15 novembre 2023
Bienheureux Alberto Marvelli
Bien chers Amis,
« Alberto Marvelli a montré comment, dans les temps et les situations qui changent, les chrétiens laïcs savent se consacrer sans réserve à l’édification du Royaume de Dieu, dans la famille, dans le travail, dans la culture, dans la politique, en portant l’Évangile au cœur de la société », disait le Pape saint Jean-Paul II, à Rimini en 1992. Lors de la béatification de ce jeune Italien mort prématurément en 1946 à l’âge de vingt-huit ans, le même Pape affirmait : « Alberto avait fait de l’Eucharistie quotidienne le centre de sa vie. Dans la prière, il cherchait également l’inspiration pour l’engagement politique, convaincu de la nécessité de vivre pleinement en fils de Dieu dans l’histoire, afin de faire de celle-ci une histoire de salut » (5 septembre 2004).
Né le 21 mars 1918 à Ferrare (Italie), Alberto Marvelli est fils de Luigi Alfredo Marvelli, directeur de banque à Rovigo et président de la section locale des conférences de Saint-Vincent-de-Paul. Sa mère, Maria, née Mayr, est d’origine noble bavaroise. Alberto est le second de six enfants. Après plusieurs déménagements, la famille s’installe à Rimini. Alors qu’Alberto n’a pas encore quinze ans, son père meurt, foudroyé par une méningite. Le jeune homme écrira : « Je n’oublierai jamais la vie exemplaire de mon père, vécue sereinement et saintement même dans les moments les plus difficiles. Il a été un chrétien au sens plein du mot, sans demi-mesure, sans respect humain, sans ostentation, sincère, souriant, toujours dans la grâce, serein… Il a toujours suivi la voix sage de la conscience et n’a pas hésité à renoncer aux honneurs et aux richesses lorsque les obtenir ne pouvait que ternir la claire transparence de l’âme. » Gertrude, sœur d’Alberto, affirmera que Mme Marvelli était une source inépuisable de vie et d’amour ; mais elle était aussi un peu la mère de tous les enfants de la paroisse. Membre de plusieurs associations chrétiennes, elle deviendra conseillère communale à la fin de la Deuxième Guerre mondiale.
À l’école, Alberto se révèle un élève brillant, même dans les matières littéraires pour lesquelles il a moins de goût. D’une maturité précoce, l’enfant a beaucoup d’ascendant sur ses camarades ; il est doté d’un tempérament impulsif que sa mère l’aide à dominer. À l’âge de douze ans, il s’engage dans le groupe des enfants de l’Action catholique, et fréquente également l’Oratoire salésien.. Les Salésiens veillent sur les enfants, animent leurs jeux, corrigent leurs défauts avec bonté, instaurent une vie paisible et joyeuse. Le principe pédagogique est : « Mettre le jeune dans l’impossibilité morale de pécher. » L’âme d’Alberto est profondément marquée par l’exemple de Dominique Savio (1842-1857), un élève de saint Jean Bosco mort à quatorze ans et aujourd’hui vénéré comme saint. Il lui emprunte l’amour de l’Eucharistie, du service et du sourire. Les Salésiens s’appuient sur Alberto pour diriger une partie des activités, surtout récréatives. Amateur de musique, il monte un petit orchestre. Il donne des leçons de catéchisme, s’occupant de préférence des garçons handicapés ou en difficulté.
« En ce jour, écrira-t-il le 8 décembre 1934, après la sainte Communion, j’ai consacré mon cœur à Marie Immaculée pour qu’elle le garde pur et immaculé comme le sien propre. » Dès lors, sa vie spirituelle est placée sous la protection de la Vierge Marie : « Ma mère, ma confiance » est son invocation constante à la Madone. Il récite le chapelet chaque jour, en famille ou seul, parfois à bicyclette.
