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14 septembre 2011

Vénérable Jean-Joseph Lataste op

Bien chers Amis de l’abbaye Saint-Joseph,

Un dominicain de trente-deux ans, prêtre depuis 18 mois, pénètre pour la première fois, le 15 septembre 1864, dans une «maison centrale», une prison. Il se nomme Jean-Joseph Lataste. La prison est située dans l’ancien château ducal de Cadillac-sur-Garonne, la petite ville viticole de son enfance; près de quatre cents femmes y sont enfermées, réparties en trois catégories, selon la nature et la durée de leur peine. Envoyé par le prieur du couvent de Bordeaux, le Père Lataste vient prêcher à ces femmes une retraite de quatre jours: ce sera une expérience décisive pour l’orientation de sa vie.

Alcide Vital Lataste est né à Cadillac le 5 septembre 1832 ; il est baptisé le lendemain. Six frères et soeurs l’ont précédé. Son père, Vital, propriétaire de quelques vignes, exerce aussi un commerce de tissus qui lui procure une certaine aisance. Il passe pour être un peu original et s’affiche volontiers libre-penseur ; il ne pratique pas, mais ne s’oppose pas à la piété de sa femme à qui il laisse toute latitude pour éduquer chrétiennement leurs enfants. Sa vie durant, Alcide s’inquiétera du salut de son père.

Très tôt, l’enfant tombe gravement malade; on le confie à une nourrice, chez qui il reste trois années. Quand ses parents le reprennent, c’est un nouveau déchirement, accru par l’entrée en religion, chez les Filles de la Sagesse, de sa soeur préférée, sa marraine.

Une période de découragement

À la fin du cours primaire, ses parents l’inscrivent, en septembre 1841, au petit séminaire de Bordeaux. L’attrait qu’il ressent pour le sacerdoce est contrebalancé par le sentiment très marqué de son indignité: «Je n’osais me déclarer, tant la mission du prêtre m’apparaissait grande, et tant je m’en reconnaissais indigne.» Après quelques années, il est envoyé au collège de Pons, «afin d’éprouver sa vocation». L’adolescent entre alors dans une période troublée. À la fin de l’année de troisième, le supérieur écrit à ses parents «qu’il ne croit pas l’enfant appelé à l’état ecclésiastique». Découragé, celui-ci se laisse entraîner, à la rentrée suivante, par les camarades les moins sérieux… «J’oubliai peu à peu le Bon Dieu et mon amour pour la Sainte Vierge diminua… Je crus plus facilement que je n’avais pas la vocation, parce que je désirais moins l’avoir.» Il se trouve alors aux prises avec le démon de l’impureté, épreuve fréquente à cet âge. Mais Alcide trouve dans la ténacité apostolique de sa soeur religieuse un appui ferme, sinon toujours agréable. Il s’accroche à la prière. Dès sa vingtième année, sa correspondance ne portera plus trace de ces combats. En 1850, il obtient le baccalauréat ès lettres. Après une «année sabbatique» dans la maison paternelle, il entre dans l’administration. Comme stagiaire d’abord, puis comme fonctionnaire, il travaillera à la direction des impôts de 1851 à 1857. À Bordeaux, il se lie d’amitié avec un jeune collègue, Léon Leyer, fervent catholique qui l’influence profondément.

Léon Leyer introduit Alcide dans la conférence Saint-Vincent de Paul de la paroisse Saint-André. Dès le début, le nouveau venu prend à coeur la visite des pauvres. Il ne se contente pas de porter aux nécessiteux un «bon de pain» ou un vêtement chaud, mais prolonge sa visite; à la faveur de la familiarité qui s’instaure, il transmet une parole chrétienne. Il consacre en outre beaucoup de temps à des catéchismes et à des cours du soir donnés aux soldats. À la suite du passage à Bordeaux du Père Hermann Cohen, pianiste célèbre devenu religieux de l’ordre du Carmel, Alcide étend son zèle à l’adoration nocturne du Saint-Sacrement. Après quelques mois, il est muté de Bordeaux à Privas, puis à Pau et à Nérac. Le fil qui fait l’unité de sa vie est son inlassable dévouement aux conférences Saint-Vincent de Paul. Celles-ci constituent à ses yeux un terrain favorable à l’éclosion d’une amitié vraie, à une sorte de vie de famille élargie aux personnes de toute origine sociale. À Nérac, il met sur pied un «fourneau économique», sorte de soupe populaire qui, en l’espace d’un an, aura distribué plus de 46 000 repas chauds aux indigents.

