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19 avril 2023

Capitaine Auguste Marceau

Bien chers Amis,

« Tout est chrétien, tout est catholique sur l’Arche d’Alliance (navire au service des missions d’Océanie), écrivait un témoin oculaire. Sur la proue, c’est la statue de la Vierge des Sept Douleurs ; au fond de la chambre, c’est l’image de Notre-Dame de l’Espérance et sur le pavillon, c’est la Croix! Puis quel ordre, quelle tranquillité dans l’équipage!… Là, on ne voit rien qui puisse mal édifier ; pas de disputes, pas de jurements, pas même de tumulte, la manœuvre se fait paisiblement et on est aussi tranquille dans sa cabine que dans une cellule de couvent. Et que dirai-je du digne capitaine, M. Marceau ? Tous les jours, il assiste à la Sainte Messe et il y communie. Tous les jours, il fait ses deux méditations, et, que le temps soit favorable ou non pour la navigation, c’est toujours chez lui la même douceur et la même affabilité » (Lettre de Xavier Montrouzier, missionnaire mariste, à son frère Henri, jésuite, 19 juillet 1847). Qui était donc ce marin d’exception ?

Auguste-François Marceau est né le 1er mars 1806 à Châteaudun (Eure-et-Loir). Son père Nicolas-Séverin Marceau est sous-préfet de la ville, et sa mère, Marie Thérèse de Carvoisin, est de vieille noblesse. L’enfant est baptisé deux mois après sa naissance, mais élevé en dehors de la foi chrétienne. À l’âge de dix-huit ans, il est admis à l’école Polytechnique, où il découvre le saint-simonisme. La doctrine de Claude-Henry de Saint-Simon (1760-1825), se proposait de transformer la société et d’établir le bonheur de l’homme grâce à l’industrie, le développement économique étant censé aller de pair avec le progrès moral et intellectuel. Saint-Simon souhaitait remplacer l’idée abstraite de Dieu par la “loi universelle de la gravitation”, et fonder une religion de la science. Avec les saint-simoniens, Auguste développe son intérêt pour les questions sociales, mais dans une optique sectaire et anticléricale ; sa brillante intelligence, associée à un caractère fort, le remplit d’orgueil. Il se livre à des études approfondies sur la machine à vapeur dont il devient un spécialiste. À sa sortie de Polytechnique, bien que n’ayant pas d’attrait particulier pour la mer, il choisit la marine.

Une médaille de Marie

En octobre 1826, il embarque sur la corvette La Bayonnaise, pour une longue croisière militaire autour du monde. En 1829, il participe à la campagne de Madagascar, et sauve une troupe de marins pris dans une embuscade, ce qui lui vaut la Légion d’honneur à l’âge de vingt-trois ans. En 1832, il part en expédition en Afrique du Nord sur La Robure, puis passe sur le Sphynx, premier navire à vapeur de haute mer, dont il améliore le fonctionnement. Il participe à l’expédition scientifique qui ramène à Paris l’obélisque de Louxor ; offert à la France par le vice-roi d’Égypte, celui-ci sera installé en 1836 à Paris, place de la Concorde. En 1835, commandant l’aviso à vapeur L’Africain, Auguste participe à la campagne du Sénégal où il est heureux de se voir maître de la technique de son bateau et du maniement des hommes. Mais il est atteint par le paludisme et on le rapatrie à Brest presque mourant. Une pieuse cousine l’accueille chez elle au Mans et lui prodigue les meilleurs soins. Elle place à son chevet une médaille de la Sainte Vierge, et fait prier pour lui la confrérie du Cœur Immaculé de Marie, fondée la même année par l’abbé Desgenettes, curé de Notre-Dame-des-Victoires à Paris. Six mois plus tard, grâce à la quinine et aux soins diligents dont il a bénéficié, Auguste est rétabli. Sa cousine lui offre la médaille de Marie, qu’il jette avec indifférence parmi ses affaires.

Bientôt, il se voit confier le vapeur Le Minos chargé du service des postes ; il améliore le fonctionnement des chaudières et donc la vitesse du bateau. Grâce à ses réflexes, il évite au navire une explosion qu’aurait pu provoquer la négligence d’un matelot. Exigeant et ponctuel pour le service, excellent officier de marine, Marceau est pourtant mal noté en raison d’une certaine arrogance envers ses supérieurs, d’autant qu’il est beaucoup plus compétent que la plupart de ses interlocuteurs au sujet des machines à vapeur. En dehors du service, il s’étourdit dans une vie mondaine et débauchée, blasphémant volontiers.. Il garde toutefois une certaine honnêteté et un désir de connaître la vérité.

