8 décembre 2017
Bienheureuse Louise-Thérèse de Montaignac
Bien chers Amis,
« Dans ce XIXe siècle où la division est dans tant de choses, et si fréquente même dans les familles, notre mission est d’unir… Unir fortement les âmes par le lien d’une vraie dévotion au Sacré-Cœur de Jésus. » Ces paroles, sorties du cœur de la bienheureuse Louise-Thérèse de Montaignac, caractérisent l’esprit de la fondatrice des Oblates du Cœur de Jésus. « Fille de l’Église et femme dans l’Église, disait saint Jean-Paul II, Louise-Thérèse veut servir le Seigneur, servir l’Église, ce qui est tout un. Animée d’un ardent désir apostolique et soutenue par une vive dévotion au Cœur de Jésus, elle se met à l’œuvre en lien étroit avec son évêque, avec les prêtres de sa paroisse, avec les fidèles laïcs. Elle fonde les Oblates qui, par leur union entre elles, sont appelées à être des ferments d’unité » (Homélie pour la béatification, 4 novembre 1990).
Née au Havre le 14 mai 1820, Louise-Thérèse appartient à une famille profondément chrétienne, qui lui transmet la foi comme un héritage à faire valoir. Elle est baptisée le lendemain. Plus tard, elle dira son bonheur d’être fille de Dieu et célèbrera comme une grande fête l’anniversaire de son Baptême.
La vie éternelle
Le Pape François rappelait, le 8 janvier 2014, que le Baptême « n’est pas une formalité ! C’est un acte qui touche notre existence en profondeur… Avec le Baptême, nous sommes plongés dans cette source intarissable de vie qui est la mort de Jésus, le plus grand acte d’amour de toute l’histoire ; et grâce à cet amour, nous pouvons vivre une vie nouvelle, n’étant plus en proie au mal, au péché et à la mort, mais dans la communion avec Dieu et avec nos frères… Connaître la date de notre Baptême signifie connaître une date heureuse. Mais le risque de ne pas la savoir est de perdre conscience du souvenir de ce que le Seigneur a fait en nous, la mémoire du don que nous avons reçu. Alors nous finissons par le considérer seulement comme un événement qui a eu lieu dans le passé et qui pour cette raison n’a plus aucune incidence sur le présent. Nous devons réveiller la mémoire de notre Baptême… Nous sommes appelés à vivre notre Baptême chaque jour, comme la réalité actuelle de notre existence » . Dans la forme classique du rite de ce sacrement, faisait remarquer le Pape Benoît XVI, « le prêtre demande d’abord quel nom les parents ont choisi pour l’enfant, et il poursuit par la question : “Que demandez-vous à l’Église ? ” Réponse : “La foi. – Et que donne la foi ? – La vie éternelle.” Dans ce dialogue, les parents cherchent pour leur enfant l’accès à la foi, la communion avec les croyants, parce qu’ils voient dans la foi la clé de “la vie éternelle”. En fait, aujourd’hui comme hier, il s’agit de cela dans le Baptême, quand on devient chrétien : non seulement d’un acte de socialisation dans la communauté, non pas simplement d’un accueil dans l’Église. Les parents attendent plus pour le baptisé : ils attendent que la foi lui donne la vie – la vie éternelle » (Encyclique Spe salvi, 30 novembre 2007, n. 10).
