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31 juillet 2014

Sainte Brigitte

Bien chers Amis de l’abbaye Saint-Joseph,

Par la Lettre apostolique Spes ædificandi, du 1er octobre 1999, saint Jean-Paul II proclamait sainte Brigitte de Suède co-patronne de l’Europe: l’union intime de la sainte «au Christ s’accompagna, écrivait-il, de charismes particuliers de révélations qui firent d’elle un point de référence pour beaucoup de personnes de l’Église de son époque. On sent en Brigitte la force de la prophétie. Son ton semble parfois un écho de celui des anciens grands prophètes.»

Birgit est née en juin 1303, au château de Finstad, non loin d’Uppsala, en Suède. Elle est la fille de Birger Persson, sénateur du royaume et sénéchal de la province d’Upland, et de Ingeborge, de souche royale suédoise. La nuit qui suit la naissance, le curé de la paroisse reçoit du Ciel une révélation: «Il est né à Birger une fille dont la voix se fera entendre au monde entier.» La petite fille montre très vite une ardente dévotion et un attrait pour les cérémonies religieuses.

Elle est âgée de dix ans lorsque Notre-Seigneur lui apparaît en croix: «Ô mon doux Seigneur, qui a osé vous faire cela? demande-t-elle. – Tous ceux qui méprisent et oublient mon amour», lui répond Jésus. Brigitte retire de cette vision une dévotion pour la Passion du Christ, qui se développera au fil des années. La Vierge Marie lui révélera un jour: «Il y a deux voies pour arriver au Cœur de Dieu. La première est l’humilité de la vraie contrition. La seconde est la contemplation des souffrances de mon Fils.» De la Passion du Christ, Brigitte affirmera: «Voyez l’amour de votre Dieu; Il souffrirait encore, s’Il le pouvait, pour chacun de vous ce qu’Il a souffert pour tous les hommes. Volontiers Il vous rachèterait, vous seul, au prix de sa Passion. Votre amour ne répondra-t-il pas à tant d’amour?»

Une Église domestique

Brigitte a douze ans à la mort de sa mère. Sa tante maternelle prend alors en mains son éducation et celle de sa petite sœur, Catherine. En 1318, la jeune fille de quinze ans est accordée en mariage au sénéchal Ulf Gudmarsson, âgé de vingt ans, issu, lui aussi, de la haute noblesse suédoise. Bien qu’elle se sente appelée à la vie religieuse, Brigitte se soumet; elle invite cependant son époux à ne pas user du mariage pendant deux ans afin de bien discerner la volonté de Dieu sur une éventuelle vocation à un état plus parfait. Ils récitent ensemble le Petit-Office de la Sainte-Vierge, se confessent chaque vendredi et communient chaque dimanche. Après avoir beaucoup prié et sollicité l’avis de leur confesseur, les deux jeunes époux comprennent qu’ils doivent servir Dieu dans le saint état du mariage, où ils sont appelés à se sanctifier, afin d’engendrer et d’élever des enfants pour le Ciel. Durant les vingt-huit ans de leur vie commune, ils en auront huit, dont la future sainte Catherine de Suède. Brigitte est dirigée spirituellement par un religieux qui l’introduit à l’étude des Écritures; sa famille devient une véritable «Église domestique». Le rang social des époux les prédispose à remplir des fonctions importantes à la cour. Pourtant, ils adoptent la Règle des Tertiaires franciscains et se livrent avec générosité aux œuvres de charité envers les pauvres. Mais Brigitte consacre la meilleure partie de son temps à l’éducation de ses enfants et à la formation chrétienne de la domesticité du château familial. Elle fait construire sur le domaine un hôpital pour les pauvres et les malades qu’elle soigne elle-même avec ses enfants. Sous son influence, Ulf améliore son caractère et progresse dans la vie chrétienne. Elle le convainc de se livrer davantage à l’étude pour mieux accomplir ses fonctions dans le pays.