Alberto aime toutes les disciplines sportives : tennis, volley-ball, athlétisme, football, natation, voile, mais sa préférence va au cyclisme. Le sport est pour lui un moyen de réformer certains traits de caractère, de secouer sa paresse, de fortifier sa personnalité, mais aussi de s’élever vers Dieu. En août 1935, il passe un mois en montagne. Le contact avec la beauté de la nature l’enthousiasme. « La montagne, écrit-il : si je n’aimais pas Dieu, je crois que j’arriverais à l’aimer en restant dans la montagne. Quelle paix, quelle sérénité, quelle beauté : tout nous parle de Dieu… Seul un Dieu infiniment grand et miséricordieux pouvait créer de si belles choses ! » Depuis 1933, il tient un journal où il note les aspirations de sa vie de chrétien laïc. Ce sont des pages de conversation intime avec Jésus. « Quels sont les amusements du monde, écrit-il, en comparaison de la joie que tu apportes à ceux qui t’aiment ? Qu’est-ce que le plaisir, la jouissance fictive par rapport au bien-être pur et sublime que l’on éprouve à te contempler et à te recevoir en nous, dans notre cœur ? Moins que rien… »
La pureté, est-ce difficile ?
Alberto désire garder sa pureté, comme moyen de communion avec Dieu.
« Il existe un lien entre la pureté du cœur, du corps et de la foi, affirme le Catéchisme de l’Église catholique… La pureté du cœur est le préalable à la vision. Dès aujourd’hui, elle nous donne de voir selon Dieu, de recevoir autrui comme un “prochain” ; elle nous permet de percevoir le corps humain, le nôtre et celui du prochain, comme un temple de l’Esprit Saint, une manifestation de la beauté divine » (nos 2518-2519).
« Est-ce difficile de conquérir la pureté ? se demande le jeune homme. C’est difficile pour ceux qui croient réussir avec des moyens humains, mais pour ceux qui se nourrissent des sources inépuisables de la grâce et de l’amour, soutenus par l’Eucharistie, la méditation et la volonté, c’est accessible… Un cœur pur goûte les joies de l’âme, de l’union intime et continue avec Dieu, de la contemplation du Saint-Sacrement. Quel monde nouveau, formé d’impressions infinies de douceur et de puissance… s’est ouvert à moi en contemplant Jésus dans le Saint-Sacrement ! » La pureté, vécue de manière décisive et joyeuse, paraît sur son visage. Il n’éprouve pas de gêne dans sa relation avec les jeunes filles, mais traite avec elles dans une saine liberté d’esprit, signe de chasteté. La lutte pour la pureté n’éteint pas sa sensibilité, mais l’amène à saisir l’essence véritable de l’amour. Dans une belle prière, il s’exprime ainsi : « Je me tourne vers Toi, Père de miséricorde, afin que tu saches garder mon cœur pur, blanc, resplendissant. Que la lumière divine et surnaturelle irradie mon cœur, l’enveloppe de son auréole lumineuse, l’entoure de son parfum céleste, l’asperge d’eau vive et de rosée vivifiante, le protège des ténèbres du monde et du péché, le défende des pièges du diable ! Conduis-le aux vertus les plus héroïques ! »
Empêché d’entrer à l’Académie navale de Livourne en raison d’un léger astigmatisme, il s’inscrit à la faculté de Génie mécanique de l’Université de Bologne, et poursuit son engagement dans l’œuvre de Saint-Vincent-de-Paul et dans la Fédération italienne des universitaires catholiques (FUCI). Le but de cette Fédération est de développer l’engagement des étudiants catholiques afin qu’il devienne une force d’évangélisation de la vie du pays. Mgr Giovanni Battista Montini, le futur Pape Paul VI, anime lui-même la FUCI bolognaise.
