18 janvier 2001
Bhse Marie Elisabeth Hesselblad
Bien chers Amis de l’abbaye Saint-Joseph,
«Où est le vrai bercail du Christ ?» Telle est la question qui vient à l’esprit d’une jeune Suédoise, Marie-Élisabeth Hesselblad, lorsque celle-ci réalise que ses compagnes de classe appartiennent à diverses confessions chrétiennes. Jésus-Christ n’avait-il pas exprimé son ardent désir d’amener toutes les brebis dans l’unique bergerie, sous la garde d’un seul pasteur? (cf. Jn 10, 16) Dans la solitude des grandes forêts de sapins qu’elle aime tant, la jeune fille prie le Père céleste de lui indiquer cette bergerie où Il veut que tous soient réunis. Un jour, tandis qu’une paix merveilleuse se répand dans son âme, il lui semble entendre ces paroles: «Oui, ma fille, un jour Je te l’indiquerai».
«Avec l’aide de Dieu, tout peut être surmonté»
Élisabeth Hesselblad est née au village de Faglavik, dans la province du Västergötland (sud-ouest de la Suède), le 4 juin 1870. Appartenant à la confession luthérienne, majoritaire en Suède, ses parents la font baptiser au temple quelques semaines plus tard. Originaires de la petite bourgeoisie rurale, les Hesselblad tiennent une épicerie qui ne prospérera pas, ce qui les obligera à s’installer dès 1871 comme libraires-papetiers à Falun, au centre de la Suède. Son père, Auguste Robert, est un homme bon et sensible, au tempérament d’artiste. Karin, sa mère, femme pratique, habile et travailleuse, mettra au monde treize enfants, neuf garçons et quatre filles, dont trois mourront jeunes. Élisabeth est la cinquième. La vie de famille contribue à enrichir son tempérament sociable et particulièrement équilibré. Les Hesselblad sont pieux et fréquentent le temple chaque dimanche. Dès sa jeunesse, Élisabeth comprend que toute vie humaine doit être consacrée à connaître Dieu et à le servir.
Gravement atteinte de diphtérie et de scarlatine à l’âge de sept ans, Élisabeth en réchappe; mais à douze ans, une nouvelle maladie provoque des ulcères à l’estomac et des hémorragies internes qui lui laisseront des séquelles toute sa vie. Elle écrira plus tard: «Dieu m’a donné très tôt la grâce de comprendre que les difficultés étaient envoyées pour être vaincues. Avec l’aide de Dieu, tout peut être surmonté, mais, sans son soutien, tout effort est inutile».
En 1886, la pauvreté de la famille oblige Élisabeth à chercher du travail. Deux ans plus tard, devant les difficultés rencontrées en Suède, elle décide de partir en Amérique, afin d’aider financièrement les siens. Arrivée à New-York le 9 juillet 1888, elle entre à l’école d’infirmières de l’hôpital Roosevelt. Souvent, elle s’occupe d’ouvriers blessés sur le chantier de construction de la future cathédrale Saint-Patrick. Un jour, elle entend un blessé irlandais répéter dans ses souffrances: «Marie, Mère de Dieu, priez pour nous!» Cette invocation lui paraît inconvenante; elle écrit: «Il ne devrait pas parler ainsi; ce n’est pas chrétien… Les catholiques ont de curieuses formules». Une nuit, elle s’aventure seule sous un terrible orage, pour appeler un prêtre auprès d’un catholique mourant qui désire se réconcilier avec Dieu. «Que Dieu te bénisse, chère petite soeur, pour ton attention et ton zèle, dit le prêtre à Élisabeth. Malheureusement, tu ne peux encore comprendre quel merveilleux service tu rends à tant de gens… Un jour, tu comprendras; tu trouveras le chemin». Dans sa quête de l’Église du Christ, Élisabeth visite de nombreux sanctuaires de toutes confessions. Elle aime le silence des églises catholiques; mais pourquoi les fidèles y font-ils tant de génuflexions, de signes de croix? Est-il vraiment nécessaire d’exprimer extérieurement sa foi? Selon ses convictions d’alors, elle pense que la foi, pour être pure, doit être tenue secrète.