De ses parents, Raymond de Montaignac de Chauvance, receveur des finances, et Anne de Raffin, Louise-Thérèse reçoit l’exemple d’une vie ouverte à tous. Des liens étroits l’unissent à sa sœur aînée, Anna, et à ses quatre frères, qu’elle s’ingénie à rendre heureux. Enfant, Louise est vive, spontanée, toujours en mouvement : « J’étais faite pour aimer, aussi je m’attachais éperdument à tout ce qui était bon ou malheureux. » Son caractère primesautier lui joue des tours : elle accumule étourderies et sottises, mais sa confiance désarme toute sévérité. La petite aime prier. Un jour, après l’avoir longtemps cherchée, on la découvre blottie dans une armoire. « Je faisais mes prières » , dit-elle ; et comme on lui demande la raison de cet étrange comportement, elle explique : « C’est pour ne pas faire de tort au Bon Dieu. »
En 1827, Louise est en pension, d’abord à Châteauroux au monastère des Fidèles Compagnes de Jésus, ensuite, les deux années suivantes, à Paris, au couvent des Oiseaux, tenu par les Filles de Notre-Dame. Le régime d’internat ne lui convient guère. De son premier séjour, il lui reste la peur des punitions ; cependant, elle reçoit une grâce à Noël : elle découvre, en contemplant la crèche, le touchant mystère d’un Dieu-enfant, pauvre et souffrant, se laisse saisir par Lui et commence à L’aimer. Aux Oiseaux, elle est « si étourdie qu’elle est toujours en pénitence et en larmes » . En classe, elle « consent à étudier uniquement parce que ses compagnes sont plus avancées qu’elle » . À la chapelle, elle déploie des efforts méritoires pour se recueillir, mais ses bonnes résolutions demeurent sans lendemain. Louise gardera pourtant de ces années le souvenir des jours heureux où son cœur s’ouvrait à Dieu à travers ses confessions d’enfant, ses confidences à la Mère Supérieure “Maman Sophie” et ses premières amitiés. Mais, il faut le reconnaître, ses études n’avancent guère. Un changement s’impose ; ses parents la confient à sa tante, Madame de Raffin, qui est aussi sa marraine. L’affection qui unit la jeune femme et sa filleule se transformera au long des années en une profonde intimité. Pendant quinze ans, Louise vit au foyer des Raffin, tantôt à Nevers, tantôt à la campagne, sans perdre le lien avec les siens. « Ce fut, dira-t-elle, l’une des plus grandes grâces de ma vie. »
Une petite fille “roseau”
Sa première Communion a lieu le 6 juin 1833. « La petite fille, la plus roseau qui soit » , dira-t-elle, est changée en une adolescente sérieuse : « Depuis ma première Communion, je suis toujours restée sous l’action divine » . L’Eucharistie devient le centre de sa vie. Mme de Raffin est une femme à la foi trempée, mais plus énergique que tendre. À son école, Louise apprend à maîtriser sa fougue naturelle sans en détruire le dynamisme. Elle reçoit une éducation solide, cultive ses dons artistiques, s’initie au rôle de maîtresse de maison. Sous la direction de l’abbé Gaume (1802-1879), directeur du petit séminaire, puis vicaire général du diocèse de Nevers, elle bénéficie également d’une formation spirituelle et doctrinale. Louise s’imprègne des Évangiles, des Psaumes, lit les Pères de l’Église et sainte Thérèse d’Avila, qui devient sa patronne principale. En 1837, de retour au couvent des Oiseaux, elle retrouve l’élan de foi qui est la marque de cette maison, foyer rayonnant de la dévotion au Cœur de Jésus. Elle est reçue parmi les Enfants de Marie. La Très Sainte Vierge, à qui « elle confiait ses peines tout au long » lorsqu’elle était enfant, lui sera désormais « une institutrice de tous les instants » .
À Noël 1836, Louise-Thérèse sort de la Messe de minuit avec son amie Camille de Berthier. Celle-ci murmure le verset de l’Apocalypse : Les vierges suivent l’Agneau partout où Il va (Ap 14, 4). Louise est bouleversée… Suivre Jésus partout où Il va ! … Depuis ce moment, la blanche lumière de l’Agneau illumine ses pas, traçant la voie radieuse où elle ambitionne de Le suivre. Le 21 novembre 1838, l’abbé Gaume l’autorise à prononcer le vœu de virginité. Quatre ans plus tard, à l’âge de vingt-deux ans, Louise-Thérèse est immobilisée pendant dix mois en raison d’un mal osseux : première épreuve de santé pendant laquelle elle s’unit plus intimement à Dieu. Mme de Raffin la soutient, l’aide à vivre ce temps de souffrance, à reconnaître qu’en toute chose « la volonté de Dieu n’est qu’amour » . À la suite de cette maladie, elle lui pose cette question abrupte : « Si Notre-Seigneur te disait : “Veux-tu être attachée à la Croix avec moi jusqu’à la mort ? ”, accepterais-tu ? – Oui, répond-elle, et de tout mon cœur ! » Elle va vivre pleinement cette « folie de l’amour qui ne calcule pas, qui ne raisonne pas, qui court sans repos à la suite du Sauveur » .