La vérité de la foi

En 1838, il rejoint l’escadre de la Méditerranée à Toulon. On lui confie le vapeur Le Vautour chargé de surveiller les côtes de l’Algérie. Il apporte quelques améliorations techniques à son vaisseau, malgré les réticences et les critiques de ses collègues. À partir de 1840, plusieurs conversions de marins qu’il estime éveillent en lui un certain intérêt pour la religion catholique, même si, dans un premier temps, il se montre plutôt railleur et sarcastique. Il a aussi remarqué un officier qui visite souvent les malades. Très curieusement, il voit les matelots témoigner à ce dernier un respect particulier. Il sait que c’est un catholique fervent : « Et pourtant, pense-t-il, c’est un homme de grande intelligence… » Sur le conseil d’une amie, il se met à étudier la religion catholique et découvre la foi en la résurrection, qui le soutient lors de la mort d’un de ses neveux. On lui recommande de lire un livre d’apologétique, Le Christ devant le siècle, écrit par un auteur catholique contemporain. Dès la préface, il est attiré par l’annonce d’une démonstration de la vérité de la foi.

L’apologétique étudie, en effet, les fondements rationnels de la foi chrétienne. Soyez toujours prêts à défendre, avec douceur et respect, l’espérance qui est en vous, devant tous ceux qui vous en demandent raison (1 P 3, 15), exhortait saint Pierre. Loin de s’ignorer, « la foi et la raison sont comme les deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la contemplation de la vérité. C’est Dieu qui a mis au cœur de l’homme le désir de connaître la vérité et, au terme, de Le connaître lui-même afin que, Le connaissant et L’aimant, il puisse atteindre la pleine vérité sur lui-même » (Jean-Paul II, encyclique Fides et ratio, 14 septembre 1998, n° 1). C’est pourquoi le saint Pape écrivait encore : « À tous, je demande de considérer dans toute sa profondeur l’homme, que le Christ a sauvé par le mystère de son amour, sa recherche constante de la vérité et du sens. Divers systèmes philosophiques, faisant illusion, l’ont convaincu qu’il est le maître absolu de lui-même, qu’il peut décider de manière autonome de son destin et de son avenir en ne se fiant qu’à lui-même et à ses propres forces. La grandeur de l’homme ne pourra jamais être celle-là. Pour son accomplissement personnel, seule sera déterminante la décision d’entrer dans la vérité, en construisant sa demeure à l’ombre de la Sagesse et en l’habitant. C’est seulement dans cette perspective de vérité qu’il parviendra au plein exercice de sa liberté et de sa vocation à l’amour et à la connaissance de Dieu, suprême accomplissement de lui-même » (Fides et ratio, n° 107).

Marceau prend conscience que la philosophie, surtout celle qui nie l’existence de Dieu, ne peut suffire au bonheur de l’homme. Il rencontre de temps en temps un prêtre de Toulon. De lecture en lecture, de conversation en conversation avec des amis chrétiens, il en arrive à une conviction intellectuelle de la vérité de la foi, mais celle-ci n’entre pas dans sa vie : sa fierté et sa manière de vivre sont encore un obstacle à sa conversion. On lui suggère alors de prier. Comme il ne connaît aucune prière, pas même le Notre Père ou le Je vous salue, Marie, il emprunte discrètement le livre de prières de sa domestique. Il se met aussi à faire souvent le signe de la Croix. En juillet 1841, il se confesse auprès de l’abbé Morin, aumônier de la marine à Toulon. Au moment de recevoir ensuite l’Eucharistie, une vive tentation l’assaille contre la réalité de l’Hostie sacrée : « Est-ce que je crois à la présence réelle du Christ ? » Méprisant cette tentation, il ne répond pas, mais après la Communion, il se plaint à la Sainte Vierge de ne pas éprouver davantage de dévotion. Alors soudainement son cœur se dilate et des larmes inondent ses yeux. Il a trente-cinq ans. À l’un de ses amis, officier comme lui, qui l’interroge sur sa conversion, il répond : « J’ai fait ce que vous m’avez dit : j’ai lu, j’ai prié, et Dieu a fait le reste! »

