17 mai 2012
Bienheureuse Chiara Luce Badano
Bien chers Amis de l’abbaye Saint-Joseph,
«Jeunes, n’ayez pas peur d’être des saints! Volez à haute altitude!» Cet appel lancé par le bienheureux Jean-Paul II en août 1989, aux Journées Mondiales de la Jeunesse de Saint-Jacques-de-Compostelle, retentissait dans le cœur de Chiara, une jeune italienne de dix-huit ans. De sa chambre de malade, elle suivait l’événement à la télévision et offrait ses souffrances pour les jeunes. Vingt et un ans plus tard, le 3 octobre 2010, depuis la Sicile, le Pape Benoît XVI la leur donnait en exemple: «Samedi dernier, à Rome, a été béatifiée Chiara Badano… qui, à cause d’une maladie incurable, est morte en 1990. Dix-neuf années pleines de vie, d’amour et de foi. Deux ans, les derniers, pleins de douleur aussi, mais toujours dans l’amour et la lumière, une lumière qui irradiait autour d’elle et qui venait de l’intérieur, de son cœur plein de Dieu! Comment est-ce possible? Comment une jeune fille de 17-18 ans peut-elle vivre une telle souffrance, humainement sans espoir, en répandant l’amour, la paix, la sérénité, la foi?»
Le 29 octobre 1971, après onze ans de mariage, Ruggero et Maria Teresa Badano voient enfin se réaliser leur vœu le plus cher, avec l’arrivée de leur premier et unique enfant: Chiara, née à Sassello, petite ville de Ligurie, au-dessus du golfe de Gênes. «Quand elle est arrivée, témoignera son père, cela nous a tout de suite paru être un don. Je l’avais demandé à la Vierge dans un sanctuaire de notre diocèse. Cette enfant complétait notre union.» Sa mère ajoutera: «Elle grandissait bien, sainement, et nous donnait beaucoup de joie. Mais nous ressentions qu’elle n’était pas seulement notre fille. Elle était avant tout enfant de Dieu, et nous devions l’éduquer ainsi, en respectant sa liberté.» Tandis que Ruggero sillonne l’Italie au volant de son camion, Maria Teresa quitte son emploi pour se consacrer à l’éducation de leur fille: «J’ai compris, dira-t-elle, l’importance de rester constamment auprès de ses enfants, pas tellement en parlant, mais en étant mère, c’est-à-dire en aimant, et en leur apprenant à aimer.»
«Non! ils sont à moi!»
Dès sa tendre enfance, Chiara est invitée à écouter dans son cœur “une petite voix”; on lui explique que c’est la voix de Jésus, et on lui fait comprendre qu’il est important de l’écouter pour pouvoir agir selon le bien. C’est une enfant ordinaire, joyeuse et sociable, mais dotée d’un fort caractère: quand on lui demande un service ou un effort, bien souvent la première réponse est un “non” catégorique, comme ce jour où sa mère lui propose de donner quelques jouets pour les pauvres: «Non! Ils sont à moi!» Peu après, dans le silence, on perçoit une petite voix qui répète, en triant ses jouets: «Celui-ci oui, celui-là non…» Elle explique à sa mère les raisons de son choix: «Je ne peux tout de même pas donner des jouets cassés à des enfants qui n’en ont pas!» À une autre occasion, Chiara manifeste sa joie de comprendre la parabole évangélique du père qui demande à ses deux fils d’aller travailler à sa vigne (Mt 21, 28-30); et elle avoue se reconnaître dans le premier qui, après avoir refusé, décide de faire la volonté de son père. Ses parents privilégient le dialogue et l’affection; mais ils savent aussi demander des renoncements, de peur que la petite ne devienne capricieuse: «Nous étions conscients de ce risque, dira sa mère, aussi avons-nous voulu dès les premières années mettre les choses au clair. Nous ne perdions aucune occasion pour lui rappeler qu’elle avait au Ciel un Papa plus grand que nous deux.» Ruggero se réserve un rôle ferme dans l’éducation de leur fille: «Il me semblait que pour l’éduquer correctement je devais exiger quelque chose de sa part; mais je le faisais toujours par amour, jamais par dépit, par fatigue ou pour une autre raison.»
