais la raison pour laquelle il est aujourd’hui inscrit dans l’album des bienheureux n’est pas celle-ci. Ce qui l’introduit dans le chœur des bienheureux est son succès devant Dieu. La grande aspiration de toute sa vie, en effet, a été celle de “ne jamais oublier Dieu, de toujours désirer s’unir à Lui”. Dans chacune de ses activités, il rechercha l’aspect sublime de la connaissance du Christ Jésus, et il se laissa conquérir par Lui (cf. Ph 3, 8-12). »

Ivan Merz est né le 16 décembre 1896 à Banja Luka, ville de Bosnie alors sous contrôle de l’Autriche-Hongrie. Fils unique, Ivan est entouré d’un grand amour dès sa plus tendre enfance, et il reçoit une éducation bourgeoise correcte. Il passe son baccalauréat en 1914. Un professeur, modèle de laïc catholique, le docteur Ljubomir Marakovic, l’oriente vers les valeurs morales et religieuses à travers la littérature et l’art. Ivan écrira de lui : « Un laïc catholique m’a sauvé pour l’éternité ! » Ivan lit beaucoup, apprend le français et l’anglais (il connaîtra une dizaine de langues), étudie le piano et le violon ; il est également doué pour le dessin. Sportif, il joue au tennis, fait de la bicyclette, de la gymnastique, du patinage sur glace ; il aime aussi les parties d’échecs.

À l’âge de dix-sept ans, Ivan inaugure un journal intime où il décrit ses états d’âme. Au début de ce journal, il s’exclame : « Vive l’art ! » Le 2 mars 1914, il note : « En physique, nous avons parlé de la vitesse de la lumière… Mon Dieu, qu’il est grand l’univers : tout brille, tout bouge avec une précision parfaite, tout est grand, immensément grand… Mais tout cet univers, ce qui est visible ou invisible, ce qui est audible ou inaudible, qui en est le maître… ? C’est Lui ! » Et, le 26 avril, il poursuit : « Plus je connais le catholicisme, plus je m’aperçois à quel point il est inépuisable. » Mais sa vie spirituelle passe par des ombres : « Je suis terriblement assailli par les tentations, écrit-il le 30 août, mais la prière me relève. »

Après le baccalauréat, Ivan part à l’académie militaire de Vienne, car ses parents veulent qu’il soit officier comme son père. Lui, toutefois, n’a aucun goût pour la carrière militaire, et il ne reste que trois mois à l’académie, où il découvre la misère morale d’un grand nombre. « Quand j’entends parler grossièrement, note-t-il le 19 décembre, quand de vilaines images veulent aussi pénétrer mon âme, je regarde toujours immuablement l’image de la Madone avec l’Enfant, belle et majestueuse expression, centre de tout ce qui est sublime. »

« Aut catholicus aut nihil ! »

Au début de l’année 1915, Ivan commence des études à Vienne. Pour faire plaisir à sa mère, il s’inscrit en droit, mais en même temps il prend des cours de littérature. Il continue à lire beaucoup, va au théâtre, à des concerts, à des opéras. Les tentations l’accablent, mais il recherche intensément l’ultime vérité. Le 17 mai, il écrit : « Ma vie est un grand point d’interrogation. De jour en jour ma foi enfantine se perd. Ce discernement d’antan entre le bien et le mal me manque… Dieu existe, je crois fermement, même dans les plus durs instants de tentation et de doute, qu’il est l’unique, l’éternel, le grand Dieu. Puisqu’il existe, déjà il s’ensuit que notre vie a forcément un but… Cependant, il ne suffit pas de croire. Notre foi doit être un système, un indicateur dans la vie, pour que nous n’agissions pas contre les principes de justice et d’éternité… Et moi je dis : “Aut catholicus aut nihil” (soit catholique, soit rien). De ce point de vue, il n’y a jamais eu l’ombre d’un doute en moi. Je sais et je sens que le catholicisme est la seule religion authentique. »

