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18 octobre 2011

Abbé René Giraudet

Bien chers Amis de l’abbaye Saint-Joseph,

Nous sommes en 1943: les autorités allemandes refusent l’autorisation d’ériger une aumônerie officielle pour les travailleurs français en Allemagne. L’abbé Rodhain, aumônier général des prisonniers de guerre, lance alors un appel aux prêtres pour partir en Allemagne comme prêtres-ouvriers clandestins. Beaucoup pensent qu’il faut être fou pour répondre à un tel appel. Cependant, plus de quarante prêtres se portent volontaires; parmi eux, un vendéen, l’abbé René Giraudet, supplie son évêque, Mgr Cazaux: «Monsei-gneur, ne m’épargnez pas.» Comment ce jeune prêtre en est-il venu à aimer ainsi Jésus jusqu’à la folie de la Croix?

Louis, préparateur en pharmacie, et Octavie Giraudet se réjouissent de la naissance de leur premier enfant, René, le 4 décembre 1907; il est baptisé le 8, fête de l’Immaculée Conception, dans la cathédrale de Luçon (Vendée). Dans cette première rencontre avec la Vierge, au jour de son baptême, René verra un signe du Ciel. Une petite soeur, Marie-Joseph, naîtra en 1912. Au cours de l’été 1915, René passe quelques jours à Sainte-Hermine, chez sa grand-mère paternelle. Cette fervente vendéenne aimerait que Dieu suscite une vocation sacerdotale dans sa famille. Elle semble exaucée: alors qu’ils viennent de faire le chemin de Croix dans l’église du bourg: «Tu sais, grand-mère, lui déclare René, je veux être prêtre. – Comme je serais contente. Mais j’ai peur de ne pas te voir: je serai morte à ce moment-là. – N’importe! Ce sera encore plus beau pour toi, tu me verras du haut du Ciel.» Après la Confirmation, en 1917, et la Commu-nion solennelle l’année suivante, la vocation de René s’affermit; il veut même devenir missionnaire.

«C’est un bon enfant»

En octobre 1920, il entre au petit séminaire de Chavagnes-en-Paillers. Ce garçon rieur et sportif ne craint pas sa peine. En revanche, simplicité et piété s’associent chez lui à espièglerie et turbulence: un petit cheval ruant dans les brancards avec une dissipation exubérante et une paresse pour les études défiant toute concurrence; ses parents, troublés par les doléances du supérieur et des professeurs, veulent par deux fois le retirer du séminaire. Seul le Père spirituel de René prend sa défense: «Mais non! Je vous dis que c’est un bon enfant. Il ne faut pas l’enlever d’ici, vous feriez une sottise. Tout ça lui passera.» On note effectivement, par la suite, des progrès. Animé d’un vif désir d’entrer dans la Congrégation de la Sainte Vierge, il se consacre à Notre-Dame chaque 8 décembre, jour anniversaire de son baptême; il fait aussi des efforts pour arriver à dompter sa nature et mériter son admission parmi les congréganistes. Il n’y est admis, par manière de consolation, qu’en juin 1925, avant son départ de Chavagnes. Il prend alors pour devise: «Toujours renaître et toujours mourir», allusion à son prénom et à son idéal de mortification.

En septembre 1925, la famille de René s’installe à Chantonnay, où elle monte une droguerie. Madame Giraudet propose à son fils de les rejoindre dans ce commerce familial. «Non, petite mère, répond-il, je veux être prêtre missionnaire.» Au grand séminaire de Luçon, malgré de bonnes résolutions, les anciennes tendances se réveillent; les supérieurs s’interrogent alors sur l’aptitude du jeune homme à l’état ecclésiastique. En 1929, il est toutefois accepté au séminaire des Missions Étrangères, rue du Bac, à Paris. Après son ordination diaconale, au mois de juin 1931, sa santé s’altère; à sa grande désolation, les médecins le déclarent inapte pour les missions, et on l’envoie se reposer dans sa famille. Le 19 décembre suivant, il est ordonné prêtre dans la chapelle de la rue du Bac. Célébrer la Messe lui est une joie ineffable. Son image d’ordination représente un prêtre attaché à la Croix qui ouvre les bras sur le monde; en légende, on peut lire: Avec le Christ, je suis cloué à la Croix (Ga 2, 20). Serait-ce déjà l’annonce de ce qu’il va vivre? Après l’ordination, l’abbé Giraudet reçoit le conseil de réintégrer son diocèse, car sa santé ne lui permet pas un long séjour sous les climats d’Extrême-Orient. En février 1932, il est nommé vicaire à Saint-Hilaire-de-Loulay (1680 habitants), près de Montaigu. Dans la paroisse, la pratique religieuse est très élevée; le jeune vicaire découvre tout un peuple grave et réservé, qui n’aime pas entendre sur les lèvres d’un prêtre une plaisanterie légère. René s’applique à connaître ses paroissiens et les apprécie. Il admire leur foi robuste, et souvent, par la suite, il proclamera qu’il n’a jamais rencontré de chrétiens plus complets que les vendéens du Bocage. Avec un zèle admirable, il s’occupe des enfants et des jeunes: il organise un groupe de «Coeurs Vaillants» et lance avec succès une section de la Jeunesse Agricole Catholique.

