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22 octobre 2006

Bienheureuse Marie de la Passion (Hélène de Chappotin)

Bien chers Amis de l’abbaye Saint-Joseph,

Allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit (Mt 28, 19). Cet appel du Christ a suscité à toutes les époques la réponse de coeurs généreux qui se sont engagés dans la vie missionnaire. Ainsi, «Marie de la Passion s’est laissée saisir par le Dieu capable de combler la soif de vérité qui l’habitait. Fondant les Soeurs Franciscaines Missionnaires de Marie, elle brûle de communiquer les flots d’amour qui bouillonnent en elle et veulent se répandre sur le monde. Au coeur de l’engagement missionnaire, elle place l’oraison et l’Eucharistie, car pour elle adoration et mission se fondent en une même démarche» (Homélie de Jean-Paul II, lors de la béatification de Mère Marie de la Passion, le 20 octobre 2002).

La future Mère Marie de la Passion, Hélène de Chappotin, est née le 21 mai 1839. Autour de son berceau se trouvent ses quatre frères et soeurs ainsi que six cousins et cousines. Un oncle et une tante vivent en effet avec les Chappotin dans un étroit appartement proche de la cathédrale de Nantes (France). La plus grande partie de l’année se passe cependant dans la vaste propriété de famille, le Fort, à quelques kilomètres de la ville. Enfant douée et volontaire, turbulente et entraîneuse, Hélène vibre aux conversations qu’elle entend autour d’elle, imprégnées des souvenirs de la Révolution et de la chouannerie.

Son coeur se brise d’amour

Dès son plus jeune âge, Hélène révèle une maturité d’esprit surprenante. Mais son caractère entier et les talents qui la font briller dans son petit monde, ne sont pas sans donner quelques inquiétudes à Madame de Chappotin; celle-ci apporte d’autant plus de soin à la formation religieuse de l’enfant. Hélène est marquée par la pensée de l’éternité au point d’en ressentir de l’angoisse. Elle retrouve la paix le jour où son coeur «se brise d’amour pour Notre-Seigneur», selon sa propre expression. Une des caractéristiques de son enfance est l’amour des pauvres. En leur faveur, elle consent à de généreux sacrifices. Elle fonde avec des amies «l’Association Sainte-Anne», destinée à leur procurer des vêtements. Toutefois, son tempérament vif se donne libre cours dans des jeux bruyants. En 1847, Hélène a huit ans et son père est nommé ingénieur en chef à Vannes. Il faut alors quitter la propriété du Fort pour un petit appartement. Privée de ses cousins, Hélène se réfugie dans la lecture. En 1850, elle fait sa première Communion, le jour de la Fête-Dieu: «Je me sentais si bien à Dieu après cette première Communion… je conjurais le bon Dieu de me prendre avant que je devinsse méchante».

Mais cette même année, commence pour Hélène une période douloureuse, marquée par plusieurs deuils. «En face de moi, écrira Hélène, le vide se faisait toujours plus grand. Qu’est-ce qui valait la peine d’être aimé? Cette énigme de mon enfance se faisait toujours plus terrible». En avril 1856, elle suit la retraite annuelle des Enfants de Marie, à Nantes. Dès l’ouverture de celle-ci, le prédicateur se fait prophétique: «Dans cette chapelle, il y a une âme que Dieu cherche, veut, réclame. Tous nous allons prier pour elle pendant la bénédiction du Saint-Sacrement». Sans hésitation, Hélène se dit: «C’est moi, cette âme, c’est pour moi qu’on va prier». Elle ajoutera toutefois: «Avec cette conviction, je fus plus enfant, plus rieuse que jamais, je dissipais les autres. Rien pour Dieu jusqu’au dernier sermon, rien… Mais lorsque commença le dernier Salut du Très Saint-Sacrement, il me semble que je dus avoir quelque chose de la grâce de saint Paul sur le chemin de Damas. Je me mets à genoux, froide encore. M’arrive cette pensée: «Je suis Celui qui t’aimera toujours plus que tu ne L’aimeras, Celui dont la Beauté est sans tache, sans mécompte, car Je suis l’Infini, Dieu». Je n’ai rien entendu, c’était une pensée d’une minute, mais qui fit de moi une autre créature». La vie d’Hélène se métamorphose. Disparus l’ennui, la nonchalance; sa vie est désormais transformée par l’amour de Dieu. Et un jour, une nouvelle lumière lui vient: «Que me dois-tu pour m’être ainsi emparé de toi?» lui demande Jésus. La vie religieuse se montre devant elle. «Le don entier de moi-même peut seul payer Celui qui s’est donné tout entier à moi», répond-elle. Et de même que la Beauté de Dieu s’était imposée à son amour, de même la vie religieuse s’impose à sa conscience, et même à ses désirs.

