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11 juin 2008

Saint Alphonse de Liguori

Bien chers Amis de l’abbaye Saint-Joseph,

Le 22 septembre 1774: le Pape Clément XIV est mourant. Après avoir cédé aux pressions faites sur lui pour supprimer l’ordre des Jésuites, il n’a pu retrouver la paix du coeur. Dieu, dans sa miséricorde, lui envoie pour l’assister à ses derniers moments un saint, Alphonse de Liguori, alors évêque de Sainte-Agathe-des-Goths. Or, au moment où il assiste le Pape à Rome, le saint évêque est présent dans son évêché à 200 km de distance. Il s’agit d’un fait de bilocation, miracle tout à fait étonnant, mais clairement attesté par les témoins oculaires.

Alphonse-Marie de Liguori vient au monde à Naples, le 27 septembre 1696, premier-né d’une famille qui comptera sept enfants. Sa mère leur enseigne les vérités de la foi dès le plus jeune âge et leur apprend à prier. Ce garçon est doté d’une intelligence vive, d’une mémoire prompte, d’une raison droite, d’un coeur ouvert à tous les nobles sentiments, d’une volonté ferme et énergique. Son père veut faire de lui un avocat. Ses progrès sont si rapides dans l’étude du droit que, à l’âge de seize ans, il passe avec succès l’examen du doctorat en droit civil et ecclésiastique. Les juges sont étonnés par la sagesse de ses réponses et la justesse de ses réparties.

Avocat, Alphonse remporte succès sur succès, ce qui ne manque pas de lui donner le goût de la réussite et de la gloire du monde. Toutefois, il est tenté d’abandonner cette voie: la ruse et le mensonge dénaturent trop souvent les causes les plus justes, et ce spectacle révolte sa nature droite. Assidu à la prière et à diverses oeuvres de charité, il conserve son âme pure. Une fois par an, il se rend dans une maison religieuse pour s’y livrer aux exercices spirituels. Il avouera plus tard que ces retraites avaient singulièrement contribué à le détacher des biens temporels pour l’orienter vers Dieu. Durant le Carême 1722, notamment, le prédicateur rappelle les motifs qui doivent porter l’âme à se donner tout à Dieu; il dépeint au vif la caducité des choses de ce monde, et ne craint pas de mettre sous les yeux des retraitants les tourments éternels de l’enfer, tels que Jésus les a révélés. La lumière se fait alors dans l’esprit du jeune Alphonse: les vanités du monde se dissipent comme autant de nuages! Il se voue sans réserve à la volonté divine et, quelque temps après, décide de garder le célibat.

En 1723, on parle beaucoup à Naples d’un important procès intenté par le duc Orsini au grand-duc de Toscane. Nombreux sont les avocats qui convoitent ce cas, mais Orsini confie sa défense à Alphonse qui, jusqu’alors, n’a perdu aucun procès. Le jour prévu, celui-ci se présente au barreau et étaye avec clarté les revendications de son client. Tous les assistants sont dans l’admiration. Mais son adversaire produit alors une pièce qu’Alphonse avait eue entre les mains, et qui infirme de manière décisive son argumentation. Celui-ci est atterré: comment a-t-il pu négliger ce texte? Le procès perdu, Alphonse se sent écrasé sous le poids de l’humiliation. Cependant, trois jours après, une clarté subite lui fait découvrir la raison de sa distraction: Dieu ne l’avait aveuglé que pour l’arracher aux vanités de la terre. Sous l’impulsion de la grâce divine, il répète maintenant la parole que, dans un sentiment de dépit, il avait murmuré au sortir de l’audience: «Tribunaux, vous ne me verrez plus!» Après un temps de prière et de pénitence, il perçoit que Dieu l’appelle à l’état ecclésiastique. Sa formation achevée, il est ordonné prêtre le 21 décembre 1726.

La tentation du prêtre

Éclairé par l’Esprit Saint, Don Alphonse comprend que l’action doit naître de la contemplation, l’amour du prochain de l’amour de Dieu, le zèle apostolique de la vie intérieure, et que la plus grande tentation du prêtre, c’est de vouloir enflammer les âmes sans entretenir en lui-même le feu divin. Aussi s’astreint-il, dès le début de sa vie sacerdotale, aux exercices quotidiens sans lesquels la vie intérieure s’éteint: oraison, sainte Messe, Office divin, lecture, dévotion mariale – surtout le chapelet. Sachant qu’il a besoin d’être guidé, il soumet volontiers sa vie spirituelle aux conseils d’un autre.

