11 juillet 2020
Saint Joseph-Benoît Cottolengo
Bien chers Amis de l’abbaye Saint-Joseph,
À Turin (Italie du nord), tout le monde connaît la “Petite Maison de la divine Providence” et l’appelle du nom de son fondateur : “Le Cottolengo”. Cette maison abrite plus de quatre cents personnes assistées ; à côté des structures pour handicapés fonctionne l’hôpital, lequel dispose de deux cent trois lits. Plus de six cents religieuses se dévouent au service des malades. Au total, mille deux cents volontaires de l’Association Benedetto Cottolengo travaillent dans l’institut, lequel accueille, à Turin et ailleurs, environ deux mille personnes. « La raison d’être de cette “Petite Maison”, disait le Pape François, n’est pas l’assistance humanitaire ou la philanthropie, mais l’Évangile. L’Évangile de l’amour du Christ est la force qui l’a fait naître et la soutient dans sa marche, l’amour de prédilection de Jésus pour les plus fragiles et les plus faibles. Là est le centre. C’est pour cela qu’une œuvre de cette sorte ne peut aller de l’avant sans la prière, qui est la première et la plus importante tâche de la Piccola Casa, comme aimait à le répéter don Cottolengo et comme le démontrent les monastères de Sœurs contemplatives qui font partie de l’œuvre » (21 juin 2015).
« Je n’y comprends rien ! »
Né le 3 mai 1786 à Bra, gros bourg situé au sud de Turin, Joseph-Benoît Cottolengo est l’aîné d’une modeste famille bourgeoise. Son père exerce la charge de percepteur. Sa mère, d’une grande piété, assiste tous les jours à la Messe. Onze enfants suivront, dont six mourront en bas âge, et deux se consacreront au Seigneur, comme leur frère aîné. Joseph-Benoît se distingue bientôt par ses qualités de cœur et de jugement, mais aussi par la vivacité de son caractère. Sous la direction du curé de Bra, il se corrige progressivement de sa tendance à l’emportement et à la colère. Mais, à l’école, rien ne peut entrer dans sa tête : « Vous comprenez tout de suite, et moi je n’y comprends rien », se désole l’enfant auprès de ses camarades. Joseph-Benoît ne désire pas s’instruire dans le but d’obtenir une belle situation, mais de devenir un saint. Sa mère lui suggère d’invoquer saint Thomas d’Aquin. La prière est exaucée : il se retrouve peu à peu parmi les premiers de sa classe. Il manifeste bientôt une vive conscience de la présence de Dieu, écrit sur ses cahiers : « Dieu me voit », et répète souvent : « In Domino ! » (être et agir en Dieu). Sa dévotion envers la Vierge Marie s’éveille sans tarder, et il invite les membres de sa famille à réciter avec lui le chapelet. Sa mère lui enseigne la sollicitude envers les pauvres : elle le charge de leur remettre argent, vivres ou vêtements. L’adolescent devient lui-même maître dans l’art de mendier pour « ses pauvres » auprès des parents, amis et connaissances. Joignant l’ascèse à la charité, il met bien souvent son dessert ou son goûter dans sa poche, pour les leur distribuer. Parvenu à l’âge de dix-sept ans, il cherche sa voie, hésitant entre la vie religieuse et le clergé séculier. Il prie souvent et intensément pour connaître la volonté de Dieu.
En 1802, les armées de Napoléon Bonaparte imposent leur loi au Piémont, et ferment l’Université de Turin. Joseph-Benoît bénéficie alors des cours de deux professeurs de la Faculté de théologie, réfugiés à Bra. En 1805, il rejoint le séminaire d’Asti, son bourg natal ayant été rattaché à ce diocèse. Là, il se fait remarquer par sa piété, sa bonne conduite et son éloquence naturelle : on le surnomme “Cicéron”. Ordonné prêtre à vingt-cinq ans, le 8 juin 1811, il exerce aussitôt à Bra son zèle envers les pauvres et les pécheurs avant d’être nommé vicaire à Corneliano. En 1814, après la chute de Napoléon, l’Université de Turin rouvre ses portes, et le jeune prêtre y poursuit ses études de théologie. En 1818, l’aisance avec laquelle il soutient sa thèse de doctorat le fait remarquer par les chanoines de la Très Sainte Trinité, qui demandent à le recevoir dans leur société. Cette congrégation de six prêtres turinois dessert l’église appelée le Corpus Domini, édifiée au xve siècle pour commémorer un miracle eucharistique qui avait eu lieu en cet endroit. Cottolengo n’ambitionne pas un tel honneur ; d’ailleurs, il n’est pas né à Turin, ce qu’exigent les statuts de la congrégation. On passe toutefois outre. Le nouveau chanoine se distingue par sa serviabilité envers tous ; il s’ingénie à alléger le travail de ses confrères, en particulier par son assiduité au confessionnal et son zèle à visiter pauvres et malades. Mais, pour lui, ce n’est qu’une situation temporaire.