Source bienfaisante
Au lendemain de la Révolution, dans un monde contaminé par le scepticisme, la foi de beaucoup est ébranlée. En réaction, de fervents chrétiens se consacrent à Dieu par un vœu au Sacré-Cœur. La formule de ce vœu, rédigée par le Père Roothaan, général des Jésuites, se répand en France. De cette source jaillit un véritable renouveau spirituel. Madame de Raffin en a reçu communication par le Père Ronsin, directeur spirituel au couvent des Oiseaux, et, en 1841, elle a prononcé cette consécration. Le 8 septembre 1843, Louise-Thérèse se consacre elle-même. Ce vœu est une réponse d’amour à l’amour premier de Dieu révélé par le Cœur de Jésus, une réponse qui engage toute la personne au service du dessein du Père. C’est déjà l’Oblation que feront les futures oblates. Quarante ans après, Louise-Thérèse ne pouvait rappeler sans une profonde émotion le souvenir de ce jour béni : « Le vœu au Sacré-Cœur a fait ma vie ; il a été pour moi la source de toutes les grâces, de toutes les joies. » Pour réanimer la foi, Madame de Raffin conçoit un vaste plan d’union des femmes chrétiennes par la dévotion au Cœur de Jésus : « De petits charbons épars, dit-elle, ne peuvent produire ni flamme, ni chaleur : réunis, ils peuvent allumer un grand feu capable d’éclairer et de réchauffer le monde. » D’abord associée au projet, Louise-Thérèse en devient l’héritière à la mort de sa tante en 1845. Elle en rappelle l’intuition à la lumière de l’Évangile : C’est un feu que je suis venu apporter sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit allumé (Lc 12, 49) ! Elle rêvait d’entrer au Carmel, mais y renonce sur les conseils de l’abbé Gaume : « Votre vocation, lui dit-il, est de porter le Carmel au milieu du monde. »
La révolution de 1848 ébranle la France. M. de Montaignac donne sa démission de receveur des finances. La famille quitte Paris et s’installe à Montluçon, en Bourbonnais, où sont ses vraies racines. Louise-Thérèse se demande comment réveiller la foi dans cette cité en pleine expansion mais très marquée par l’indifférence religieuse. Chaque jour, elle passe deux heures en prière dans l’église paroissiale déserte. De solides groupes chrétiens agissent à Montluçon sous l’impulsion d’un prêtre au cœur ardent, l’abbé Guilhomet. Louise-Thérèse s’y associe et accepte d’animer la congrégation des Enfants de Marie. Elle fonde l’orphelinat du Sacré-Cœur et engage des amies à enseigner le catéchisme aux plus délaissés. Témoin de l’abandon des églises de campagne, elle établit l’Œuvre des églises pauvres, contribue à répandre l’adoration réparatrice de la Sainte Eucharistie, organise des retraites et s’efforce de développer le projet de sa tante : l’association des femmes chrétiennes. Grâce à l’appui de son évêque, Mgr de Dreux-Brézé, et de son curé, ces œuvres s’étendent dès 1854 dans le diocèse de Moulins et au-delà. À cette époque pourtant, le mal osseux aux jambes dont Louise-Thérèse est atteinte récidive : la souffrance devient, pour plus de trente ans, son « inséparable compagne » . Handicapée, elle ne se déplace plus qu’avec des béquilles ou bien transportée dans une petite voiture. Il lui faudra toute l’énergie de l’amour pour rester inlassablement donnée aux autres, et déployer l’activité débordante qui caractérise sa vie.
Le premier des directeurs
En 1859, Mlle de Montaignac rencontre le Père Gautrelet, jésuite, fondateur en 1844 de l’Apostolat de la Prière : voyant l’impatience de ses séminaristes à entrer dans la vie missionnaire, ce prêtre leur avait dit : « Soyez apôtres dès maintenant, apôtres de la prière ! Offrez ce que vous faites chaque jour en union avec le Cœur de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et pour ce que Lui souhaite : l’expansion du Royaume de Dieu pour le salut des âmes. » Prêtre de grande expérience, le Père Gautrelet sera, pendant plus de vingt-cinq ans, le conseiller de Louise-Thérèse. Avec humilité, il avoue d’ailleurs : « J’ai une grande confiance dans la direction de l’Esprit Saint, le premier de tous les directeurs ! » La même année, il met sa dirigée en relation avec son confrère le Père Ramière, qui vient de prendre la direction de l’Apostolat de la Prière. Ardent apôtre du Sacré-Cœur, le Père Ramière lance Louise-Thérèse à pleines voiles dans ce mouvement. Louise-Thérèse voit dans la spiritualité de celui-ci le « moyen le plus universel de la sanctification des âmes » , et trouve dans son organisation « un excellent moyen de pénétrer la société » .