Dans un tiroir

Auguste Marceau se souvient alors de la médaille de Notre-Dame-des-Victoires qui lui avait été remise par sa cousine à son retour du Sénégal quand il avait failli mourir. Par bonheur, il la retrouve dans un tiroir, l’accroche à la chaîne de sa montre à gousset, puis prend contact avec l’abbé Desgenettes, fréquente son église lorsqu’il est à Paris, et s’agrège à la confrérie mariale. Sa confiance en Marie devient si grande que désormais toutes ses pérégrinations maritimes seront placées sous la protection de Notre-Dame.

Au début de 1842, Marceau rencontre à Nantes le vénérable M. Léon Papin-Dupont (1797-1876), surnommé le “saint homme de Tours”, apôtre de la dévotion à la Sainte Face de Jésus et de l’adoration eucharistique, homme plein de zèle pour les œuvres de charité. C’est le début d’une amitié spirituelle qui s’exprimera à travers une correspondance fournie. Le sujet principal de leurs lettres est Dieu, mais aussi leurs œuvres mariales et sociales, et leur attachement à l’adoration eucharistique pour la conversion des pécheurs. Sous son influence, Auguste se transforme et manifeste une grande humilité. Il cherche des personnes susceptibles d’avoir avec lui des entretiens spirituels. Le style de ses lettres, sèches et conventionnelles avant sa conversion, se transforme. Elles respirent maintenant l’affection et la tendresse. Parmi les premières personnes à qui l’officier s’applique à faire du bien, se trouve sa propre mère qui, sous son influence, se convertira.

On reproche à Auguste d’afficher trop publiquement sa foi, par exemple en participant en uniforme, cierge en main, à la procession de la Fête-Dieu. Il répond : « J’ai été publiquement incrédule et apôtre, hélas trop éloquent, du mensonge ; rien de plus juste que de réparer ce scandale donné à la société… » Son passé l’a rendu sensible aux questions de réparation et d’expiation, notamment aux prières pour réparer les blasphèmes.Il comprend que « toute faute commise à l’égard de la justice et de la vérité appelle le devoir de réparation, même si son auteur a été pardonné » (Catéchisme de l’Église catholique, n°2487).

Auguste se met à lire des vies de saints. De saint Ignace de Loyola, il retient une maxime qu’il s’applique : « Une seule victoire sur soi-même est préférable à un grand nombre d’œuvres saintes que d’autres font en suivant leurs penchants naturels. » Il médite souvent sur les fins dernières. Par ailleurs, la réalité du purgatoire, marque de la miséricorde divine qui donne aux fidèles morts dans la grâce de Dieu le moyen de se purifier des restes de leurs péchés, le touche profondément. Un an après sa conversion, il fait une retraite à la trappe de la Meilleraye. La vie monastique l’attire, mais il discerne que Dieu le veut dans la marine.

En juillet 1842, sous la monarchie de Juillet, il est nommé commandant du yacht royal à vapeur, le Comte d’Eu, alors en construction. Marceau doit surveiller de près la construction de ce navire, qui devait être en quelque sorte une vitrine de la technologie française. De fait, il signale des défauts substantiels. L’affaire remonte à Paris et à la famille royale. Finalement, le chantier est interrompu. Pour avoir suivi sa conscience, Auguste a perdu une place intéressante, et il s’est fait des ennemis dans les milieux de la marine.

Une œuvre spéciale

Le 3 mai 1843, il assiste à Toulon au départ d’un groupe de religieux maristes pour l’Océanie, sur un bateau du gouvernement. Un évêque du groupe lui fait part des difficultés qu’ont les missionnaires pour trouver des navires qui acceptent de les transporter en Océanie. Fondés en 1822 à Lyon par le bienheureux Jean-Claude Colin, les Maristes ont reçu du Pape, en 1836, la mission d’évangéliser ce continent. Déjà, un de leurs membres, saint Pierre Chanel, est mort en martyr dans cet apostolat. Au mois de mai 1842, le Père Colin avait envoyé un rapport au préfet de la Propagation de la Foi, à Rome, dans lequel il écrivait précisément : « Afin de préparer des peuples d’Océanie à recevoir l’Évangile, il faudrait qu’il y eût, au service des missionnaires, deux ou trois navires conduits par autant de capitaines chrétiens et dévoués à cette œuvre spéciale. »