Hélène approfondit sa vie spirituelle: longues heures de prière, pénitences… Sa famille s’aperçoit vite de son changement, mais la jeune fille ne parle pas de sa vocation: elle sait que sa mère y est farouchement opposée. À la fin de 1858, le Père Lavigne, son confesseur, lui demande d’aller faire une retraite de discernement chez les Dames du Cénacle à Paris. Hélène en informe ses parents qui acceptent. Mais peu avant le départ, Madame de Chappotin est terrassée par une congestion cérébrale qui l’emporte au bout de huit jours. Hélène reste alors auprès de son père.

Nom nouveau

Un jour, à la suggestion d’une amie, elle se rend chez les Clarisses de Nantes et décide de s’y faire religieuse. Elle franchit la clôture des Clarisses le 9 décembre 1860. Le 23 janvier suivant, alors qu’elle se trouve au choeur, elle reçoit un nom nouveau: «Tout à coup, j’entendis cette parole distincte et positive (je ne sais si ce fut des oreilles du corps): «Veux-tu être crucifiée à la place du Saint-Père?»… Je dis oui. Et alors tomba sur moi, comme une consécration, cette parole et ce nom: «Marie victime de Jésus, et de Jésus crucifié». Je crois que depuis lors c’est là mon nom du Ciel, en dehors de toutes volontés humaines… L’amour que je ressentis était si violent qu’il me semble qu’il est impossible de le supporter sur la terre; il faut ou mourir ou qu’il diminue». Ce nom mystérieux évoque les paroles de saint Jean: Jésus-Christ, le juste, est victime d’expiation pour nos péchés et pour ceux du monde entier (1 Jn 2, 2). Jésus presse Hélène de s’unir à son sacrifice, d’entrer avec Lui dans le mystère de la Rédemption du monde, et cela dans le contexte de l’Église de son temps, alors que le pouvoir temporel du Pape sur les États de l’Église est menacé de disparition. Le choc produit par la révélation de ce nom nouveau est tel qu’Hélène tombe malade et doit s’éloigner du couvent. Elle rentre en famille et occupe sa profonde solitude par la lecture des auteurs de l’école française du XVIIe siècle.

En 1864, elle apprend l’existence de la Société de Marie Réparatrice, vouée à l’adoration du Très Saint-Sacrement en réparation des péchés du monde, avec Marie au pied de la croix, et selon les Constitutions de saint Ignace. Elle rejoint alors le noviciat des Réparatrices à Toulouse. Sa prise d’habit a lieu le 15 août suivant: on lui donne le nom de soeur Marie de la Passion. Au début de 1865, elle est désignée pour aller à la mission du Maduré, au sud de l’Inde. Dès 1859 en effet, à la demande des Pères jésuites, la Société de Marie Réparatrice a envoyé un premier groupe de Soeurs au Maduré pour s’occuper des nombreuses jeunes veuves et des jeunes filles du pays. Dans un contexte géographique, culturel et religieux qui leur est inconnu, elles doivent adapter les formes de leur vie religieuse. Le 3 mai 1866, Marie de la Passion prononce ses premiers voeux de religion et presque aussitôt, est nommée supérieure de la maison de Tuticorin. Son action y est très appréciée et, en janvier 1867, on la nomme supérieure provinciale des trois maisons du Maduré.

Mère Marie de la Passion a de nombreuses qualités pour faire face à la situation, mais son extrême sensibilité lui cause de profondes douleurs. Sa santé fragile est éprouvée par le climat: violents maux d’estomac ou de tête, maladie du coeur… Il lui faut répondre aux besoins matériels et spirituels des familles: catéchismes, retraites, activités scolaires, dispensaires, refuges pour les femmes… Son action s’étend au soin de la trentaine de Soeurs réparties en trois communautés. Elle harmonise, avec beaucoup de souplesse, prière, adoration eucharistique et apostolat. Le climat de charité qu’elle instaure dans les communautés provoque l’admiration des visiteurs: «Quand on entre chez vous, affirme aux Soeurs un évêque, on est saisi, on sent quelque chose de particulier… c’est la charité qui règne dans cet établissement».