S’adressant aux familles et aux jeunes de Sicile, le Pape Benoît XVI soulignait: les époux Badano «ont été les premiers à allumer dans l’âme de leur fille la petite flamme de la foi, et ils ont aidé Chiara à la garder toujours allumée, même dans les moments difficiles de sa croissance et surtout dans la grande et longue épreuve de la souffrance… La relation entre parents et enfants est fondamentale; mais pas seulement en raison d’une bonne tradition. Il y a quelque chose de plus, que Jésus Lui-même nous a enseigné: c’est la flamme de la foi qui se transmet de génération en génération, cette flamme qui est présente également dans le rite du baptême, lorsque le prêtre dit: “Recevez la lumière du Christ… C’est à vous que cette lumière est confiée. Veillez à l’entretenir”. La famille est fondamentale parce que c’est en son sein que germe, dans l’âme humaine, la première perception du sens de la vie. Elle germe dans la relation avec la mère et avec le père, qui ne sont pas les maîtres de la vie des enfants, mais les premiers collaborateurs de Dieu pour la transmission de la vie et de la foi. C’est ce qui s’est passé de manière exemplaire dans la famille de la bienheureuse Chiara Badano» (3 octobre 2010).
Peu après sa première Communion, Chiara participe à une rencontre d’enfants organisée par les Focolari, en septembre 1980. Ce Mouvement, appelé aussi “Œuvre de Marie”, a été fondé en 1944 par Chiara Lubich (1920-2008), une jeune institutrice originaire de Trente. Chiara Badano y découvre une manière de vivre et de penser qui répond à sa soif de Dieu. La spiritualité des Focolari repose sur Dieu-Amour: «C’est cette foi dans l’amour que Dieu a pour nous, écrit la fondatrice, qui nous a poussées à chercher tous les moyens pour y répondre par notre propre amour. Faire la volonté de Dieu : voilà la meilleure façon d’aimer Dieu.» Les autres piliers de cette spiritualité sont: la présence de Jésus au milieu de ses disciples (cf. Mt 18, 20), la quête de l’unité, qui est le but particulier du Mouvement né en vue de “l’unité des hommes avec Dieu et entre eux”, la Passion de Jésus, la Parole de Dieu, l’Eucharistie et la dévotion envers Marie, Mère du Mouvement.
Jésus abandonné
La vie de Chiara change: elle devient très pieuse, par- ticipe à la Messe presque chaque jour, médite, récite le chapelet, et met Dieu à la première place. Ses parents adhèrent à leur tour à cet idéal. L’enfant découvre aussi ce que Chiara Lubich appelle le mystère de “Jésus abandonné” sur la Croix. En 1983, elle participe à un congrès du Mouvement près de Rome. Quelques mois après, alors qu’elle vient d’avoir douze ans, elle écrit à la fondatrice: «J’ai découvert que Jésus abandonné est la clé de l’unité avec Dieu, je veux le choisir comme mon premier Époux et me préparer à sa venue. Le préférer! J’ai compris que je peux Le trouver dans ceux qui sont loin, dans les athées, et que je dois les aimer d’une manière toute spéciale, sans rien attendre en retour.» Chiara offre ses petites croix quotidiennes en union avec celle de Jésus, et compatit activement à celles de ses proches. Elle prend ainsi l’initiative de passer beaucoup de temps avec une voisine âgée et esseulée, ou de veiller toute une nuit ses grands-parents malades. Un de ses cousins témoignera: «Elle avait une relation tellement belle avec nos grands-parents. Elle s’entretenait longuement et affectueusement avec eux. Elle les a assistés de manière remarquable pour son âge.» Chiara considère aussi l’Évangile comme son plus cher trésor; elle le médite et souhaite le connaître à fond: «J’ai compris que je n’étais pas une chrétienne authentique, écrit-elle en 1984, parce que je ne le vivais pas jusqu’au bout. Maintenant, je veux faire de ce livre magnifique le seul but de ma vie. Je ne peux pas rester analphabète de cet extraordinaire message. Comme il m’est facile d’apprendre l’alphabet, il doit en être de même pour moi d’apprendre à vivre l’Évangile.» Sa correspondance régulière avec la fondatrice des Focolari est vitale pour l’enfant. Entre elles se noue une profonde amitié spirituelle. Elle dira qu’elle doit tout à Dieu et à Chiara Lubich.
