17 novembre 2009
Vénérable Alfred Pampalon
Bien chers Amis de l’abbaye Saint-Joseph,
«Parmi les périls qui menacent aujourd’hui la jeunesse et la société tout entière, la drogue se situe aux premières places comme un danger d’autant plus insidieux qu’il est moins visible… À l’origine de ce phénomène, il y a fréquemment un climat de scepticisme humain et religieux, marqué d’hédonisme, qui à la fin aboutit à la frustration, au vide existentiel, à la conviction de la vanité de la vie et à la dégradation violente… La plaie de la drogue, favorisée par de gros intérêts économiques et parfois aussi politiques, s’est étendue au monde entier», affirmait le Pape Jean-Paul II (27 mai 1984 et 24 juin 1991).
Le 14 mai 1991, le même Pontife a déclaré l’héroïcité des vertus d’un jeune religieux rédemptoriste, le Père Alfred Pampalon, qui est souvent invoqué, depuis son heureuse mort, en 1896, par les personnes adonnées à l’alcool et à la drogue. La vie de cet homme, apparemment insignifiante, brille comme une lumière pour notre époque avide d’efficacité matérielle et de confort. Il l’avait construite sur les réalités surnaturelles, et voilà que d’abondantes faveurs, même temporelles, sont obtenues par son intercession!
Alfred vient au monde dans une paroisse mariale du Québec, Notre-Dame de Lévis, le 24 novembre 1867, neuvième enfant d’une famille profondément chrétienne. Le père, Antoine Pampalon, est entrepreneur de construction d’églises. La mère, Joséphine Dorion, se fait remarquer par son humilité et son esprit de foi; elle exerce sur ses enfants une surveillance pleine d’amour. Tous les soirs, on prie en famille, spécialement le chapelet. Deux des frères d’Alfred et sa soeur Emma se donneront à Dieu. Particulièrement affectueux et serviable, Alfred apprend rapidement, grâce à sa maman, la bonté du Seigneur et sait prononcer les noms de Jésus, Marie et Joseph.
Une maman encore meilleure
À cinq ans, il perd sa mère. Cette douleur suit de près la joie d’une douzième naissance. Peu avant de mourir, madame Pampalon réunit ses huit enfants vivants et, les regardant d’un sourire affectueux: «Mes chers petits, votre maman va mourir… Je vous aime beaucoup, mais il me faut partir… Vous n’aurez plus de maman sur la terre… Je vous confie à une maman encore meilleure, la meilleure qui soit, la Sainte Vierge… Elle vous tend les bras… Aimez-la beaucoup! Priez-la beaucoup! Elle prendra soin de vous… » Près du lit, Alfred pleure doucement. Les paroles de celle qu’il aime le plus sur la terre sont gravées dans sa mémoire; elles marqueront toute sa vie. Sa mère expire le 2 juillet 1873, à l’âge de 45 ans.
Un an après, M. Pampalon décide de se remarier. Il s’unit à une excellente veuve irlandaise, Marguerite Phélan, qui considérera tous les enfants d’Antoine comme les siens. Alfred se montre affectueux et doux envers sa seconde mère. «Il avait toujours le sourire aux lèvres, raconte Marguerite. Il était gai, doux, amusait mes petits enfants (demi-frères d’Alfred), serviable envers chacun».
À neuf ans, en septembre 1876, Alfred entre comme externe au collège de Lévis, dirigé par des prêtres diocésains. Il y étudiera pendant cinq années, sans jamais songer à devenir prêtre: attiré par le commerce, il a écarté les études classiques au profit du cours commercial. En mai 1877, il fait sa première Communion et le 7 octobre, fête de Notre-Dame du Rosaire, il reçoit le sacrement de la Confirmation.
On remarque en lui un sens du surnaturel qui se développera sans cesse. Il se confesse et communie une fois par semaine, ce qui, pour l’époque, est exceptionnel; il aime servir la Messe. Passant chaque jour devant l’église paroissiale, il s’arrête pour adorer Notre-Seigneur et prier la Sainte Vierge. «Pendant les dix années d’études que j’ai passées avec lui dans les mêmes classes, rapporte un camarade, je ne me souviens pas qu’il ait fait la moindre faute contre la discipline. Il avait l’habitude de s’asseoir en avant de la classe pour être plus près du professeur et moins exposé à la dissipation». Pourtant, la vertu d’Alfred attire. Il respire la bonté; en récréation, d’humeur égale et quelque peu taquine, il se montre excellent organisateur. Nul ne peut l’égaler dans certains jeux; les plus jeunes surtout sont émerveillés de son habileté au cricket, au football, au baseball… Il se montre très rapide à la course. Non seulement ils l’admirent, mais ils l’aiment, car ses succès le laissent toujours modeste et gentil.
