18 février 2013
Sœur Marie du Sacré-Cœur Bernaud
Bien chers Amis de l’abbaye Saint-Joseph,
Lors de son voyage en France, en 1986, le bienheureux Jean-Paul II s’est rendu en pèlerinage à Paray-le-Monial. Là, il remit à la Compagnie de Jésus un message dans lequel il écrivait: «Auprès du Cœur du Christ, le cœur de l’homme apprend à connaître le sens véritable et unique de sa vie et de son destin, à comprendre la valeur d’une vie authentiquement chrétienne, à se garder de certaines perversions du cœur humain, à joindre l’amour filial envers Dieu à l’amour du prochain. Ainsi – et c’est la véritable réparation demandée par le Cœur du Sauveur – sur les ruines accumulées par la haine et la violence, pourra être bâtie la civilisation de l’amour, tant désirée, le Règne du Cœur du Christ» (5 octobre 1986). Ces paroles nous permettent de mieux saisir l’importance de la Garde d’honneur du Sacré-Cœur, qui est le fruit d’une inspiration faite à une religieuse de la Visitation de Bourg-en-Bresse (France), sœur Marie du Sacré-Cœur Bernaud, le 13 mars 1863, en vue de tenir compagnie au Cœur du Christ, de l’honorer et de le consoler.
Anne-Marie Constance Bernaud voit le jour au sein d’une famille de commerçants le 28 octobre 1825, à Besançon. Huit enfants composeront cette famille profondément chrétienne. Baptisée le jour de la Toussaint, elle dira plus tard «que l’aide de toute la cour céleste lui était bien nécessaire». Dès son enfance, Constance est consacrée de nombreuses fois au Sacré-Cœur de Jésus par une tante qui voue à ce Cœur un culte d’amour, dévotion encore peu répandue à l’époque. Vers l’âge de quatre ans, une maladie des yeux, qui la fera souffrir plusieurs années, l’éloigne des jeux de ses frères et sœurs, et la porte à développer une véritable vie intérieure. Toute perdue dans ses pensées et ses prières, elle aime la solitude et y chante des cantiques. Mais Constance n’en est pas moins espiègle et enjouée; elle le restera d’ailleurs toute sa vie. Dotée d’une grande sensibilité, la petite fille n’hésite pas à offrir ses goûters aux pauvres qu’elle croise, et verse d’abondantes larmes quand on lui apprend un malheur. À cinq ans, apprenant la mort d’une de ses tantes, religieuse de la Charité de Besançon, elle s’écrie: «Moi aussi, je serai religieuse!»
Mettons-nous à genoux!
Lors de sa préparation à la première Communion, Constance manifeste déjà une sérieuse connaissance des réalités de la foi. Son frère Édouard et elle s’apprêtent très consciencieusement à recevoir le sacrement de Pénitence. Ils souhaitent par-dessus tout ne rien omettre des fautes qu’ils doivent confesser, ni même de leur nombre. Le 20 avril 1836, en l’église Notre-Dame, tous deux reçoivent le Corps du Christ avec ferveur. Le soir même, Constance dit à Édouard: «Mettons-nous à genoux pour demander à Dieu la grâce de ne jamais faire de mauvaises communions!»
Élève dans un pensionnat de Besançon, Constance obtient de brillants résultats. Adolescente, elle achève ses études au couvent des Dames de Saint-Maur de Langres et y reçoit la Confirmation le 19 mai 1839. À l’insu de tous, la jeune fille approfondit l’oraison et s’adonne à la prière continue; chaque matin, elle parcourt le Chemin de Croix et, dans la journée, récite sur un dizainier de nombreux Je vous salue, Marie. Un petit ouvrage, le “Mois du Sacré-Cœur”, l’initie à la dévotion au Cœur de Jésus. «On ne saura jamais tout le bien que me fit ce petit livre, dira-t-elle; je recommençais les exercices du mois dès que je les avais finis.» Sa plus grande joie est d’offrir de petits sacrifices à Jésus sans que personne ne s’en rende compte. Après la Communion de chaque dimanche, elle consacre trois jours à rendre grâce et les trois suivants à se préparer pour recevoir à nouveau Jésus-Eucharistie. Toutefois, après son retour à Besançon, en septembre 1840, elle participe à des soirées mondaines qu’elle anime de sa jolie voix et de sa gaieté, goûtant au plaisir de paraître et d’être remarquée dans les réceptions. Pourtant, le désir de la vie consacrée demeure confusément dans son esprit; aussi lorsque l’appel du Seigneur se fait à nouveau ressentir, elle se confesse de ses écarts et confie à un prêtre son désir d’entrer en religion. Devant son jeune âge, le prêtre hésite et diffère sa permission de la laisser si tôt devenir religieuse.