La jeune fille possède une très belle voix, aime la musique et aussi la danse. De plus, elle a une passion pour les promenades en montagne, pour le sport, le tennis et la natation. Toujours entourée d’amis, garçons et filles, elle sait se faire apprécier: tous sont frappés par la profondeur de sa pensée, sa maturité et l’énergie spirituelle qui émane d’elle. Très à l’aise autant avec les jeunes qu’avec les adultes, Chiara est capable de s’entretenir de sujets importants et profonds, sans jamais cacher ses convictions chrétiennes. Le secret d’une telle maturité se trouve dans son union à Dieu. Elle entretient avec Lui un dialogue constant, naturel, simple, vraie relation filiale, alimentée par une confiance extrême. En Jésus, elle voit l’Ami, le Frère et l’Époux. Elle cherche son visage dans toutes ses rencontres et dans tous les événements de sa vie; mais c’est surtout dans l’Eucharistie qu’elle sait Le retrouver. Cette union à Dieu est la source où elle puise la force de maîtriser son tempérament ardent. Par exemple, entendant des propos qu’elles n’approuve pas, elle apprend à se dominer pour ne pas bondir, et suspend un moment son jugement personnel pour que l’Esprit Saint lui suggère la bonne réponse.
«Belle au-dedans»
Chiara n’aime pas parler d’elle; elle cherche moins encore à attirer les regards. Grande et élancée, elle ne passe pourtant pas inaperçue. Son regard est pur et limpide, son sourire ouvert et sincère, ses traits fins et délicats. Mais elle ne tire aucun orgueil de sa beauté physique. Elle éprouve plutôt de la gêne quand on la flatte ou qu’on lui fait des compliments. Ce qui compte pour elle, c’est d’être ordonnée et propre, «belle au-dedans». Dans ses manières et son habillement, elle suit les orientations reçues de sa famille et du Mouvement. Il lui arrive d’avoir des gestes décidés si on porte atteinte à sa pureté. Le garçon qui un jour, dans un bus, ose un geste déplacé, reçoit une gifle magistrale. Éduquée en famille au respect de la pudeur et à la délicatesse de conscience en matière de chasteté, elle s’aperçoit très vite que pour rester fidèle à ces valeurs, «il faut aller à contre-courant».
Cette disposition intérieure courageuse rappelle celle de saint Antonio de Sant’Anna Galvao (1739-1822), qui s’était consacré à Notre-Dame en ces termes: « Ôte-moi plutôt la vie, avant que je n’offense ton Fils béni, mon Seigneur!» Lors de la canonisation de ce religieux brésilien, le 11 mai 2007, Benoît XVI commentait ainsi ces paroles: «Elles retentissent de manière actuelle pour nous qui vivons à une époque si chargée d’hédonisme. Ce sont des paroles fortes, d’une âme passionnée, des paroles qui devraient faire partie de la vie normale de chaque chrétien, qu’il soit consacré ou non, et qui réveillent des désirs de fidélité à Dieu, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du mariage. Le monde a besoin de vies transparentes, d’âmes claires, d’intelligences simples, qui refusent d’être considérées comme des créatures de plaisir. Il est nécessaire de dire non à ces moyens de communication sociale qui tournent en ridicule la sainteté du mariage et la virginité avant le mariage. C’est précisément là que nous est donnée dans la Vierge la meilleure défense contre les maux qui affligent la vie moderne; la dévotion mariale est la garantie certaine de protection maternelle et de tutelle à l’heure de la tentation.»
Le courant ne passe pas
À l’automne de 1985, Chiara poursuit ses études au lycée classique, afin de réaliser son rêve: faire des études de médecine et partir en Afrique soigner les enfants. La famille déménage alors à Savone où elle possède un appartement. En fin de semaine, à la plus grande joie de tous, on revient au village. L’année scolaire est éprouvante pour la jeune fille, et malgré sa grande application, les résultats sont décevants; le courant ne passe pas avec l’une des enseignantes, qui la note de façon imméritée et la fera redoubler. Dans cette situation particulièrement difficile, la charité de Chiara se manifeste. L’incompréhension de ce professeur la fait beaucoup souffrir, mais jamais aucun jugement ou propos désobligeant à son égard ne sort de ses lèvres. Un épisode, en particulier, révèle sa charité. Un jour, des élèves observent que cette enseignante est sur le point d’emprunter un escalier; en un clin d’œil, ils se précipitent derrière elle dans le but de la faire tomber, car beaucoup ont des griefs contre elle! Chiara s’empresse de les arrêter et les détourne de cet acte de vengeance. Réalisant ce qui vient de se passer, l’enseignante tourne vers Chiara un regard de reconnaissance.