« La grâce est accordée ! »
En septembre 1827, un jeune ménage, les Ferrario, venant de Milan avec ses trois jeunes enfants, fait étape à Turin avant de se rendre à Lyon. L’épouse, enceinte de six mois, ressent alors un grave malaise. À l’hôpital, on ne veut pas la recevoir en raison de sa grossesse avancée. La maternité ne l’accueille pas non plus, car elle n’est pas encore sur le point d’accoucher. Affolé, désemparé, le mari ne trouve qu’un refuge pour sa femme qui agonise : le dépôt du commissariat de police. Tous les soins paraissent inutiles ; il faut appeler un prêtre. On trouve précisément don Cottolengo ; le cœur lourd et opprimé à la vue du désespoir de cette famille, il prépare la jeune mère à la mort. Comment, se demande-t-il, cette grande ville de Turin, alors capitale d’un royaume, a-t-elle pu laisser une malade mourir ainsi ? Après avoir accompli son douloureux devoir, il se rend devant le Très Saint Sacrement : « Mon Dieu, pourquoi ? Pourquoi avez-vous voulu que je sois témoin de cela ? Que voulez-vous de moi ? Il faut faire quelque chose ! » Se relevant, il fait sonner toutes les cloches, allumer les bougies et, accueillant les curieux dans l’église, s’exclame : « La grâce est accordée ! » Don Cottolengo se trouve, en effet, transformé par la certitude que toutes ses capacités, en particulier ses talents de gestion et d’organisation, seront mises au service des plus nécessiteux.
Il expose à ses confrères son projet d’établir une modeste maison munie de quelques lits pour les étrangers qui ne peuvent être reçus dans les hôpitaux publics. En donnant leur accord, les chanoines ne se doutent pas qu’ils viennent de lancer une grande œuvre. Lorsque celle-ci prendra de l’importance, ils s’ingénieront à aider leur confrère dans toute la mesure possible. Les débuts sont fort humbles, sans autres revenus que la charité. En janvier 1828, on loue deux chambres dans la maison de la Voûte Rouge ; peu après, d’autres chambres s’ajoutent, à mesure qu’augmente le nombre des malades. Des collaborateurs bénévoles se présentent : le docteur Granetti soigne gratuitement, le pharmacien Anglesio donne les médicaments, des “dames de charité” font office d’infirmières. Mais ces pieuses personnes ne sont pas en mesure d’accomplir toutes les tâches que requiert un hôpital. Avec l’aide d’une jeune veuve, Marie-Anne Nasi, Cottolengo institue alors des “Filles de la charité” soumises à une règle ; elles reçoivent le nom de Vincentines.
L’œuvre est entourée de beaucoup de bienveillance, mais le fondateur se heurte aussi à de nombreuses critiques. Il s’est lancé, dit-on, dans des projets dont la réalisation dépasse évidemment ses moyens. L’entourage, les parents, les confrères s’inquiètent et conseillent de renoncer à cette folle initiative ; les créanciers réclament et menacent ; à l’archevêché, le pauvre chanoine est accusé d’accaparer des fortunes sous le prétexte de secourir les pauvres. Mais l’épreuve la plus dure vient du choléra qui, en 1831, atteint le Piémont. Propriétaires et voisins s’inquiètent et font fermer le petit hôpital. Don Cottolengo, abandonné à la volonté de Dieu, ne voit dans cette épreuve qu’un appel à rebâtir ailleurs, en plus grand. En attendant, dans les locaux vides, il recueille des petites filles abandonnées et crée une école. Il trouve bientôt, au nord de Turin, dans le faubourg mal famé du Valdocco, une petite maison à louer qu’il dédie à la Sainte Vierge, le 27 avril 1832. La Petite Maison de la divine Providence, qui conservera toujours son humble nom de Piccola Casa, est fondée. « Elle s’appelle ainsi, explique le fondateur, parce que comparée au monde entier, qui est pourtant une maison de la divine Providence, elle est sûrement une toute petite maison…, et parce qu’elle n’est pas une œuvre de l’homme, mais une œuvre de la divine Providence, où Elle seule commande, guide et dirige. » À l’entrée, est inscrite cette parole de saint Paul, devise de don Cottolengo : Caritas Christi urget nos – La Charité du Christ nous presse (2 Co 5, 14).