Dans un discours consacré à la sainte suédoise, le Pape Benoît XVI soulignait: «Cette première période de la vie de sainte Brigitte nous aide à apprécier ce que nous pourrions définir aujourd’hui comme une authentique “spiritualité conjugale”: ensemble, les époux chrétiens peuvent parcourir un chemin de sainteté, soutenus par la grâce du sacrement du mariage. Souvent, comme ce fut le cas dans la vie de sainte Brigitte et d’Ulf, c’est la femme qui, avec sa sensibilité religieuse, sa délicatesse et sa douceur, réussit à faire parcourir à son mari un chemin de foi. Je pense avec reconnaissance à de nombreuses femmes qui, jour après jour, illuminent aujourd’hui encore leur famille par leur témoignage de vie chrétienne. Puisse l’Esprit du Seigneur susciter aujourd’hui également la sainteté des époux chrétiens, pour montrer au monde la beauté du mariage vécu selon les valeurs de l’Évangile: l’amour, la tendresse, l’aide réciproque, la fécondité dans l’engendrement et l’éducation des enfants, l’ouverture et la solidarité envers le monde, la participation à la vie de l’Église» (27 octobre 2010).

En 1335, Brigitte reçoit la charge d’initier aux coutumes suédoises Blanche de Dampierre, fille du comte de Namur, que le roi Magnus Eriksson vient d’épouser. Ce rôle lui confère sur la cour une influence certaine. Elle séjourne souvent, en effet, dans le château royal de Vadstena. Lors des absences de son mari, Brigitte s’adonne davantage à la vie intérieure et à la mortification, allant jusqu’à dormir sur de la paille à même le sol. En 1341, Brigitte et Ulf partent pour Saint-Jacques-de-Compostelle. Ce pèlerinage est l’occasion d’un grand progrès spirituel pour les deux époux qui s’étaient déjà engagés à garder la continence parfaite pour mieux servir Dieu. Peu après leur retour en Suède, Ulf, poussé par l’Esprit Saint, se retire à l’abbaye cistercienne d’Alvastra, où un de leur fils est moine. Ulf meurt en 1344, avant même d’avoir achevé son noviciat; sur son lit de mort, il adjure son épouse de prier et de faire prier pour abréger son temps de purgatoire.

Un esprit actuel

Brigitte, âgée de quarante et un ans, est déterminée à approfondir son union avec le Seigneur à travers la prière, la pénitence et les œuvres de charité; elle renonce à contracter un second mariage. «Comme l’esprit de sainte Brigitte est actuel! écrivait saint Jean-Paul II le 8 septembre 1991. Son expérience religieuse est marquée par le désir d’unité et d’adhésion à Jésus, Dieu et homme, auquel la sainte s’adressait avec des accents de confidence tendre et inspirée. Son amour pour la Vierge Marie, “Mater gratiæ” (Mère de la grâce) était intense et filial. Un modèle d’ascétisme si riche a inspiré pendant des siècles de nombreuses pratiques de piété populaire qui, après si longtemps, conservent encore la fraîcheur de leur attraction. Il s’agit d’un courant spirituel simple, qui considère Jésus comme l’Époux et le compagnon de chaque jour» (Lettre apostolique pour le 600e anniversaire de la canonisation de sainte Brigitte).

Un jour où elle fait distribuer des aumônes à de nombreux pauvres, son intendant proteste: «Voulez-vous, Madame, vous réduire à la mendicité? Donner d’une main pour tendre l’autre, est-ce donc le comble de la perfection? – Donnons tant que nous possédons, réplique la veuve; nous avons un Maître bon et libéral. J’appartiens à ces pauvres: ils n’ont que moi dans leur misère. Moi, je m’abandonne à la volonté divine.» Elle précise à son confesseur : «De tout cœur je désire être pauvre. Je voudrais même mendier mon pain pour l’amour de Dieu. Il viendra un jour où je serai forcée d’abandonner toutes choses; il y a plus de mérite à m’en détacher dès maintenant.» De fait, elle distribue ses biens aux pauvres et s’installe dans une dépendance de l’abbaye d’Alvastra. Là, commencent les révélations divines, qui l’accompagneront tout le reste de sa vie. Brigitte les dicte à ses confesseurs, qui, après l’avoir aidée à discerner ce qui vient vraiment de Dieu, les traduisent du suédois en latin et les recueillent dans une édition de huit livres intitulés Révélations.