En attendant son départ pour l’armée, où il est appelé (l’Europe est alors en guerre), il réside chez ses parents. À la lumière de la foi, il entrevoit les réponses à de nombreuses questions. Lors de la fête de l’Immaculée Conception, le 8 décembre, il fait vœu de chasteté jusqu’au mariage. Et le 23 janvier 1916, il écrit : « Je voudrais être humble ! Extrêmement humble ! Je voudrais détruire tout cet orgueil naturel, et humblement aspirer à la vérité, simplement à cause de cette seule vérité… » Le 28, il continue : « Je me rends compte que je suis très loin de quelque perfection que ce soit… Cela me fait très mal. Alors je me réfère à mes faits et gestes, et je m’aperçois que je suis chrétien par la parole mais non par les actes. Le christianisme n’a pas pénétré dans mon sang… Je devrais prier Dieu plus longuement pour ne pas perdre ce lien mystique avec Lui. » Il note pourtant, le 24 février : « J’aime beaucoup le silence et la paix, je peux réfléchir, je peux penser au mystère de l’Eucharistie, m’enfermer dans un étonnement immobile, je peux prier longuement… C’est bien mieux dans la solitude. Rien n’est meilleur que de se retirer dans une petite église sombre et, doucement, réciter le chapelet au scintillement de la veilleuse, aux derniers rayons du soleil et s’émerveiller, s’émerveiller éternellement de l’Eucharistie, cet éclat, cette grandeur, cet Amour infini… »

Le plus grand produit de l’art

En février 1916, Ivan part pour l’armée et, après avoir suivi des cours d’officier, il est envoyé sur le front italien. Devant la souffrance et la mort qu’il côtoie chaque jour, il perçoit que la religion chrétienne est la seule valeur qui puisse vaincre le mal. Il note, le 9 avril 1918 : « Nous ne sommes que provisoirement sur cette terre… un instant et nous ne sommes plus, et cette vie n’a de sens que dans la préparation de l’autre… Être un catholique pratiquant doit être mon but. » À la fin de la guerre, Ivan reprend ses études à Vienne. Membre actif d’un groupe d’étudiants catholiques croates, il affirme, lors d’une réunion : « La base de notre vie doit être notre renaissance en Jésus-Christ, le reste suit ici-bas. » Après avoir pris part à des exercices spirituels, il commence à s’intéresser à la liturgie. « Du Mercredi des Cendres à aujourd’hui, écrit-il le 5 avril 1920, j’étais à Saint-Gabriel à côté de Mödling. Ce furent mes plus belles Pâques… La liturgie est le plus grand produit de l’art qui existe au monde, et en plus c’est l’art central, car elle montre artistiquement la vie du Christ, qui est le centre de l’histoire… »

Entre-temps, ses parents se sont installés à Zagreb. Grâce à un Père jésuite, Ivan obtient une bourse de la France et, à l’automne 1920, il se rend à Paris. Durant deux ans, il y continue ses études littéraires à la Sorbonne et à l’Institut catholique. Il s’intéresse à la vie catholique française, s’engage dans les Conférences de Saint-Vincent-de-Paul et fréquente la chapelle bénédictine de la rue Monsieur. Le 4 novembre 1921, il écrit : « Chez les Bénédictines j’ai assisté à la prise d’habit d’une novice. La liturgie est splendide… La Sœur meurt pour le monde, elle devient une corde de crin (violon) qui va éternellement chanter la gloire divine… Il est bon d’oublier le monde entier et de concentrer toutes ses forces pour Jésus. »

Durant ses études à Paris, Ivan se rend en pèlerinage à Lourdes. Dès lors, la Bienheureuse Vierge Marie tient une place primordiale dans sa vie. Il découvre l’idéal de la femme parfaitement réalisé en Marie. « Oui, c’est à Lourdes, écrira-t-il à son ami, l’ingénieur Marosevic, que j’ai appris ce qu’est le chapelet, et celui-ci est dès lors devenu mon deuxième meilleur ami (le premier étant l’Eucharistie). » Il écrira à une jeune fille : « Quand vous trouverez la vie dure et que des malheurs s’abattront sur vous, prenez le chapelet de la Vierge ; elle vous consolera et vous donnera la force de tout supporter avec calme, dans un abandon total à la volonté de Dieu. » Après son retour à Zagreb, Ivan devient un ardent propagateur de la piété envers Notre-Dame de Lourdes, par des articles et des cours accompagnés de diapositives.