Le jeune prêtre prêche l’Évangile à tous, mais plus volontiers aux pauvres. Pénétré de la science sacrée, éloigné de toute affectation, il paraît en chaire avec l’autorité d’un homme de Dieu communiquant au peuple, non sa doctrine propre, mais celle du Maître qui l’a envoyé. Touché de compassion devant l’ignorance religieuse des gens des campagnes, Don Alphonse fonde avec plusieurs compagnons, en novembre 1732, un nouvel Institut religieux qui prendra pour nom «Congrégation du Très Saint Rédempteur». Pénétrés de la surabondance de la Rédemption acquise par le Christ sur la Croix, les Rédemptoristes se consacrent à prêcher des missions aux pauvres gens, afin de les instruire des vérités fondamentales de la foi, et de les éclairer sur la grande affaire.

Don Alphonse écrira en effet: «Une affaire dépasse en importance toutes les autres: c’est l’affaire de notre salut éternel; il y va de notre fortune ou de notre ruine éternelle. Impossible, en effet, d’échapper à cette alternative: nous sauver ou nous perdre pour toujours, mériter une éternité de joies ou une éternité de supplices, vivre à jamais heureux ou malheureux» (Voie du Salut [VS], 1re Méditation). Le salut des âmes est au centre des préoccupations de l’Église, comme l’a rappelé le Pape Benoît XVI en s’adressant aux évêques d’Amérique latine: «Notre Sauveur veut que tous les hommes soient sauvés et arrivent à connaître pleinement la vérité (1 Tm 2, 4-6). Telle est la finalité de l’Église – et il n’y en a aucune autre: le salut des âmes, une par une» (13 mai 2007). «Chose étonnante! écrit encore Don Alphonse. Il n’y a personne qui ne rougisse d’être taxé de négligence dans les affaires du monde; et il y en a tant qui ne rougissent pas de négliger la plus importante de toutes: celle de l’éternité!… Affaire importante, affaire unique, affaire irréparable. Assurément, le comble de l’erreur, c’est de méconnaître l’importance du salut éternel; et c’est par conséquent le comble du malheur que de manquer son salut. À tout autre mal il y a remède: on perd une somme d’argent, mais il y a moyen d’en gagner une autre; on perd son emploi, mais il se peut qu’on le recouvre; et quand même on perdrait la vie, si on sauve son âme, tout est réparé. Mais celui qui se damne, se damne sans remède. Car on ne meurt qu’une fois, et l’âme, une fois perdue, est perdue pour toujours» (Préparation à la Mort [PM], 12e Considération).

Sans attendre

Il faut donc nous préparer à la mort qui peut survenir à tout moment. «Il faut bien se persuader que le temps de la mort n’est pas le temps favorable pour se mettre en mesure d’assurer la grande affaire du salut éternel. C’est par avance que les personnes prudentes prennent, dans les affaires de ce monde, toutes les dispositions nécessaires pour s’assurer tel avantage, tel poste, telle alliance; et s’il s’agit de la santé du corps, elles recourent aussitôt aux remèdes prescrits. Que diriez-vous de celui qui, devant concourir pour une chaire de professeur, ne voudrait pas s’appliquer à l’étude avant l’ouverture du concours?… Voilà ce que fait le Chrétien qui attend, pour régler les affaires de sa conscience, que la mort frappe à sa porte» (PM, 10e Considération). Commentant ces paroles de saint Paul: Opérez votre salut avec crainte et tremblement (Ph 2, 12), Don Alphonse écrira encore: «Pour nous sauver, il faut craindre de nous damner, de façon, toutefois, à craindre moins l’enfer que le péché; car le péché seul peut nous conduire en enfer. Qu’est-ce que craindre le péché? C’est fuir les occasions dangereuses, se recommander souvent à Dieu, prendre les moyens de se tenir en état de grâce. Agir ainsi, c’est se sauver; agir autrement, c’est rendre son salut moralement impossible» (VS, 6e Méditation).