Décision difficile

Cependant, les difficultés rencontrées dans l’apostolat sont telles que la Supérieure générale envisage de rapatrier toutes ses filles en France. Mère Marie de la Passion répond que beaucoup de temps est nécessaire pour que ces femmes s’adaptent à la vie missionnaire. En 1874, on lui demande d’ouvrir un orphelinat et deux écoles à Ootacamund, gros bourg à la situation climatique très favorable, au nord du Maduré. Mère Marie de la Passion réalise la fondation dans des conditions de grande pauvreté. Pendant ce temps, au Maduré, la situation se dégrade par suite de multiples incompréhensions sur les oeuvres de la Congrégation et la discipline; les difficultés de communication avec l’Europe y sont pour une grande part. La Supérieure générale relève Mère Marie de la Passion de sa charge de provinciale, tout en lui laissant le supériorat de la maison d’Ootacamund, et envoie sur place une de ses assistantes. Celle-ci offre aux Religieuses le choix entre l’acceptation d’un ensemble de mesures qui leur paraissent arbitraires et inacceptables, et la sortie pure et simple de la Congrégation. Très embarrassées, les Soeurs réfléchissent, prennent conseil et prient, puis se décident, en majorité, à quitter la Congrégation. Mère Marie de la Passion, toujours à Ootacamund, se tait. Les Soeurs ont fait leur choix sans elle, mais elles viennent la rejoindre, au nombre d’une vingtaine. Mgr Bardou, l’évêque qui a demandé la fondation d’Ootacamund, accepte de les recevoir. Toutefois, il envoie Marie de la Passion et deux de ses compagnes à Rome pour exposer la situation et trouver une solution.

Pendant les démarches romaines, les Soeurs, mal logées, souffrent de la faim et du froid, mais bientôt les autorités se montrent favorables: dès le 5 janvier 1877, l’autorisation est donnée de fonder l’Institut des Missionnaires de Marie, exclusivement voué à la mission. Marie de la Passion rédige un règlement de vie à soumettre à Mgr Bardou. À la base, elle met l’offrande de soi sans réserve pour l’Église et le salut du monde, puis l’imitation de Marie, suivant Jésus jusqu’au calvaire. Des convictions se sont faites dans son esprit: une préparation spécifique est nécessaire pour les missionnaires; il faut aussi une meilleure connaissance des horizons culturels du pays de la mission.

La raison de l’activité missionnaire de l’Église, «découle de la volonté de Dieu, qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. Car il n’y a qu’un seul Dieu, et un seul médiateur entre Dieu et les hommes, l’homme Jésus-Christ, qui s’est livré en rançon pour tous (1 Tm 2, 4-5); et il n’existe de salut en aucun autre (Ac 4, 12). Il faut donc que tous se convertissent au Christ, connu par la prédication de l’Église, et qu’ils soient eux aussi incorporés par le baptême à l’Église, qui est son Corps… Bien que Dieu puisse par des voies connues de Lui, amener à la foi, sans laquelle il est impossible de plaire à Dieu (He 11, 6), des hommes qui, sans faute de leur part, ignorent l’Évangile, la nécessité incombe cependant à l’Église (cf. 1 Co 9, 16) – et en même temps elle en a le droit sacré – d’évangéliser, et par conséquent son activité missionnaire garde, aujourd’hui comme toujours, toute sa force et sa nécessité» (Concile Vatican II, Décret Ad Gentes, n. 7).

Un bonheur et une grâce

Mère Marie de la Passion se rend ensuite en France pour y ouvrir un noviciat à Saint-Brieuc où l’évêque l’accueille chaleureusement. De nombreuses vocations se présentent, amenées par les curés des environs. En 1878, a lieu une première cérémonie de départ missionnaire de cinq novices pour l’Inde. Au mois de juin 1880, le noviciat est transféré dans l’ancienne propriété des évêques de Saint-Brieuc, non loin de la ville, aux Châtelets. En juin 1882, Marie de la Passion se rend de nouveau à Rome. Elle y rencontre le Père Raphaël Delarbre qui occupe une charge importante dans l’Ordre franciscain. Ce Père lui demande de rédiger les Constitutions définitives de son Institut, puis lui recommande d’ouvrir une maison à Rome même. Persuadée que Dieu la veut franciscaine, Mère Marie de la Passion s’adresse au Ministre général des Franciscains, le Père Bernardin, qui donne son plein accord: «Quand j’ai vu votre désir d’appartenir à saint François, dira-t-il plus tard, j’ai senti que c’était pour notre Ordre un bonheur et une grâce».