Alcide était arrivé à Privas en mars 1853, précédé d’une réputation flatteuse parmi les confrères de la Conférence locale. D’emblée, une jeune fille de seize ans, de famille noble mais sans fortune, lui voue admiration et amour. Alcide interprète le sentiment réciproque qui naît en lui, comme le signe de la volonté de Dieu. Mais il n’a pas atteint l’âge de la majorité; Vital Lataste, défavorable au projet de mariage de son fils, obtient de l’administration que celui-ci soit déplacé dans une ville plus proche de Bordeaux: ce sera Pau. Alcide ne reverra plus jamais Cécile de Saint-Germain. Il écrit à son frère, Émile: «Quand le devoir parle, je regarde sa voix comme celle de Dieu, et j’obéis… Voilà pourquoi je me suis résolu, sans murmure aucun, à tout ce que mon père a voulu.»

Double épreuve

Deux années s’écoulent à Pau. En octobre 1855, Alcide reçoit une terrible nouvelle: sa soeur religieuse, en qui il avait toute confiance, vient d’être rappelée à Dieu. Elle a offert ses souffrances et sa vie pour la vocation de son frère. Ce choc entraîne chez lui un retournement complet: «Quinze jours après la mort de ma soeur religieuse, j’étais résolu à entrer en religion.» C’est alors qu’il apprend que Cécile a succombé à la fièvre typhoïde. Il en est profondément affecté: «Voilà mon coeur mis à nu comme un sanctuaire dévasté.» Sur ces entrefaites, trois dominicains arrivent à Pau pour donner une retraite. Une prédication sur le triomphe de la vie sur la mort le conforte dans sa décision de se donner à Dieu, mais il hésite entre la vie religieuse et le célibat dans le monde, au service des pauvres. Le sentiment de son indignité le retient toujours…

La rencontre, en chemin de fer, du Père Edmond, restaurateur des Prémontrés en France, stimule Alcide. Il s’adresse au Père Lacordaire, qui vient de rétablir l’Ordre des Frères Prêcheurs; ce dernier lui recommande de lire sa Vie de saint Dominique. En mars 1857, au cours d’une retraite chez les Carmes d’Agen, il discerne dans la vie religieuse le moyen de tourner vers Dieu sa capacité d’aimer. À l’objection: «Et ta liberté? Veux-tu donc y renoncer pour toujours?», il répond en lui-même: «Que cherches-tu et que veux-tu? Le salut! la certitude d’aimer et d’être aimé un jour d’un amour sans fin.» Le 4 novembre 1857, Alcide se présente au noviciat des Dominicains, à Flavigny-sur-Ozerain, cité médiévale dont l’origine est due à un monastère bénédictin fondé en 720 et qui perdurera jusqu’à la Révolution en 1790.

Le noviciat, installé dans ce bourg par le Père Lacordaire, compte plus de trente membres. Alcide est rempli de joie par le climat de prière fervente et de charité mutuelle, et il se montre aimable, gai et généreux. Dès le 13 novembre, il reçoit l’habit de l’Ordre sous le nom de Frère Jean-Joseph, et il renouvelle son acte de donation à Marie. Le maître des novices est frappé par sa fermeté d’âme, ainsi que par son assiduité devant le Saint-Sacrement. Alcide s’applique à l’essentiel: devenir un saint. Une seule observance l’effraie: les pénitences de règle. «Si vous voulez que je souffre, dit-il à Dieu, envoyez-moi des souffrances… mais ne comptez pas sur moi pour me faire souffrir!» Bientôt, le novice s’étant pincé le doigt en rangeant des meubles, un panaris se déclare à l’index; le mal dégénère, et l’on envisage l’amputation. Cela entraînait, à cette époque, l’impossibilité de célébrer la Sainte Messe. Alcide accepte cette éventualité; cependant, le panaris guérit. Un peu plus tard, se déclare une ostéomyélite de la hanche qui provoque des douleurs aiguës, et la perspective de rester boiteux et fragile. Les supérieurs mettent en question la profession du jeune novice. Celui-ci ne se trouble pas; contraint de mener une vie quelque peu solitaire, il s’adonne à la prière. Il aime pourtant et recherche la vie commune. Toutefois, en 1863, il est véritablement guéri. Envoyé au couvent de Toulouse pour bénéficier de la chaleur du midi, Frère Jean-Joseph est admis à la profession le 10 mai 1859, soit six mois après la date normale.

