2 février 2005
Bienheureuse Marie-Thérèse Scherer
Bien chers Amis,
« Il faut avoir la main au travail et le coeur près de Dieu » , affirmait Mère Marie-Thérèse Scherer. Lors de la béatification de cette religieuse suisse, le 29 octobre 1995, le Pape Jean-Paul II remarquait : « Plus grandissait sa vie intérieure, plus elle était attentive aux nécessités du monde de son temps » .
Quatrième de sept enfants, Catherine Scherer est née le 31 octobre 1825 à Meggen, au bord du lac des Quatre-Cantons (Suisse) au milieu d’un grandiose décor de montagnes. De bonne heure on lui apprend à vaquer à de petits travaux domestiques, à aider au jardin et aux champs, à vivre dans la frugalité et la simplicité. Le 15 février 1833, son père est enlevé de ce monde par une pneumonie foudroyante. Catherine est confiée à des parents – deux frères célibataires dont l’un est son parrain – et se sépare donc de sa mère et de ses frères et soeurs qui habitent, cependant, le même village de Meggen.
Catherine n’est pas une petite fille modèle : « J’étais bavarde, distraite, dissipée, avouera-t-elle plus tard avec sincérité… J’étais irritable, encline à la colère. J’aimais les beaux habits, j’éprouvais du plaisir à être louée. J’ai souvent répliqué et désobéi à la servante » . Toutefois, elle est intelligente, consciencieuse, douée d’une excellente mémoire, et l’étude ne lui cause aucune difficulté. « J’aimais les sermons, écrit-elle encore, et je fréquentais les sacrements quand j’en avais l’occasion » .
À l’âge de seize ans, elle part pour Lucerne. « Le curé de la paroisse ainsi que ma mère, mon frère et ma soeur aînés, écrira-t-elle, connaissant ma vivacité, ma vanité et l’amour que j’avais pour la musique, décidèrent de m’éloigner de chez mon parrain et me confièrent aux Soeurs hospitalières de Besançon, à Lucerne, où je ne me rendis qu’à contre-coeur » . Ses débuts à l’hôpital sont pénibles. Employée comme aide-soignante, elle se trouve sans cesse en face de la souffrance et de la mort. Une foule de questions lui viennent à l’esprit. La rigoureuse monotonie d’un horaire et d’un règlement sévère l’écrase. Le dégoût et le surmenage provoquent une crise. Mais un jour, par une intervention de la grâce divine, la lumière se fait dans son âme : « Je commençai à prier davantage, et je m’approchai plus souvent des sacrements » . Un changement radical se produit : elle surmonte ses répugnances et trouve de la joie dans le don d’elle-même au service des malades.
Trois ans passés à l’hôpital mûrissent la jeune fille. En juillet 1844, elle fait un pèlerinage à l’abbaye bénédictine d’Einsiedeln, y réfléchit sérieusement sur le choix de sa vocation et peu après, prend la décision d’entrer dans un ordre religieux actif. Or, un Capucin du couvent d’Altdorf, le Père Théodose, apôtre au coeur de feu, est en train de mettre sur pied une communauté féminine qui répondrait aux désirs de Catherine. « Avant 1839 déjà, écrira-t-il, j’avais conçu le dessein de remplacer l’enseignement antireligieux par une éducation chrétienne catholique ; de faire donner aux pauvres, aux indigents, aux détenus, par l’intermédiaire de congrégations religieuses adaptées aux besoins du pays, une assistance reposant sur les principes de la foi et de la charité chrétiennes » . Ce projet du Père Théodose veut répondre à un laïcisme virulent installé aux postes de direction de la Confédération suisse qui supprime impitoyablement les écoles catholiques et les communautés religieuses.