Un sourire qui éclaire
Année 1881. Jeune adolescent, Alfred n’est pas brillant en classe, et un défaut de prononciation – dont il ne parviendra jamais à se débarrasser – le rend difficile à suivre pour ses auditeurs; mais en catéchisme, il excelle… Soudain, sa vie est menacée par une maladie grave. Il prie, se recommande à Marie. «Dieu me fit comprendre, écrira-t-il, qu’Il ne me voulait pas dans le monde, mais tout à Lui. Sans tarder, à son appel, je résolus d’abandonner la branche commerciale et de suivre le cours classique en vue du sacerdoce, si je guérissais». Il modère son amour du jeu; il demeure joyeux, taquin même, mais il veut vivre avec le Seigneur, pour Lui. Toute sa vie, il conservera un air maladif, éclairé toutefois par son sourire. Ses efforts portent leur fruit: il termine l’année 1883 quatrième d’une classe de trente élèves.
En 1885, une pneumonie le conduit aux portes de la mort. Il reçoit les derniers sacrements. Le sanctuaire de Beaupré, où les chrétiens du Québec vénèrent sainte Anne comme leur patronne, est tout proche: la famille, alarmée, s’adresse avec insistance à la mère de la Vierge Marie, pour obtenir de l’Enfant-Jésus la guérison d’Alfred. «À mesure que mes études avançaient, dira plus tard celui-ci, mon dessein de devenir prêtre s’affirmait de plus en plus; mais ce qui acheva de le fixer, ce fut ma deuxième maladie. C’est là que Dieu m’attendait: Il m’inspira de réaliser mon projet par le lien irrésistible du voeu. Je le Lui promis, s’Il m’accordait la guérison». Professeurs et élèves de Lévis s’unissent aux parents pour arracher au Ciel cette grâce. Alfred guérit… Dès qu’il en a la force, il fait à pied, chapelet en main, les 35 km qui le séparent de Sainte-Anne-de-Beaupré. Là, agenouillé devant la statue miraculeuse, il rend grâces et promet de suivre l’exemple de son frère en entrant chez les Rédemptoristes.
La Congrégation du Très-Saint-Rédempteur avait été fondée en 1732 par saint Alphonse-Marie de Liguori, noble napolitain, dans le but d’évangéliser les âmes les plus abandonnées. Ses religieux – appelés Rédemp-toristes – étaient arrivés à Sainte-Anne-de-Beaupré en 1878 seulement. Avant même sa décision, Alfred avait lu avec profit l’ouvrage que le saint, en 1750, avait dédié à la Vierge: «Les Gloires de Marie». Aucune maison de formation rédemptoriste n’étant encore ouverte au Canada, il doit s’embarquer pour l’Europe. Courageusement, le 22 juillet 1886 – à dix-huit ans –, il s’arrache à l’affection des siens pour se rendre au noviciat de Saint-Trond, en Belgique. La formation religieuse y est austère, mais nourrie de la doctrine des saints: Alfred s’y applique avec zèle et bonne humeur. D’emblée, il s’offre spontanément pour les tâches rebutantes. Handicapé par sa faible santé, il fait tous ses efforts, et édifie par son humble obéissance… Le 8 septembre 1887, il prononce avec joie les voeux perpétuels de pauvreté, chasteté et obéissance. Lui qui, tout jeune, s’était abandonné entre les mains de Marie, s’écrie: «J’ai promis à ma Bonne Mère de devenir un saint! Et ma confiance en Elle me le fait espérer!»
