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13 décembre 2012

Père William Doyle, sj

Bien chers Amis de l’abbaye Saint-Joseph,

«Dimanche matin 12 août (1917). Nous venons de rentrer au camp après six jours et sept nuits consécutifs sur le champ de bataille. La nuit dernière, il n’y avait aucune possibilité de se reposer, ne fût-ce qu’un moment, et tu peux imaginer qu’il y avait eu peu de sommeil les nuits précédentes… Fatigué comme je suis, je ne peux prendre mon repos avant de t’avoir donné quelque récit de ce qui s’est passé, car je sais que tu guettes les nouvelles de ton garçon, et aussi parce que mon cœur déborde du désir de te raconter l’amour et la protection de Dieu, jamais aussi manifestes que cette semaine. Il m’a protégé de dangers sans nombre avec plus de tendresse qu’une mère – ce que j’ai à raconter ressemble à un conte de fées – et s’il a éprouvé mon endurance, au moins une fois jusqu’à l’extrême limite, c’était seulement pour me remplir de joie à la pensée que j’étais “digne de souffrir un tant soit peu pour Lui”.» L’auteur de ces lignes est un jésuite irlandais, le Père William Doyle, aumônier militaire durant la Grande Guerre.

William Doyle naît à Dalkey, dans le comté de Dublin, le 3 mars 1873, dernier de sept enfants. Jeune garçon, il aide volontiers la femme de ménage, en allumant le feu ou en cirant les chaussures, et il procure aux pauvres le nécessaire, sans oublier le soin de leurs âmes. Il a essayé de ramener dans la voie droite un ivrogne qui gît maintenant sur son lit de mort, refusant le prêtre. Willie reste auprès de lui de longues heures en prière. Enfin, peu avant de rendre l’âme, le pauvre homme se réveille et demande l’assistance d’un prêtre. Le 31 mars 1891, le jeune homme entre au noviciat des Jésuites de Tullaberg. Dans la joie qu’il éprouve de se donner à Dieu, il monte les marches de l’escalier du noviciat quatre à quatre, au grand étonnement du Père qui l’accompagne. Il écrira plus tard à ses parents: «Depuis lors, je m’avance au jour le jour, d’année en année, avec le même joyeux esprit, assumant au mieux les difficultés et cherchant à toujours voir le bon côté des choses. Il est vrai que, de temps à autre, il y a eu des épreuves… mais à travers tout, je peux dire honnêtement que je n’ai jamais perdu la paix et la joie profonde qui rend douces les choses amères et aplanit les chemins rugueux.» Le zèle de son cœur ardent se révèle dans un texte écrit à la Sainte Vierge durant son noviciat: il lui demande de le préparer «au martyre, au moyen d’un travail ardu et d’un continuel renoncement à soi». Dans la deuxième année de son noviciat, une grave épreuve de santé met en péril sa vocation. Après un long séjour de repos en famille, il peut enfin prononcer ses vœux le 15 août 1893.

«Agere contra»

Nommé à Clongowes Wood College dans le comté de Kildare, il y passe quatre années à s’occuper d’une centaine de jeunes garçons. Un confrère trace de lui ce portrait: «Sa qualité dominante était le courage. Confronté à des difficultés, il rassemblait ses forces et persévérait jusqu’au bout; il ne cédait jamais devant les obstacles, et maintenait en dépit de tout sa gaieté de cœur et un visage souriant.» Le frère William désire devenir prêtre pour «aller tout droit vers la sainteté». Il reçoit l’ordination sacerdotale le 28 juillet 1907. Peu de temps après, il est envoyé à Ghent pour le “troisième an”, année supplémentaire de noviciat que font les Jésuites après leur ordination, avant de s’engager dans l’apostolat. Au cours de cette année, le Père Doyle suit les Exercices spirituels de saint Ignace. Il est particulièrement frappé par l’“agere contra”, disposition d’âme que saint Ignace décrit ainsi: «Ceux qui voudront s’attacher plus étroitement à Jésus-Christ, et se signaler au service de leur Roi éternel et Seigneur universel, ne se contenteront pas de s’offrir à partager ses travaux; mais, agissant contre (du latin “agere contra”) leur propre sensualité, contre l’amour de la chair et du monde, ils lui feront encore des offres d’une plus haute importance et d’un plus grand prix», s’offrant à imiter le Seigneur jusque dans sa pauvreté et ses humiliations (Exercices spirituels, n. 97). Le Père Doyle commente: «Que de choses sont contenues dans ces petits mots “agere contra”! C’est là le vrai secret de la sainteté, la source cachée à laquelle les saints ont bu profondément l’amour de Dieu et ont atteint le sommet de gloire dont ils jouissent maintenant.» Il est aussi frappé par la docilité à l’Esprit-Saint que saint Ignace recommande au directeur à propos du retraitant qui cherche sa vocation: «Celui qui donne les Exercices ne doit ni pencher, ni incliner d’un côté ou de l’autre; mais, se tenant en équilibre comme la balance, laisser agir immédiatement le Créateur avec la créature, et la créature avec son Créateur et Seigneur» (Exercices spirituels, 15). Dans une lettre, le Père Doyle écrit: «Il est très dangereux de vouloir obliger tout le monde à atteindre la perfection par le même chemin; ce serait méconnaître à quel point sont divers les dons du Saint-Esprit.»