« On se trompe… »
L’Église a toujours reconnu une saine laïcité de la société civile, c’est-à-dire la distinction entre le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel, chacun s’exerçant dans son domaine. Mais le laïcisme, qui veut ne pas tenir compte de Dieu et de la religion en dehors du cadre de la vie privée, est une grave erreur, contraire à la vérité et au bien de l’homme ainsi que de la société. « On se trompe, écrit le Pape Jean-Paul II, lorsqu’on pense que la référence publique à la foi peut porter atteinte à la juste autonomie de l’État et des institutions civiles, ou bien que cela peut même encourager des attitudes d’intolérance » (Mane nobiscum Domine, 7 octobre 2004).
Le 20 octobre 1939, le Pape Pie XII écrivait déjà : « Vénérables frères, peut-il y avoir un devoir plus grand et plus urgent que d’annoncer les insondables richesses du Christ (Ep 3, 8) aux hommes de notre temps ? … À l’entrée du chemin qui conduit à l’indigence spirituelle et morale des temps présents, se trouvent les efforts néfastes d’un grand nombre d’hommes pour détrôner le Christ, l’abandon de la loi de la vérité, qu’Il annonça, de la loi de l’amour, qui est le souffle vital de son règne. La reconnaissance des droits royaux du Christ et le retour des individus et de la société à la loi de sa vérité et de son amour sont la seule voie de salut…
« Avant tout, il est certain que la racine profonde et dernière des maux que nous déplorons dans la société moderne est la négation et le rejet d’une règle de moralité universelle, soit dans la vie individuelle, soit dans la vie sociale et dans les relations internationales : c’est-à-dire la méconnaissance et l’oubli, si répandus de nos jours, de la loi naturelle elle-même, laquelle trouve son fondement en Dieu, Créateur tout-puissant et Père de tous, suprême et absolu législateur, omniscient et juste vengeur des actions humaines. Quand Dieu est renié, toute base de moralité s’en trouve ébranlée du même coup…
« Le Saint Évangile raconte que, quand Jésus fut crucifié, les ténèbres se firent sur toute la terre (Mt 27, 45) : effrayant symbole de ce qui est arrivé et arrive encore dans les esprits, partout où l’incrédulité aveugle et orgueilleuse d’elle-même a de fait exclu le Christ de la vie moderne, spécialement de la vie publique, et, avec la foi au Christ, a ébranlé aussi la foi en Dieu. Les valeurs morales selon lesquelles, en d’autres temps, on jugeait les actions privées et publiques sont tombées, par voie de conséquence, comme en désuétude ; et la laïcisation si vantée de la société, qui a fait des progrès toujours plus rapides, soustrayant l’homme, la famille et l’État à l’influence bienfaisante et régénératrice de l’idée de Dieu et de l’enseignement de l’Église, a fait réapparaître, même dans des régions où brillèrent pendant tant de siècles les splendeurs de la civilisation chrétienne, les signes toujours plus clairs, toujours plus distincts, toujours plus angoissants d’un paganisme corrompu et corrupteur » (Pie XII, Summi Pontificatus). C’est cet esprit païen, déjà à l’oeuvre au XIXe siècle, que le Père Théodose entendait combattre.
Une détermination qui l’emporte
Le 5 octobre 1844, Catherine rencontre le Père Théodose et décide de s’engager dans sa nouvelle congrégation au printemps suivant. Sa famille juge la décision imprudente, mais devant sa détermination, on accepte de la laisser partir. Le 27 juin 1845, elle part avec une compagne faire son noviciat à Menzingen où le Père Théodose a ouvert une école avec trois jeunes filles qui ont inauguré sa famille religieuse, les « Soeurs de Sainte-Croix » , dans l’esprit du Tiers-Ordre de saint François, sous la direction d’une Supérieure, Mère Marie-Bernarde. Catherine prend le nom de soeur Marie-Thérèse. Son temps de noviciat lui permet de mieux prendre conscience de ses défauts : « À cette époque, confesse-t-elle, mes défauts principaux étaient la susceptibilité, l’orgueil et la vanité » . Elle apprend à connaître Dieu plus profondément et à vivre en sa présence. À la fin d’octobre 1845, les cinq religieuses prononcent leurs premiers voeux. Aussitôt après, soeur Marie-Thérèse est envoyée fonder une école à Galgenen, en compagnie d’une autre Soeur. Pédagogue-née, soeur Marie-Thérèse se forme avec bonheur et succès à son emploi d’institutrice. Toutefois, devant faire la classe et le ménage, tout en occupant ses loisirs à l’étude personnelle, ses forces physiques s’épuisent rapidement. « Je devenais scrupuleuse, dit-elle, j’étais accablée de peines intérieures et, me croyant perdue, je ne pouvais assez me mortifier » . Elle tombe malade et doit rentrer à Menzingen. Là, elle retrouve un peu de paix intérieure et passe avec succès l’examen d’État pour l’enseignement. Dans les années qui suivent, elle est nommée dans diverses maisons ; partout elle se fait apprécier par son énergie, son travail consciencieux et sa bonne humeur.