Le 14 octobre 1841, peu avant ses seize ans, Constance est mariée par ses parents à monsieur Thieulin, un négociant de vingt-huit ans. Par respect pour eux, elle accepte l’union qu’ils ont arrangée. Mais son mari, jaloux de la riche personnalité de sa jeune épouse, ne la rend pas heureuse. Elle se réfugie dans le silence et la prière. À force de persévérance et de bon exemple, elle obtient qu’il se convertisse et renoue avec une pratique religieuse régulière. Mais, le 26 juillet 1846, avant même que Constance n’ait atteint ses vingt et un ans, il meurt, la laissant veuve, sans enfant. Un de ses frères qui réside à Paris, l’appelle chez lui. Elle se laisse à nouveau griser par les succès mondains, mais demeure fidèle à la pratique religieuse. En février 1848 ont lieu les sanglantes journées révolutionnaires qui entraînent la chute de la Monarchie de Juillet et l’établissement de la IIe République. Se trouvant dans la rue au moment où éclate une fusillade, elle échappe de justesse à l’affrontement meurtrier qui s’ensuit. Déconte-nancée, elle rentre à Besançon.
Visitandine
Connaissant les aspirations de Constance à la vie reli- gieuse, madame Morel, sa cousine, l’invite à Belley et la met en contact avec Mère Marie-Aimée Morel, supérieure de la Visitation de Bourg-en-Bresse qui lui propose de suivre la retraite préparatoire à la Fête du Sacré-Cœur (15 juin 1849). Constance répond favorablement comme si enfin l’appel du Seigneur devenait manifeste. Mais à l’issue de la retraite, elle demeure hésitante: ne ferait-elle pas mieux d’entrer chez les Dames de Saint-Maur qu’elle connaît depuis son adolescence? Elle confie son doute à Monseigneur Devie, évêque de Belley, ami du saint Curé d’Ars, qui lui conseille d’entrer à la Visitation. Dès son admission au couvent, le 28 juillet 1849, Constance est en proie à de douloureux combats intérieurs qu’elle soutient en se réfugiant dans la confiance en Dieu. Le 25 novembre suivant, elle prend l’habit religieux et le nom de sœur Marie du Sacré-Cœur. Le premier vendredi d’avril 1851, elle fait sa profession religieuse. Elle écrira: «Je sentais vivement que mon Époux voulait ce jour-là que je sois une victime d’amour (c’est-à-dire toute livrée à son Amour) pour dédommager son divin Cœur.»
Malgré sa santé délicate, sœur Marie du Sacré-Cœur mène durant une douzaine d’années la vie simple d’une Visitandine, remplissant avec sa gaieté naturelle les charges qu’on lui confie. Son intelligence vive et ses dons musicaux la font désigner pour enseigner au pensionnat adjoint au monastère. Ses élèves, frappées de son esprit surnaturel, la surnomment “sœur du Pur Amour”. Mais cette charge trop lourde pour elle lui est retirée, et on lui confie une mission de secrétaire, notamment pour répondre à la correspondance du monastère. «Oh, qu’il doit être bon de mourir lorsqu’on a constamment et tendrement aimé et servi l’Époux qui doit nous juger, note-t-elle. Chercher en toutes choses à plaire à mon céleste Époux, ne désirer que son divin regard, son seul amour; voilà, je le sens, ce que Jésus me demande fortement pour le cours de ma vie religieuse, car il me sera un Époux très jaloux. Ô mon Dieu, ne me suffirez-vous pas?… Jésus seul dans nos sœurs, Jésus seul dans mes exercices, Jésus seul dans mes emplois, dans mes récréations, dans les enfants, et m’efforcer non seulement de plaire à mon Époux mais encore m’étudier en toutes choses à réjouir son divin Cœur dont il me destine à être une amante fidèle.»