Dans les premières années de son sacerdoce, il s’adonne à divers genres d’apostolat: retraites, prédication de missions, aumônerie dans les écoles… Il se montre infatigable, très exigeant pour lui-même, mais plein de miséricorde envers les autres. Non content d’attendre que les gens viennent à l’église pour la Messe, il va dans la rue pour les y inviter. Le soir, on le voit au port guettant le débarquement des marins qu’il invite également aux célébrations liturgiques. Un jour dans la rue, il n’hésite pas à encourager une prostituée à changer de vie. Quelques années plus tard, celle-ci, emprisonnée pour homicide, demandera aux autorités de la prison de faire venir le Père Doyle, seul prêtre à qui elle accepte de se confier pour se réconcilier avec Dieu.

Plus jamais

Spécialement attentif aux âmes en quête d’un guide spirituel, le Père Doyle leur consacre de longues heures d’entretien ou une correspondance laborieuse et suivie. Cette charge est si lourde que parfois il est tenté de l’abandonner. Il écrit à un correspondant: «Demande à Jésus de m’aider pour toutes les lettres que je dois écrire. J’ai récemment eu une grande tentation: toutes ces lettres étaient une grande perte de temps et il n’en résultait aucun bien. J’ai senti que la réponse venait du Seigneur lui-même dans l’extrait qui suit: “Peut-être cela vous consolera-t-il de savoir que votre lettre m’a sauvé d’au moins cent péchés mortels. Lorsque ces tentations féroces se dressent contre moi, je sors la lettre et la relis, et cela m’aide à combattre le diable et à dire: ‘Non, je n’offenserai plus jamais le Bon Dieu’.” Cela m’a rendu courage.»

De 1910 à 1915, le Père Doyle est engagé plus spécialement dans le ministère des retraites dans les maisons religieuses où ses talents sont très appréciés. Mais ses soins se portent plus encore aux retraites pour les ouvriers. Il estime, en effet, que les missions populaires, jadis fort fréquentées, sont insuffisantes pour ces hommes qui passent de longues journées à peiner sous le fardeau d’un travail dur et ingrat. Eux aussi ont besoin de quelques jours de silence pour se mettre à l’écoute de la parole de Dieu. Nullement ignorant des revendications légitimes des ouvriers et de leur situation parfois dramatique, le Père juge que les efforts aux plans politique et social, si nécessaires qu’ils soient, ne suffisent pas. L’homme est corps et âme: on ne peut, sans grave injustice, négliger l’une des deux composantes de la nature humaine. S’il appartient à la société civile de pourvoir à la vie temporelle, seule la religion peut apporter aux âmes le remède éternel. Guérir les âmes est le devoir le plus sacré du prêtre. Les retraitants du Père Doyle sont rarement des “piliers de sacristie”; parfois seule la curiosité les pousse. Cependant, ils sont souvent touchés par la grâce, et sortent des trois jours de retraite remplis de gratitude pour tant de bienfaits.