«On ne peut pas suivre Jésus en solitaire, disait le Pape Benoît XVI lors des JMJ de Madrid. Celui qui cède à la tentation de marcher «à son propre compte» ou de vivre la foi selon la mentalité individualiste qui prédomine dans la société, court le risque de ne jamais rencontrer Jésus-Christ, ou de finir par suivre une image fausse de Lui… Chers jeunes: aimez l’Église qui vous a engendrés dans la foi, vous a aidés à mieux connaître le Christ et vous a fait découvrir la beauté de son amour. Pour la croissance de votre amitié avec le Christ, il est fondamental de reconnaître l’importance de votre belle insertion dans les paroisses, les communautés et les mouvements, ainsi que l’importance de la participation à l’Eucharistie dominicale, de la réception fréquente du sacrement du pardon, et de la fidélité à la prière et à la méditation de la Parole de Dieu» (21 août 2011).

La petite boîte

Avant tout, l’abbé a le souci des âmes, et il passe beaucoup de temps au confessionnal: «La première qualité d’un pasteur, écrit-il, c’est d’aimer littéralement cette petite boîte si incommode, et de n’être jamais si heureux que lorsqu’il doit s’y rendre le plus longtemps et le plus souvent possible.» Il s’efforce de rendre la confession «amicale», visant à établir un dialogue confiant et familier, afin que les âmes puissent s’épancher à leur aise et sentir dans le prêtre un ami qui les comprend et veut les aider. À ses pénitents, il recommande d’établir un règlement de vie, avec une heure fixe pour le lever et le coucher, un temps pour chaque exercice de piété, même court, et par-dessus tout un examen de conscience chaque soir. L’abbé Giraudet le pratique lui-même avec beaucoup de fidélité et y voit l’un des moyens les plus efficaces du progrès spirituel.

En février 1942, l’abbé Giraudet est nommé curé de Saint-Hilaire-du-Bois, commune de 600 habitants au sud-est de Chantonnay. Dès le premier contact, les paroissiens sont conquis par ce prêtre qui parle sans recherche mais avec une sincérité qui va droit au coeur. On l’écoute avec intérêt et nul n’a envie de dormir quand il prêche. Chaque soir, à la récitation du chapelet, il ajoute une lecture spirituelle prise dans la vie d’un saint, pour joindre à sa parole la force de l’exemple. Le samedi, il fait entrer dans chaque foyer le bulletin paroissial: quatre pages polycopiées qui sont un chef-d’oeuvre. On y trouve le mot du curé, les annonces de la paroisse, celles de la mairie, des nouvelles du Comité des Prisonniers, en un mot tout ce qui peut intéresser les villageois. Ceux-ci, au fil des jours, découvrent dans leur curé un père qui les aime comme ses enfants, se préoccupant de tout ce qui les touche, au temporel comme au spirituel. La restauration de l’église est l’un de ses grands soucis, car c’est la maison de famille: il la veut agréable et belle. Parmi ses paroissiens, certains sont spécialement éprouvés par la guerre: les prisonniers, leurs femmes et les réfugiés en provenance de territoires occupés. Pour les premiers, il quête et fait expédier des colis leur procurant de la nourriture tant pour le corps que pour l’âme. Leurs épouses sont groupées dans une petite association; il soutient leur courage et leur apprend à fixer en Dieu leur espérance. Peu à peu, on apprend que l’abbé René dort sur une planche et se chauffe très mal. On surprend ses longues prières le matin à l’église. Sa manière de célébrer le Saint-Sacrifice suscite l’admiration; l’assistance à la Messe et les communions augmentent. Tous les paroissiens aiment leur pasteur et font corps avec lui. Ses semailles reçoivent la rosée du Ciel. Sur la page de garde de son bréviaire, il inscrit: «La Croix plane sur une paroisse, quand le pasteur, par amour pour ses ouailles, s’est cloué dessus.» Il a posé sur son bureau le dessin d’une pierre d’autel avec ce texte: «Le coeur du prêtre doit ressembler à une pierre d’autel: être marqué de cinq croix et renfermer des reliques de martyrs.» Il porte, sous sa soutane, un crucifix de missionnaire qu’il retire souvent pour le baiser.