L’amour infini de Dieu dans la Passion

«Les Révélations de sainte Brigitte, disait Benoît XVI, présentent un contenu et un style très variés. Parfois la révélation se présente sous forme de dialogue entre les Personnes divines, la Vierge, les saints et également les démons; des dialogues dans lesquels Brigitte intervient elle aussi. D’autres fois, en revanche, il s’agit du récit d’une vision particulière… En lisant ces Révélations, nous sommes interpellés sur des thèmes importants. Par exemple, on retrouve fréquemment la description, avec des détails très réalistes, de la Passion du Christ, pour laquelle Brigitte eut toujours une dévotion privilégiée, contemplant dans celle-ci l’amour infini de Dieu pour les hommes. Sur les lèvres du Seigneur qui lui parle, elle place avec audace ces paroles émouvantes: “Ô mes amis, j’aime si tendrement mes brebis, que, s’il était possible, j’aimerais mieux mourir autant de fois pour chacune d’elles de la mort que je souffris pour la rédemption de toutes, que d’être privé de leur compagnie”… En recevant ces charismes, Brigitte était consciente d’être la destinataire d’un don de grande prédilection de la part du Seigneur: “Vous, ma fille – lisons-nous dans le premier livre des Révélations – que j’ai choisie pour moi… aimez-moi de tout votre cœur… mais plus que tout ce qui est au monde” (c. 1). Du reste, Brigitte savait bien, et elle en était fermement convaincue, que chaque charisme est destiné à édifier l’Église. C’est précisément pour ce motif qu’un grand nombre de ses révélations étaient adressées, sous forme d’avertissements parfois sévères, aux croyants de son temps, y compris les autorités politiques et religieuses, pour qu’elles vivent de façon cohérente leur vie chrétienne; mais elle faisait toujours cela avec une attitude de respect et en pleine fidélité au Magistère de l’Église, en particulier au Successeur de l’apôtre Pierre.»

Brigitte reçoit notamment l’ordre d’écrire au Pape Clément VI pour lui manifester certaines négligences dans le service de Dieu et l’engager à les réparer par un zèle plus grand pour la réforme de l’Église, qui est alors affligée par l’ambition et la cupidité de certains clercs. S’adressant aux évêques suédois, elle précise: «Le sacerdoce n’est point un emploi qu’on puisse souhaiter pour les honneurs qu’il donne. C’est une charge, et, si on ne la porte pas sur la terre, elle accablera durant l’éternité. L’évêque est le guetteur mis en faction par Dieu. Il veille sur les âmes, il les entoure de sa charité. Ainsi qu’un bon pasteur attire les brebis en leur présentant une gerbe de fleurs odorantes, l’évêque attire son peuple par des paroles d’amour; pour leur salut, il souffrirait tout, les tribulations de la vie et la mort.»

L’Ordre du Très-Saint-Sauveur

Au roi de Suède, Brigitte est chargée de dire qu’il lui faut restaurer la foi dans son royaume en s’entourant de personnes saintes. À des courtisans, elle donne ces conseils: «Vos efforts tendent à vous enrichir, vous et vos enfants. Vous faites passer en eux votre cupidité. Si tu avais tel domaine, insinue la mère à son fils, tu serais semblable à ton père. Vous leur soufflez l’ambition des honneurs… Expiez votre avarice par la charité en répandant avec joie de riches aumônes. Expiez vos impuretés par la prière, votre gourmandise et votre ivrognerie par l’abstinence, votre orgueil par l’humilité.» Les avertissements de Brigitte sont d’autant plus forts qu’elle est favorisée de visions d’âmes qui souffrent au purgatoire; elle reçoit également des révélations terribles sur les peines de l’enfer «où tombent ceux qui refusent jusqu’à la fin de leur vie de croire et de se convertir» (Catéchisme de l’Église Catholique, 1034). Pour travailler au salut des pécheurs, elle fonde, en 1346, en l’honneur du Christ et de sa Mère, le monastère de Vadstena, qui deviendra le berceau de l’Ordre du Très-Saint-Sauveur. Celui-ci, destiné à sauver les peuples scandinaves, se répandra dans le monde afin d’y étendre le règne de Dieu. Les moniales, appelées aussi “Brigittines”, revivent le climat spirituel de l’Église naissante, rassemblée en prière au Cénacle autour de Marie. Leur voile ressemble, aujourd’hui encore, à un casque, pour manifester leur intention de mener le combat spirituel. L’abbesse a autorité sur les moniales cloîtrées mais aussi sur la petite communauté de religieux établie à proximité pour leur donner les sacrements. Ces derniers, non cloîtrés, assurent différents apostolats, entre autres des prédications dans les paroisses. Brigitte, qui ne partage pas la vie des Sœurs, mène cependant une vie très ascétique.