«Je suis Celui que tu cherches»
En 1894, Élisabeth retourne au pays natal pour un mois de vacances. Peu après son retour en Amérique, elle écrira: «Quitter sa patrie une seconde fois est plus difficile que tout ce que l’on peut imaginer». À cette époque, elle fait la connaissance de la famille Cisneros qui l’accueille en son sein, et au service de laquelle elle se dévouera désormais.
Pour inaugurer le vingtième siècle, les Cisneros se rendent en Suède, chez les Hesselblad. Élisabeth et les soeurs Cisneros organisent alors un voyage en Europe. À Bruxelles, Élisabeth accompagne ses amies, catholiques ferventes, à la grande procession du Saint-Sacrement, qui a lieu à la cathédrale Sainte-Gudule. Dans ses notes intimes, elle écrira: «Je ne savais pas que l’évêque portait quelque chose… Voyant mes deux amies et bien d’autres gens s’agenouiller, je me retirai derrière le grand portail pour ne pas offenser ceux qui m’entouraient en restant debout. Je pensais: «Devant Vous seul, Seigneur, je m’agenouille; pas ici!» À ce moment, l’évêque qui portait l’ostensoir rejoignit le portail. Mon âme troublée fut soudain remplie de douceur et j’entendis une voix, qui semblait venir en même temps de l’extérieur et du fond de mon coeur, me dire: «Je suis Celui que tu cherches». Je tombai à genoux… Là, derrière la porte de l’église, je fis ma première adoration devant notre divin Seigneur présent dans le Saint-Sacrement».
Après la cérémonie, Élisabeth s’empresse de faire part à ses amies de la grâce reçue. À partir de ce jour, bien que traversée de doutes parfois violents et marquée de luttes intérieures, elle ne cesse de se rapprocher de l’Église catholique.
Sur la voie de la pleine communion
Une des pratiques qui arrêtent Élisabeth est la dévotion des catholiques envers Marie, la Mère de Jésus, et les saints. De son éducation protestante, lui reste un attachement exclusif au mystère du Christ, unique Sauveur. «Comment pourrais-je croire au pouvoir d’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie et des saints? Cela ne diminue-t-il pas les mérites de la Passion et de la Mort du Christ? La gloire et l’honneur dus à Dieu seul n’en reçoivent-ils pas quelque atteinte?»
Peu à peu, Élisabeth se rapproche de la doctrine de l’Église catholique: la bienheureuse Vierge a été associée à l’oeuvre du divin Rédempteur, à laquelle elle apporta une coopération sans pareille par son obéissance, sa foi, son espérance, son ardente charité, pour que soit rendue aux âmes la vie surnaturelle. C’est pourquoi elle est devenue, dans l’ordre de la grâce, notre Mère à tous. Après son Assomption au Ciel, le rôle de Marie dans le salut ne s’interrompt pas. Son amour maternel la rend attentive aux frères de son Fils dont le pèlerinage n’est pas achevé, jusqu’à ce qu’ils parviennent à la patrie bienheureuse. C’est pourquoi, elle est invoquée dans l’Église sous les titres d’Avocate, d’Auxiliatrice, de Secourable, de Médiatrice, sans nulle dérogation quant à la dignité et à l’efficacité de l’unique Médiateur, le Christ. Ce rôle subordonné de Marie, l’Église le professe sans hésitation… Elle le recommande au coeur des fidèles pour que cet appui et ce secours maternels les aident à s’attacher plus intimement au Médiateur et Sauveur.
Lorsqu’elle passe devant une église catholique, Élisabeth entre pour adorer le Saint-Sacrement, mais elle hésite encore à faire le pas décisif de la conversion. À cette époque, une de ses deux amies Cisneros entre au couvent de la Visitation à Washington. Révoltée dans son affection, à la pensée de perdre définitivement une amie si chère, Élisabeth se dit: «Comment est-il possible qu’une religion qui demande des sacrifices aussi déchirants, puisse être la vraie?» Et cependant, c’est bien Jésus qui, le premier, a appelé ses apôtres et ses disciples à tout quitter pour le suivre, non sans leur promettre une merveilleuse récompense: Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans les cieux; puis viens, suis-moi… Et quiconque aura laissé maisons, frères, soeurs, père, mère, enfants ou terres à cause de mon nom, recevra bien davantage et aura en partage la vie éternelle (Mt 19, 21; 29).