Parlant des amis de Jésus, Marthe et Marie, le Pape François rappelait la nécessité de la prière : « Marthe apprit que les tâches de l’hospitalité, si importantes qu’elles soient, ne sont pas tout, et qu’écouter le Seigneur, ainsi que faisait Marie, était la chose vraiment essentielle, la meilleure part du temps… Avons-nous l’Évangile à la maison ? L’ouvrons-nous quelquefois pour le lire ensemble ? Le méditons-nous quand nous récitons le Rosaire ? L’Évangile lu et médité en famille est comme un bon pain qui nourrit le cœur de tous. Et le matin, et le soir, et quand nous passons à table, apprenons à dire ensemble une prière, en toute simplicité : c’est Jésus qui vient au milieu de nous, comme il allait dans la famille de Marthe, de Marie et de Lazare » (26 août 2015).
Au début des années 1860, Louise-Thérèse lance la construction, au cœur de Montluçon, d’une belle chapelle afin de « rappeler sans cesse l’amour du Cœur de Jésus » . Bénie le 31 mai 1864, elle deviendra la chapelle de la maison-mère de l’Association des femmes chrétiennes. Cette même année, une tentative est faite pour unir cette œuvre aux Missionnaires du Sacré-Cœur d’Issoudun. Mais, en 1874, l’Association s’en sépare, et devient la Pieuse-Union des Oblates du Cœur de Jésus, sous une règle propre approuvée par l’évêque de Moulins. Ces années sont fécondes : les femmes chrétiennes consacrées par vœu au Cœur de Jésus sont de plus en plus nombreuses. En décembre 1875, Louise-Thérèse est nommée secrétaire générale de l’Apostolat de la Prière. Sa correspondance – près de 1800 lettres sont conservées – témoigne de la qualité de ses relations. Très humaine, elle entre, avec son sens pratique inné, dans les plus petits détails de la vie matérielle, de l’organisation des maisons, de la santé ; et, tout naturellement, avec tact et discrétion, elle devient un guide spirituel qui apprend à vivre sous l’éclairage de la foi. De solides amitiés, nées de ces échanges, jalonnent sa vie : « Sainte Thérèse d’Avila, dit-elle, a beaucoup aimé ses amis et cela m’a toujours encouragée à aimer les miens bien fort. »
De deux manières différentes
À Montluçon, une petite équipe entoure Louise-Thérèse. Ces premières compagnes mènent en commun une vie de prière et d’accueil, car on reçoit beaucoup. La chapelle est un centre de retraites, de rencontres spirituelles. Ainsi s’ébauche une première communauté. Bientôt, une Maison est fondée à Paray-le-Monial, puis une autre à Paris. Au début des années 1880, le futur visage de l’institut se dessine : l’Oblation est proposée à des femmes destinées à servir Dieu et le prochain de deux manières différentes. Les unes, mariées ou non, restent dans leur milieu de vie, harmonisant leurs obligations de famille et des formes d’apostolat très variées. Elles forment des “Réunions”, dans le vrai sens du terme : ré-unir, c’est-à-dire se retrouver en groupe, régulièrement, pour prier ensemble et pratiquer la charité fraternelle ; ce sont les oblates séculières. Les autres font, selon l’intuition de Louise-Thérèse, des vœux de religion, pauvreté, chasteté, obéissance : ces oblates professes vivent en communauté dans les Maisons, qui constituent autant de foyers de prière, destinés en priorité au ressourcement des oblates séculières. Chacune des Maisons prend en charge une ou plusieurs œuvres.
Le 17 mai 1880, Louise-Thérèse est élue supérieure générale. Son rôle est d’assurer « l’unité dans l’esprit et les tendances, la liberté dans les œuvres et l’action, soit collective, soit individuelle » . Le chapitre des oblates définit la mission de l’institut : « Unir fortement les âmes par le lien d’une vraie dévotion au Sacré-Cœur de Jésus, les attirant à prier, à réparer, à se dévouer en union avec Lui et à trouver dans la pratique des œuvres ayant Sa gloire pour but, la manifestation de leur amour. » Pour la fondatrice, la dévotion au Cœur de Jésus est une vie d’union et de conformité à Celui qui est Vie éternelle dans le sein du Père (1 Jn 1, 2). « Notre code de loi par excellence, dit-elle, est la Prière sacerdotale de Jésus » , qui figure au chapitre 17 de saint Jean : Père, qu’ils soient un comme nous sommes un. Le 4 octobre 1881, cette mission est officiellement reconnue par le Pape Léon XIII. Les communautés se multiplient : Lyon, Montélimar…
Dans les dernières années de sa vie, Louise-Thérèse connaît une plus grande intimité avec Notre-Seigneur, et se multiplie au service des autres. Rivée à son fauteuil ou à son lit de malade, elle brûle d’une ardeur plus communicative que jamais. « Je suis, dit-elle gaiement, comme un jeune cheval fougueux qu’on lie par les quatre pattes et que l’on fouette vigoureusement pour le faire marcher… Quand je vois tout le travail que Notre-Seigneur m’offre, je voudrais tout faire, tout entreprendre. » À Montluçon, des nouvelles venues ont relayé les ouvrières de la première heure. Louise-Thérèse donne la priorité à la formation de ses filles, car elles auront à transmettre ce qu’elles reçoivent, comme dans une famille. Saint Jean-Paul II rappelait aux parents : « Transmettre à vos enfants la foi que vous avez reçue de vos parents est votre premier devoir et votre privilège le plus grand. La famille devrait être la première école de religion, la première école de prière » (Irlande, 1er octobre 1979).