Marceau commence à s’intéresser à cette question. De son côté, l’armateur havrais Louis-Victor Marziou (1814-1890), a conçu le projet de porter assistance aux missions catholiques en Océanie. Un Père jésuite de Lyon lui parle de Marceau, et il contacte celui-ci pour lui proposer de commander un navire à destination de cette partie du monde. Rempli de joie, Auguste écrit à sa mère : « On me propose le plus magnifique commandement que j’ai jamais rêvé… Comprends-tu le bonheur qu’il y aurait pour moi d’être ainsi occupé, à chaque instant du jour, à glorifier le nom de Dieu, en concourant à l’œuvre la plus magnifique que l’on puisse fonder en ce temps-ci ? » Simultanément, la marine lui propose une mission de deux ans au Brésil. Il doit alors faire un choix difficile : ou rester dans la marine royale ou démissionner de l’armée pour s’engager au service des missions. Dans ce dernier cas, il perdra tous les avantages de sa situation militaire : solde, avancement, position sociale… Il prend donc deux jours pour prier et réfléchir, puis donne sa démission de la marine, renonçant à ce qui a fait sa vie jusque-là. Étonné, le ministre de la Marine demande des explications. Quand il comprend les motivations profondes de Marceau, il en est admiratif et il obtient pour lui un congé illimité avec maintien de sa solde et de son droit à l’avancement. Marceau y voit une application de la parole de Jésus : Cherchez le royaume de Dieu, et le reste vous sera donné par surcroît (Mt 6, 33).

Entre juin 1843 et septembre 1844, Marceau habite Brest où il fonde, non sans mal, une Conférence de Saint-Vincent-de-Paul. Il participe en 1845, avec Marziou, à la fondation de la Société Française de l’Océanie (SFO), et contribue à trouver des donateurs. Cette société permettra aux missionnaires de voyager dans de bonnes conditions et de recevoir tous les secours opportuns. Marceau va jusqu’à Rome, où il rencontre le Pape Pie IX, pour promouvoir l’entreprise. Avec un million de francs et une cotation en Bourse, la société compte parmi ses adhérents le Saint-Père, des cardinaux, des évêques, le roi Charles-Albert de Savoie, etc. En fondant la SFO, Marceau et Marziou poursuivent des buts un peu différents. L’armateur, tout en restant chrétien généreux, a aussi des vues commerciales, alors que Marceau veut tout consacrer, lui-même inclus, au service de Dieu. Il souhaite même avoir des marins religieux, avec des vœux, et envisage de faire une forme de noviciat… Mais au plan financier, ce rêve se révèle utopique.

Un monastère flottant

Un navire trois-mâts, L’Arche d’Alliance, est acheté et béni le 30 août 1845 à Nantes. Son nom est une référence à la Sainte Vierge, la nouvelle arche d’alliance. Il appareille dès le 15 novembre sous le commandement de Marceau. Y ont pris place douze religieux maristes, plusieurs laïcs de bonne volonté, divers animaux de ferme ; on emporte aussi de la poudre à canon confiée par le gouvernement pour Tahiti. Parti de Nantes, le navire descend tout l’Atlantique pour passer au sud du continent américain par le détroit de Magellan. Le 7 avril, il est au Chili, à Valparaiso. Une semaine plus tard, il repart pour les îles Marquises, qu’il atteint après quarante jours de navigation. Aux yeux de Marceau, le navire est un monastère flottant en marche vers la sainteté, auquel il doit donner lui-même l’exemple. À bord, on respecte donc un horaire quasi monastique avec prière du matin, menée par le commandant, et prière du soir, chapelet, Messe lorsque c’est possible, conférences spirituelles… Les Pères sont émerveillés de voir les marins participer volontiers aux exercices. La fête de Noël est célébrée en mer. Sa préparation s’étale sur plusieurs semaines, avec répétitions de chants, décoration du navire.