Envoyé au grand séminaire de Saint-Jean-de-Beauplateau, pour deux années de philosophie et quatre de théologie, il affronte les études avec courage. Par sa prière assidue – surtout à Marie, Trône de la Sagesse – jointe à son application, il obtient des résultats de plus en plus satisfaisants. Mieux exercer son apostolat futur, voilà sa seule ambition. Ordonné prêtre le 4 octobre 1892, il commence son ministère à Mons, en Belgique: prédication de quelques missions paroissiales, confessions, enseignement du catéchisme aux enfants. Il visite souvent les malades et les encourage par son sourire et sa douceur. Dès l’aurore de sa vie religieuse, il a vu dans la Règle de son Institut une sauvegarde: par instinct spirituel, il sait que, sans discipline de vie, la persévérance n’est pas assurée. «Veux-tu être un saint, un très grand saint? Observe bien, très bien ta Règle et les prescriptions de tes supérieurs», suggère-t-il.
Un guide sûr
Où puise-t-il sa force d’âme? Dans la prière: «Il n’y a pas, dit-il, de vertu sans la prière», spécialement celle qui remonte à la source, la très sainte Eucharistie. Agenouillé à la chapelle, il reste souvent, immobile, les yeux fixés sur le tabernacle. Pourtant, il ne confond pas moyens et fin: «Celui-là aime Dieu, dit-il, qui Lui témoigne cet amour par les oeuvres et la souffrance, en d’autres termes, qui se conforme à sa sainte Volonté». Ses actions manifestent sa conscience de la présence de Dieu. Dans la vie de communauté, il apporte un cachet d’amabilité et de douceur qui ne l’empêche pas, quand l’occasion se présente, d’exprimer franchement sa pensée, sans respect humain.
Le juste vivra de la foi, lit-on dans l’épître aux Romains (1, 17). Alfred a assimilé cette parole: «Dans la vie spirituelle, dit-il, il ne faut pas prendre pour guide les sentiments, mais la foi. Le sentiment trompe souvent; la foi est un guide clair et sûr». Elle lui montre que l’amour de Dieu va de pair avec la fuite de toute faute volontaire: «Il n’y a qu’un seul mal, le péché, et qu’un seul bien, Dieu; jamais je ne commettrai la plus petite imperfection pour plaire à qui que ce soit». Le Catéchisme exprime la même vérité: «Aux yeux de la foi, aucun mal n’est plus grave que le péché et rien n’a de pires conséquences pour les pécheurs eux-mêmes, pour l’Église et pour le monde entier» (Catéchisme de l’Église Catholique, CEC, 1488).
Alfred renouvelle fréquemment les promesses de son Baptême et ses voeux de religion. Son esprit de foi brille particulièrement quand il célèbre le Sacrifice eucharistique; quant à l’espérance, «arrivée à maturité, elle prend le doux nom de confiance… Je dois conserver la paix du coeur et ne point donner accès au plus petit trouble. La mesure de notre sainteté dépend de la mesure de notre confiance». Il arrive ainsi à se montrer content de tout, de ses supérieurs, de ses confrères, des épreuves intérieures comme des consolations divines, des difficultés dans les études comme de la maladie.
Au faîte de l’édifice, le Père Alfred a placé un amour passionné pour Jésus-Christ. Pénétré de cette parole de saint Jean: Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est Lui qui nous a aimés le premier… Il a envoyé son Fils unique dans le monde afin que nous vivions par Lui (1 Jn 4, 9.10), il veut rendre amour pour amour. Il contemple la crèche, le crucifix, l’Eucharistie; chaque jour, il fait le chemin de la Croix et lit la Sainte Écriture. Il répète souvent, surtout dans sa dernière maladie: «Que ma constance ne défaille pas! encore un peu de temps, et ce sera l’éternité». En nous orientant vers les réalités éternelles, la pensée de la mort nous aide à faire prévaloir l’amour de Dieu sur tout autre amour; c’est pourquoi les saints pensaient souvent à la mort.