«Je m’étais bien trompé»

Dès 1942, l’Allemagne réclame à la France le concours d’ouvriers. Devant l’échec de sa propagande, le Reich organise la réquisition de travailleurs. La présence de prêtres auprès de ces jeunes travailleurs n’est pas autorisée. Pour les encadrer clandestinement, l’abbé Rodhain lance donc un appel dans les diocèses. En mars 1943, il rencontre les prêtres volontaires et en sélectionne une vingtaine, mais l’abbé René Giraudet est jugé inapte: «C’est un prêtre de campagne qui n’a jamais eu affaire qu’à des ruraux, dit l’abbé Rodhain. De plus, il paraît timide, sans allant et sans envergure.» Plus tard, il avouera: «Ce jour-là, je m’étais bien trompé!» Mais la secrétaire de l’abbé intervient: elle devine dans ce prêtre une flamme intérieure profonde, une puissance de dévouement sans égale, et une intelligence déliée, capable de faire face aux difficultés. Après bien des hésitations, l’abbé Rodhain l’inscrit en queue de liste.

En avril, René est accueilli à Berlin par l’abbé Bousquet, premier prêtre clandestin, arrivé en janvier. «Je ne suis pas venu ici, écrit-il, faire de la politique, ni pour, ni contre qui que ce soit. Je suis venu pour sauver les âmes et je m’y emploie autant que je le peux durant mes loisirs.» D’abord embauché dans une imprimerie où travaillent de nombreux Français, il loge dans un «Lager», une chambrée, où ses camarades, pour la plupart, sont indifférents, voire hostiles à la religion. Ils ignorent sa qualité de prêtre, mais ce catholique en impose tout de suite aux «titis parisiens» qui sentent ses qualités et le respectent; il en sera de même dans les divers «Lagers», où il séjournera. Par son désintéressement et sa débordante charité, il gagne les coeurs de ces jeunes qui l’aimeront comme un frère. Très vite, il trouve un réduit au-dessus d’une cage d’ascenseur, où il peut être tranquille et surtout célébrer en cachette la sainte Messe. Ces jeunes Français vivent dans une grande détresse physique et morale. La faim surtout les tenaille. René écrit à ses paroissiens et amis de Vendée: lui arrivent alors de nombreux colis qu’il distribue à tous ces jeunes, chrétiens ou pas. Il se prive de nourriture pour ceux qui en manquent, partage ses vêtements: tout ce qu’il reçoit, il le donne. Quand il est seul dans son réduit, il entend parfois à travers la cloison les conversations, et remercie Dieu pour les appréciations que provoque sa charité: «Les catholiques, les vrais, ils sont chics. Ils ont l’esprit de rendre service. Tiens! le catholique du coin, c’est un type rudement chic!» L’abbé Giraudet prend en charge ceux que la maladie a conduits dans les hôpitaux. Là, les jeunes sont très touchés par ce camarade plus âgé qui prend soin d’eux. Quand l’abbé voit une âme bien disposée, il lui dit tout bas: «Écoute, mon grand, je suis prêtre. Garde le secret!» Étonnement, mais joie profonde, et la conversation se fait plus intime. En semaine, il s’assied sur un banc public pour confesser, entre dans une cabine téléphonique pour donner la Communion eucharistique, organise, le dimanche, des sorties dans les bois qui entourent Berlin afin de prêcher des récollections et de célébrer la Messe pour les séminaristes, scouts et jocistes. Il s’adonne à tout cela, malgré la fatigue du travail à l’usine et le fracas des bombardements la nuit. Il sait se faire tout à tous. La piété des jeunes suscite son admiration: «Si vous saviez, écrit-il à ses paroissiens, comme cette jeunesse, anxieuse de sa destinée éternelle, donnerait des leçons à tant de chrétiens de Vendée qui ne comprennent pas assez le bonheur d’avoir reçu la foi dès leur plus jeune âge… Faites, comme nous, cette offrande quotidienne à l’heure où Jésus est mort pour nous, vous rappelant ce qu’est notre devise: «Pour le travailleur à l’étranger, c’est Vendredi Saint tous les jours.»»