Les ressources économiques de sa famille ne lui permettant pas de payer ses études, Alberto doit, comme beaucoup d’autres étudiants, travailler pendant l’été. Pour pouvoir communier à une Messe de midi, il quitte sa famille tôt le matin sans rien manger, en raison du jeûne eucharistique alors en vigueur (ne rien prendre depuis minuit). Un enseignant lui reproche d’en faire trop, mais le jeune homme répond, avec un sourire limpide : « Pour moi c’est indispensable ! » Il écrit dans son journal : « Ô Jésus, qui lis dans mon cœur, que j’essaie de recevoir chaque jour en moi, qui vois mes efforts pour t’aimer afin que ta présence sainte et miséricordieuse purifie et sanctifie mon âme, aide ce pauvre homme pécheur, qui se prosterne à tes pieds pour te demander pardon, insuffle en moi des pensées pures, saintes, bienveillantes, patientes. Visite-moi avec ta Croix, Jésus, qui es heureux de m’aider à la porter pour le bien du prochain et de ma pauvre âme. Ne me laisse pas tomber en tentation, et fais-moi tenir mes promesses, que je renouvelle sans cesse à tes pieds. Ce n’est qu’avec ton aide, celle de la Vierge et de tous les saints, que je pourrai tendre vers ces buts lumineux que j’entrevois parfois, mais qui sont si loin, très loin. Je veux, ô Jésus, devenir un saint ! Aide-moi et aide-nous ! »
Un programme rigoureux et humble
Alberto sait que la sainteté est un don de Dieu, mais qu’elle requiert la collaboration de l’homme. Il s’engage donc dans un programme de vie rigoureux et humble : « Le silence est le meilleur moyen de se sanctifier, de ne pas dire de bêtises et de commettre moins de péchés, de baisser l’orgueil, d’exercer l’humilité et la patience et d’apprendre à converser avec Dieu. Il faut absolument que je surmonte mes élans d’impatience, et qu’à la place, j’exerce envers tous une patience aimante et une charité ardente. Avant d’agir, je dois réfléchir à ce que je fais… Je dois absolument perdre l’habitude de juger le prochain, si je ne veux pas être jugé par Dieu… En cas de nécessité, me souvenir de la charité chrétienne, de la miséricorde de Dieu, des conditions particulières dans lesquelles se trouve le prochain. “Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’ils te fassent” : paroles divinement sages, qui évitent bien des occasions de querelle… Chasser, par une invocation au Sacré-Cœur de Jésus et à la Vierge, toute pensée impure ou qui obscurcirait même de loin la blancheur de l’âme. Pour freiner les élans du cœur et la sentimentalité exagérée, avoir toujours à l’esprit la pensée de Jésus sur la Croix. » Il s’impose aussi un règlement précis : « Se lever le matin le plus tôt possible et à l’heure que j’ai fixée. Faire une demi-heure de méditation tous les matins sans jamais la négliger, sauf cas imprévisible. Une demi-heure par jour de lecture spirituelle et peut-être même plus. Assister à la Sainte Messe tous les matins et approcher des sacrements, sans défection, sauf pour des raisons de force majeure. Je vais habituellement me confesser une fois par semaine et je vois très souvent le directeur spirituel. Réciter quotidiennement le Saint Rosaire et l’Angélus au son de midi » (22 septembre 1938). Avec cela, il fume rarement et se modère dans la nourriture et les boissons. Pier Giorgio Frassati (1901-1925 – étudiant de Turin, mort après avoir dédié sa vie à l’apostolat, et béatifié en 1990) est pour lui un modèle : « Oh, si je pouvais l’imiter dans sa pureté, sa bonté, sa charité, sa piété. Il a bien imité et suivi le Christ. » Pendant ses années universitaires, Alberto lit les encycliques et les discours du Pape. Ses méditations sont tirés de « L’âme de tout apostolat » de dom Chautard, de « L’imitation de Jésus-Christ », du « Christ, vie de l’âme » et du « Christ dans ses mystères » de dom Columba Marmion (béatifié en 2000).
Une joie indicible
Le Pape Pie XI définissait l’Action catholique comme « la participation des laïcs catholiques à l’apostolat pour la défense des principes religieux et moraux, pour le développement d’une action sociale bénéfique et saine, sous la conduite de la hiérarchie ecclésiastique afin de restaurer la vie catholique dans la famille et dans la société ». Alberto, qui s’y est engagé en 1933, y exerce les responsabilités de président des jeunes, puis de vice-président diocésain. Il possède un don pour écouter ceux qui s’adressent à lui. « En tant que jeune homme de l’Action catholique, écrit-il, j’ai l’obligation impérieuse de faire de l’apostolat continuellement et partout… La joie de l’apostolat chrétien est indicible. L’homme est fait pour conquérir, non pas physiquement mais spirituellement. »
Le véritable apôtre, enseigne le Concile Vatican II, ne se contente pas de témoigner par sa vie, il « cherche les occasions d’annoncer le Christ par la parole, soit aux incroyants pour les aider à cheminer vers la foi, soit aux fidèles pour les instruire, les fortifier, les inciter à une vie plus fervente, car la charité du Christ nous presse (2 Co 5, 14) » (Décret Apostolicam actuositatem, n°6).