Exalter la miséricorde
Alfred est animé d’un zèle brûlant pour les âmes: «Je veux devenir et demeurer toujours un saint prêtre, pour pouvoir travailler très efficacement au salut du prochain. Plus je serai saint, plus je sauverai d’âmes». Ne pouvant, à cause de sa faiblesse, prêcher beaucoup, il se tient assidûment au ministère de la confession. Dans les missions paroissiales, il apporte sa modeste contribution: il s’adresse habituellement aux enfants et les prépare à recevoir les sacrements de Pénitence et d’Eucharistie. Ses instructions, claires, solides et pratiques, sont fort goûtées. Compte tenu de l’embarras de sa langue, on lui accorde de prêcher un seul grand sermon: il choisit d’exalter la miséricorde de la Vierge Marie. La soif de travailler efficacement au règne de Dieu le porte à estimer la mortification chrétienne, puissant moyen de se libérer de l’amour de soi. Même en promenade, il mange rarement en dehors des repas; il supporte patiemment les gerçures…
Dès le mois de mai 1895, on l’éloigne de Mons, pays minier, pour soigner ses poumons malades au bon air de Saint-Jean-de-Beauplateau, dans la forêt des Ardennes. Il écrit: «Ma manière de donner les missions, c’est de prier pour les âmes». Libre à l’égard des critères du monde, il pense que «de tous les vices, il n’en est pas un qui ait arrêté tant d’âmes dans le chemin de la piété que l’orgueil; l’esprit de vanité engendre le désir immodéré de paraître et de réussir en tout ce que l’on fait». Il parle peu de lui-même, mais mentionne volontiers ses faibles capacités intellectuelles. Il s’acquitte avec soin et plaisir des tâches les plus basses.
Dès l’âge de quatorze ans, jusqu’à sa mort, Alfred a été atteint par la tuberculose; il a tenu bon, tant bien que mal. Mais, le 5 février 1896, neuf mois après son repli forcé dans les Ardennes, il doit se résigner à rester à l’infirmerie: un poumon est perdu, l’autre très détérioré. Le médecin prévoit la fin en mars ou avril. Le jeune prêtre passe ses journées dans un fauteuil: «Les uns travaillent, les autres sont travaillés. Me voilà travaillé par la maladie». Il consacre son temps à la prière et à la lecture de la vie des saints; il n’est jamais désoeuvré. Il tousse jour et nuit. À la phtisie s’ajoute bientôt la dysenterie. Des escarres se forment: Alfred doit reposer sur des plaies vives. Pourtant, jamais il n’a un mouvement d’impatience, il demeure aimable et gai; tous aiment lui rendre visite. Dans le divin Sacrifice, qu’il célèbre encore chaque jour, il puise la force de tout supporter en union avec son Sauveur cloué à la Croix. Mais le 23 août, ne pouvant plus se tenir debout, il doit s’interrompre à plusieurs reprises. Tout le mois de septembre, il demeure entre la vie et la mort. Le 29, à trois heures du matin, il reçoit la sainte Communion pour la dernière fois. On l’entend à peine. Le 30, à une heure du matin, il chante soudainement, à voix haute et distincte, le Magnificat en entier. À deux heures, il demande et reçoit l’absolution de toutes les fautes de sa vie. Un peu avant huit heures, il fixe les yeux au Ciel en souriant, comme s’il voyait quelqu’un, et rend le dernier soupir. Il n’a pas vingt-neuf ans.
Les témoignages affluent
Vie pauvre et stérile, semble-t-il! Ce prêtre chétif ne portait, c’est un fait, aucune attention aux conversations qui roulaient sur des sujets profanes, et semblait ne rien y comprendre. Pourtant, aussitôt après sa mort, les prières montent vers Alfred Pampalon. Son frère Pierre écrira dix ans plus tard: «J’ai recueilli les faveurs temporelles attribuées à l’intercession de ce Serviteur de Dieu. J’en suis rendu au numéro 275 ; j’en découvre encore de nouvelles. J’ai vingt-six cas, au moins, où la guérison me paraît miraculeuse». Les annales du sanctuaire Sainte-Anne-de-Beaupré en témoignent: «Les victimes des boissons alcoolisées et des stupéfiants semblent attirer l’attention spéciale et la pitié du Serviteur de Dieu. Les témoignages affluent de toutes parts… » Les jeunes viennent invoquer le Serviteur de Dieu, pour eux-mêmes ou pour d’autres. De nos jours, les bienfaits obtenus se multiplient.