Un mystérieux cadran
À cette époque, on préparait la béatification de la vénérable Marguerite-Marie Alacoque qui avait reçu la grâce de nombreuses apparitions du Sacré-Cœur au monastère de Paray-le-Monial, deux siècles plus tôt. Cet événement touche l’âme fervente de sœur Marie du Sacré-Cœur qui voudrait pouvoir répondre de toute la force de sa foi aux plaintes du Seigneur à Marguerite-Marie: «Voici ce Cœur qui a tant aimé les hommes qu’Il n’a rien épargné jusqu’à s’épuiser et se consumer pour leur témoigner Son amour; et pour reconnaissance, Je ne reçois de la plupart que des ingratitudes et des mépris…» Le 7 juin 1862, la communauté de Bourg-en-Bresse est solennellement consacrée au Sacré-Cœur. À la fin de cette année, un grand nombre de ses religieuses signent un acte d’abandon au Cœur de Jésus; à l’Épiphanie 1863, le Sacré-Cœur est choisi comme “Roi de l’année”. Quelques semaines plus tard, sœur Marie du Sacré-Cœur voit en esprit un cadran avec les différentes heures du jour et de la nuit. Après en avoir dessiné une reproduction, elle inscrit autour les mots «gloire, amour, réparation»; elle perçoit de plus qu’il faut y ajouter la mention: «Garde d’honneur du Sacré-Cœur». Elle place ensuite au centre du cadran l’image du Sacré-Cœur. Le 13 mars, troisième vendredi du carême, fête des Cinq plaies de Notre-Seigneur, elle porte ce premier cadran de la Garde d’honneur à sa supérieure qui le bénit et accepte volontiers qu’on inscrive les noms de toutes les sœurs de la communauté.
Les personnes qui voudront s’associer à l’œuvre de réparation ainsi inaugurée pourront consacrer chaque jour une heure pour faire la “garde d’honneur”; leur nom sera inscrit sur un cadran à l’endroit correspondant à l’heure choisie. Durant cette heure, sans rien changer à leurs occupations, elles s’uniront par la pensée au sacrifice du Christ sur la Croix, offrant à Jésus ce qu’elles sont en train de faire: à l’école, au travail, qu’elles lisent, préparent un repas, fassent des courses, voyagent, étudient, rendent un service, prient… Elles s’efforceront de penser un peu plus à Jésus et de faire au moins un acte d’amour, et éventuellement un petit sacrifice. Mais aucune œuvre déterminée n’est prescrite: seule la bonne volonté est requise. Les “associés” se succèderont ainsi à travers le monde pour “prendre la garde”, en compagnie de la Sainte Vierge, de sainte Marie-Madeleine et de saint Jean au pied de la Croix; Jésus ne sera oublié à aucune heure du jour.
Au matin du dimanche des Rameaux 1863, pendant la sainte Messe, sœur Marie du Sacré-Cœur est touchée par ces paroles de l’antienne d’offertoire: Mon cœur n’attend plus que des outrages et des douleurs; j’espérais un secours, mais en vain, des consolateurs, je n’en ai pas trouvé (Ps 68, 21). La Garde d’honneur a justement pour but principal de consoler le Cœur de Jésus. Au soir du Mercredi Saint, sœur Marie du Sacré-Cœur a une crise d’hémoptysie (crachement de sang); elle, qui aime tant chanter, se voit interdire pour plusieurs mois l’assistance au chœur. Elle offre ce sacrifice «pour permettre le succès de la Garde d’honneur», et profite des jours saints pour perfectionner l’organisation de l’œuvre naissante. Le Vendredi Saint, elle compose la petite prière, “Offrande de l’heure de garde”, qui sera adoptée par des milliers d’âmes pour se consacrer au Cœur de Jésus pendant l’heure choisie: «Seigneur Jésus, présent au tabernacle, je vous offre cette heure avec toutes mes actions, mes joies et mes peines, pour glorifier votre Cœur par ce témoignage d’amour et de réparation. Puisse cette offrande profiter à mes frères et sœurs et faire de moi un instrument de votre dessein d’amour. Avec Vous, pour Vous et en Vous, pour eux, je me sanctifie, afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés en vérité (Jn 17, 19). Cœur Sacré de Jésus, que votre règne arrive!»
