25 juillet 2012
Miracles de Lourdes
Bien chers Amis de l’abbaye Saint-Joseph,
«Je sais bien que dans certains milieux, la pensée même du miracle paraît démodée et impensable, écrivait le docteur Oliviéri, président du Bureau médical de Lourdes de 1959 à 1971… Aussi, lorsqu’on parle devant ces personnes de guérisons miraculeuses, elles ont toujours une réponse toute prête: ces faits, disent-elles, ou bien n’ont pas été étudiés, ou bien s’expliquent par toutes sortes de causes naturelles… ou bien seront explicables plus tard… Finalement, ce qui est commun à toutes ces explications, c’est cette raison fondamentale a priori que “le miracle, cela n’existe pas”. À cela, je puis répondre: “Le miracle, cela existe”. Comme le reconnaissait le grand Carrel, les guérisons de Lourdes sont un fait contre lequel aucune affirmation ne peut tenir.»
Un des plus célèbres et des plus anciens miracles de Notre-Dame de Lourdes fut la guérison de Pierre de Rudder. Le 16 février 1867, Pierre de Rudder, se rendant à son travail près de Jabbeke (Belgique), rencontre deux jeunes gens qui abattent des arbres dans le voisinage du château. Un des arbres est tombé dans un champ voisin et les bûcherons s’efforcent de le ramener sur la route à l’aide de leviers. Pierre leur propose son aide. Soudain l’arbre soulevé s’affaisse et le tronc lui broie la jambe gauche. Le médecin, appelé aussitôt, ne peut que constater la fracture du tibia et du péroné; pour maintenir les os brisés et essayer de les ressouder, il entoure la jambe d’un bandage amidonné. Dans les semaines qui suivent, la souffrance de Pierre augmente: une plaie gangreneuse s’est formée, qui attaque maintenant les tissus musculaires environnants. Douze mois passent, sans amélioration: l’infirme, alors âgé de 44 ans, reste immobilisé sur son lit, sans espoir de guérison. Les médecins lui conseillent l’amputation, mais il s’y refuse.
«Que fais-tu?»
Huit années passent. En 1875, Pierre décide de se rendre en pèlerinage à Oostakker, localité où l’on a aménagé une réplique de la “Grotte de Lourdes”, en l’honneur des apparitions de la Vierge Immaculée à sainte Bernadette. Le 5 avril, Pierre se rend au château de Jabbeke et confie au vicomte son projet: il ira à Oostakker pour implorer sa guérison. Poussée par la curiosité, la fiancée du vicomte demande à voir la blessure. L’infirme déroule ses bandes et le mal apparaît, grand comme la paume de la main: les deux parties des os rompus sont séparés par une plaie suppurante, et il n’y a pas la moindre apparence de cicatrisation. Pierre peut tourner son talon en avant et ses orteils en arrière. Le 7 avril, appuyé sur ses béquilles et aidé de son épouse, le blessé se met en route. Arrivé à Oostakker, après un moment de repos, Pierre boit un peu d’eau et fait avec ses béquilles le tour de la Grotte à deux reprises. Il s’assied ensuite, épuisé, devant l’image de la Sainte Vierge, sur un des bancs réservés aux pèlerins. Il implore le pardon de tous ses péchés, puis il demande à Notre-Dame de Lourdes la grâce de pouvoir de nouveau travailler, afin de gagner la vie de sa famille. Aussitôt il se sent remué et bouleversé. Ne sachant ce qu’il fait, il se lève sans appui, traverse les rangs des pèlerins et va s’agenouiller devant la statue. Tout à coup, il revient à lui et s’écrie: «Moi, à genoux! Où suis-je, ô mon Dieu?» Il se relève aussitôt, transporté, radieux, et se met à faire dévotement le tour de la Grotte. «Qu’arrive-t-il? Que fais-tu, que fais-tu?» s’écrie sa femme. On s’empresse autour de Pierre; on l’interroge; pas de doute: il peut se tenir droit et marcher; ses deux jambes le portent avec facilité et sans douleur. Merci, Notre-Dame!