Les gens de la campagne bénéficiant des missions reçoivent avec avidité ces saintes vérités, et se préparent au sacrement de Pénitence. Les missionnaires, fidèles ministres de la réconciliation, passent de longues heures au confessionnal. Là, en vrais médecins des âmes, ils savent consoler les affligés. «Plus une âme est enfoncée dans le mal, dit Don Alphonse, plus il faut la bien recevoir, afin de l’arracher aux griffes de l’ennemi». L’écoute du pénitent avec patience et douceur contribue à le disposer à l’absolution, soit immédiatement, soit après un temps d’épreuve. Comme pénitence sacramentelle, Don Alphonse impose des exercices de piété très simples, mais de nature à éloigner du péché et à ranimer la ferveur. Déchargées de leurs péchés, ces personnes reçoivent ensuite la sainte Communion, et s’en vont raconter leur bonheur aux habitants des hameaux plus éloignés, glorifiant ainsi la miséricorde de Dieu. «Dieu ne saurait dédaigner celui qui vient se jeter à ses pieds. Que dis-je? Lui-même invite le pécheur et Il s’engage à l’accueillir tout aussitôt. Reviens à moi, dit le Seigneur, et je te recevrai (Jr 3, 1). Tournez-vous vers moi et je me tournerai vers vous (Zac 1, 3). Oh! avec quel amour, avec quelle tendresse Dieu presse contre son coeur le pécheur qui revient à Lui!… Il met sa gloire à user de miséricorde envers les pécheurs et à leur pardonner…» (PM, 16e Considération).

L’abondance du rachat

Face au rigorisme janséniste qui faisait de Dieu un juge sévère sans miséricorde, le Père Alphonse, qui avait choisi pour devise «Copiosa apud Eum redemptio: Près de Lui l’abondance du rachat» (Ps 129 [130]), insiste sur la bonté de Jésus et son amour pour tous les hommes. En même temps, il met en garde contre ceux qui, écartant la pensée de la justice divine, ne prêchent que l’amour. L’amour divin, pour être solide et durable, doit se fonder sur une foi intégrale: Dieu est infiniment bon, mais aussi infiniment juste. «Sans doute, écrit-il, la miséricorde de Dieu est infinie. Mais les actes de cette miséricorde, et, par conséquent, les grâces de pardon, ont leurs limites. Dieu est miséricordieux, mais il est juste aussi… La miséricorde est promise à celui qui craint Dieu et non pas à celui qui abuse de la miséricorde. Sa miséricorde, s’écrie la divine Mère dans son sublime cantique, se répand sur ceux qui le craignent (Lc 1, 50). Quant aux obstinés, ils sont menacés de sa justice. Or, dit saint Augustin, si Dieu ne trompe pas quand Il promet, Il ne trompe pas non plus quand Il menace. Fidèle dans ses promesses, Il l’est également dans ses menaces. Ce n’est pas Dieu, mais le démon qui vous pousse au péché par l’espoir de la miséricorde…» (PM, 17e Considération).

Le plus important

Mais comment imprimer ce juste portrait de Dieu, à la fois miséricordieux et juste, dans les âmes? Fidèle écho de la tradition, Alphonse de Liguori répond: par l’oraison quotidienne. Dans sa pensée, l’art d’aimer Dieu se confond avec l’art de méditer ou de faire oraison, parce que c’est dans la méditation que l’âme acquiert la connaissance de Dieu et s’éprend d’amour pour Lui. Ainsi, son livre le plus important, de son propre aveu, est-il Le Grand Moyen de la Prière. Dans cet ouvrage, Alphonse explique: l’homme, en raison des conséquences du péché originel, est attiré vers le mal, et il ne peut par ses propres moyens y résister en tout temps; en effet, seule la grâce de Dieu rend possible l’observation de tous les commandements, nécessaire pour le salut. «Puisqu’ils expriment les devoirs fondamentaux de l’homme envers Dieu et envers son prochain, les dix commandements révèlent, en leur contenu primordial, des obligations graves. Ils sont foncièrement immuables et leur obligation vaut toujours et partout. Nul ne pourrait en dispenser… Ce que Dieu commande, Il le rend possible par sa grâce» (Catéchisme de l’Église catholique, [CEC] 2072, 2082). Or, comme le dit saint Augustin, «Dieu veut donner ses grâces, mais Il ne les donne qu’à celui qui les demande». À l’encontre de ceux qui disent que l’observation des commandements n’est pas possible dans certains cas concrets, le même Docteur répond: «Que l’homme qui veut et ne peut pas, reconnaisse qu’il ne veut pas encore pleinement, et qu’il prie afin d’avoir une volonté assez grande pour accomplir les commandements». C’est pourquoi saint Alphonse écrit: «Dieu ne refuse à personne la grâce de la prière, et celle-ci nous aide à vaincre toute concupiscence et toute tentation. Je dis, je le répète et je le répéterai tant que je vivrai, tout notre salut consiste en une seule chose: la prière». D’où l’axiome célèbre, repris par le Catéchisme: «Qui prie, se sauve certainement; qui ne prie pas se damne certainement» (CEC 2744).