Un secours immédiat
Cottolengo répète volontiers : « Je suis un bon à rien… Mais la divine Providence sait certainement ce qu’elle veut. Il ne me reste qu’à la suivre. En avant in Domino ! » La Piccola Casa ne vit que de la charité de bienfaiteurs. Si on lui demande d’où provient l’argent nécessaire à son établissement, le Père répond : « La Providence m’envoie tout. » On raconte à ce sujet de nombreuses anecdotes. Un créancier qui ne parvient pas à se faire payer, se retire en proférant des paroles de colère. Cottolengo l’invite alors à venir prier avec lui à la chapelle. Tandis qu’ils récitent les litanies de la Sainte Vierge, arrive un domestique qui remet à la Sœur portière deux sacs de pièces de monnaie avec ces simples mots : « Remerciez la divine Providence. » En réglant son dû, don Cottolengo dit au créancier : « Vois comme la Sainte Vierge nous a secourus tout de suite ! » Les faits de ce genre sont fréquents à la Piccola Casa. La Madone viendra elle-même réconforter le Père après une rude épreuve, comme il l’a avoué un jour à Sœur Gabrielle, témoin de la visite d’une femme fort noble et majestueuse.
Le Père prévoit l’extension inouïe que prendra la Piccola Casa. En quelques mois, des cafés et autres bâtiments situés alentour sont achetés et transformés. Une sorte de village prend forme, dans lequel chaque bâtiment reçoit un nom significatif : “maison de la foi”, “maison de l’espérance”, “maison de la charité”. De véritables communautés de personnes sont constituées, de style familial, comprenant des volontaires, hommes et femmes, des religieux et des laïcs, unis pour affronter et surmonter ensemble les difficultés qui se présentent. En 1833, trois pavillons s’ouvrent pour les épileptiques et deux pour les orphelins. En 1834, deux maisons nouvelles accueillent les malades mentaux que le fondateur appelle les “bons enfants”. Les années suivantes, on accueille des sourds-muets, des jeunes en difficulté et des enfants abandonnés que l’on éduque sur tous les plans : « Étudiez bien le catéchisme, demande le Père, et vivez d’après ses enseignements. Le catéchisme est tout : si on le connaît bien, on en sait assez ; si on ne le connaît pas, on ne sait rien. » Les maisons sont dotées d’ateliers permettant aux convalescents d’éviter l’oisiveté et d’apprendre un métier.
Lorsqu’on lui recommande un malheureux, Cottolengo répond : « Si c’est un propre à rien, nous le prenons ! » Si le cas est nouveau, le Père établit une nouvelle “famille” de malades ou de nécessiteux ; et si on lui conseille la prudence, il rétorque : « Nous n’avons pas à rechercher les causes de la maladie. Nous savons seulement que quelqu’un est malade, et d’une maladie telle qu’on le refusera partout ailleurs. C’est donc la Providence qui l’a envoyé chez nous. » Il recommande à ses collaborateurs : « Ceux que vous devez le plus chérir, ce sont les plus abandonnés, les plus rebutants, les plus importuns. Tous sont des perles précieuses. Si vous compreniez bien quel personnage vous représentent les pauvres, vous les serviriez à genoux. » Une conviction profonde le guide en effet : « Les pauvres sont Jésus, ils ne sont pas son image. Ils sont Jésus en personne et, comme tels, il faut les servir. Tous les pauvres sont nos maîtres, et ceux qui sont si rebutants à la vue sont encore davantage nos maîtres, ils sont nos véritables trésors. »
Des relations de proximité
«Le principe fondamental de l’œuvre de saint Joseph-Benoît Cottolengo, affirmait le Pape Benoît XVI, fut, dès le début, l’exercice de la charité chrétienne envers tous qui lui permettait de reconnaître en chaque homme, même s’il était en marge de la société, une grande dignité. Il avait compris que celui qui est frappé par la souffrance et par le rejet tend à se renfermer, à s’isoler et à perdre confiance en la vie elle-même. C’est pourquoi, prendre sur soi tant de souffrances humaines signifiait, pour notre saint, créer des relations de proximité affective, familiale et spontanée, donnant vie à des structures qui puissent favoriser cette proximité, dans le style de cette famille qui se poursuit encore aujourd’hui » (Turin, 2 mai 2010).