À la même époque, quelques difficultés surgissent dans le groupe de jeunes des Focolari, en raison d’une nouvelle assistante, plus austère, avec laquelle Chiara a bien du mal à s’accorder. Elle s’interroge même sur l’opportunité de poursuivre son chemin dans le Mou–vement. Elle prie et offre à Jésus cette nouvelle souffrance, sans rien laisser voir aux autres membres du groupe. Seule une amie remarque à quel point Chiara prend sur elle pour ne pas faire peser sur ses compagnes les difficultés qu’elle rencontre, y compris ses échecs scolaires. «Elle est constamment occupée à vivre pour les autres, pour la bonne marche du groupe. Elle se montre sereine et souriante, malgré ce qu’elle est en train de vivre», témoigne-t-elle. À la fin de l’année scolaire, Chiara écrit à une autre amie: «Tu as peut-être déjà appris que je suis recalée. Pour moi, ce fut une douleur bien grande. Je n’ai pas réussi tout de suite à donner cette douleur à Jésus. Il m’a fallu beaucoup de temps pour me ressaisir, et aujourd’hui encore, quand j’y pense, j’ai envie de pleurer un peu. Mais c’est Jésus abandonné!»
Les deux années scolaires suivantes sont plus faciles, mais la croix, déjà présente dans la vie de Chiara, se révèle bientôt avec tout son réalisme. Jésus abandonné, qu’elle a choisi comme son Époux, la prend au mot. Dès juin 1988, la pâleur gagne souvent son visage, et son sourire s’estompe. Elle ressent parfois une douleur à l’épaule gauche, mais ni elle ni sa famille n’en font cas. Cependant, vers la fin de l’été, tandis qu’elle joue au tennis, la douleur se manifeste avec violence au point que la raquette lui échappe. Les médecins tentent des traitements qui s’avèrent inutiles. Finalement, Ruggero et Maria Teresa apprennent les premiers les résultats des examens approfondis: leur fille est atteinte d’un ostéosarcome, forme particulièrement douloureuse du cancer des os. Commence alors l’interminable chemin de croix des examens, hospitalisations, thérapies, interventions. Chiara espère guérir et garde son merveilleux sourire; son attention aux autres ne faiblit pas, en particulier à cette jeune droguée qui occupe, à l’hôpital, la chambre voisine. Elle l’accompagne pour de longues promenades dans les couloirs. Ses parents l’invitent à ménager ses forces, mais elle leur répond: «J’aurai bien le temps de dormir plus tard.» Au mois de mars suivant, lors de sa première séance de chimiothérapie, elle réalise pleinement la gravité de sa maladie. Rentrant chez elle, livide, elle s’isole, refusant de parler, et demeure prostrée sur son lit. Vingt-cinq minutes plus tard, elle se tourne vers sa mère, souriante: «Maintenant, tu peux parler.» Chiara vient de participer à l’agonie de Jésus au jardin des Oliviers; son “oui” sans réserve à la volonté de Dieu est donné et elle ne regardera jamais plus en arrière. Le sourire qui la caractérisait depuis toujours revient sur ses lèvres.
Blanche comme neige
Sachant désormais où elle va, Chiara commence une ascension spirituelle, fruit de toute sa vie passée. Malgré sa souffrance permanente, elle ne se plaint pas. Au cours de ces dix-sept mois de calvaire, elle redit constamment son “oui” à Jésus abandonné, dont elle garde l’image près de son lit: «”Si tu le veux, Jésus, moi aussi je le veux!”… Jésus me nettoie à l’eau de Javel jusqu’aux plus petits points noirs, et l’eau de Javel, elle brûle. Ainsi, quand j’arriverai au paradis, je serai blanche comme neige.» Il lui arrive de reconnaître: «Il est difficile de vivre le christianisme jusqu’au bout… mais c’est la seule façon.» Cette sportive a beaucoup de mal à accepter la paralysie progressive de ses jambes, mais elle en viendra à dire: «Si on me demandait si je voulais recommencer à marcher, je dirais non, parce que c’est ainsi que je suis plus proche de Jésus.» Elle répète souvent à ses parents: «Chaque instant est précieux, il ne faut pas le gâcher; en vivant ainsi, tout acquiert un sens. Chaque chose trouve ses justes dimensions, même aux heures les plus terribles, si elle est offerte à Jésus. La douleur, il ne faut pas la gaspiller, elle a un sens si on en fait une offrande à Jésus.»
