28 janvier 2019
Vénérable Bruno Lantéri
Bien chers Amis de l’abbaye Saint-Joseph,
«Je n’ai aucun désir libre et réfléchi plus fort, ni même aussi fort, que celui de faire régner Jésus-Christ dans mon âme et dans celles des autres hommes par la foi, l’espérance et la charité » : telle est la disposition intérieure de chaque membre de “l’Amitié chrétienne”. Cette association, qui s’étendra dans toute l’Europe, a joué un rôle prépondérant dans la restauration de la religion après la tourmente engendrée par la Révolution française. Partout, elle a préparé des catholiques instruits et zélés dont l’influence a été très importante. Bruno Lantéri en fut l’âme, avant de fonder une congrégation mariale de prêtres.
Bruno Lantéri est né le 12 mai 1759 à Coni, petite ville du Piémont (nord-ouest de l’Italie), septième enfant d’une famille qui en comptera dix. Son père, médecin, est surnommé “le père des pauvres” à cause de sa grande charité. Bruno n’a que quatre ans quand sa mère meurt en donnant le jour à son dernier enfant : « Pour moi, dira-t-il, je n’ai presque pas eu d’autre mère que la Très Sainte Vierge Marie, et je n’ai jamais reçu que des caresses d’une si bonne Mère ! » En 1781, il rédigera un acte de consécration de toute sa personne à la Sainte Vierge, la considérant comme sa véritable et absolue Maîtresse. De bonne heure, l’enfant montre un goût marqué pour la lecture, et une intelligence toujours en éveil : il veut tout savoir et tout comprendre. Son père répond volontiers à ses désirs : « Avec mon père, nous étudiions même à table ! », dira Bruno. À dix-sept ans, le jeune homme décide d’entrer chez les Chartreux. Mais bientôt, le Prieur se rend compte qu’il n’est pas fait pour la rude vie des moines de son Ordre, et il le renvoie chez lui.
Une grâce spéciale
Bruno s’oriente alors vers la vie sacerdotale. À l’époque, les candidats au sacerdoce commençaient par revêtir la soutane avec la permission de l’évêque, puis se disposaient aux Saints Ordres en faisant des études de théologie en université ou dans un séminaire. En septembre 1777, Bruno obtient de son évêque une telle permission, et va suivre les cours de l’université de Turin. Il se trouve alors plongé dans une atmosphère intellectuelle marquée par l’influence de l’hérésie janséniste : des livres circulent pour détourner les fidèles de la fréquentation des sacrements, sous prétexte d’indignité, les dissuader de faire même leurs Pâques et, à l’approche de la mort, de recevoir le Viatique. Les chrétiens y sont exhortés à renoncer aux dévotions envers les saints et à la récitation du Rosaire. Les confesseurs sont poussés à ne remettre les péchés que rarement et à la suite de longues épreuves imposées aux pénitents. Bruno Lantéri commence par adopter des positions très rigides, mais quelques théologiens plus sages l’aident à faire un meilleur discernement. Le Père Loggero, qui sera longtemps son secrétaire, écrira : « À l’université de Turin, il fréquenta un ecclésiastique qui fit tous ses efforts pour le gagner aux doctrines jansénistes… Le Père Lantéri attribuait à une grâce singulière du Seigneur d’avoir été éclairé sur ces questions, d’avoir reconnu la fausseté de ces doctrines, et d’avoir évité dans la suite la fréquentation de cet ecclésiastique. » Un ancien Jésuite (la Compagnie de Jésus avait été dissoute en 1773 par le Pape Clément XIV), le Père de Diessbach, dont il fait la connaissance en 1779 à Turin, exerce sur Bruno la meilleure influence. Par la parole et la plume, ce prêtre très actif combat l’incrédulité, le jansénisme et le régalisme.
Au début de l’année 1782, le Père de Diessbach invite Bruno à le suivre à Vienne en Autriche, pour soutenir le Pape Pie VI, qui s’y rend en personne afin de négocier avec l’empereur Joseph II ; celui-ci, en effet, ne cesse depuis deux ans de s’arroger un droit exorbitant sur la discipline et la vie de l’Église, portant atteinte à sa liberté, ce que l’on nommera le Joséphisme ou le régalisme. À Vienne, Bruno prend part à des colloques de droit canonique et de théologie, et acquiert ainsi une expérience qui lui servira toute sa vie ; puis, sur le conseil du Père de Diessbach, il rentre à Turin. En 1776, ce Père avait fondé dans cette ville une association, l’Amitié chrétienne, dont le but était d’unir les catholiques piémontais pour la gloire de Dieu, leur sanctification personnelle et la défense de la morale et des dogmes contre les rationalistes, par la diffusion de bons livres. Il compte sur Bruno pour s’occuper de cette association.