Certains auteurs de cette époque, sous l’influence du protestantisme et du jansénisme, avaient tendance à détourner les fidèles de la dévotion à la Très Sainte Vierge. Aussi Don Alphonse publie-t-il en 1750 Les Gloires de Marie [GM], qui est un commentaire du Salve Regina; il y énonce les prérogatives de la Mère de Dieu: toutes les grâces passent par les mains de Marie, et par conséquent Marie est notre médiatrice nécessaire (cf. GM, ch. 5). En effet, de même que Marie est la Mère de Jésus, Dieu veut qu’elle soit la Mère de chaque homme racheté par Jésus. De même qu’elle a porté Jésus dans son sein, elle nous porte dans son coeur jusqu’à ce que le Christ soit formé en nous. «C’est en considération des mérites de Jésus-Christ que Marie fut investie de ce grand pouvoir qui la constitue Médiatrice, non pas à titre de justice, mais à titre de grâce et par intercession» (ibid.). Don Alphonse veut que l’on prêche toujours, dans les missions, un sermon sur la Vierge Marie, Mère de Miséricorde, et sur la nécessité, pour qui veut persévérer et se sauver, de recourir fréquemment à son intercession. Il écrit: «La bienheureuse Vierge a révélé à sainte Brigitte : «Je suis la Reine du Ciel et la Mère de Miséricorde ; je suis la joie des justes et la porte par laquelle les pécheurs ont accès auprès de Dieu. Il n’est pas de pécheur maudit au point d’être privé des effets de ma miséricorde tant qu’il vit sur la terre… Aucun pécheur n’est tellement rejeté de Dieu, qu’il ne puisse, en m’appelant à son aide, retourner à Dieu et obtenir miséricorde»… Marie a été établie Reine de Miséricorde pour sauver, par sa protection, les pécheurs les plus coupables et les plus désespérés, pourvu qu’ils se recommandent à elle» (GM, ch. 1).

Vivre avec Jésus

Posant en principe que tous les Chrétiens sont appelés à la sainteté qui «consiste dans l’amour de Jésus-Christ, notre Dieu, notre souverain bien, notre Sauveur», Alphonse publie plusieurs ouvrages qui aident à contempler sa vie: Neuvaine de Noël, Réflexions sur la Passion, Visites au Saint-Sacrement, et surtout La Pratique de l’Amour envers Jésus-Christ. Cet art veut qu’on détache son coeur de toute créature pour l’unir à la volonté de Jésus, en sorte qu’ainsi transformé, on puisse s’écrier avec saint Paul: Je vis, mais ce n’est plus moi qui vis, c’est Jésus-Christ qui vit en moi (Gal 2, 20). Dans La Manière de Converser avec Dieu et L’Uniformité avec la Volonté de Dieu, Alphonse donne de précieux conseils pour aider l’âme à vivre en présence du Seigneur, à Lui parler coeur à coeur et à accepter de sa Main aimante tout ce qui nous arrive. Le saint compose également d’autres ouvrages dans le but de susciter le désir de tout sacrifier pour suivre Jésus de plus près: la Selva, sur les devoirs de l’âme sacerdotale, et la Vera Sposa, sur les devoirs de ceux et celles qui font profession des conseils évangéliques. Dans la formation des jeunes vocations, saint Alphonse insiste pour que l’on suive l’enseignement de saint Thomas d’Aquin. Face à la diversité des opinions, il entreprend de réviser la théologie morale avec une sagesse telle qu’en 1950 le Pape Pie XII lui conférera le titre de «Patron céleste de tous les confesseurs et moralistes». Face au rigorisme, il affirme que le prêtre ne doit pas refuser l’absolution au pénitent bien disposé, c’est-à-dire vraiment contrit et ayant le ferme propos de ne plus pécher; face au laxisme, il ne permet pas qu’on admette aux sacrements les âmes qui ne sont pas décidées, avec la grâce de Dieu, à éviter tout péché grave.