Autour du Seigneur

Une correspondance soutenue s’échange entre Ivan et sa mère, qui n’apprécie pas l’intensité de sa vie religieuse ; le jeune homme attire son attention sur la brièveté de la vie, qui n’est qu’une préparation à l’éternité. Dans une de ses lettres, il écrit : « Tu sais que l’université de Vienne, puis la guerre, les études, et enfin Lourdes m’ont totalement persuadé de la vérité de la foi catholique, et que pour ces raisons ma vie entière tourne autour du Seigneur Jésus-Christ. » Ivan retourne à Zagreb durant l’été 1922. Dès l’automne, il obtient un poste de professeur de langues française et allemande au lycée de l’archevêché. L’année suivante, il soutient avec succès, à l’Université de Zagreb, une thèse de philosophie qui analyse l’influence de la liturgie sur les écrivains français. Ivan s’applique à l’approfondissement intellectuel des vérités de la foi. Il est le premier laïc (en Croatie) à étudier systématiquement la philosophie et la théologie catholique, ainsi que les encycliques et les déclarations importantes des Papes. Il se constitue une bibliothèque qui comptera environ 1200 ouvrages.

Ivan écrit de nombreux articles sur la liturgie, donne des cours de liturgie, forme les jeunes afin qu’ils comprennent bien l’action du prêtre à l’autel et s’unissent à sa prière. « La liturgie, écrit-il, est la prière officielle de l’Église, la prière officielle de la fiancée du Christ, un dialogue entre la fiancée et le Fiancé divin… C’est sur le fondement de la liturgie que toute âme s’éduque. On peut dire que la liturgie est une pédagogie au sens propre du terme, car, grâce à elle, un croyant peut vivre toutes les phases de la vie éternelle du Christ » (dans la revue “Le renouveau de l’âme selon la liturgie”).

« La liturgie occupe une place d’importance capitale dans la vie de l’Église, affirmait saint Jean-Paul II… Il est vital de comprendre que la liturgie est avant tout le culte de la divine majesté… Le véritable esprit chrétien que les fidèles tirent de la liturgie assure de diverses manières l’édification de l’Église. Grâce à l’acquisition par ses membres de cet esprit chrétien, l’Église devient de plus en plus une communauté d’adoration et de prière, consciente de la nécessité de toujours prier sans jamais se lasser (Lc 18, 1). Cette caractéristique de la prière constante, qui convient au Corps du Christ, se manifeste dans la prière officielle de la liturgie » (3 décembre 1983). Dans la liturgie, l’Église « exerce le culte public qui est dû à Dieu. Ce culte constitue le sommet vers lequel tend l’action de l’Église, et en même temps la source d’où provient sa force de vie » (Compendium du Catéchisme de l’Église catholique, nos 218-219). « C’est de la liturgie, et principalement de l’Eucharistie, comme d’une source, que la grâce découle en nous et qu’on obtient avec le maximum d’efficacité cette sanctification des hommes dans le Christ, et cette glorification de Dieu, que recherchent, comme leur fin, toutes les autres œuvres de l’Église » (Vatican II, Constitution Sacrosanctum concilium, n° 10).

Jour gagné ou jour perdu

Ivan accueille sans discussion la foi de l’Église en la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie. « La Communion est source de la vie ! », note-t-il dans son journal. Le cœur de sa prière est la Messe quotidienne et la Sainte Communion. Chaque jour, il fait oraison durant trois quarts d’heure. « La vie spirituelle, explique-t-il, est une méditation des choses divines, une participation à la vie intérieure de Dieu… Sans la vie spirituelle, je cesserais d’exister. » Il fait chaque année une retraite ; dans son missel se trouve une feuille de papier avec quelques résolutions : « Comme pénitence, faire plus parfaitement ses devoirs professionnels… À chaque repas, faire une pénitence pour le salut des âmes… Ne jamais critiquer la nourriture… Faire continuellement en soi des actes d’amour envers le bon Dieu, envers le Sauveur. » Ivan consacre aux pauvres le dixième de son salaire. À Zagreb, juste devant chez lui, un invalide cire les chaussures des passants. Ivan se lie d’amitié avec lui et l’invite souvent dans son appartement pour dîner. « Le jour que l’on consacre à autrui n’est pas du tout une perte, mais un gain, affirme-t-il. En revanche, les jours où l’on n’a rien fait pour les autres sont des jours perdus ! » Il est toujours prêt à accorder son pardon à ceux qui l’ont offensé. « Celui qui veut être un vrai travailleur pour la cause divine, dit-il, ne doit pas se mettre en avant ; le culte personnel est le plus grand obstacle aux réussites de nos actions. » L’Église catholique est pour lui « la plus grande chose au monde ». Son ami Douchan Zanko dira : « Il a porté l’Église dans son être si profondément et si spirituellement qu’il s’en sentait une partie vivante, de la même façon qu’un bras ou une jambe fait partie d’un organisme qui s’appelle l’homme. » Ivan lui-même suscite de nombreuses vocations sacerdotales.