Un médecin examine le membre et découvre que la jambe et le pied, fort enflés quelques instants auparavant, ont repris leur volume normal, si bien que les bandes sont tombées d’elles-mêmes; la plaie est cicatrisée, les os rompus se sont rejoints malgré la distance qui les séparaient, et les deux jambes sont d’égale longueur. En reconnaissance pour sa guérison, Pierre reviendra quatre cents fois à la Grotte pendant les vingt-trois ans qu’il vivra encore ici-bas. Sans plus se ressentir de son mal, il exercera son métier de jardinier jusqu’à sa mort à l’âge de soixante-quinze ans, en 1898. Pour mieux s’assurer de l’authenticité de la guérison, on exhuma, après sa mort, les os de ses jambes. Ils permirent de manifester la réalité objective de la lésion comme de la consolidation. Un moulage de ces os a été confectionné et se trouve au Bureau médical de Lourdes. En 1908, l’évêque de Bruges a déclaré qu’il y avait lieu de voir dans la guérison de Pierre de Rudder un miracle attribué à une intervention de Dieu, obtenue par l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie.
Une longue procédure
La guérison de Pierre de Rudder a eu lieu en Belgique, mais c’est surtout à Lourdes même que se réalisent beaucoup de guérisons. En 2011, par exemple, quarante-huit cas de guérisons ont été notifiés au Bureau médical de Lourdes. À sa création, en 1884, celui-ci s’appelait Bureau des consultations. Les médecins, croyants ou non-croyants, qui s’y trouvent vérifient la réalité de chaque guérison alléguée par les malades, puis étudient de près ces guérisons pour voir si elles présentent un caractère extraordinaire que la science médicale ne puisse expliquer. À l’issue des examens pratiqués par le Bureau médical, si au moins les deux tiers des médecins estiment qu’une guérison survenue est certaine, durable et médicalement inexplicable, le dossier est transmis à l’instance médicale supérieure, le Comité médical international de Lourdes, créé en 1947. Totalement indépendant du Bureau médical, ce comité siège à Paris et se réunit une fois par an. Il comprend une trentaine de membres choisis par cooptation et nommés par l’évêque de Tarbes et Lourdes. La majeure partie des disciplines médicales y sont représentées et la plupart des membres sont des professeurs agrégés ou des chefs de service des hôpitaux universitaires, de différentes nationalités. Pour chaque cas, un membre du comité, spécialiste de la maladie concernée, établit un rapport qui sera discuté par tous les membres. À la fin de cette procédure qui dure plusieurs années, ceux-ci répondent à la question suivante: la guérison constatée constitue-t-elle un phénomène contraire aux observations et aux prévisions de l’expérience médicale, et scientifiquement inexplicable? Si les deux tiers des membres du comité répondent positivement à cette question, le dossier est transmis à l’évêque du diocèse d’où est originaire la personne guérie. Il revient ensuite à ce dernier de déclarer, s’il le juge opportun, que la guérison a été miraculeuse. Il commence par constituer une commission qui enquêtera à nouveau sur la guérison, et spécialement sur ses circonstances au plan spirituel. Enfin, il prend la décision de reconnaître ou non, officiellement, la guérison comme un miracle.
Depuis les apparitions de Lourdes, soixante-sept guérisons ont ainsi été reconnues miraculeuses (deux autres guérisons ont été reconnues inexplicables par le Comité international de Lourdes à l’automne 2011). Toutefois, le nombre réel de guérisons authentiques et complètes est bien plus grand. «Parmi les nombreux malades guéris à Lourdes chaque année, remarque l’abbé Laurentin, un certain nombre ne se déclarent pas et gardent cette faveur dans la discrétion. Je connais plusieurs cas de ce type. Parmi ceux qui se déclarent, beaucoup n’ont pas les éléments suffisants pour former un dossier attestant la maladie et son caractère. Parmi ceux qui peuvent présenter un dossier, beaucoup de cas sont écartés, soit parce que le dossier est incomplet, soit parce que la preuve fait défaut sur un point quelconque…» (Lourdes. Histoire authentique des apparitions, Paris Lethielleux 1961-1964). En 1993, le président du Bureau médical estimait que sur les quelques 6000 déclarations de guérison dénombrées par les instances médicales de Lourdes depuis les apparitions, environ 2000 cas peuvent être considérés comme des guérisons extraordinaires.