Alberto s’engage aussi dans d’autres associations, notamment l’ACLI (Association catholique des Travailleurs italiens), auxquelles il donne le meilleur de son énergie, surmontant les controverses, se montrant un signe de collaboration et d’union. Il est toutefois convaincu que l’action apostolique ne suffit pas, mais qu’il faut consacrer un temps important à la prière. Il note aussi dans son journal : « Surmonter les plus gros défauts : la paresse, la gourmandise, l’impatience, la curiosité et bien d’autres. Invoquer l’aide de Jésus à chaque moment difficile. »
L’Italie entre en guerre le 10 juin 1940. Alberto est mobilisé à Trieste, dans une unité d’infanterie motorisée. Il note : « Le droit national et international doit être fondé sur une base chrétienne. L’Évangile et les encycliques pontificales doivent être la norme de vie non seulement pour les individus, mais pour les peuples, les nations, les gouvernements, le monde. » La cause profonde de la guerre « est notre peu d’amour pour Dieu et pour les hommes. L’esprit de charité manque dans le monde et donc nous nous haïssons comme des ennemis au lieu de nous aimer comme des frères, tous rachetés par le Christ. »
Le Pape Pie XII venait de publier sa première encyclique, dans laquelle il affirmait : « La racine profonde et dernière des maux que Nous déplorons dans la société moderne est la négation et le rejet d’une règle de moralité universelle, soit dans la vie individuelle, soit dans la vie sociale et dans les relations internationales : c’est-à-dire la méconnaissance et l’oubli de la loi naturelle elle-même, laquelle trouve son fondement en Dieu… Quand Dieu est renié, toute base de moralité s’en trouve ébranlée du même coup… Or, la négation de la base fondamentale de la moralité eut en Europe sa racine originelle dans l’abandon de la doctrine du Christ, dont la Chaire de Pierre est dépositaire et maîtresse » (Summi Pontificatus, 20 octobre 1939).
Courageux témoignage de foi
Dès son arrivée à la caserne, Alberto rassemble les membres de l’Action catholique et ceux qui sont prêts à donner un courageux témoignage de foi, en organisant des réunions de formation et en participant à la Messe. Un de ses compagnons du peloton de formation rapportera : « Souvent nous devions porter à tour de rôle le fusil mitrailleur. Dans les mauvais chemins de montagne, c’était très pénible. Lorsque c’était le tour d’un compagnon au physique peu développé, Alberto s’approchait de lui et, en un clin d’œil, l’instrument avait changé d’épaule. Puis il montait rapidement la pente, déposait la mitrailleuse et reprenait sa place dans le rang sans attendre de remerciement. » Bientôt démobilisé, car trois de ses frères se trouvent déjà au front, Alberto rejoint le service d’étude des projets de FIAT à Turin. Son activité professionnelle ne l’empêche pas de terminer son cursus universitaire. Le 30 juin 1941, il obtient son diplôme d’ingénieur avec 90/100.
Lors de l’occupation allemande de l’Italie, à partir de 1943, Alberto rentre à Rimini. Il se fait admettre dans la Société ouvrière, association de laïcs fondée à Rome en 1942 pour développer une vie de piété axée sur le mystère de l’agonie du Christ à Gethsémani. À la fin de 1943, et au début de 1944, la ville de Rimini est détruite par les bombardements. Alberto est toujours là où il y a un danger : il traverse les débris fumants et se prodigue pour aider les blessés, encourager les survivants, assister les mourants, et soustraire des décombres ceux qui sont restés bloqués ou ensevelis vivants. Il se fait employer par un organisme de Génie civil : sa position lui permet de circuler librement, d’assister ceux qui n’ont plus de logement et de sauver d’innombrables vies au risque de la sienne. Il parvient même à ouvrir des wagons déjà scellés en partance pour les camps de concentration, et à en libérer tous les occupants.