En 1349, Brigitte se rend en pèlerinage à Rome. Elle désire non seulement prendre part au Jubilé de 1350, mais aussi obtenir du Pape l’approbation de la Règle de l’Ordre du Saint-Sauveur (celle-ci sera accordée par Urbain V, en 1370). La fondatrice est accueillie par le cardinal Hugues de Beaufort qui habite à côté de l’église Saint-Laurent-in-Damaso. Elle demeure quatre ans dans cette maison qui est organisée en véritable couvent. Sa fille, Catherine, la rejoint. Rome devient alors pour Brigitte une seconde patrie; elle voit la Ville comme un champ avec des jardins remplis de roses: ce sont les lieux sanctifiés par les saints. Mais elle la voit aussi, en ce milieu du xive siècle, remplie de mondanité et de péchés, en particulier ceux des clercs. C’est une époque de grandes épreuves pour la papauté: le Pape, exilé en Avignon, est d’une certaine façon prisonnier du roi de France; l’autorité du Saint-Siège est moins respectée, et sa médiation entre les princes ennemis n’a pas autant de force qu’auparavant. De fait, guerres et calamités ravagent l’Europe, peu avant le grand schisme d’Occident. Forte de son intimité avec le Christ, Brigitte prie le Souverain Pontife d’en finir avec ses hésitations dictées par la prudence terrestre et par les intérêts mondains, et de rentrer à Rome près du tombeau de saint Pierre. Elle pensera aboutir en 1367, avec le retour du bienheureux Urbain V; mais celui-ci sera contraint de retourner en Avignon trois ans plus tard.

Pour perpétuer l’œuvre de la Rédemption, Notre-Seigneur a édifié la Sainte Église catholique, où tous les fidèles sont rassemblés par le lien d’une seule foi et d’une seule charité. Il a placé saint Pierre au-dessus des autres apôtres et établi en sa personne le principe durable et le fondement visible de cette double unité. Ainsi que l’affirme le concile Vatican I, «c’est vers l’Église romaine, par suite de son origine supérieure, qu’il a toujours été nécessaire que chaque Église, c’est-à-dire les fidèles de partout, se tourne, afin que ceux-ci ne fassent qu’un en ce Siège» (Constitution Pastor æternus, ch. 2).

La Terre Sainte

En 1353, Brigitte s’installe dans la maison d’une riche Romaine, sur l’actuelle place Farnèse. Elle en fait une maison d’accueil pour les pèlerins, surtout scandinaves, et y vivra jusqu’à sa mort. Sa situation économique est précaire et parfois elle reçoit providentiellement le nécessaire au dernier moment. Elle fait souvent à pied des “pèlerinages urbains” aux églises et aux tombeaux des saints, quoiqu’elle soit déjà âgée et exténuée par ses grandes austérités. Elle secourt les pauvres, les visite et les soigne elle-même dans les hôpitaux. Par révélation, elle connaît le fond des consciences et utilise ces lumières pour gagner les âmes à Jésus-Christ. Son action s’étend au bien des nations: elle favorise par tous les moyens la paix en Suède, en France, en Angleterre et en Italie, dont elle parcourt les villes. Après tous ces voyages, qui la réduisent à une extrême faiblesse, Notre-Seigneur lui demande en 1371 d’aller à Jérusalem pour visiter les lieux où Il a accompli les mystères de notre Rédemption. Il l’assure en même temps qu’Il lui donnera les forces nécessaires. De Naples, les pèlerins s’embarquent pour la Terre Sainte, en mars 1372. Sur place, Brigitte n’omet aucun des endroits que le Sauveur a honorés de sa présence, et elle reçoit de nombreuses lumières, en particulier sur la Passion et la mort de Jésus-Christ. Dieu lui révèle aussi l’état de plusieurs royaumes, comme l’état de désolation de celui de Chypre et la ruine prochaine de l’Empire byzantin. Elle adresse une lettre au roi de Chypre et à son peuple. Aux orthodoxes schismatiques, elle n’hésite pas à dire, de la part de Dieu, qu’ils seront livrés au pouvoir de leurs ennemis s’ils ne se soumettent au Vicaire du Christ avec une vraie humilité et un amour sincère. Traitée de “vieille radoteuse”, Brigitte n’est pas écoutée. Elle réitère aussi ses avertissements au Pape Grégoire XI, toujours en Avignon.