Eau potable
Ces faits ont suscité de nombreuses interrogations et ont conduit à chercher les causes naturelles qui pourraient les expliquer. On s’est interrogé sur les propriétés physiques et chimiques de l’eau de la Grotte. De nombreuses analyses en ont été faites. Le 7 août 1858, un professeur de chimie de la Faculté des sciences de Toulouse concluait ainsi son analyse: «L’eau de la Grotte de Lourdes a une composition telle qu’on peut la considérer comme une eau potable analogue à la plupart de celles que l’on rencontre sur les montagnes dont le sol est riche en calcaire. Cette eau ne renferme aucune substance active capable de lui donner des propriétés thérapeutiques marquées» (cf. Henri Lasserre, Notre-Dame de Lourdes, 1880). D’autres analyses, faites par la suite, ont donné des résultats semblables.
On tente parfois d’expliquer les guérisons de Lourdes par des phénomènes psychiques. Mais il convient de remarquer que la très grande diversité des maladies guéries (tuberculoses, scléroses en plaques, maux de Pott, cancers…) exclut la possibilité d’un unique agent thérapeutique naturel, physique ou psychique. Parmi les médecins qui examinent les cas proposés, et notamment ceux du Comité international, il y a d’ailleurs des spécialistes en psychiatrie, parfaitement qualifiés.
Le docteur Alexis Carrel (1873-1944), professeur d’anatomie à la Faculté de Lyon, a été lui aussi confronté aux miracles de Lourdes. Un jour de 1902, en effet, pour rendre service à un confrère, ce médecin incroyant accepte d’accompagner à Lourdes un train de malades. Il lui faut s’occuper d’une jeune personne agonisante, Marie Bailly, atteinte de péritonite tuberculeuse au dernier stade. Lors d’une conversation avec un ami qui lui rapporte le cas d’une religieuse guérie subitement après avoir bu de l’eau, Alexis Carrel murmure: «Cas intéressant d’autosuggestion. D’une foule en prière se dégage une sorte de fluide qui agit avec une force incroyable sur le système nerveux, mais échoue quand il s’agit d’affections organiques.» Son ami tente de le détromper, mais Alexis reste inébranlable: «Je demeure incrédule. Personne n’a fait un travail scientifique. Il faudrait que le malade ait pu être examiné par un médecin compétent, immédiatement avant sa guérison. Le miracle est absurde, c’est certain. Mais si le miracle est constaté, dans des conditions assez concrètes pour avoir la certitude de ne pas s’être trompé, il faudra bien l’admettre. Aucun argument ne peut tenir contre la réalité d’un fait… Je suis venu ici sans autre dessein que d’être un bon instrument enregistreur… Mais si je voyais seulement une plaie se fermer sous mes yeux, je deviendrais un croyant fanatique ou je deviendrais fou.» Puis il poursuit: «Il y a aussi cette jeune fille, Marie Bailly… Je crains qu’elle ne meure entre mes doigts. Si celle-là guérissait, ce serait vraiment un miracle. Je croirais à tout et je me ferais moine!»
À quinze heures
Marie Bailly demande à être plongée dans l’eau des piscines. Le docteur Carrel pense que ce bain la tuera, mais il ne peut s’opposer à la volonté de la malade. Arrivée sur place, la malade n’est pas immergée dans l’eau, mais on se contente de lui faire quelques lotions sur le ventre gonflé par la maladie, puis on la transporte devant la Grotte. Carrel l’accompagne. Il murmure: «Ah! que je voudrais, comme tous ces malheureux, croire que vous n’êtes pas seulement une fontaine exquise, créée par nos cerveaux, ô Vierge Marie. Guérissez donc cette jeune fille; elle a trop souffert. Permettez-lui de vivre un peu, et faites-moi croire.» Soudain, sous ses yeux, la mourante reprend vie: ses traits se colorent, le pouls devient normal, le ventre extraordinairement ballonné diminue peu à peu de volume. Avec son stylo, Carrel note l’heure exacte sur sa manchette: 14 h 40. À 15 heures, la guérison totale est un fait accompli. «Je suis guérie!» dit Marie Bailly. Carrel écrira: «C’était la chose impossible. C’était la chose inattendue. C’était le miracle qui venait de se produire!»