La mort prématurée de Marie-Anne Nasi, en 1832, n’arrête pas l’augmentation du nombre des Vincentines. À côté de celles-ci, œuvrent les Frères de Saint-Vincent. D’autre part, don Cottolengo en vient à fonder cinq monastères de Sœurs contemplatives et un d’ermites. Dans celui des Sœurs sourdes-muettes, le Très Saint Sacrement est exposé jour et nuit à l’adoration. Le fondateur considère ces maisons de prière comme les plus importantes de ses réalisations, comme le “cœur” qui doit battre pour toute l’Œuvre. Un séminaire pour la formation spécifique des prêtres de la Piccola Casa voit également le jour. En 1838, est fondée une école d’infirmières professionnelles. Après beaucoup de prières, le Père décide d’ouvrir, en 1840, un asile pour les victimes de la débauche. Les repenties, bientôt au nombre de trente, se font remarquer par leur ferveur et leur mortification. Contrariés, les libertins envoient au Père des menaces de mort ; plusieurs fois, il est roué de coups et, en une occasion, il reçoit une grave blessure à la poitrine, prélude à la lente altération de sa santé.
Chacun, dans la Piccola Casa, a une mission bien précise : qui travaille, qui prie, qui sert, qui instruit, qui administre. Mais surtout, on prie beaucoup : malades, enfants, religieuses se relaient tout au long du jour à la chapelle. La communion des saints n’est pas, pour le fondateur, une notion abstraite.
Lors de sa visite à la Piccola Casa, le Pape Benoît XVI a souligné le rôle des malades : « Chers malades, vous accomplissez une œuvre importante : en vivant vos souffrances en union avec le Christ crucifié et ressuscité, vous participez au mystère de sa souffrance pour le salut du monde. En offrant notre douleur à Dieu par le Christ, nous pouvons collaborer à la victoire du bien sur le mal, car Dieu rend féconds notre offrande, notre acte d’amour. Chers frères et sœurs, ne vous sentez pas étrangers au destin du monde, mais sentez-vous comme les tesselles précieuses d’une très belle mosaïque que Dieu, comme un grand artiste, compose jour après jour également grâce à votre contribution. Le Christ, qui est mort sur la Croix pour nous sauver, s’est laissé clouer afin que de ce bois, de ce signe de mort, puisse fleurir la vie dans toute sa splendeur. Cette maison est l’un des fruits mûrs nés de la Croix et de la Résurrection du Christ, et elle manifeste que la souffrance, le mal, la mort n’ont pas le dernier mot, car la vie peut renaître de la mort et de la souffrance » (2 mai 2010).
Un autre esprit
Cottolengo, qui mène une vie si remplie de travaux matériels, soigne les malades, joue en récréation avec les jeunes handicapés mentaux, a pourtant une âme de contemplatif : il passe des nuits entières en prière. Aucune décision importante n’est prise sans avoir été pesée dans la prière. À ses “familles”, il demande de ne rechercher que la gloire de Dieu et la sainteté. « Il n’est pas défendu, dit-il, de prier pour telle ou telle chose, l’Église nous en donne l’exemple quand elle nous fait demander les biens de la terre. Mais c’est un autre esprit qui doit nous animer. Notre-Seigneur nous a enseigné à chercher d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et alors tout le reste nous sera donné par surcroît. Pour moi, la voie à suivre est la confiance absolue. Il ne faut pas seulement croire à la Providence, il faut se jeter dans ses bras… La Providence sait mieux que nous ce qui nous convient. » Mais certains jours, le ciel semble fermé. Plus d’une fois, Cottolengo croule sous les dettes : molesté par des créanciers, il est cité en justice. « Tu crois que je suis sur un lit de roses, écrit-il à son frère. Ah non ! si je m’écoutais, je cesserais tout cela ; mais Dieu veut cela de moi. Malheur à moi si je cesse de travailler ! Si je m’arrête, j’entends les reproches des pauvres. » Lorsque les dons diminuent, il commente : « Si la Providence nous laisse manquer de quelque chose, cela ne peut pas venir d’elle ; cela vient sûrement de nous ; faisons notre examen de conscience, il y a sûrement quelque péché chez nous ! » Un jour, il s’écrie au milieu d’un sermon : « Le péché existe dans cette maison. Il est au milieu de nous. Quelqu’un de nous a gravement offensé le Seigneur… Qu’il s’en aille tout de suite, ou qu’il se corrige et s’amende. À la Piccola Casa, le péché est une grande injustice, une ingratitude noire. N’habitons-nous pas une maison que Dieu écrase tous les jours sous le poids de ses bienfaits, qui voit tous les jours se renouveler le miracle de la multiplication des pains ? »