Les épreuves ne manquent pas à la jeune Congrégation des Rédemptoristes. En 1752, le roi des Deux-Siciles, Charles III, décrète la spoliation des biens de l’institut, en les faisant passer aux mains des évêques. Plus tard, c’est Alphonse lui-même qui est obligé, par les intrigues de certains de ses fils, d’abandonner son poste et de s’éloigner. Sans se troubler, il prêche aux siens la soumission à la volonté divine: «Le Seigneur, dit-il, veut faire prospérer l’Institut non point par la faveur ou la protection des princes, mais par le mépris, la pauvreté, la souffrance et la persécution. Quand avez-vous vu les oeuvres de Dieu commencer au milieu des applaudissements? Saint Ignace augurait bien de l’avenir lorsqu’on lui apprenait quelque nouvelle tracasserie ou quelque nouveau revers».

En 1762, le Père Alphonse est nommé évêque de Sainte-Agathe-des-Goths, petit diocèse non loin de Naples. Malgré l’exemple de nombreux prélats de son temps, pour qui l’épiscopat exige luxe et apparat, il continue à mener une vie pauvre et mortifiée. Grâce à ses prédications, en peu de temps toute la ville épiscopale a changé de face: confessions et communions deviennent plus fréquentes, les églises se remplissent, la dévotion à la Sainte Vierge croît dans tous les coeurs. Soucieux de l’avenir du diocèse, il examine avec soin les candidats au sacerdoce avant de leur imposer les mains. À une époque où les postes ecclésiastiques rémunérés attirent nombre de sujets peu aptes à exercer le ministère, son zèle le conduit à refuser les candidats indignes. Le relâchement plus ou moins général de l’époque a amené la ruine de la ferveur, même à l’autel. Un des objets principaux de la sollicitude de Mgr de Liguori est de rétablir partout l’exacte observance des rites sacrés. En effet, hier comme aujourd’hui, la gloire de Dieu exige la dignité dans le service des divins mystères: «Le Mystère de l’Eucharistie est trop grand pour que quelqu’un puisse se permettre de le traiter à sa guise, en ne respectant ni son caractère sacré, ni sa dimension universelle… Tous les fidèles du Christ disposent du droit de bénéficier d’une véritable liturgie – et cela vaut tout particulièrement pour la célébration de la sainte Messe – qui soit conforme à ce que l’Église a voulu et établi» (Instruction Redemptionis Sacramentum de la Congrégation pour le Culte Divin, 25 mars 2004, nn. 11 et 12).

Perclus pendant dix-neuf ans

À partir de 1768, Mgr de Liguori est frappé d’une maladie qui s’étend à toutes les articulations du corps. Bientôt les vertèbres du cou se replient sur elles-mêmes, obligeant le menton à appuyer fortement sur la poitrine, ce qui occasionne une plaie vive et rend difficile la respiration. Le saint demeurera perclus durant les dix-neuf années qui lui restent à vivre. En dépit de cette torture, on ne l’entend jamais émettre une plainte. S’adressant au grand crucifix placé devant lui, il s’écrie: «Je vous remercie, Seigneur, de me donner quelque part aux souffrances que vous avez endurées dans vos nerfs, lorsqu’on vous a cloué sur la croix. Je veux souffrir, ô mon Jésus, comme vous voudrez et autant que vous voudrez; seulement donnez-moi la patience. Brûlez, coupez, ne m’épargnez pas ici-bas, mais épargnez-moi dans l’éternité». En juillet 1775, Pie VI accepte sa démission de l’épiscopat. Les dernières années de sa vie sont occupées à écrire et à défendre ses religieux. En juillet 1787, Mgr de Liguori est proche de la mort. Au moment où on lui apporte le saint Viatique, il s’écrie: «Mon Jésus, mon Jésus, ne me quittez pas!» Le 1er août, tenant sur son coeur le crucifix et l’image de Marie, il s’endort doucement dans le Seigneur au moment où la cloche du couvent sonne l’Angélus. Il a été déclaré «Docteur de l’Église» par le bienheureux Pie IX en 1871.

À l’occasion du deuxième centenaire de sa mort, le 1er août 1987, le Pape Jean-Paul II écrivait: «La popularité de notre saint repose sur sa concision, sa clarté, sa simplicité, son optimisme, son affabilité qui va parfois jusqu’à la tendresse. À la racine de cet amour du peuple qui est le sien, il y a l’angoisse du salut éternel: se sauver soi-même et sauver les autres. Et il désire ardemment non seulement le salut, mais la perfection et jusqu’à la sainteté. C’est pourquoi son action pastorale n’exclut personne: il écrit à tous, il écrit pour tous».

Saint Alphonse-Marie de Liguori, obtenez-nous la grâce de marcher résolument dans la voie du salut éternel et d’y entraîner le plus d’âmes possible!

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