Beaucoup écouter
En mai 1782, Bruno est ordonné prêtre, et en juillet, il obtient un doctorat en théologie. Durant ses études, il a dû tenir compte d’une myopie très accusée, et s’est surtout appliqué à beaucoup écouter ses maîtres de l’université, en sorte qu’il dira un jour avoir appris sa théologie plus « par les oreilles que par les yeux ». En accord avec son évêque, il renonce en 1784 au ministère paroissial, afin de s’adonner au service de l’Amitié chrétienne. Incapable de faire des prédications devant de grands auditoires, à cause d’une déficience respiratoire, il prêchera les Exercices de saint Ignace à des groupes restreints et deviendra un directeur spirituel apprécié. L’année suivante, il passe avec succès l’examen qui lui permet de recevoir les pouvoirs de confesser. Don Bruno consacre chaque jour de longues heures aux exercices de piété : bréviaire, oraison, Messe, chapelet, visite au Saint-Sacrement, lecture spirituelle. Il cherche avec beaucoup de soin les livres de bonne doctrine pour les diffuser, car il avait constaté combien les ouvrages jansénistes étaient nocifs. Il se tient aussi au courant, jour après jour, des événements politiques, sociaux ou religieux, notamment du déroulement de la Révolution française, afin d’opposer une résistance au mal qui gangrène la société. Les œuvres de charité envers les pauvres, les malades, les prisonniers et tous les déshérités qu’il va chercher partout, dans les cafés, les taudis, les réunions populaires, tiennent également une grande place dans sa vie et dans celles des confrères de l’Amitié chrétienne.
À la suite de la Révolution, le Piémont, patrie de Bruno, a été annexé à la France. Le concordat entre la France et le Saint-Siège, signé par le Pape Pie VII et mis en œuvre par Napoléon en 1801, a été modifié unilatéralement par l’empereur : les Articles organiques, adjoints subrepticement, lui donnent un droit d’ingérence dans les affaires de l’Église. Pour défendre la liberté de celle-ci, don Lantéri rédige des tracts dénonçant les empiétements de l’État, qui sont recopiés et diffusés sous le manteau par les membres de l’Amitié chrétienne. D’autres textes importants, émanant des évêques, du Pape ou de théologiens sûrs, sont aussi répandus discrètement. En 1806, Napoléon impose dans tout l’Empire un catéchisme où l’on enseigne que tous sont tenus à une obéissance sans limite à l’empereur. Dans un tract copié et diffusé à foison, don Bruno ne manque pas de réfuter cette prétention. Parallèlement, il s’applique à combattre le jansénisme, auquel il reproche de défigurer Jésus-Christ et son enseignement, de méconnaître sa miséricorde divine et son amour pour les pécheurs. De leur côté, les jansénistes l’accusent de tomber dans le laxisme, de mettre des coussins sous les coudes des pécheurs (cf. Ez 13, 18), et de s’appuyer sur les œuvres d’un saint évêque et fondateur d’Ordre, mort en 1787, Alphonse de Liguori. Celui-ci rappelle, à l’encontre des jansénistes, que Jésus-Christ est mort pour tous les hommes sans exception et leur a acquis un trésor infini de mérites en vue du salut éternel. Dans ce trésor, tout homme a la possibilité de puiser, par la prière, les secours dont il a besoin. La grâce de la prière étant accordée à tous, Alphonse affirme : « Qui prie se sauve certainement ; qui ne prie pas se damne certainement » (cité dans le Catéchisme de l’Église Catholique, 2744). Il encourage à s’approcher du Sauveur avec une grande confiance en son infinie miséricorde. Il enseigne aux confesseurs à ne pas différer l’absolution sous prétexte d’indignité, mais à l’accorder largement dès que le pénitent donne des signes suffisants de contrition. L’Église canonisera Alphonse de Liguori en 1839, et lui décernera le titre de Patron des moralistes et des confesseurs. Bruno met en œuvre ses enseignements, au point qu’un de ses amis dira de lui : « Il fut, au Piémont, le défenseur de la saine théologie et de la saine morale, c’est en lui qu’il faut voir le marteau le plus puissant contre le jansénisme. »
La Grangia