Ayant à cœur la promotion des vocations, le Père publie deux brochures (Vocations et Shall I be a Priest?) qui se répandent très largement. Sans prétention littéraire, elles visent uniquement à aider les jeunes qui, gênés par le manque d’instruction, n’arrivent pas à discerner leur appel à la vocation religieuse ou sacerdotale. Beaucoup ne savent même pas en quoi consiste cet appel, et bien d’autres s’imaginent d’avance qu’un tel chemin n’est pas pour eux. «Il est bien vrai, écrit le Père Doyle, que la vocation vient d’en haut, mais les desseins de Dieu peuvent être empêchés ou secondés par ses créatures, et Il s’est toujours servi d’agents secondaires pour les exécuter. La formation du caractère et l’orientation des pas des jeunes vers le sanctuaire est en grande partie entre les mains des parents et enseignants. Combien de prêtres et de religieux heureux remercient quotidiennement leur Créateur pour le don d’une bonne mère qui, la première, a jeté les semences de la vocation dans leur cœur d’enfant!» Le Père Doyle suscite également beaucoup d’aumônes pour aider les jeunes gens pauvres à payer leurs études au séminaire; son zèle se porte même jusqu’aux missions lointaines auxquelles il s’associe par la prière et par la collecte de fonds.

Lis!

En visitant la grotte de Lourdes en novembre 1912, le Père Doyle est frappé par les paroles de la Vierge à sainte Bernadette: «Pénitence, pénitence, pénitence.» Lors d’un pèlerinage à la maison natale de saint Benoît-Joseph Labre à Amettes, en mai 1917, il entend une voix lui dire: «Lis ce qui est écrit sur le mur.» Il lit: «Dieu m’appelle à une vie austère; il faut que je me prépare pour suivre les voies de Dieu.» Une lumière soudaine lui fait comprendre combien est fécond tout acte de sacrifice. Toutefois, loin de faire étalage d’austérité, il prend soin de soumettre à son confesseur tous ses désirs de pénitence. Le Catéchisme de l’Église Catholique exprime ainsi l’essence de la pénitence: «La pénitence intérieure est une réorientation radicale de toute la vie, un retour, une conversion vers Dieu de tout notre cœur, une cessation du péché, une aversion du mal, avec une répugnance envers les mauvaises actions que nous avons commises. En même temps, elle comporte le désir et la résolution de changer de vie avec l’espérance de la miséricorde divine et la confiance en l’aide de sa grâce… La pénitence intérieure du chrétien peut avoir des expressions très variées. L’Écriture et les Pères insistent surtout sur trois formes: le jeûne, la prière, l’aumône, qui expriment la conversion par rapport à soi-même, par rapport à Dieu et par rapport aux autres… La conversion se réalise dans la vie quotidienne par des gestes de réconciliation, par le souci des pauvres, l’exercice et la défense de la justice et du droit, par l’aveu des fautes aux frères, la correction fraternelle, la révision de vie, l’examen de conscience, la direction spirituelle, l’acceptation des souffrances, l’endurance de la persécution à cause de la justice. Prendre sa Croix, chaque jour, et suivre Jésus est le chemin le plus sûr de la pénitence» (CEC 1431-1435).

Au soleil

La prière elle-même, en raison de l’état de notre nature déchue, est souvent une pénitence. Le Père Doyle écrit: «N’oublie pas que la prière est plus difficile qu’une pénitence corporelle… C’est une chose qui n’est pas naturelle mais surnaturelle, et elle doit donc être toujours difficile; car la prière nous sort toujours de notre élément naturel.» Pourtant «prier est toujours possible», comme l’affirme le Catéchisme (CEC 2743). Mais comment prier? «Pour ce qui est de la prière, tu dois t’efforcer de suivre l’attrait de l’Esprit-Saint, car toutes les âmes ne sont pas conduites par le même chemin. Ce ne serait pas bien de passer tout le temps en prières vocales, il doit y avoir de la méditation, réflexion, ou contemplation. Essaie de te prélasser au soleil de l’amour divin, c’est-à-dire, de rester tranquillement à genoux devant le Tabernacle, comme tu ferais jouissant de la chaleur du soleil, ne t’efforçant à rien sinon L’aimer, réalisant que durant tout le temps que tu es à Ses pieds, spécialement lorsque tu es sec et froid, la grâce coule goutte à goutte sur ton âme et tu croîs rapidement en sainteté.» Le Père Doyle écrit encore: «Je pense qu’Il (Jésus) voudrait que tu prêtes davantage attention aux petites choses, ne considérant rien comme petit si cela a un rapport avec son service et son culte. Efforce-toi de te rappeler que rien n’est trop petit pour le Lui offrir – c’est-à-dire que le plus petit acte d’amour apporte une grande grâce.» Le Père attache également une grande importance aux oraisons jaculatoires: de brèves aspirations à Dieu faites au cours de la journée, qui sont un moyen puissant pour maintenir vivant le sentiment de la présence de Dieu et croître en son amour.