Pas de barrière
Louise-Thérèse invite à « une communication intime, habituelle, pleine d’amour avec Dieu, à une respectueuse et filiale familiarité… Dieu doit être la respiration de notre âme, nous ne devons nous mouvoir et n’agir qu’en Lui… La vraie contemplation consiste à avoir son esprit et son cœur unis à Jésus, à parler, agir, penser comme Lui. Quelle vie plus active que la sienne et cependant plus contemplative ? Toujours uni à son Père, voilà notre modèle, notre unique guide. Ce sont les âmes ardentes et actives qui sont appelées à faire les plus grands progrès dans la vie contemplative. Ce sont elles qui réalisent le mieux les desseins de Notre-Seigneur. Que sert-il de contempler un modèle si on n’a pas l’énergie de le reproduire ? L’âme active tire les conséquences de son oraison, elle met en action les lumières qu’elle a reçues. Elle travaille en priant, en s’humiliant, se dévouant, se sacrifiant elle-même ; c’est la vraie mise en pratique de la vie de Jésus. » Si l’une de ses proches est un peu “stressée” par les occupations extérieures, elle la modère : « Vous travaillez pour Dieu, cela n’est pas douteux, mais il faut travailler en Dieu. » La formation qu’elle donne est tout orientée vers la liberté de l’amour : « Entre Jésus et l’oblate il n’y a pas de barrière. Chaque âme va où l’Esprit la mène, l’Amour est son seul guide. » Aussi demande-t-elle le respect de chacune, l’attention à ce qu’elle est, à ce que Dieu veut d’elle. Revenant à cette humilité qui est accueil de Dieu, qui Lui fait toute la place, elle note : « L’amour meurt là où il n’y a pas d’humilité. »
Noël est, chaque année, un grand moment pour Louise-Thérèse. Aux approches de cette fête, en 1882, elle invite la plus jeune des oblates à suivre « ce petit Enfant qui nous appelle à sa crèche pour nous conduire au Calvaire où son Cœur est toujours ouvert » . Et elle insiste avec vigueur : « Pourrons-nous Lui résister ? Il se montre toujours Sauveur. Soyons-le avec Lui comme ses plus petites disciples. » Toute la vie de Louise-Thérèse est là. Saisie par la personne de Jésus dans le mystère de son Incarnation, elle s’est livrée à Lui pour qu’Il vive en elle, pour qu’Il continue en elle sa mission. Par le support patient de sa maladie, lancinante et douloureuse, et qui lui laisse peu de répit, elle s’unit de plus en plus étroitement à la Passion du Sauveur. « Si Vous voulez que je continue à souffrir, je ne me plaindrai pas » , Lui dit-elle en 1881. Il lui faut aussi traverser une nuit de l’esprit : « Je ne vois rien, je ne sens rien. Mais j’ai foi en Vous, cela me suffit. » Aux dernières heures de sa vie, elle s’en remet à son Sauveur : « Je compte sur la miséricorde divine, je lui dirai : j’ai aimé. » Le 27 juin 1885, elle meurt en répondant simplement au nom de Jésus qu’on prononce près d’elle : « Mon tout ! » L’institut connaît bientôt une rapide expansion. Aux oblates séculières, on doit les premières fondations à l’étranger : Portugal (1887), El Salvador et Pologne (1894), Nicaragua (1903). Aujourd’hui, l’institut est aussi implanté en Belgique, en Amérique du sud et en Afrique.
« Demandons à la bienheureuse Louise-Thérèse de Montaignac de Chauvance de nous aider à reconnaître l’amour du Cœur de Jésus et à le rappeler sans cesse aux hommes, comme elle a si bien su le faire durant sa vie » (saint Jean-Paul II).
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