«Ne désespérez jamais!»

Dans les jours qui suivent sa profession, le Frère Lataste goûte une paix jamais ressentie, dans la certitude d’aimer et d’être aimé de Celui qui est l’Amour. Dès le lendemain, il prend la route du couvent d’études de Chalais, près de Grenoble; là sont réunis dix-sept frères étudiants. En juillet, tous se transportent dans l’antique couvent de Saint-Maximin, dans le Var, que le Père Lacordaire vient de recouvrer pour l’Ordre. La formation reçue centre leur vie intérieure sur la connaissance et l’amour de Jésus-Christ. La rencontre de sainte Marie-Madeleine, dont le couvent abrite les reliques, est déterminante pour le Frère Lataste. «Quelle place pensez-vous que Madeleine occupe au Ciel? demande-t-il. Pour moi, je ne serais pas surpris de contempler un jour la pécheresse repentie immédiatement après la Vierge Immaculée.» Le 10 mai 1862, il fait profession solennelle; le 8 février 1863, il est ordonné prêtre à Marseille. Sa première prédication publique, le Vendredi Saint suivant, manifeste son souci pour les âmes: «Tous vos crimes, si grands soient-ils, n’arriveront jamais aux proportions de son amour infini et de son infinie Miséricorde! De grâce, mes frères, quoi que vous ayez fait, quoi que vous fassiez, ne désespérez jamais de la miséricorde de Dieu: mais, pour cela, ne vous exposez pas au désespoir par une résistance opiniâtre à sa grâce qui vous sollicite, en ce moment même.»

Le Père Lataste est affecté au couvent de Bordeaux. De passage à Lourdes, il a une entrevue avec Bernadette Soubirous et en sort convaincu de la réalité des apparitions. Chargé, dès son arrivée à Bordeaux, de divers ministères, il est envoyé, au bout d’un an environ, prêcher à la prison de femmes de Cadillac. Au cours du XIXe siècle, on insiste sur les effets thérapeutiques attendus de la détention, dans la crainte de la récidive. L’administration fait volontiers appel aux ordres religieux pour encadrer et moraliser les détenus. Le 1er mai 1835, douze Filles de la Sagesse étaient arrivées à Cadillac, pour y assurer, sous l’autorité du directeur, le soin des malades et la surveillance intérieure de la prison. Le silence le plus absolu est imposé à toutes les détenues: on veut surtout prévenir l’enseignement mutuel du mal. De quel genre de crimes s’agit-il le plus souvent? Les documents indiquent l’infanticide et le vol.

Le ton d’un frère

En franchissant la porte de la prison, le Père Lataste se demande quel bien il pourra faire à celles qu’on appelle souvent des «filles perdues». Il prend pourtant le contre-pied de ce sentiment: «Mes chères soeurs…» dit-il en commençant. Le ton est celui d’un frère qui vient les aider à réfléchir sur la racine de leurs péchés, afin de les amener à la conversion. Cela occupe trois sermons, dont un sur l’enfer. Le troisième jour, il fait le parallèle entre Judas et le bon larron, qui n’a pas douté de la Miséricorde, puis donne une méditation sur Marie-Madeleine. Déjà, les visages abattus se sont redressés et épanouis. Le dernier jour comporte un sermon sur l’Eucharistie et un autre sur le Ciel. Pendant ses longues séances au confessionnal, le Père contemple l’oeuvre de la Miséricorde dans les âmes. Il découvre, émerveillé, la profondeur de vie chrétienne et la vérité du pardon dont sont capables ces femmes. Le Saint-Sacrement exposé à la chapelle, le dernier soir, est l’objet de l’adoration et de l’amour de toutes. Cette expérience inspire au Père l’idée d’une oeuvre à fonder en vue de la réhabilitation des détenues. L’épreuve qu’elles endurent d’abord de force peut, la grâce aidant, devenir offrande de plein gré.