En novembre 1914, le père Doyle se porte volontaire comme aumônier militaire, et, un an plus tard, il est affecté à la 16e division du 8e Royal Irish Fusiliers. Au moment où il s’est proposé, il a senti que Dieu lui offrait la grâce du martyre, et il désire que cette grâce soit unie à un acte de charité envers le prochain. Ce qui le console, devant l’horreur des champs de bataille, c’est de pouvoir offrir à ses compagnons les secours spirituels. Il est toujours prêt à prendre des risques lorsqu’il s’agit d’administrer les sacrements aux hommes en danger, même si on le juge imprudent: «Les gens ne peuvent se décider à dire si je suis un héros ou un fou; je pense que la seconde réponse est la bonne. Mais ils ne peuvent pas comprendre ce que signifie pour un prêtre le salut d’une seule âme.» Rien ne l’arrête quand il s’agit d’apporter les sacrements à une âme qui va paraître devant Dieu.

«La mort, enseigne le Catéchisme, met fin à la vie de l’homme comme temps ouvert à l’accueil ou au rejet de la grâce divine manifestée dans le Christ. Le Nouveau Testament parle du jugement principalement dans la perspective de la rencontre finale avec le Christ dans son second avènement, mais il affirme aussi à plusieurs reprises la rétribution immédiate après la mort de chacun en fonction de ses œuvres et de sa foi… Chaque homme reçoit dans son âme immortelle sa rétribution éternelle dès sa mort en un jugement particulier qui réfère sa vie au Christ, soit à travers une purification, soit pour entrer immédiatement dans la béatitude du ciel, soit pour se damner immédiatement pour toujours» (CEC 1021-1022).

Célébrer à genoux

L’attitude intrépide et infatigable du Père lui attire l’af- fection de ses hommes; aussi presque tous sont disposés à recevoir les sacrements. Il lui arrive parfois de célébrer la Sainte Messe dans un abri si petit que ni lui ni les hommes qui sont là ne peuvent faire la génuflexion, ou si bas qu’il doit célébrer à genoux. Un jour, ayant creusé une tranchée pour se protéger des bombes qui pleuvent, il célèbre le Saint-Sacrifice pour les morts et les agonisants tombés autour de lui. La Providence d’ailleurs récompense sa générosité intrépide en le protégeant à de nombreuses reprises. Le jour de l’Assomp-tion de Notre-Dame, 15 août 1916, il se trouve dans un village avec des soldats. Une canonnade allemande commence et tous se précipitent vers l’église, avant de s’apercevoir qu’elle est justement la cible de l’ennemi. Les obus tombent tout autour, mais pas un ne touche l’église. Le Père note dans son journal: «Le 15 août 1916 compte comme un autre jour de grâce et de faveur, entre les mains de Marie.»

Dans une lettre écrite autour de Noël 1916, le Père Doyle fait état des grâces exceptionnelles qu’il a reçues au front. Malgré le danger constant ou les conditions inhumaines imposées aux soldats dans la guerre des tranchées, sa vie spirituelle n’a cessé de s’intensifier: «Dieu m’a fait au moins une grâce depuis que je suis là. Je me sens absolument entre ses mains et joyeux à la pensée que quoi qu’il arrive, tout sera pour sa plus grande gloire. Bien que le jour de Noël ait été misérablement mouillé, le divin Enfant a rempli mon cœur de joie à la pensée que ma vie maintenant ressemblait au moins un peu à la sienne. J’apprends mieux chaque jour qu’il n’y a pas de vie plus heureuse que celle qui est remplie de choses dures supportées par amour pour Dieu…» Noël apporte aussi des cadeaux que le Père partage avec les soldats. D’ailleurs, le 25 décembre, des deux côtés du front, les drapeaux blancs sont levés: pas un seul coup de fusil ne retentit le jour de la naissance du Prince de la paix. Au mois de janvier 1917, le Père Doyle est décoré de la croix de guerre.