Bruno Lantéri entretient sa vie spirituelle avec les Exercices de saint Ignace qu’il pratique fréquemment. Pour lui, la retraite est comme « un instrument très puissant de la grâce divine et un moyen assuré, pour chacun, de devenir un saint et même un grand saint ». Les Exercices spirituels consistent, en effet, en « différents modes de préparer et de disposer l’âme à se défaire de toutes ses affections déréglées et, après s’en être défait, à chercher et à trouver la volonté de Dieu dans le règlement de sa vie, en vue de son salut » (Exercices spirituels de saint Ignace, n. 1). Dès le début de sa vie sacerdotale, Bruno a composé une série de prédications pour donner lui-même les Exercices ; il ne cesse, par la suite, de perfectionner ce travail qu’il considère comme particulièrement important. Il donne les retraites dans des maisons d’accueil. Sous l’occupation française, ces maisons ont été fermées ; Bruno aménage alors une résidence de campagne qu’il possède non loin de Turin, La Grangia, en maison de retraite pouvant accueillir une vingtaine de personnes. La durée habituelle des retraites est de huit jours. Bruno Lantéri a une manière personnelle de donner les Exercices : dans sa bouche, les méditations des Exercices prennent une saveur particulière. Cette originalité vient de ce qu’il commence où les autres finissent : ceux-ci finissent par la contemplation pour obtenir l’amour divin, mais avec lui, on est plongé dans cet amour dès le début de la retraite.
Dans la contemplation pour obtenir l’amour divin, saint Ignace écrit : « Je rappellerai à ma mémoire les bienfaits que j’ai reçus : ceux qui me sont communs avec tous les hommes, la création, la rédemption, et ceux qui me sont particuliers, considérant très affectueusement tout ce que Dieu, notre Seigneur, a fait pour moi, tout ce qu’il m’a donné de ce qu’il a, et combien il désire se donner lui-même à moi, autant qu’il le peut, selon la disposition de sa divine Providence. Puis, faisant un retour sur moi-même, je me demanderai ce que la raison et la justice m’obligent de mon côté à offrir et à donner à sa divine Majesté, c’est-à-dire toutes les choses qui sont à moi et moi-même avec elles ; et, comme une personne qui veut faire agréer un don, je dirai du fond de l’âme : “Prenez, Seigneur, et recevez toute ma liberté, ma mémoire, mon intelligence et toute ma volonté, tout ce que j’ai et tout ce que je possède. Vous me l’avez donné, Seigneur, je vous le rends ; tout est à vous, disposez-en selon votre bon plaisir. Donnez-moi votre amour ; donnez-moi votre grâce : elle me suffit” » (Exercices, n° 234).
Soutien du Pape
En mai 1809, l’empereur Napoléon annexe les États de l’Église à l’Empire français. Devant cette injustice, précédée de plusieurs autres, le Pape prononce contre l’empereur la peine de l’excommunication. Napoléon fait alors enlever le Pape qui est emmené captif à Savone. Le premier soin de Bruno Lantéri est d’organiser une association pour subvenir aux besoins matériels du Pape, qui a refusé l’allocation dérisoire prévue par l’empereur. Grâce à l’action de l’Amitié chrétienne, il réunit d’importantes sommes d’argent et les fait parvenir discrètement au Pontife, en dépit de la surveillance policière. Mais le Pape souhaite aussi être tenu au courant des événements et il a besoin de certains documents pour élaborer des textes réfutant les prétentions du pouvoir civil à l’encontre de son autorité spirituelle. Grâce spécialement à don Lantéri, un étonnant déploiement de dévouement et de savoir-faire se met en place, à Turin mais aussi en France, pour satisfaire le désir du Pape, au point que le directeur général de la police, constatant que les nouvelles transmises par les catholiques allaient plus vite que les courriers spéciaux du gouvernement, écrira : « Je n’ai jamais su comment les prêtres s’y prenaient ! » Cette activité de Bruno n’est pas sans graves périls : la peine de mort ou la déportation menace quiconque fournit au prisonnier de Savone des documents non soumis à la censure impériale. Sans craindre le danger, Bruno continue son activité, donnant ainsi au Pape le moyen de rédiger des lettres qui seront envoyées à des cardinaux ou des évêques, et même répandues dans le public. En 1811, l’empereur manifeste la prétention d’instituer les évêques sans en référer au Pape, et réunit à cette fin un concile national. Dans un écrit largement diffusé, don Bruno dénonce cette nouvelle ingérence dans le gouvernement de l’Église. Outré, Napoléon ordonne que l’on fasse partout des perquisitions pour trouver les responsables de ces résistances. Déjà surveillé par la police, don Bruno est soupçonné, sans qu’on ait de griefs précis contre lui, puis assigné à résidence dans sa maison de La Grangia. Il y restera du 25 mars 1811 à la chute de l’Empire, en 1814. Ce temps de solitude, de lecture, de repos et de recueillement lui profite beaucoup. Il reçoit de nombreuses visites, et continue son apostolat des Exercices de saint Ignace ainsi que la rédaction de tracts en faveur de l’Église et du Pape, qu’il fait distribuer clandestinement.