Minutieusement, au cours de la soirée et de la nuit, il étudie le cas, note les détails. Deux autres médecins ajoutent leurs constatations aux siennes. Il interroge la miraculée: «Qu’allez-vous faire à présent? – J’irai chez les religieuses de Saint-Vincent de Paul; je serai reçue par elles et je soignerai les malades.» À la fois heureux et ennuyé de l’aventure, Carrel, après avoir longuement erré dans la nuit, pénètre dans la basilique, s’assied à côté d’un vieux paysan et, la tête dans ses mains, prononce cette prière: «Vierge douce, secourable aux malheureux qui vous implorent humblement, regardez-moi. Je crois en vous. Vous avez voulu répondre à mon doute par un miracle éclatant. Je ne sais pas le voir et je doute encore. Mais mon plus grand désir et le but supérieur de toutes mes aspirations sont de croire.»
Toutefois, ce n’est pas encore la conversion. Les miracles, même dûment constatés, prouvent bien qu’il est logique de croire, qu’il faut croire. Mais l’acte de foi est le fait d’une grâce surnaturelle, qui demande le concours de la liberté de l’homme. Il faudra à Alexis Carrel bien des années pour arriver à la plénitude de la foi. Rentré à Lyon, il expose dans un article loyal les faits dont il a été témoin, sans formuler aucune conclusion. Sainte Édith Stein a décrit un état de l’âme qui ressemble à celui de Carrel à ce moment de sa vie: «Je peux désirer ardemment la foi religieuse sans qu’elle me soit donnée pour cela. Supposons qu’un athée convaincu éprouve, au cours d’une expérience religieuse, l’existence de Dieu. Il ne peut échapper à la question de la foi, tout en ne pénétrant pas dans sa sphère; il ne la laisse pas agir en lui, mais s’accroche à sa vision scientifique du monde, qui aurait dû être bouleversée.»
«Que le désert fleurisse!»
En août 1909, Alexis Carrel est de nouveau à Lourdes. Dans la salle d’examens du Bureau des constatations, il se prépare à photographier deux fistules de l’articulation coxo-fémorale d’un malade, lorsque, sous ses yeux, elles se referment en un instant. Mais cette nouvelle guérison dont il est un témoin direct n’est pas encore l’occasion de son retour à la foi. Ses recherches médicales lui valent en 1912 le prix Nobel de médecine (il est le “père” de plusieurs techniques médicales modernes) et sont l’occasion de nombreuses réflexions sur l’homme; il en vient à constater que la science expérimentale ne suffit pas à dire qui il est, car elle n’atteint pas son âme spirituelle. En 1935, il publie son chef-d’œuvre: L’homme, cet inconnu. Durant l’été de 1937, il rencontre dom Alexis Presse, fondateur de l’abbaye cistercienne de Boquen, en Bretagne. L’amitié qui s’instaure entre eux va l’aider puissamment dans son retour à la foi. Il considère maintenant que sa carrière scientifique n’a porté que sur “la surface de la vie”, et il écrit dans son journal, le 3 novembre 1938: «Seigneur, ma vie a été un désert, car je ne vous ai pas connu. Faites que, malgré l’automne, le désert fleurisse! Que chaque minute des jours qui me restent soit consacrée à vous!» Et, dans un article sur la prière, en 1940, il écrira: «Ce Dieu si abordable à qui sait aimer, se cache à celui qui ne sait que comprendre.»
Alexis Carrel meurt le 5 novembre 1944, après avoir reçu les derniers sacrements. Dom Presse écrira: «D’aucuns ont prétendu qu’il n’était pas catholique (à la fin de sa vie). Je l’entends encore me dire avec force: “Je veux croire et je crois tout ce que l’Église catholique veut que nous croyions, et à cela je n’éprouve aucune difficulté, car je n’y rencontre aucune opposition réelle avec les données certaines de la science.”»
Les miracles que Dieu réalise par l’intercession des saints sont destinés à soutenir la foi, qui est nécessaire pour avoir accès à la vie éternelle. Le motif de la foi n’est pas le fait que les vérités révélées apparaissent comme vraies et intelligibles à la lumière de notre raison naturelle. Nous croyons à cause de l’autorité de Dieu même qui révèle, et qui ne peut ni se tromper ni nous tromper. Néanmoins, pour que l’hommage de notre foi soit conforme à la raison, Dieu a voulu accompagner les grâces intérieures du Saint-Esprit de preuves extérieures de sa Révélation. C’est ainsi que les miracles du Christ et des saints, les prophéties, la propagation et la sainteté de l’Église, sa fécondité et sa stabilité sont des signes certains de la Révélation, adaptés à l’intelligence de tous: ils constituent des motifs de crédibilité, et démontrent que l’assentiment de la foi n’est nullement un mouvement aveugle de l’esprit (cf. Catéchisme de l’Église Catholique, 156).