Tout semble aller pour le mieux. Mais dès novembre 1882, la faveur dont jouit la nouvelle congrégation à Rome, réveille les suspicions qui planent sur sa fondation depuis la séparation d’avec les Filles de Marie Réparatrice. Des voix malveillantes imputent à une ambition personnelle les desseins de la fondatrice. Le 16 mars 1883, Marie de la Passion est déposée de sa charge de Supérieure générale et interdiction lui est faite d’écrire à ses Filles. Peu après, la Congrégation de la Propagande tranche un litige financier avec la société de Marie Réparatrice au désavantage des Missionnaires de Marie, décision humainement désastreuse pour celles-ci.

Le grand missionnaire

Bien que les Pères Bernardin et Raphaël, ainsi que l’évêque de Saint-Brieuc, la soutiennent dans son épreuve, Marie de la Passion ressent d’autant plus l’humiliation qu’elle n’a pas pu se défendre. La décision qui l’a condamnée est, d’ailleurs, en contradiction avec les assurances données auparavant. La vie spirituelle de la Mère en est ébranlée: «Tantôt ma foi sombrait, dira-t-elle, tantôt il me semblait que Dieu me jugerait aussi sans m’entendre, et me condamnerait sans cause». Mais cette lourde épreuve la purifie, et ses oraisons devant le tabernacle lui font approfondir son union au mystère eucharistique. «Le grand missionnaire de l’Institut, écrira-elle en 1888, c’est Jésus exposé et adoré. On n’a pas assez compris la puissance de l’Eucharistie et de la prière jointe à l’action, pour la conversion des peuples». Enfin, en février 1884, Léon XIII nomme un «chargé d’affaires» pour examiner la situation des Missionnaires de Marie. Pour Marie de la Passion, cet examen est une «longue suite de petites agonies: Dieu seul sait ce que j’ai entendu lire sur mon compte…» À l’issue de l’enquête, l’évêque de Saint-Brieuc écrit aux religieuses: «Vous avez procès gagné, et je m’en réjouis avec vous… L’exclusion injuste dont avait été frappée Mère Marie de la Passion est rapportée par le Souverain Pontife lui-même». Fin juillet 1884, un chapitre réélit à l’unanimité Mère Marie de la Passion comme Supérieure générale. «Trop d’angoisses, trop de déceptions avaient passé sur mon âme, pour que je n’eusse pas une grande appréhension, en reprenant le fardeau de la responsabilité», écrira-t-elle. Cette angoisse qui la plonge souvent dans une nuit profonde demeurera un trait permanent de sa vie spirituelle.

En août 1885, l’Institut est officiellement placé sous la direction du Ministre général des Franciscains. Commence alors un magnifique essor missionnaire. En 1886, quatre fondations sont réalisées: Ceylan (deux fondations), la Chine et Paris. Les séparations qu’exigent les départs font beaucoup souffrir Marie de la Passion qui aime personnellement chacune de ses Filles. Mais jamais ne sera entamé l’amour maternel et fraternel que l’immense correspondance de la fondatrice entretiendra constamment dans la Congrégation. À partir de 1886, les demandes de fondation ne cessent d’affluer, chaque semaine, puis presque quotidiennement. Les fondations réalisées en Europe ne sont pas seulement considérées comme pépinières de vocations pour les pays de mission; elles répondent aux besoins de l’évangélisation des quartiers pauvres des grandes villes. Pour subvenir aux besoins matériels considérables, Marie de la Passion recourt au travail: «Ce qu’il faut coûte que coûte, c’est travailler, et trouver de l’ouvrage suffisamment pour vivre». Les Soeurs s’adonnent donc aux travaux de dessin, peinture, couture, lithographie, typographie, tissage, etc. Mère Marie de la Passion organise aussi la formation missionnaire de ses Soeurs; elle rédige un «Coutumier de la Maîtresse des Novices», véritable traité de formation spirituelle, ainsi que d’autres écrits spirituels.