En septembre 1865, le Père Lataste retourne à Cadillac pour une deuxième retraite, demandée par les détenues elles-mêmes. Il ne donne qu’une seule prédication par jour, pour dégager le temps des confessions et de la direction spirituelle. Le plan est simple: la mort, le jugement, le Ciel, l’Eucharistie. Ce plan est austère mais réaliste, car les détenues voient passer parmi elles, en moyenne, un cercueil tous les neuf jours: il faut porter sur cette réalité un regard de foi. Le Père prêche une espérance qui se porte au-delà des espoirs terrestres: la beauté de l’héritage céleste qui l’attend aidera le chrétien à opérer sa conversion et à accepter peines et humiliations. Le dernier soir, ces femmes adorent le Saint-Sacrement exposé, les unes jusqu’à minuit, les autres de minuit jusqu’à l’aube, dans un parfait silence. Au sortir du confessionnal, frappé par ce spectacle, le Père rédige son dernier sermon à partir des paroles brûlantes de sainte Catherine de Sienne: «J’ai vu les secrets de Dieu; j’ai vu des merveilles!» Le contraste entre la qualité de vie morale qu’il constate en prison et le mépris que ces femmes vont rencontrer à leur sortie lui est intolérable; il se demande: «Que vont-elles devenir?»

Dès la fin de ce mois, le Père Lataste est nommé maître des étudiants dominicains, à Flavigny. Il passera là une année, d’octobre 1865 à octobre 1866. Voulant présenter au grand public l’oeuvre qu’il se croit appelé à fonder, il rédige une brochure qu’il intitule: «Les Réhabilitées». Il y montre que la véritable réhabilitation découle du pardon offert par Dieu.

La justice humaine se borne à punir les coupables; «la justice divine, dit Benoît XVI, cherche le bien et le crée, à travers le pardon qui transforme le pécheur, le convertit et le sauve. Si les malfaiteurs acceptent le pardon de Dieu et confessent leur faute en se laissant sauver, ils ne continueront plus à faire le mal, ils deviendront justes, et il ne sera plus nécessaire de les punir» (18 mai 2011).

Un drame méconnu

La brochure du Père Lataste paraît en mai 1866. L’essentiel tient en cette idée: accueillir dans la vie religieuse des femmes sortant de prison, prêtes à quitter le monde pour se donner à Dieu qui les a sauvées. Le Père projette donc de fonder une congrégation où des religieuses contemplatives accepteraient de les recevoir parmi elles, après un temps de probation. L’auteur voit bien que cette congrégation ne recueillera qu’un petit nombre de ces femmes. Mais, en envoyant sa brochure aux députés ainsi qu’à des journalistes, il veut alerter ses concitoyens sur le drame que vivent les détenues en sortant de prison, et sur la responsabilité de la société à leur égard. Le Père donne aussi à la fondation un autre titre: «Maison de Béthanie», qui deviendra plus tard: «Congrégation des Soeurs dominicaines de Béthanie». Béthanie est le village de Judée où habitaient les trois amis de Jésus : Lazare, Marthe et Marie, la pécheresse devenue âme contemplative (le Père Lataste, suivant la tradition latine illustrée par saint Augustin et saint Grégoire le Grand, identifie Marie-Madeleine avec Marie de Béthanie). Jésus aimait à venir se reposer chez eux.