Au début du xxe siècle, l’évêque de Krk, en Croatie, a initié un grand Mouvement pour la jeunesse catholique afin de s’opposer au libéralisme naissant, qui repousse de la vie publique l’influence de l’Église. Jeune professeur, Ivan s’y implique ainsi que dans la Fédération croate “Orlovi” (les Aigles). Il devient un guide pour la jeunesse catholique et insiste sur la nécessité pour les laïcs de s’engager dans l’apostolat, en collaboration et sous la vigilance de la hiérarchie ecclésiastique. Dès l’automne 1922, il est élu président de “l’Union croate de la Jeunesse catholique”, qui fusionnera, un an plus tard, avec le mouvement des “Aigles”, devenant l’“Union croate des Aigles”.

Une doctrine funeste

«Les fidèles laïcs ont pour vocation propre de rechercher le Royaume de Dieu, en éclairant et en gérant les réalités temporelles selon Dieu » (Compendium du Catéchisme de l’Église catholique, n° 188). C’est aux laïcs « qu’il appartient particulièrement d’éclairer et d’ordonner les réalités temporelles auxquelles ils sont étroitement liés, de façon qu’elles se fassent et croissent sans cesse selon le Christ, et qu’elles soient à la louange du Créateur et Rédempteur » (Vatican II, Lumen gentium, n° 31). « En toute chose temporelle quelle qu’elle soit, les laïcs doivent se laisser conduire par la conscience chrétienne, puisqu’aucune activité humaine, même en matière temporelle, ne peut se soustraire à l’autorité de Dieu… On rejette à bon droit la funeste doctrine qui prétend construire la cité sans tenir aucun compte de la religion, et combat et supprime la liberté religieuse des citoyens » (ibid., n° 36). Pour aider les laïcs dans leur mission vis-à-vis de la société, l’Église a élaboré une doctrine sociale (cf. CEC, nos 2419-2425). Celle-ci ne pourra être mise en œuvre que s’ils en prennent connaissance par l’étude des documents pontificaux (cf. Comprendre la Doctrine Sociale de l’Église, par Anne Despaigne, éditions Traditions Monastiques).

L’Union croate des Aigles organise des animations autour de grands spectacles de gymnastique, de rassemblements et d’autres manifestations. Grâce à Ivan, cette association prend une forte dimension religieuse et culturelle, qui se manifeste dans la devise : Sacrifice–Eucharistie–Apostolat. Lui-même résume, dans un article, le programme des Aigles : « La nouvelle génération de catholiques est portée par les vagues de ce fleuve coulant de la Rome éternelle depuis 1905, doux souvenir du Pape Pie X, qui publia un Bref sur la Sainte Communion fréquente, même quotidienne. Cette jeunesse entretient un amour passionné envers notre Sauveur qui demeure toujours avec elle dans la Très Sainte Eucharistie ; elle y puise la force pour son action, son apostolat… Que le bon Dieu permette au Livre d’Or (charte de l’association) d’éduquer une armée d’apôtres, une armée de saints qui s’envoleront dans toutes les directions, à travers la patrie croate… ! Que cette œuvre contribue, en quelque sorte, au règne, partout en Croatie, des principes de la Sainte Église catholique romaine, de sorte que le Sacré-Cœur prenne, dans son étreinte divine, autant que possible, nos frères ! »

La jeunesse ne voit pas seulement en Ivan Merz son apôtre et son chef, mais un véritable ami de chacun, prêt à tout faire pour les aider à se diriger sur le bon chemin : s’il faut donner un conseil ou une aide matérielle, s’il s’agit de rechercher un emploi, de donner des leçons particulières, ou encore de céder son propre lit, alors qu’il se contente de dormir à même le sol, sa porte et son cœur sont toujours ouverts.