L’ivraie et le bon grain
Élisabeth, qui voudrait se convertir à une Église dont tous les membres soient saints, s’étonne des déficiences qu’elle remarque chez les catholiques. Cette réalité est éclairée par l’enseignement de l’Évangile: Notre-Seigneur parle de l’ivraie et du bon grain mêlés dans le champ du père de famille, ainsi que du filet jeté en mer qui ramène toute espèce de poissons (cf. Mt 13, 24-51). L’Église, Épouse sainte et immaculée du Christ, est ici-bas composée de justes et de pécheurs. Au Ciel seulement tous ses membres seront parfaits. Élisabeth comprend que l’Église catholique est la véritable «bergerie» fondée par le Christ. Elle se convainc dès lors que chaque jour passé hors de cette bergerie est du temps perdu.
Dans la déclaration Dominus Jesus, du 6 août 2000, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi rappelle que «tout comme il existe un seul Christ, il n’a qu’un seul Corps, une seule Épouse: une seule et unique Église catholique et apostolique» (n. 16), conformément à l’enseignement du Concile Vatican II: «C’est là l’unique Église du Christ… que notre Sauveur, après sa Résurrection, remit à Pierre pour qu’il en soit le pasteur (cf. Jn 21, 17), qu’il lui confia, à lui et aux autres apôtres, pour la répandre et la diriger (cf. Mt 28, 18 et ss.), et dont il a fait pour toujours la colonne et le fondement de la vérité (1 Tm 3, 15). Cette Église, comme société constituée et organisée en ce monde, c’est dans l’Église catholique qu’elle se trouve, gouvernée par le successeur de Pierre et les Évêques qui sont en communion avec lui» (Lumen gentium, n. 8). Aussi n’est-il pas permis aux fidèles d’imaginer que l’Église du Christ soit simplement un ensemble d’Églises et de Communautés ecclésiales; et ils n’ont pas le droit de tenir que cette Église du Christ ne subsiste plus nulle part aujourd’hui de sorte qu’il faille la tenir seulement pour une fin à rechercher par toutes les Églises en commun.
Cependant «les Églises et Communautés séparées, bien que nous les croyions souffrir de déficiences, ne sont nullement dépourvues de signification et de valeur dans le mystère du salut» (Vatican II, Unitatis redintegratio, n. 3). D’autre part, les membres de ces communautés ne sont pas responsables de la séparation qui remonte à plusieurs siècles. L’exemple d’Élisabeth Hesselblad et de sa famille, où étaient pratiquées de véritables vertus chrétiennes, montre que «des éléments nombreux de sanctification et de vérité subsistent dans les Églises et Communautés ecclésiales qui ne sont pas encore en pleine communion avec l’Église catholique» (Dominus Jesus, n. 16).
La grande grâce du 15 août 1902
Parvenue enfin à la certitude que la plénitude de grâce et de vérité se trouve dans l’Église catholique, Élisabeth n’attend plus pour y entrer. Elle s’adresse au Père J. G. Hagen, jésuite, qui deviendra son Père spirituel, et lui demande de la recevoir tout de suite dans l’Église catholique, avant qu’elle ne parte, prochainement, pour l’Europe. «Ma chère fille, comment le pourrais-je? répond le Père. Je vous connais à peine depuis un instant… – Mon Père, pardonnez-moi, mais j’ai combattu pendant vingt ans dans l’obscurité; pendant de nombreuses années, j’ai étudié la religion catholique et prié pour obtenir une foi robuste… Je possède déjà cette foi et je suis prête à subir un examen sur tous les points de la doctrine». Le Père interroge donc l’ardente néophyte. À la fin, il lui dit:«Je ne vois pas de raison pour ne pas vous recevoir dans l’Église. Nous sommes le 12 août, et le 15 sera la fête de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie. Ce jour-là, je vous recevrai dans l’Église catholique; le dimanche suivant, le 17, vous pourrez recevoir la Sainte Communion. Passez ces quelques jours en retraite et venez me voir deux fois par jour pour une instruction».
Lors de la cérémonie d’admission dans l’Église catholique selon le rituel en usage à cette époque, Élisabeth reçoit une grâce particulière qu’elle traduit en ces termes: «Je retournai m’agenouiller à ma place, et le monde entier me sembla disparaître. Il serait impossible de décrire cette impression. La seule réalité que je voyais, que je sentais, était Dieu; mon seul désir était désormais de Le voir comme nous Le verrons face à face, au matin éternel».