«Nous pouvons chercher à limiter la souffrance, affirme le Pape Benoît XVI, à lutter contre elle, mais nous ne pouvons pas l’éliminer… Ce n’est pas le fait d’esquiver la souffrance, de fuir devant la douleur, qui guérit l’homme, mais la capacité d’accepter les tribulations et de mûrir par elles, d’y trouver un sens par l’union au Christ, qui a souffert avec un amour infini» (Encyclique Spe salvi, 30 novembre 2007, 37).
Le souci missionnaire ne quitte pas Chiara. Des centaines de personnes lui rendent visite et sont frappées par sa charité rayonnante. Sa chambre devient le théâtre de rencontres joyeuses, voire chantantes. Mgr Maritano, évêque d’Acqui, dont dépend Sassello, la rencontre plusieurs fois; ensemble, ils recommandent à Dieu les jeunes du diocèse. «Elle faisait preuve, dira-t-il, d’une maturité humaine et chrétienne au-dessus de la norme… La diminution de ses capacités physiques donnait plus de relief à sa force d’âme indomptable, soutenue sans aucun doute par la grâce. Cette grâce lui donnait la certitude de la vraie vie, de la rencontre avec le Seigneur, sans hésiter, tout au long de l’évolution de la maladie. Chiara a vraiment vécu l’espérance chrétienne.» Des proches ont témoigné aussi de l’ascension spirituelle des parents; entraînés par leur enfant, unis avec elle dans un même idéal, ils reconnaissent, au-delà de la douleur, l’amour de Dieu. Ils provoquent l’étonnement des médecins: «Nous n’arrivions pas à comprendre, dira l’un d’eux, pourquoi ils n’étaient pas désespérés. Ils étaient trois, mais je ne voyais qu’une seule personne.»
Un nom nouveau
À cette époque, Chiara Lubich lui donne, selon l’usage des Focolari, un nouveau nom: Chiara Luce. Sa lumière, en effet, rayonne au loin: elle qui avait rêvé de soigner les enfants africains, se passionne maintenant pour le projet d’un ami parti forer des puits au Bénin. Elle lui donne tout l’argent reçu pour ses dix-huit ans : c’est le début d’une belle aventure qui verra la construction d’un dispensaire pour les orphelins et d’un “Centre d’accueil Chiara Luce”. Enfin, elle utilise ses dernières forces pour préparer avec sa mère et ses amis la «fête de ses noces». Après avoir choisi les lectures, les chants et la robe blanche avec la ceinture rose qu’elle désire revêtir pour ses « épousailles» avec Jésus, elle s’éteint paisiblement le 7 octobre 1990, entourée de ses parents. Elle n’a pas encore dix-neuf ans. Ses dernières paroles sont pour sa mère: «Ciao (“au revoir”), sois heureuse, parce que je le suis!», puis elle étreint la main de son père. Alors les parents s’agenouillent, récitent le Credo et ajoutent: «Dieu nous l’a donnée, Dieu nous l’a reprise, béni soit son saint Nom!» Deux mille personnes assistent à ses obsèques célébrées par Mgr Maritano. Très vite, le rayonnement de Chiara dépasse les frontières de l’Italie; des grâces de plus en plus nombreuses sont attribuées à son intercession, si bien que le procès en vue de sa béatification a été ouvert dès 1999. Elle a été béatifiée à Rome, le 25 septembre 2010.
Chiara Luce avait la certitude d’être immensément aimée de Dieu; sa confiance inébranlable en la bonté divine lui donnait l’assurance que Dieu ne peut choisir pour nous que le bien. Selon le témoignage de son évêque, «elle savait que le plus important est de s’abandonner à la volonté de Dieu, et elle le faisait». Qu’à son exemple, nous puissions en toute circonstance reconnaître l’Amour de Dieu et Lui faire confiance, persuadés que tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu (Rm 8, 28)!
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