Dans leurs encouragements au projet du Père Lataste, les supérieurs dominicains précisent que la fondation n’engage pas la responsabilité de l’Ordre. Le Père trouve la pierre fondamentale de son oeuvre en Mère Henri-Dominique Berthier. Cette religieuse de la Présentation de Tours ressentait un attrait pour l’apostolat des femmes détenues. Elle obtient, en mai 1866, de faire une retraite sous la direction du Père Lataste et accepte de porter le poids de la fondation. C’est le début d’une confiance totale de la religieuse envers le Père, de dix ans son cadet, et d’une collaboration de deux années et demie en profonde communion. Le 14 août, Mère Henri-Dominique et Soeur Marguerite-Marie, religieuse plus jeune venant aussi de Tours, prennent possession d’une maison à Frasnes-le-Château, près de Besançon. Toutefois, dans la société française du XIXe siècle, la nouvelle fondation revêt un caractère surprenant, voire scandaleux. Les réactions hostiles proviennent en particulier des communautés du Tiers-Ordre régulier dominicain, sur lequel le Père Lataste avait le dessein de greffer Béthanie. Ces religieuses, vouées le plus souvent à l’enseignement et à l’éducation des jeunes filles, s’effraient à la perspective d’être assimilées par l’opinion publique à des «repenties». Le chapitre provincial de l’Ordre informe le Père que le principe même de sa fondation fait difficulté. Le fondateur ne se décourage pas. Cette contradiction lui semble être le signe de la bénédiction divine donnée à travers la croix. Finalement, les difficultés s’estompent et la fondation poursuit son cours.

La fondation de Béthanie n’est pas, pour le Père, une évasion: il reste Frère prêcheur. Pour rester fidèle à la vie communautaire, il ne veut pas s’installer à Frasnes. Dans les prédications que ses supérieurs lui demandent de donner, il ne cultive pas l’art oratoire, mais touche les coeurs par sa conviction. Il y associe retenue, humour et générosité.

Bientôt exaucé

Les diverses maladies du Père ont usé sa santé. Conscient de sa fragilité, il adresse au Pape une lettre surprenante dans laquelle il déclare offrir sa vie pour que saint Joseph soit déclaré Patron de l’Église universelle et que son nom soit inséré au Canon de la Messe; en retour, il demande à ce grand saint de veiller sur l’oeuvre des Réhabilitées. Au début de sa lecture, Pie IX s’écrie: «Ah! Ah! le bon saint religieux! il sera bientôt exaucé!» Poursuivant sa lecture, il ajoute: «Ceci est bien difficile!» Il s’agissait de l’insertion au Canon de la Messe; celle-ci ne se fera qu’environ cent ans plus tard, sous le bienheureux Jean XXIII.

Fin juillet 1868, à Frasnes, le Père en proie à une grande fatigue est réduit au repos presque complet. À Noël, il parvient à célébrer la Messe de Minuit, mais prévient Mère Henri-Dominique que ce sera la dernière. Pendant la journée, il a la consolation de donner l’habit de petite soeur à une convertie de Cadillac. Dans ses entretiens, le Père invite ses filles à la confiance en Dieu. Il dévoile un aspect de sa profonde vie intérieure par ces paroles: «Il se fait en moi une adoration perpétuelle de Dieu par un acte simple de mon âme, toujours le même et toujours nouveau, sans commencement, sans milieu, sans fin: c’est comme un reflet, une lueur de l’éternité.» Il remercie l’Ordre dominicain pour les années où il a eu la grâce de porter son habit et de recevoir tant de bienfaits, et pardonne à ses frères qui n’ont pas approuvé et ont même combattu sa fondation. À l’approche de la mort, il recommande à Dieu ses filles en s’inspirant de la prière sacerdotale du Christ (cf. Jn 17); manifestant qu’il offre sa vie pour Béthanie, il confie à saint Joseph la fragilité de son oeuvre. Le 10 mars, dans une grande paix, il remet son âme à Dieu.

Les Dominicaines de Béthanie, religieuses contemplatives qui accueillent parmi elles des femmes venues de parcours différents, comptent aujourd’hui quatre maisons: deux en France, une en Suisse, une autre près de Turin. Elles visitent les prisons proches de leurs couvents. Le ciment de leur vie communautaire est la contemplation de la Divine Miséricorde, centrée sur l’adoration du Saint-Sacrement, selon le voeu du Père Lataste. La béatification de celui-ci est proche car tous les éléments nécessaires à cet acte solennel sont désormais réunis.

À l’invitation du Père Lataste, puisons dans le Coeur eucharistique de Jésus l’Amour divin dont nous avons besoin pour nous oublier nous-mêmes en faveur de ceux et celles qui gisent, dépouillés, au bord du chemin (cf. Lc 10, 30).

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