«La drogue et la toxicomanie touchent, selon le Conseil pontifical pour la pastorale de la santé, plus particulièrement les jeunes, quel que soit le milieu auquel ils appartiennent. La valorisation des drogues les plus variées et de leur usage n’a jamais été aussi importante. Elles sont présentées comme apportant un supplément de «liberté», comme une source de convivialité ou de bien-être» («Église, drogue et toxicomanie», 2002, n. 1). Promesse illusoire! En réalité, le résultat est à l’inverse de l’effet escompté: le toxicomane tombe dans l’instabilité affective, dans un état dépressif foncier joint à la dépendance envers des groupes et des dealers; inquiet, désirant tout avec avidité et parfois avec angoisse, il se sent souvent menacé et ne comprend plus le sens de sa vie: «Mieux vaudrait n’être pas né»; il a du mal à manifester de l’intérêt à l’égard des personnes et des choses, car son intelligence est principalement retenue par ce qui se réfère à la drogue (Ibid., n. 517). Ainsi comprend-on l’avertissement paternel de Jean-Paul II: «L’usage de la drogue est toujours illicite, car il implique un renoncement, injustifié et irrationnel, à penser, à vouloir et agir au titre de personne libre… Or, l’être humain n’a pas le droit d’abdiquer sa dignité personnelle, qui est un don de Dieu!» (23 novembre 1991; ibid., n. 43). Aussi, «en dehors d’indications strictement thérapeutiques, se droguer est une faute grave» (CEC, 2291).
Pour prévenir ce mal, certains préconisent la libéralisation des «drogues douces», supposées inoffensives. Or, l’expérience le montre, la consommation de ces produits favorise l’isolement et la dépendance; puis elle incite à la prise de substances plus fortes. Nombre de produits toxiques sont utilisés en médecine à cause de leurs bons effets; mais, s’ils sont consommés de manière abusive ou associés entre eux sans discernement, ils peuvent devenir une drogue. On peut en dire autant du tabac et de l’alcool: l’ivresse alcoolique est aussi dangereuse que l’ivresse provoquée par le cannabis.
Prévenir le mal
Dans la plupart de leurs témoignages, les toxico- manes indiquent qu’ils consomment ces substances pour «être bien avec soi-même» et pour trouver du plaisir. Le plaisir pousse alors à agir dans l’instant, c’est-à-dire sans opérer un travail de discernement. Le consommateur entre dans une spirale de dépendance, au point que les drogues deviennent le désir primordial de son existence. La libération de cet esclavage suppose une prise de conscience: en réalité, désirs et plaisirs – qui sont bons en eux-mêmes – relèvent de la réflexion du sujet, de sa vie spirituelle, de sa volonté libre et de sa responsabilité. D’où la nécessité de fonder son existence sur une morale et une démarche religieuse authentiques. Pour assumer les difficultés de l’existence, en particulier pour répondre aux problèmes posés par la maladie, la solitude et la mort, il est indispensable de découvrir d’abord le sens de la vie:
«La conviction sereine touchant l’immortalité de l’âme, la résurrection future des corps et la responsabilité éternelle pour les actions personnelles est la méthode la plus sûre pour prévenir le mal terrible de la drogue, pour soigner et réhabiliter ses victimes, pour les fortifier dans la persévérance et dans l’engagement ferme sur la route du bien» (Jean-Paul II, 7 septembre 1984). Chacun doit également apprendre à effectuer des renoncements salutaires. Ainsi se construit une personne libre et responsable. S’adressant à des évêques, Jean-Paul II affirmait: «Le don de la vie se réfère à la sobriété, à la chasteté, à l’opposition envers la pornographie croissante, à la sensibilisation sur les menaces de la drogue» (19 juin 1983). Il voyait dans la vie de famille un puissant antidote à la tentation de fuir dans un monde irréel; aussi engageait-il les époux à maintenir des relations conjugales et familiales stables, fondées sur l’amour mutuel ouvert à la vie, sachant donner et pardonner.
Le Père Pampalon a quitté ce monde un an jour pour jour avant sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. L’un et l’autre ont rêvé de partir vers les missions lointaines; tous deux désiraient le martyre et moururent dans la jeunesse: ils furent atteints de tuberculose et souffrirent atrocement; l’un et l’autre découvrirent que leur vocation était d’aimer, au long d’une existence sans épisode sensationnel. Le Père Alfred, on peut le penser, a hérité auprès de Dieu d’un rôle important, qui a quelque ressemblance avec celui de la Patronne des Missions: exercer la miséricorde auprès des personnes en détresse.
Vénérable Serviteur de Dieu, obtenez aux victimes de la drogue le don de la véritable espérance, qui ne déçoit pas (Rm 5, 5)!
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