Le côté transpercé
Le 13 juin suivant, fête du Sacré-Cœur, sœur Marie du Sacré-Cœur écrit: «J’ai ressenti, mieux que jamais, ce qu’est le Cœur de Jésus: un abîme d’amour incompris, rebuté, refoulé vers sa source; combien ce très doux Cœur a souffert et souffre tous les jours de notre immense ingratitude! Je le conjurai de me faire cette grâce de le faire un peu connaître et aimer.» Le culte du Sacré-Cœur «suppose avant tout que nous rendions amour pour amour à ce divin Amour», affirmera le Pape Pie XII (Haurietis aquas, 4). Le dimanche 15 juin, les mots “cujus latus perforatum” (“dont le côté fut transpercé”) du cantique eucharistique Ave verum Corpus (“Salut, vrai Corps”) s’impriment profondément dans l’âme de sœur Marie du Sacré-Cœur. Alors, la Garde d’honneur lui paraît être le moyen providentiel de rendre un culte spécial à la blessure que le Cœur de Jésus a reçue sur la Croix. Il faudra toutefois attendre quinze ans avant de pouvoir faire figurer sur le cadran la lance qui transperça le Cœur de Jésus: l’évêque de Belley n’y était pas favorable.
Dans l’encyclique Haurietis aquas, du 15 mai 1956, le Pape Pie XII écrivait: «Rien ne s’oppose à ce que nous adorions le Cœur sacré de Jésus-Christ en tant que symbole naturel et très expressif de cet amour inépuisable que notre divin Rédempteur ne cesse d’éprouver à l’égard du genre humain. Bien qu’il ne soit plus soumis aux vicissitudes de cette vie mortelle, il n’en continue pas moins de vivre et de battre… Le Cœur du Christ déborde d’amour divin et humain, il est riche de tous les trésors de grâces que notre Rédempteur a acquis par sa vie, ses souffrances et sa mort; c’est pourquoi il est la source intarissable de l’amour que son Esprit répand dans tous les membres de son Corps mystique… Les fidèles doivent revenir au culte du Cœur sacré de Jésus s’ils désirent pénétrer dans son intimité et y trouver dans la méditation un aliment pour entretenir et augmenter leur ardeur religieuse. Si ce culte est pratiqué assidûment, avec un esprit éclairé et des vues élevées, il est impossible qu’une âme fidèle ne parvienne pas à cette douce connaissance de l’amour du Christ» (42, 55).
Un succès imprévisible
Bientôt, d’autres monastères sont invités à se joindre à ce courant spirituel, et de bouche à oreille, la dévotion s’étend aux fidèles que ce programme spirituel attire. Au monastère de Paray-le-Monial, la surprise est grande lorsqu’on reçoit le cadran de la Garde d’honneur, car un cadran exactement semblable y a été conçu. Un an plus tard, le 9 mars 1864, la Garde d’honneur est approuvée par le Pape Pie IX et érigée en Confrérie, puis, le 26 novembre 1878, sous Léon XIII, elle deviendra une Archiconfrérie. L’expansion très rapide de la Garde d’honneur à travers le monde ne s’opère pas sans difficultés ni souffrances, avec leurs répercussions sur la santé fragile de la fondatrice. Victime de ce succès providentiel mais imprévisible, sœur Marie du Sacré-Cœur multiplie les démarches auprès des autorités religieuses, sans jamais quitter sa modeste cellule, et assure une impressionnante correspondance. Son temps se passe entre l’infirmerie, où à plusieurs reprises elle se trouve aux portes de la mort, et sa cellule dans les périodes plus favorables; elle redouble alors d’ardeur au travail, car elle y voit la volonté de Dieu. Son humilité et son effacement volontaire sont accompagnés d’une extrême délicatesse qui la rend accueillante à toute misère. Entre les mains du Seigneur, elle se montre d’une docilité totale au service des autres et se sent notamment responsable de chaque “associé”, comme si tous étaient ses enfants. Dans sa prière persévérante, une intime conviction qu’elle aime communiquer naît en elle: le Cœur Miséricordieux de Jésus exaucera sa demande qu’aucun “garde” ne soit perdu pour le Ciel, c’est-à-dire que tous les inscrits à la Garde d’honneur soient aussi inscrits dans le grand Livre de Vie (cf. Ap. 21, 27). Le 19 mars 1865, elle écrit, au sujet des ministres de Dieu: «J’ai compris que le Sacré-Cœur aime passionnément les prêtres, et j’en garderai l’impérissable souvenir.»