Ivan accorde une grande importance aux problèmes moraux. Il s’applique à donner aux jeunes de vraies notions sur l’amour, le mariage, la chasteté, la sexualité, et élabore une brochure intitulée “Toi et Elle”. Il s’intéresse aussi au cinéma, à la presse, aux problèmes sociaux-économiques, à l’engagement des catholiques en politique. Dans une publication, il parle de la situation et du rôle de la femme dans la société. Son influence sur la jeunesse féminine, structurée dans une organisation parallèle à l’Union croate des Aigles, est grande ; de nombreuses femmes et jeunes filles découvrent en lui un homme de Dieu, un maître, un ami. Marica Stankovic, présidente de l’organisation féminine, écrira sur lui une série d’articles sous-titrés “Le chevalier d’honneur des femmes”. Par son action, Ivan cherche, en premier lieu, à susciter chez les jeunes filles le sens de la dignité féminine, la conscience de leur place dans la société et l’Église, et de leur rôle dans l’apostolat.

Après quelques hésitations sur sa vocation, Ivan se sent porté à demeurer laïc pour travailler au salut éternel des âmes dans des associations catholiques. En 1923, pour la fête de l’Immaculé Conception, il fait le vœu perpétuel de chasteté, et conçoit l’idée d’un institut de laïcs consacrés à Dieu. Il ne verra pas la réalisation de son projet. Mais son amie Marica Stankovic sera la fondatrice du premier institut féminin laïque dans l’Église croate, sous la dénomination de “Communauté des Collaboratrices du Christ-Roi”. Cet institut séculier regroupe des femmes qui, comme Ivan, désirent consacrer entièrement leur vie à Dieu, afin de participer à la propagation du royaume du Christ, tout en exerçant diverses professions.

Plus par la souffrance que par le travail

Depuis sa jeunesse, Ivan souffre d’une maladie des yeux avec inflammation de la cavité frontale, à laquelle s’ajoute un mal de dents persistant. Ces souffrances freinent son élan pour les études et le travail. Après avoir conseillé à une jeune institutrice malade de se soigner, il ajoute : « Si le Seigneur souhaite que vous souffriez sans pour cela guérir, il est bon de se remettre entre ses mains… Vous-même, vous savez mieux que moi que par la souffrance, nous pouvons faire plus pour la propagation du Royaume de Jésus que par le travail intense, les discussions scientifiques, les discours splendides et les articles. » L’inflammation de sa cavité frontale oblige Ivan à subir une opération chirurgicale. Il perçoit clairement qu’il va mourir et que Dieu lui demande le sacrifice de sa vie pour la jeunesse avec laquelle il travaille. La veille de son départ en clinique, en avril 1928, il range ses affaires et rédige son testament sous forme d’une épitaphe, écrite en latin : « Mort en paix dans la foi catholique – La vie pour moi était le Christ, et la mort un gain. – J’attends la miséricorde du Seigneur et l’indivisible, complète, éternelle possession du Très Saint Cœur de Jésus… »

L’opération a lieu le 26 avril, mais elle ne réussit pas. Ivan est atteint de méningite. Le dimanche 6 mai, le Père Vbranek, son confesseur, lui donne l’Extrême-Onction : Ivan ne peut plus parler. Le Père lui dit : « N’êtes-vous pas en train d’offrir votre vie en sacrifice ? » Ivan le regarde sereinement, et ses yeux brillent ; il acquiesce d’un mouvement de tête. Le 9, il reçoit un télégramme du Pape Pie XI qui lui envoie sa bénédiction. Il jouit alors encore de sa pleine conscience. Le lendemain, jeudi 10 mai 1928, en présence de son père et de ses amis les plus proches, Ivan rend son âme à Dieu.

Que par son intercession auprès de Dieu, le bienheureux Ivan Merz nous aide à travailler à l’extension du Royaume de Dieu, quel que soit notre état ou genre de vie !

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