En avril 1814, l’abdication de Napoléon permet à Pie VII de rentrer à Rome, et Bruno Lantéri reprend son activité à Turin, avec une énergie et une santé renouvelées. Il reprend en mains l’Amitié chrétienne et sa branche destinée aux prêtres, l’Amitié sacerdotale, qui ont souffert de la persécution. Les conditions ayant changé, la méthode du secret absolu, qui était gardé afin de mettre les associés à l’abri des sarcasmes et des intrigues du monde, n’est plus de mise, le moment étant venu de travailler au grand jour. Cela permet de se distinguer des groupements secrets suspects, telle la franc-maçonnerie, qui se répandent dans la société. Le nom de l’association est alors changé en celui d’Amitié catholique, et la diffusion de bons livres se poursuit. En 1825, le marquis César d’Azeglio, fervent disciple de don Lantéri et responsable de l’Amitié, pourra écrire : « Dans les huit années d’existence de l’Amitié catholique ce sont des centaines de milliers de volumes qui ont été distribués, et, dans le nombre, plus de dix mille ont été envoyés en Amérique. » Charles-Félix, roi de Piémont-Sardaigne, donne sa faveur à l’Amitié catholique et lui accorde de généreux subsides ; durant les premières années, il se glorifie du titre de Premier Ami catholique. Mais les adversaires de l’association se livrent auprès de lui à de continuels assauts. Ils la lui représentent comme une secte dangereuse qui tend à s’assujettir les gouvernements et à faire plier toute autorité séculière devant l’omnipotence du Pape. Peu à peu, le prince se laisse influencer, et il en viendra même, au printemps de 1827, à dissoudre l’Amitié catholique.
Une congrégation mariale
En 1815, trois prêtres zélés de Carignano, petite cité proche de Turin, décident de se réunir pour travailler ensemble à leur sanctification et au salut des âmes, par la prédication, le ministère de la confession, l’ouverture d’une école pour des candidats au sacerdoce et la pratique de la charité envers les pauvres. Bientôt, ils s’adressent à Bruno pour qu’il prenne la direction du groupe ; celui-ci accepte et rédige quelques règlements courts et précis. L’autorisation de fonder une nouvelle congrégation est demandée et obtenue en novembre 1816 du vicaire capitulaire de Turin, car le siège épiscopal est vacant. Le nom choisi pour le nouvel institut est : Congrégation des Oblats de la Vierge Marie. Aussitôt, les nouveaux Oblats commencent la prédication des Exercices spirituels de saint Ignace, avec un succès immédiat : de nombreuses confessions et des conversions, parfois retentissantes, de pécheurs endurcis.
Pourtant, don Lantéri ne peut encore abandonner ses œuvres turinoises, d’autant qu’il désire ouvrir un “convict ecclésiastique”, c’est-à-dire une maison où les prêtres nouvellement ordonnés pourraient résider durant le temps nécessaire à l’achèvement de leurs études. L’établissement commence modestement à l’automne de 1817, sous la direction d’un ami intime de Bruno. Lui-même prend alors en mains la petite communauté des Oblats, à laquelle il donne pour premier maître saint Thomas d’Aquin, et pour second Alphonse de Liguori. Il désire que les Oblats se spécialisent dans la prédication de missions populaires, sous forme d’Exercices spirituels donnés à toute une paroisse. Ce ministère des Oblats produit de beaux fruits, rend une saine liberté aux cœurs assombris par le jansénisme et les ouvre à la joie du Christ en les portant à aimer Celui qui a dit : Mon joug est doux et mon fardeau léger ! (Mt 11, 30). En une seule année, plus de 1400 personnes reviennent à la pratique religieuse, et de nombreuses vocations commencent à affluer vers le jeune institut.