Convaincue que d’autres réussiraient mieux à assurer la pérennité de la Garde d’honneur, elle tente, sans succès, de la confier à diverses communautés. Il apparaît alors clairement que l’œuvre doit demeurer au sein de l’Ordre de la Visitation. Comme toutes les initiatives inspirées par Dieu, l’histoire de l’Archiconfrérie de la Garde d’honneur est marquée par les larmes, les sacrifices, l’humilité et une totale docilité de la fondatrice. Sœur Marie du Sacré-Cœur ne rencontre toutefois pas que des obstacles à sa fondation: elle trouve aussi de nombreux appuis, notamment celui de Marie Deluil-Martiny, fondatrice des «Filles du Cœur de Jésus» qui sera béatifiée par le Pape Jean-Paul II, le 29 octobre 1989. «La Garde prend comme une mèche à feu!» constate sœur Marie du Sacré-Cœur. Avec saint François de Sales, fondateur de l’Ordre de la Visitation, elle peut dire: «Je voudrais pour le Sacré-Cœur, à la place de la couronne d’épines une couronne formée des cœurs de tous les hommes!»
«Premier Garde d’honneur»
Le Pape Pie IX lui-même demandera son enrôlement dans la Garde d’honneur le 25 mars 1872 et, le 21 juillet 1875, au cours d’une audience accordée à une importante délégation de l’Archiconfrérie, il rappellera, comme une de ses plus douces gloires, son titre de “premier Garde d’honneur du Sacré-Cœur de Jésus”. Bientôt on enregistre l’engagement de plus de trente évêques français ou étrangers. À chaque “associé”, sœur Marie du Sacré-Cœur veut transmettre par ses écrits l’amour du Cœur de Jésus qui consume son âme; elle leur distille avec force et bon sens une véritable catéchèse du Cœur de Jésus pour «qu’aucun ne se perde pour le Ciel». Travaillant dans le secret de la clôture, cachée du monde, elle laisse à Dieu le soin de gérer l’œuvre à sa guise. Sa correspondance ne cesse qu’à sa mort, le 3 août 1903.
«Le Cœur du Christ, écrivait le Pape Pie XII, met sous nos yeux tout l’amour dont nous avons été et sommes encore aujourd’hui l’objet. C’est la raison pour laquelle on doit tellement estimer le culte du Sacré-Cœur qu’on voie dans sa pratique l’expression parfaite de la religion chrétienne. On ne peut aller au Cœur de Dieu si ce n’est par le Cœur du Christ, qui a dit lui-même: Personne ne peut venir au Père, si ce n’est par moi (Jn 14, 6)» (Haurietis aquas, 60). Le Pape avertit cependant «qu’il arrive parfois qu’on doive, à juste titre, reprocher un amour et un souci excessifs de soi-même à ceux qui comprennent mal cette très noble dévotion. Que tous se persuadent donc que l’essentiel n’est pas dans les œuvres extérieures de piété ni dans les bienfaits à obtenir, mais de remplir avec plus de ferveur les grands devoirs de la religion, à savoir l’amour et l’expiation» (Ibid. 63). Reprenant cet enseignement à l’occasion du 50e anniversaire de l’encyclique Haurietis aquas, le Pape Benoît XVI déclarait: «Le côté transpercé du Rédempteur est la source à laquelle nous devons puiser pour atteindre la véritable connaissance de Jésus-Christ et pour faire plus pleinement l’expérience de son amour… Être chrétien n’est possible qu’en tenant le regard tourné vers la Croix de notre Rédempteur, vers Celui qu’ils ont transpercé (Jn 19, 37)… La blessure du côté du Christ et celles laissées par les clous ont été pour d’innombrables âmes les signes d’un amour qui a façonné leur vie de manière toujours plus incisive.»
Parmi les millions de personnes qui se sont engagées dans l’œuvre, se trouvent, outre le bienheureux Pie IX, Léon XIII, saint Pie X, Benoît XV et Pie XI, saint Jean Bosco, saint Édouard Poppe, sainte Madeleine-Sophie Barat, saint Daniel Comboni, le Père Ratisbonne, le bienheureux Marcel Callo… En 2007, la Garde d’honneur a reçu une impulsion nouvelle lorsqu’elle a été érigée à Paray-le-Monial, le 24 janvier, en la fête de saint François de Sales. La Visitation Sainte-Marie de cette ville abrite désormais son siège international. Le 4 octobre 2011, Benoît XVI «accordait de grand cœur sa Bénédiction apostolique à chacun des associés et à leur famille». En mars 2013, sera célébré le 150e anniversaire de l’œuvre.
«Ô doux Jésus, attirez-moi toujours plus profondément dans votre Cœur, afin que votre amour me saisisse et que je sois tout immergé dans sa douceur!» Faisons nôtre cette ardente prière de saint François de Sales afin de dédommager le Cœur infiniment aimant du Sauveur, trop souvent oublié, méprisé ou blessé par nos péchés.
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