Le 8 juillet, on atteint Tahiti, où le commandant, chapelet en main, sauve son bateau entraîné sur un récif. L’escale y durera sept semaines, le temps pour Marceau de s’occuper des affaires de la SFO, et d’établir une maison de commerce à Papeete, selon les instructions de Marziou. Le 14 juillet, un baleinier américain annonce aux maristes l’assassinat de Mgr Epalle à Santa Isabel, aux îles Salomon, le 16 décembre précédent. Le P. Collomb, qui fait partie du voyage, et qui avait été nommé coadjuteur de Mgr Epalle, accuse le coup et s’en ouvre au commandant qui le réconforte. Le 4 septembre enfin, l’Arche d’Alliance arrive dans la partie de l’Océanie confiée aux Maristes. Marceau est heureux ; jusqu’à présent, il a rempli sa mission. Il voudrait maintenant pouvoir aider de son mieux les missionnaires à s’installer dans ces îles. Le bateau se rend bientôt dans l’archipel des îles Samoa, où il va rester un mois environ. Marceau y établit un nouveau comptoir de la SFO et impressionne la population par sa bonté, ce qui fait tomber beaucoup de préjugés contre la mission catholique. Le 20 octobre, la corvette quitte les îles Samoa pour Wallis, où elle arrive le 23. Elle se rend ensuite à Futuna, où Marceau ressent une grande émotion lorsqu’il voit un prêtre monter à l’autel pour la Messe, revêtu de la soutane même du Père Chanel, encore tachée de son sang. L’Arche met ensuite la voile en direction de la Nouvelle-Calédonie. Marceau suggère d’organiser une retraite à bord pendant la traversée qui dure une semaine. Le 11 février 1847, l’Arche arrive à San Cristobal, aux îles Salomon.

Serviteur de Marie

Malgré de grosses difficultés financières, Marceau envoie en France un rapport optimiste. Il navigue encore en Océanie pendant quelques mois puis rentre en France. Lors de ce voyage de retour, il se plonge dans la lecture du « Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge » de saint Louis-Marie Grignion de Montfort, et se consacre à Jésus par Marie. Désormais, il signera ses courriers du titre de “serviteur de Marie”, puis “serviteur de Marie Immaculée”. Au large de Gorée (Sénégal), l’Arche est emportée par de forts courants marins vers des bancs de sable où elle risque de s’échouer. Marceau et ses passagers invoquent Marie, et le bateau est sauvé. Trois navires de guerre étaient venus à son secours ; leurs équipages félicitent Marceau qui répond : « Dieu nous a sauvés par l’intercession de Celle qu’on n’a jamais implorée en vain. » À la mi-juillet 1849, l’Arche parvient à Brest. Depuis son départ en novembre 1845 jusqu’à son retour dans ce port, l’Arche a failli sombrer ou s’échouer onze fois. L’accueil qu’Auguste reçoit est plutôt froid. Son expédition a été très longue et elle est en déficit financier. Marziou le lui reproche et décide de ne lui verser que la moitié de sa solde. Marceau ne tient pas à l’argent car son idée demeure d’une « marine missionnaire ». Le Pape le fait alors chevalier de Saint-Grégoire le-Grand. Marceau n’a qu’une idée, repartir. Mais la révolution de février 1848 a porté un coup fatal à la SFO, qui devra bientôt se dissoudre.

Toutefois, la santé de Marceau est atteinte par un cancer des os. Il accueille ce mal en s’abandonnant au Seigneur, mais connaît une nouvelle nuit spirituelle que le livre de saint Alphonse de Liguori “Le grand moyen de la prière” l’aide à traverser. Il se retire à Lyon dans la maison-mère des missionnaires maristes et s’agrège au Tiers-Ordre de Marie. Au cours d’un pèlerinage à La Salette, il rencontre Maximin, le jeune voyant. En décembre 1850, il songe à devenir prêtre, mais sa santé ne le lui permet pas. Il se rend à Saint-Symphorien, près de Tours, chez sa sœur, et y rencontre à nouveau Monsieur Dupont. Le 1er février 1851, il est pris de crises d’asphyxie. Quelques heures avant sa mort, parlant de sa mission en Océanie avec l’Arche d’Alliance, il déclare : « C’est le grain de sénevé ; le Bon Dieu le fera croître en son temps. C’est beaucoup qu’il soit semé ». Après avoir reçu les derniers sacrements, il s’éteint paisiblement.

À l’exemple d’Auguste Marceau, recourons constamment à la Vierge Marie dans notre vie de chaque jour, et demandons à la Mère de l’Église de susciter une foule d’ouvriers apostoliques qui aillent planter la Croix de Jésus-Christ dans le monde entier.

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