À la fin de 1902, Élisabeth part en pèlerinage à Rome. Elle y visite, place Farnèse, la maison où sainte Brigitte de Suède a vécu pendant 19 ans, et qui abrite alors une communauté de Carmélites. Sur les conseils du Père Hagen, elle revient dans la Ville Éternelle en mars 1904, pour s’y consacrer entièrement à Dieu et tenter d’y continuer l’oeuvre de sainte Brigitte. Cette année-là, son frère, Thure, se convertit lui aussi au catholicisme.
Élisabeth se présente au Carmel en cette maison de sainte Brigitte qui l’attire. La Prieure, Mère Hedwige, hésite à l’accepter à cause de sa faible santé, et lui propose un temps d’essai. Bientôt Élisabeth tombe gravement malade et reçoit même l’Extrême-Onction. Lentement, elle se rétablit et peut mener la vie régulière. Elle résiste aux appels de sa famille, qui la presse de rentrer en Suède. Son coeur est consumé par un double désir: promouvoir le retour de son pays au catholicisme en vue de l’unité des chrétiens, et diffuser la dévotion à sainte Brigitte et à sainte Catherine de Suède. Avec l’accord de sa Supérieure, elle reçoit alors l’habit gris des Brigittines et fait profession entre les mains du Père Hagen, le 22 juin 1906, fête du Sacré-Coeur. Mère Hedwige la bénit en lui disant: «Je vous rends à sainte Brigitte et à sainte Catherine (fille de sainte Brigitte) qui vous avaient envoyée vers moi».
A la suite de sainte Brigitte
Née en 1303 d’une famille aristocratique de Suède, sainte Brigitte se maria avec un pieux chrétien dont elle eut huit enfants et avec lequel elle mena une intense vie de prière. Après la mort de son mari, son union intime au Christ s’accompagna de charismes particuliers sous l’inspiration desquels elle fonda le nouvel Ordre monastique du Très Saint-Sauveur, voué à la contemplation de la Passion. Cet Ordre se répandit en Europe du Nord. Les pays scandinaves s’étant détachés de l’unité catholique au cours du XVIe siècle, les moines et moniales suédois furent dispersés. Au début du XXe siècle, ne subsistaient en Europe que quelques monastères isolés de Brigittines.
Tous les efforts de soeur Élisabeth vont tendre à établir une fondation de Brigittines. En 1911, arrivent à Rome des postulantes anglaises qui, avec soeur Élisabeth, s’installent dans une propriété prêtée par les Carmélites. Le 4 mars 1920, elle devient Abbesse de l’Ordre du Saint-Sauveur qui est érigé canoniquement. En 16 ans de lutte, Mère Élisabeth, qui se désigne comme un «inutile morceau de bois» a posé les fondements d’un édifice destiné à oeuvrer durablement pour la gloire de Dieu. Elle assigne trois fins à ses religieuses: «Contemplation, adoration et réparation».
En mai 1923, Mère Élisabeth se rend en Suède pour le 550e anniversaire de la mort de sainte Brigitte, à Vadstena, où celle-ci a fondé en 1343 son premier monastère. Les reliques de la sainte ont été apportées de Rome; les cérémonies sont marquées par la participation de nombreux protestants. Une couronne offerte par le prince Eugène porte en dédicace: «À la plus grande femme de Suède». Mère Élisabeth désire établir un monastère en Suède, mais l’évêque, Mgr Müller, conseille la prudence en raison des préjugés encore très vivaces contre les Ordres religieux. Une «maison de repos Sainte-Brigitte» tenue par quelques soeurs est donc fondée dans la banlieue de Stockholm: on y accueille quelques malades et des hôtes désireux de repos spirituel. Pour la première fois depuis le XVIe siècle, à la grande surprise de la population, on peut voir en Suède des religieuses en habit.