Comme un grand frère

Par son travail méthodique et précis, l’abbé Giraudet joue un grand rôle dans l’organisation de la vie religieuse à Berlin. Pourtant, il s’en tient à la tâche qu’on lui a confiée sans dépasser ses attributions. Il sait se mettre à la portée de chacun. «C’est un prêtre humble, plein de douceur, n’employant pas d’expressions compliquées, mais nous parlant comme un grand frère», souligne un jeune. Depuis son ordination, René veut devenir «le vrai prêtre qui voit tout sous l’angle surnaturel, et qui n’a pas d’autre objectif que le bien souverain en tout. Il vaut mieux, dit-il, ne pas être prêtre que de concevoir son sacerdoce autrement.» Pour les âmes, il est toujours prêt: les nuits peuvent y passer, la Gestapo peut l’épier, les chefs de service peuvent sanctionner ses absences, aucun sacrifice, aucune peur ne l’arrête sur le chemin de son devoir d’état. Son apostolat clandestin l’oblige à réduire le travail à l’usine. Mal noté par les contremaîtres, il se retrouve au dernier rang de la classe ouvrière. Il avoue: «Je suis bien content d’être ainsi au rang de mes frères les plus humbles: cela me permet de les toucher plus facilement… Heureux travail manuel, si humiliant pour la nature, surtout quand je pousse des wagonnets dans les halls comme un incapable non spécialisé, et qui vous permet de vivre si libre d’esprit et si près de Dieu!»

Sa vraie mission

Au début du carême de 1944, il organise une cam- pagne pour obtenir du Christ la conversion d’un grand nombre de Français. Les jeunes font des «promesses pascales» qui portent sur trois objectifs: sacrifices, vie spirituelle et apostolat. À Pâques, plus de cinq cents jeunes qui, en France, avaient abandonné leurs devoirs religieux depuis plusieurs années, retrouvent, sur les sentiers de l’exil, le chemin de la foi et de la pratique religieuse. Ainsi chaque militant a bien amené au Christ un ou deux camarades. «Nos actions sont bien humbles, écrit René le 14 avril, et le Saint-Esprit se charge au besoin de nous ramener à la réalité par de bonnes petites humiliations de temps en temps; c’est nécessaire pour que nous demeurions convaincus que la grâce de Dieu fait ce que nous constatons.» Il a conscience que sa vraie mission n’est pas tant de prêcher que de souffrir avec Jésus pour la rédemption des âmes: «Notre apostolat ici est fait autant de notre souffrance morale que de notre activité extérieure.» Dès août 1943, il précise: «Quand vous aurez cessé d’avoir de mes nouvelles, priez pour moi, afin que ma mission, qui commencera véritablement alors, soit utile pour la gloire de Dieu.»

«Nous voyons, explique Benoît XVI, que c’est la Croix, et non la sagesse qui s’oppose à la Croix, qui a gagné dans l’histoire. Le Crucifié est sagesse, car il manifeste vraiment qui est Dieu, c’est-à-dire la puissance d’amour qui arrive jusqu’à la Croix pour sauver l’homme. Dieu utilise des méthodes et des instruments qui, à première vue, ne nous semblent que faiblesse. Le Crucifié révèle, d’une part, la faiblesse de l’homme et, de l’autre, la véritable puissance de Dieu, c’est-à-dire la gratuité de l’amour: c’est précisément cette gratuité totale de l’amour qui est la véritable sagesse» (Audience du 29 octobre 2008).