Vers la fin de 1944, sa famille et bien d’autres se réfugient à Saint-Marin. Alberto dépense son énergie pour eux : il distribue tout ce qu’il a, visite les paysans et les marchands, achète avec son argent toute sorte de nourriture, puis, la bicyclette chargée de paniers, se rend auprès des personnes qui manquent de tout. Après la libération de Rimini (septembre 1944), il devient membre du conseil municipal reconstitué et on le charge des travaux publics (reconstructions, puis attribution des logements) ; il n’appartient encore à aucun parti mais tout le monde reconnaît et apprécie son énorme travail d’assistance aux personnes dans le besoin. Son courage dans les situations les plus difficiles et sa disponibilité l’ont rendu populaire. Dans plusieurs administrations, il est devenu courant, devant les problèmes insolubles, de dire : « Allez voir l’ingénieur Marvelli, il trouvera sûrement une solution ! »
Vision chrétienne de la culture
Il s’engage ensuite dans le Parti démocrate-chrétien. Pour lui, la politique est la conséquence de la charité sociale : « Il est intervenu, dit un de ses amis, et a précisé agir ainsi parce qu’il pensait qu’en ce moment, travailler dans le Parti était le meilleur moyen d’exercer son apostolat ; il a ajouté qu’il quitterait la politique le jour où travailler dans le Parti ne serait plus utile pour le monde catholique. » Il rejoint aussi le groupe des Diplômés catholiques dont la première réunion a lieu en septembre 1945 ; il en accepte la présidence à la demande de son évêque. Les actions du groupe, qui comprend des avocats, des professeurs, des médecins et des juges, s’inspirent de la vision chrétienne de la culture et de la vie sociale. Pour que la culture ne soit pas réservée aux intellectuels, Alberto organise, avec les Diplômés, au cours de l’hiver 1945-1946, une université populaire.
Alberto hésite entre le mariage et le sacerdoce. Depuis plusieurs années, il s’est épris d’une jeune fille, Marinella, mais il respecte profondément la liberté de celle-ci qui, tout en l’appréciant, ne répond pas à ses ouvertures. Il lui écrit des lettres, dont plusieurs restent sans réponse. Déjà, le 24 août 1939, il notait dans son journal : « Oui, des réflexions me traversent l’esprit, des réflexions d’orientation de ma vie de demain, une orientation qui me semble décidée, mais qui, à la fois, me laisse incertain. En cela aussi, Seigneur, éclaire-moi. Cependant, je veux devenir un saint ; pour cela je suis prêt à renoncer à tout rêve ou affection terrestre, pour être tout à Dieu. » Le 27 juillet 1946, il écrit toutefois encore à Marinella une lettre pleine d’amour et de respect, qui ne reçoit pas de réponse.
Le soir du 5 octobre 1946, à Rimini, Alberto est renversé par un camion militaire conduit fort imprudemment, alors qu’il circule à bicyclette. Il perd connaissance et meurt quelques heures après, dans les bras de sa mère accourue auprès de lui. Un prêtre a pu lui administrer l’Extrême-Onction. Le lendemain, il est exposé dans l’église des Salésiens. Des centaines de personnes le visitent : l’ancien maire socialiste, des hommes politiques, des administrateurs, des amis, des pauvres. Les obsèques ont lieu le mardi 8 octobre. Tout Rimini s’est réuni : ce n’est pas un enterrement, mais un triomphe ! Le cercueil est porté par des amis, de l’église au cimetière, suivi d’une procession qui s’étend sur environ trois kilomètres.
Alberto a été béatifié le 5 septembre 2004 par le Pape saint Jean-Paul II, pendant le Congrès national de l’Action catholique, au sanctuaire Notre-Dame de Lorette. « Les laïcs, déclare le Concile Vatican II, ont d’innombrables occasions d’exercer l’apostolat d’évangélisation et de sanctification. Le témoignage même de la vie chrétienne et les œuvres accomplies dans un esprit surnaturel sont puissants pour attirer les hommes à la foi et à Dieu ; le Seigneur dit en effet : Que votre lumière brille devant les hommes pour qu’ils voient vos œuvres bonnes et glorifient votre Père qui est aux cieux (Mt 5, 16) » (Décret Apostolicam actuositatem, n°6). Demandons à Dieu, par l’intercession du bienheureux Alberto, de nous fortifier pour pratiquer de bonnes œuvres qui attirent les hommes au Seigneur !
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