En rentrant à Rome, la fondatrice s’arrête à Lugano au sud de la Suisse pour y établir un couvent de Brigittines. Un autre est bientôt fondé en Angleterre. En octobre 1928, les Carmélites quittent la maison de sainte Brigitte, à Rome, et en avril suivant, Mère Élisabeth et ses religieuses s’y installent, réalisant un rêve vieux de trente ans. En 1935, a lieu la fondation définitive d’un couvent brigittin à Vadstena, malgré le déplaisir de certains compatriotes. Puis, en avril 1937, douze Brigittines prennent la mer pour une fondation au sud de l’Inde. Aujourd’hui les Brigittines comptent plusieurs dizaines de maisons en Europe, en Asie et en Amérique.
Au cours de la deuxième guerre mondiale, la charité de Mère Élisabeth se déploie dans tous les domaines: d’abord envers ses propres soeurs en religion dans les pays en guerre, puis envers les malheureux de Rome (jusqu’à 60 personnes sont hébergées place Farnèse), spécialement les Juifs. De Suède, pays épargné par le conflit, elle fait affluer à la Maison Sainte-Brigitte des denrées de première nécessité. Sa charité est délicate, surnaturelle, enthousiaste, parfois héroïque. Elle ne fait pas acception des personnes: à partir de 1945, elle aide aussi bien des réfugiés communistes italiens que des allemands ou des polonais.
Le bon zèle pour la cause de l’unité
Dans les Constitutions de l’Ordre du Saint-Sauveur, Mère Élisabeth appelle ses religieuses à se vouer de manière permanente et essentielle à la cause de l’unité des chrétiens. Elle compose et fait réciter aux soeurs une invocation à sainte Brigitte: «Avec un coeur confiant, nous nous tournons vers vous, sainte Brigitte, pour demander, en ce temps d’obscurité et de manque de foi, votre intercession en faveur de ceux qui sont séparés de l’Église du Christ. Par la claire connaissance que vous avez eue des cruelles souffrances de notre Sauveur crucifié, souffrances qui étaient le prix de notre rédemption, nous vous supplions d’obtenir la grâce de la foi à ceux qui sont hors de l’Unique Troupeau, afin qu’ainsi, les brebis dispersées puissent retourner à l’unique vrai Père».
Le zèle apostolique de Mère Élisabeth ne connaît pas de frontières. Elle contribue à la conversion du Pasteur baptiste Piero Chiminelli, auteur d’une biographie de sainte Brigitte; elle aura également des liens particuliers avec l’ex-grand Rabbin de Rome, Israël (Eugenio) Zolli, converti au catholicisme en 1946. Cependant son apostolat le plus important reste caché: sa vie est imprégnée de prières et de souffrances offertes pour l’unité des chrétiens.
Ses derniers mois sont marqués par la souffrance physique due à un affaiblissement cardiaque. Dans une vue de foi très profonde en la valeur de la Passion rédemptrice, elle avait écrit: «La souffrance est un des plus grands bienfaits que Dieu puisse concéder à une âme». Elle ne se plaint jamais, mais parle avec joie de sa mort prochaine: «Je suis à la gare, dans l’attente du train». Elle récite continuellement le Rosaire, confiante en Marie dont elle avait écrit: «La Sainte Vierge est plus proche de moi que mon propre corps; je sens qu’il serait plus facile de me couper un bras, une jambe ou la tête que d’éloigner de moi la Sainte Vierge; c’est comme si mon âme était enchaînée à elle». Sur ses lèvres viennent spontanément des actes d’acceptation de la volonté de Dieu et d’offrande d’elle-même.
La veille de sa mort, Mère Élisabeth donne sa bénédiction aux soeurs et, tenant les mains levées dans un geste solennel, en regardant en haut, elle murmure: «Allez au Ciel les mains pleines d’amour, de vertus». Puis, elle reçoit les sacrements; ses derniers moments sont calmes et paisibles. Elle s’éteint le mercredi de Pâques, 24 avril 1957.
Après avoir déclaré sainte Brigitte, en même temps que sainte Catherine de Sienne et sainte Édith Stein, Patronnes de l’Europe, le 1er octobre 1999, le Pape Jean-Paul II a proclamé Bienheureuse Mère Marie-Élisabeth Hesselblad, le 9 avril 2000. Puissions-nous faire nôtre cette belle prière de la nouvelle Bienheureuse: «Ô mon Dieu, je vous remercie pour tout ce que vous m’avez donné, je vous remercie pour tout ce que vous me refusez et pour tout ce que vous m’enlevez».
C’est dans cette pensée que nous prions à toutes vos intentions, sans oublier vos chers défunts.
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