Le dimanche 14 mai 1944, l’abbé Giraudet éprouve une grande joie. S’adressant à un groupe d’aumôniers clandestins et de responsables de l’Action Catholique, il commente une prière du mouvement: «À Vous, Jésus, nos peines, nos sueurs, nos blessures dans la terreur des bombardements, nos vies même si vous le demandez, pour le rachat de nos frères.» Il montre la persécution menaçante, et engage ses auditeurs à s’offrir avec joie pour le règne du Christ. Puis, dans une scène digne de la chevalerie, tous se prosternent, la face contre terre, et prient avec insistance l’Esprit-Saint de leur donner la force; enfin, devant le Saint-Sacrement exposé, ils promettent de servir le Christ de toute leur âme, dussent-ils payer leur dévouement de leur vie. La vague d’arrestations qui déferle de février à août 1944 frappe les catholiques impliqués dans des structures considérées par les nazis comme opposées au régime; elle n’épargne pas René. Arrêté le 12 juin à cause de son activité apostolique, il retrouve en prison un certain nombre de ses militants qu’une vie spirituelle intense prépare aux longs interrogatoires destinés à faire avouer une activité politique, de fait inexistante. Après l’attentat manqué du 20 juillet, contre Hitler, il est envoyé, sans procès ni sentence, au camp de Sachsenhausen. Là aussi, il continue son apostolat. Dans les derniers mois, il se retrouve seul Français, dans un bloc occupé par les SS voleurs et assassins qui assurent la discipline intérieure du camp.

«Que je suis content!»

En janvier 1945, il est transféré à Bergen-Belsen, le «mouroir». Déjà tuberculeux, il y contracte le typhus. Ce camp est libéré par les alliés le 15 avril. Parmi les membres de la Mission vaticane envoyée sur place, René reconnaît un confrère vendéen, l’abbé Hauret; il lui avoue: «J’ai eu faim, j’ai eu froid, j’ai eu peur. Je n’ai plus qu’un désir: partir dans ma paroisse pour y mourir. Je ne voudrais pas laisser mes os ici.» Dès que son état le permet, il est rapatrié. Arrivé à Paris le 11 juin et hospitalisé au Kremlin-Bicêtre, il confie à l’abbé Bousquet: «J’ai été humilié! si tu savais…» Ce dernier lui donne de bonnes nouvelles des jeunes Français de Berlin. «Que je suis content, ne cesse de dire René, que je suis heureux!» Le lendemain, 12 juin, l’abbé Rodhain, qui lui porte la Sainte Communion, est frappé par son visage serein où s’épanouit la joie de mourir pour le Christ. Il s’éteint peu après, paisiblement, à l’âge de 38 ans. Après une poignante veillée funèbre et des obsèques solennelles aux Invalides, présidées par le Cardinal Suhard, archevêque de Paris, le corps de l’abbé Giraudet est accueilli dans sa paroisse par tout un peuple. Les funérailles, présidées par Monseigneur Cazaux, y sont célébrées le 18 juin, suivies de l’inhumation dans le cimetière de Chantonnay.

L’abbé René Giraudet fait partie d’un groupe d’une cinquantaine de prêtres, religieux, séminaristes, jocistes et scouts, victimes du nazisme, dont la cause de canonisation comme martyrs de la foi a été introduite en 1988. Ils ont donné leur vie pour le Christ: qu’ils intercèdent en faveur des chrétiens de notre temps, afin qu’ils suivent leur exemple! Aujourd’hui, la persécution est plus insidieuse, car elle endort la résistance et dessèche les coeurs au moyen des biens de consommation, et du bien-être à courte vue. Le chemin de la vraie vie n’est pas celui-là ; Benoît XVI en indiquait les caractéristiques aux jeunes réunis à Madrid, lors des JMJ :

«La foi a son origine dans l’initiative de Dieu, qui nous dévoile son intimité et nous invite à participer à sa vie divine même. La foi ne fournit pas seulement des informations sur l’identité du Christ, mais elle suppose une relation personnelle avec lui, l’adhésion de toute la personne, avec son intelligence, sa volonté et ses sentiments, à la manifestation que Dieu fait de lui-même. Ainsi, la demande de Jésus : Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ?, pousse en fin de compte les disciples à prendre une décision personnelle par rapport à lui. La foi et la suite du Christ sont étroitement liées… Chers jeunes, aujourd’hui, le Christ vous pose également la même demande qu’il a faite aux apôtres: Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? Répondez-lui avec générosité et courage comme il convient à un coeur jeune tel que le vôtre. Dites-lui: «Jésus, je sais que tu es le Fils de Dieu, que tu as donné ta vie pour moi. Je veux te suivre avec fidélité et me laisser guider par ta parole. Tu me connais et tu m’aimes. J’ai confiance en toi et je remets ma vie entre tes mains. Je veux que tu sois la force qui me soutienne, la joie qui ne me quitte jamais»» (21 août 2011).

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