En février 1373, la reine et l’archevêque de Naples soumettent Brigitte à un examen de type inquisitorial sur sa doctrine. La conclusion lui est favorable: Brigitte peut continuer à annoncer publiquement les droits imprescriptibles de Dieu et les devoirs des créatures à son égard. Elle transmet alors ces paroles du Christ: «Pourquoi n’avez-vous pas médité ma Passion? Pourquoi n’avez-vous pas considéré comment je fus lié nu à la colonne, cruellement flagellé, pendu à la Croix, lacéré de blessures et couvert de sang? Quand vous peignez vos joues, vous ne pensez pas à mon visage tout ensanglanté. (…) Vous ne réfléchissez pas aux douleurs que j’ai supportées et comme j’étais suspendu pour vous, me laissant insulter et tourner en dérision par tous, afin que vous puissiez être entraînés à m’aimer, moi, votre Dieu, et à échapper aux filets du diable dans lesquels vous vous laissez emprisonner.» Aux reproches succède une proposition miséricordieuse du Seigneur: «Si un seul se convertit, j’irai à sa rencontre comme le père à celle de l’enfant prodigue. Je lui ferai grâce et je serai en lui, et lui en moi, dans la joie éternelle.»

Sainte Brigitte recherchait Dieu dans la contemplation. Dans son exhortation apostolique du 25 novembre 2013, le Pape François recommande de s’adonner à la contemplation: «Qu’il est doux d’être devant un crucifix, ou à genoux devant le Saint-Sacrement, simplement sous son regard! Quel bien cela nous fait que le Christ vienne toucher notre existence et nous pousse à communiquer sa vie nouvelle!… La meilleure motivation pour se décider à communiquer l’Évangile est de le contempler avec amour, de s’attarder en ses pages et de le lire avec le cœur. Si nous l’abordons de cette manière, sa beauté nous surprend et nous séduit chaque fois. Donc, il est urgent de retrouver un esprit contemplatif, qui nous permette de redécouvrir chaque jour que nous sommes les dépositaires d’un bien qui humanise, qui aide à mener une vie nouvelle. Il n’y a rien de mieux à transmettre aux autres. Toute la vie de Jésus, sa manière d’agir avec les pauvres, ses gestes, sa cohérence, sa générosité quotidienne et simple, et finalement son dévouement total, tout est précieux et parle à notre propre vie» (Evangelii gaudium, nn. 264 et 265).

Mourir?

Ceux qui rencontrent la sainte veuve dans les dernières années de sa vie témoignent unanimement de sa joie intérieure rayonnante et de sa douce humilité. Le 17 juillet 1373, Notre-Dame lui apparaît: «D’après les médecins, tu ne mourras pas. Savent-ils donc ce que c’est de mourir? Celui-là meurt qui, se séparant de Dieu par l’attache au péché, perd la foi et l’amour. Celui qui craint le Seigneur et se purifie sans cesse par la confession vit à jamais.» Le jour de sa mort est prédit à Brigitte, et le matin même du 23 juillet, Notre-Seigneur vient la consoler. Elle communie avec une grande ferveur à la Messe célébrée dans sa chambre, puis expire en disant: «Seigneur, entre vos mains, je remets mon esprit.» Ses enfants, Burger et Catherine, transporteront ses restes en Suède, à l’abbaye de Vadstena que leur sainte mère avait fondée près de trente ans auparavant et où sa tombe demeure encore aujourd’hui. Sainte Brigitte de Suède, canonisée le 7 octobre 1391 par le Pape Boniface IX, est particulièrement populaire dans les pays scandinaves, l’Allemagne, la Pologne et la Hongrie. Aujourd’hui, 700 ans après leur fondation, les “Brigittines” sont présentes à Rome, en Suisse, en Suède, ainsi qu’aux Indes et au Mexique.

«Sainte Brigitte se présente comme un témoin significatif de la place que peut tenir dans l’Église le charisme vécu en pleine docilité à l’Esprit de Dieu et en totale conformité aux exigences de la communion ecclésiale. En particulier, les terres scandinaves s’étant détachées de la pleine communion avec le siège de Rome au cours des tristes événements du xvie siècle, la figure de la sainte suédoise reste un précieux lien œcuménique, renforcé encore par l’engagement de son Ordre dans ce sens» (Saint Jean-Paul II, motu proprio Spes ædificandi). Prions sainte Brigitte pour l’Europe, afin qu’elle retrouve ses racines chrétiennes, et spécialement pour le retour des chrétiens scandinaves à la foi et à la pleine unité catholiques.

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