Beaucoup d’humilité
À la suite de ces premiers succès, le Père Lantéri estime le moment venu d’établir l’œuvre sur des bases canoniques. Mais il se heurte à l’opposition du nouvel archevêque de Turin. Ancien moine camaldule, celui-ci déclare sans ambages à don Bruno qu’il ne peut approuver les doctrines morales d’Alphonse de Liguori, car il les juge trop favorables au relâchement général des mœurs. De plus, il ne voit pas l’intérêt de fonder une nouvelle congrégation. Deux ans s’écoulent sans que l’on parvienne à une conclusion favorable. Durant ce temps, d’autres personnes fomentent toutes sortes de difficultés contre les Oblats, au point que leur situation devient intenable. Fortifié par les Exercices de saint Ignace, le Père Lantéri reçoit en paix les contradictions et les humiliations, à la suite du Christ humilié dans sa Passion, et, avec beaucoup d’humilité, il prend le parti de dissoudre l’institut, sans formuler aucune récrimination ni aucune plainte contre ses adversaires. En juillet 1820, les Oblats se dispersent sans bruit, et plusieurs cherchent à entrer chez les Jésuites. Don Bruno lui-même entame des démarches dans le même sens, et pour mûrir devant Dieu sa décision, il fait les Exercices spirituels. La volonté divine lui apparaît alors clairement : non pas son entrée au noviciat de la Compagnie de Jésus, mais la restauration de l’institut des Oblats. Confiant en Marie, il affirme : « La congrégation est l’œuvre de la Madone. C’est Elle qui y pensera. » En septembre 1825, Mgr Rey, nouvel évêque de Pignerol, enthousiasmé par l’œuvre des Oblats, lui envoie une lettre d’approbation de l’institut, en vue de sa restauration. En 1826, il demande au Père Lantéri d’organiser une grande mission dans sa cathédrale de Pignerol. Le succès impressionnant de cette mission décide don Bruno à accepter de restaurer les Oblats à Pignerol. Le 1er septembre de cette année, un Bref pontifical approuve la Congrégation, et, en 1827, le roi Charles-Félix, convaincu par l’archevêque, entérine cette décision.
Bruno Lantéri se fixe alors à Pignerol, où ses forces s’épuisent. Au début de 1830, soumis à toutes sortes d’infirmités, il souffre beaucoup, mais sa vie s’écoule dans une oraison continuelle, une attention aimante et paisible à la présence de Dieu. Il répète souvent : « Ô bon Jésus, j’ai soif de Vous ! » Il a fait pratiquer une ouverture dans le mur de sa chambre, adjacente à la chapelle, pour apercevoir le tabernacle. La dévotion à Marie conserve une place toute spéciale dans son cœur. Dans ses derniers jours, il lui arrive de dire : « Je vois une belle Dame avec un bel Enfant dans les bras, et elle ne me laisse jamais ! » Aussi longtemps qu’il en a la force, il célèbre la Sainte Messe. Il monte à l’autel pour la dernière fois le jour de la fête de saint Joseph, le 19 mars 1830. Le 5 août, il entre en agonie. « Aimez-vous, aimez-vous beaucoup les uns les autres et restez toujours unis de cœur, quoi qu’il vous en coûte ! », murmure-t-il à ses fils. Après avoir entendu les paroles de Jésus : Père saint, gardez en votre nom ceux que vous m’avez donnés, pour qu’ils soient un comme nous sommes un (Jn 17, 11), il rend le dernier soupir. Son procès de béatification est en cours.
Demandons à la Très Sainte Vierge de nous donner une grande ardeur au service du Seigneur, quels que soient les obstacles et les difficultés qui s’y opposent !
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«Je n’ai aucun désir libre et réfléchi plus fort, ni même aussi fort, que celui de faire régner Jésus-Christ dans mon âme et dans celles des autres hommes par la foi…