Don Cottolengo n’est pas un triste saint. Souriant, sautillant, toujours disposé à la facétie, il répand la joie autour de lui. Les pauvres hospitalisés à la Piccola Casa désirent toujours sa compagnie : « Rien qu’à le voir, disent-ils, cela nous suffit, sa présence nous console, et quand, de plus, il parle avec nous, c’est un bonheur. » Il recommande aux Vincentines : « Vous servez Jésus dans les pauvres, dans les malades, dans les enfants. Par conséquent, soyez toujours joyeuses, car sans cela vous paraîtriez recevoir à contrecœur notre bon Jésus. »
Une invitation inaccoutumée
En 1841, une épidémie de typhoïde se déclare à Turin. De nombreux résidents de la Piccola Casa sont atteints, et la mort emporte six des dix prêtres qui desservent l’établissement. Épargné, le Père se donne sans compter. « Tout ceci arrive, dit-il, parce Dieu veut que je me détache davantage. Je sens en moi quelque chose d’inaccoutumé qui m’invite à monter au ciel. C’est l’heure de faire son paquet et de s’en aller in Domino (vers le Seigneur) ». Mais la Providence veille : le fondateur peut tenir bon jusqu’à ce que son successeur, don Anglesio, le généreux pharmacien des débuts, devenu prêtre, se soit complètement remis de la typhoïde. Atteint alors lui-même par la maladie et épuisé, le Père prend congé de chacune de ses “familles”, les bénit et les assure de sa protection quand il sera arrivé au ciel. Il se retire chez son frère, curé de Chieri, près de Turin. Il a presque cinquante-six ans lorsque survient sa mort, le 30 avril 1842. Ses derniers mots sont : « Misericordia, Domine ! (Miséricorde, Seigneur !) Bonne et sainte Providence !… Sainte Vierge, c’est à vous à présent ! »
Béatifié en 1917, le “saint Vincent de Paul italien” a été canonisé par Pie XI le 29 avril 1934. Aujourd’hui, trente-cinq filiales de la Piccola Casa sont établies en Italie. Les religieux et religieuses de Cottolengo sont présents aussi en Suisse, en Éthiopie, au Kenya, en Tanzanie, en Inde, aux États-Unis et en Équateur.
Il n’est pas donné à tout le monde d’entreprendre des œuvres aussi spectaculaires, mais chacun peut contribuer par ses petits actes de charité et ses œuvres de miséricorde à propager, là où la Providence l’a placé, l’amour de Dieu et la connaissance du véritable et unique Sauveur Jésus-Christ. « Les œuvres de miséricorde, enseigne le Catéchisme de l’Église catholique, sont les actions charitables par lesquelles nous venons en aide à notre prochain dans ses nécessités corporelles et spirituelles. Instruire, conseiller, consoler, conforter sont des œuvres de miséricorde spirituelle, comme pardonner et supporter avec patience. Les œuvres de miséricorde corporelle consistent notamment à nourrir les affamés, loger les sans-logis, vêtir les déguenillés, visiter les malades et les prisonniers, ensevelir les morts. Parmi ces gestes, l’aumône faite aux pauvres est un des principaux témoignages de la charité fraternelle : elle est aussi une pratique de justice qui plaît à Dieu » (n° 2447).
Aujourd’hui, où beaucoup de nos contemporains mettent leur espérance dans les seuls biens terrestres, demandons, par l’intercession de saint Joseph-Benoît Cottolengo, la grâce de rechercher d’abord le règne de Dieu et de faire confiance, pour tout, à sa divine Providence. « Dieu, disait le saint, répondra extraordinairement à qui se confiera extraordinairement en Lui. »
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