Mais, outre les miracles physiques, Lourdes est un lieu où se produisent de nombreuses guérisons spirituelles (conversions, retours à la pratique religieuse, pacifications intérieures…). Un théologien marial faisait remarquer: «À Lourdes accourent des milliers de gens qui ne songent pas même à demander la guérison corporelle; ils sont venus, non pour voir ou parce qu’ils ont vu des miracles, mais pour un renouvellement spirituel. Sans aucun miracle extérieur, les pèlerinages continueraient au même rythme, car se perpétueraient les miracles internes de conversion des cœurs: ils ont une bien plus grande importance!» (C. Balic, o.f.m., Un double problème d’actualité : miracles et guérisons de Lourdes, 1960). Jean-Pierre Bély, la soixante-sixième personne dont la guérison (9 octobre 1987) a été reconnue miraculeuse en 1999, témoigne qu’il a d’abord ressenti une paix et une joie spirituelle intenses, après avoir reçu l’Onction des malades; la guérison physique n’a eu lieu que plus tard. Tous les miraculés de Lourdes ont vu leur vie transformée physiquement, mais aussi spirituellement.
«Ici, on aime…»
Le message adressé par la Vierge Marie à sainte Bernadette est d’abord un message de guérison intérieure, c’est-à-dire de conversion et de prière. Le 14 août 1983, à Lourdes, le Pape Jean-Paul II reprenait ce message: «Disons-le franchement: notre monde a besoin de conversion… Aujourd’hui, le sens même du péché a en partie disparu, parce que le sens de Dieu se perd. On a pensé bâtir un humanisme sans Dieu, et la foi risque sans cesse d’apparaître comme une originalité de quelques-uns, sans rôle nécessaire pour le salut de tous. Les consciences se sont obscurcies, comme lors du premier péché, ne distinguant plus le bien et le mal… Il demeure difficile de convaincre ce monde de la misère de son propre péché, et du salut que Dieu lui offre sans cesse… Or, la Vierge sans péché nous rappelle ici ce besoin primordial; elle nous dit, comme à Bernadette: Priez pour les pécheurs, venez vous laver, vous purifier, puiser une nouvelle vie… Car si Marie représente bien l’ennemie de Satan, le contraire du péché, elle se montre ici l’amie des pécheurs, comme le Christ qui mangeait et vivait au milieu d’eux, lui le Saint de Dieu. C’est la Bonne Nouvelle qu’elle redit à ce monde, à chacun de nous. Il est possible, il est bienfaisant, il est vital de trouver, de retrouver le chemin de Dieu… De fait, c’est comme si ici (à Lourdes), le respect humain et toutes les réticences – qui trop souvent bloquent la conversion et l’expression religieuse – étaient naturellement surmontés. Ici, on prie, on aime prier, on aime se réconcilier avec Dieu, on aime vénérer l’Eucharistie, on fait une place d’honneur aux pauvres, aux malades. C’est un lieu exceptionnel de grâces. Dieu soit loué!»
Le lendemain, 15 août, le Pape exhortait les fidèles à garder précieusement la foi: «Ne laissez pas les certitudes de la foi se dissoudre ou s’éteindre au vent d’idéologies athées ou simplement de remises en question systématiques et inconsidérées. Ne laissez pas l’indifférence religieuse se substituer à la foi au Fils du Dieu vivant, ni le matérialisme pratique étouffer l’aspiration vers Dieu dont vous êtes marqués… Priez, vous aussi, priez davantage… et prenez soin, jeunes et adultes, de nourrir votre foi… Ne vous modelez pas sur les mœurs du monde, et surtout ne vous découragez pas. La vie selon le Christ est possible, parce que l’Esprit-Saint nous est donné… Ne laissez pas les nouvelles générations désemparées par l’ignorance religieuse, mais que votre famille, votre entourage, reconnaissent la fermeté de vos convictions en cohérence avec votre vie. Rendez compte de l’espérance qui est en vous!»
Prions l’humble sainte Bernadette de nous aider à suivre ces recommandations du bienheureux Jean-Paul II.
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