Le Père Doyle passe les fêtes de Pâques 1917 dans le Pas-de-Calais pour un temps de repos et d’exercices militaires. L’aumônier en profite pour offrir à ses hommes la possibilité de faire leurs Pâques. En dehors de ces rares temps au calme, souvent le temps manque pour entendre tous les hommes en confession. Avant chaque nouvel assaut, l’aumônier donne donc une absolution générale, moment émouvant pour tous: «Je pense qu’il ne peut y avoir rien de plus touchant et qui inspire tant l’âme que de voir tout un régiment se mettre à genoux, d’écouter la vague de prière qui s’élève vers le Ciel, au moment où des centaines de voix répètent l’acte de contrition à l’unisson: “Mon Dieu, j’ai un très grand regret de vous avoir offensé”… Et puis, le profond, le respectueux silence pendant que le prêtre lève sa main sur les têtes baissées et prononce les paroles du pardon… J’aime voir le vêtement sale du péché tombant de chacun au moment de l’absolution, et voir le regard de paix et de joie sur les visages des hommes…»

La façon ordinaire de recevoir le pardon du Seigneur dans le sacrement de Pénitence est la confession individuelle et intégrale faite à un prêtre et suivie de l’absolution. En effet, à travers le prêtre, le Christ Lui-même agit et s’adresse personnellement à chaque pécheur pour le guérir. Cependant, l’Église a toujours admis qu’en cas de grave nécessité, si la confession individuelle n’est pas possible pour tous, l’absolution générale peut être donnée. Une telle absolution se comprend bien dans des situations d’urgence comme sur un champ de bataille. De nos jours, l’application de ce principe a souvent été étendu outre mesure. Pourtant, l’enseignement de l’Église est clair: «En des cas de nécessité grave on peut recourir à la célébration communautaire de la réconciliation avec confession générale et absolution générale… La nécessité grave peut exister lorsque, compte tenu du nombre des pénitents, il n’y a pas assez de confesseurs pour entendre dûment les confessions individuelles dans un temps raisonnable, de sorte que les pénitents, sans faute de leur part, se verraient privés pendant longtemps de la grâce sacramentelle ou de la sainte communion. Dans ce cas les fidèles doivent avoir, pour la validité de l’absolution, le propos de confesser individuellement leurs péchés graves en temps voulu [c’est-à-dire “le plus tôt possible et dès qu’il en aura l’occasion” – cf. Code de Droit Canonique, 962-963]. C’est à l’Évêque diocésain de juger si les conditions requises pour l’absolution générale existent. Un grand concours de fidèles à l’occasion de grandes fêtes ou de pèlerinages ne constitue pas un cas d’une telle grave nécessité» (CEC 1483).

Exposé au feu

Lors de la quatrième bataille d’Ypres (31 juillet au 16 août 1917), le Père Doyle se dévoue comme à l’ordinaire auprès de tous. Le jeudi 16 août, lors de l’assaut contre la ville de Frezenbourg, on vient lui apprendre qu’un officier gît blessé dans un endroit exposé au feu de l’ennemi. Accompagné de deux soldats, il se glisse jusque là, administre l’Extrême-Onction au blessé, puis le tire derrière les lignes des alliés. À ce moment même, un obus tombe au milieu du petit groupe, leur donnant à tous la mort. Le corps du Père, retrouvé le jour même, est enterré sur place.

Protestants aussi bien que catholiques, tous les soldats témoignent de leur admiration pour le Père Doyle. Un protestant de Belfast écrivait: «Le Père Doyle était un vrai chrétien dans tous les sens du mot… Jamais il n’a opté pour la facilité. Toujours il a partagé les risques des autres… Que de fois je l’ai vu marchant à côté d’un grabat, consolant un homme blessé, alors que les balles sifflaient autour de lui et que les obus éclataient à quelques mètres de là.»

À l’approche du centenaire de la Grande Guerre, on s’intéresse de nouveau à cette grande figure de prêtre mort au champ d’honneur. Que son exemple nous aide à nous comporter en bons soldats du Christ Jésus (2 Tm 2, 3), par la fidélité à notre devoir quotidien et la disponibilité pour le service du Royaume de Dieu.

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