En 1890, l’Institut reçoit son statut de droit pontifical: il compte alors 17 maisons et 495 Soeurs. Marie de la Passion attribue tout à Dieu. Cependant, au fond de son âme, une oeuvre de purification se poursuit. D’un côté, elle veut passionnément Dieu, son amour, sa gloire et elle s’abîme dans le silence de l’adoration; d’un autre côté, elle ne sait ce que le Seigneur pense d’elle et doute même de son salut éternel. Le Père Bernardin, qui passe par de semblables souffrances spirituelles, lui dit: «Allons, finissez-en une fois pour toutes, faites l’offrande perpétuelle d’abandon de votre âme, de votre être, de votre éternité, à Dieu».

«Marchez à la suite de Jésus!»

En novembre 1896, s’ouvre un chapitre général, à l’issue duquel la fondatrice s’écrie: «Aujourd’hui je me sens un violent désir de vous dire les paroles de saint Pierre au boiteux de l’Évangile: Je n’ai ni or ni argent, mais ce que j’ai, je te le donne: lève-toi et marche! Oui, je n’ai ni or ni argent, mais ce que j’ai, je vous le donne. Je me donne tout entière à vous, malgré mes croix, ma mauvaise santé, ma misère. Mais levez-vous et marchez! Je vous en supplie, marchez à la suite de Jésus!» Dès lors, les fondations se multiplient: Congo, Mozambique, Canada, Autriche, Mongolie, Birmanie, Japon…

Au contact avec les pauvres, spécialement dans les grandes villes, Marie de la Passion se préoccupe de la question sociale. Le sort de la femme lui tient particulièrement à coeur. Elle encourage la création d’écoles professionnelles et d’ateliers où les femmes pourront apprendre un métier et recevoir un juste salaire. «Dans le christianisme, disait le Pape Paul VI, plus que dans toute autre religion, la femme a dès les origines un statut spécial de dignité, dont les aspects nombreux et marquants sont attestés dans le Nouveau Testament… Il apparaît avec évidence que la femme est appelée à faire partie de la structure vivante et opérante du christianisme d’une façon si importante qu’on n’en a peut-être pas encore discerné toutes les virtualités» (6 décembre 1976).

En 1900, la grâce du martyre est donnée aux Soeurs de l’Institut, en Chine: à Tai-Yuan-Fou, la guerre des Boxers provoque le massacre de toute la mission, notamment des sept Soeurs arrivées l’année précédente. Au milieu de ses larmes, la fondatrice s’écrie: «Maintenant, je puis dire que j’ai sept vraies franciscaines missionnaires de Marie! Leur martyre parle de lui-même. Par leur vocation, elles s’étaient offertes pour l’Église et les âmes. Elles ont été jusqu’au bout de l’holocauste…» Ces religieuses martyres ont été canonisées le 1er octobre 2000.

Usée par les fatigues de ses incessants voyages et du labeur quotidien, Marie de la Passion meurt à San Remo (Italie), le 15 novembre 1904, laissant environ trois mille religieuses réparties en quatre-vingt-six fondations sur tous les continents.

Lors de la béatification de Mère Marie de la Passion, le Pape Jean-Paul II disait: «Le premier service à rendre à la mission est la recherche sincère et constante de la sainteté. Nous ne pouvons pas témoigner avec cohérence de l’Évangile si, auparavant, nous ne le vivons pas fidèlement». Ces paroles font écho à l’enseignement du Concile Vatican II: «Tous les fidèles, partout où ils vivent, sont tenus de manifester, par l’exemple de leur vie et le témoignage de leur parole, l’homme nouveau qu’ils ont revêtu par le baptême et la force du Saint-Esprit qui les a fortifiés par la Confirmation, afin que les autres, considérant leurs bonnes oeuvres, glorifient le Père (cf. Mt 5, 16) et perçoivent plus pleinement le sens authentique de la vie humaine et le lien universel de communion entre les hommes» (Ad Gentes, n. 11).

Demandons à la Bienheureuse Marie de la Passion, de nous obtenir la grâce de vivre conformément à l’Évangile, avec un zèle ardent du salut des âmes.

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