Mémorable poignée de mains
Le 1er mars 1852, à l’appel du Père Théodose, soeur Marie-Thérèse est envoyée à Coire pour prendre en mains un petit hôpital fondé par le Père. La maison où est installé l’hôpital ne convient pas : il va donc falloir bâtir, mais on ne possède ni terrain, ni fonds. « Le Père Théodose se déclarait prêt, avec l’aide de Dieu, à entreprendre cette oeuvre si je lui promettais aide, confiance et fidélité, écrira Mère Marie-Thérèse. Je m’engageai par une poignée de mains et il me quitta tout heureux. Deux jours après, un terrain était acheté et la construction de l’hôpital de la Croix fut immédiatement commencée » . Cette poignée de mains entraîne soeur Marie-Thérèse, que l’on appellera désormais « Mère » , dans une nouvelle voie de charité, au service des malades.
Avec une énergie peu ordinaire et un grand talent d’organisation, la Mère s’occupe de la construction du nouveau bâtiment, au milieu d’obstacles de toutes sortes et d’accablantes humiliations. Elle compose pour ses Soeurs appelées à soigner les malades, une prière dont voici un extrait : « Seigneur, qu’elles voient dans les pauvres et les malades, vos frères ! Qu’elles les aiment de tout leur coeur, les assistent inlassablement avec joie, supportent leurs défauts et leurs plaintes avec patience, rendent le bien pour le mal, restent, malgré toutes les difficultés, humbles, simples, obéissantes et pures, et supportent leurs souffrances par amour pour Vous, mon Dieu, et pour le salut de leurs âmes » . La pauvreté du nouvel hôpital est grande et les religieuses font passer les besoins des malades en priorité ; aussi, certains jours, les Soeurs endurent-elles la faim.
Grâce à une belle floraison de vocations, on se lance dans toutes sortes d’activités sociales. À côté de l’hôpital, s’ouvrent un orphelinat, un asile de vieillards, une école d’ouvrages manuels et un pensionnat de jeunes filles. Puis les fondations dans d’autres villes se multiplient. Pour subvenir aux énormes dépenses, Mère Marie-Thérèse envoie des Soeurs quêter en Suisse, puis dans les pays étrangers.
Mais bientôt, le Père Théodose s’aperçoit que les Soeurs restées à Menzingen, sous la direction de Mère Marie-Bernarde, ont décidé de se séparer de lui et de celles qui s’adonnent à d’autres oeuvres de charité ; elles veulent s’adonner exclusivement à l’enseignement. Un grand trouble se répand dans la Congrégation. Finalement, la séparation est décidée, et liberté absolue est laissée à chaque Soeur de choisir entre les deux Instituts. « La séparation en deux instituts, écrira une Soeur, ne provoqua jamais l’hostilité. Les Supérieures des deux maisons et le Père Théodose s’aidèrent et se soutinrent réciproquement quand la nécessité le demanda. On reconnaît bien l’esprit du Père Théodose qui aimait à dire : « N’est-il pas égal par qui se fait le bien dans l’Église, pourvu qu’il se fasse ? Remerciez-en Dieu » » .
Garder la bonne humeur
En 1855, le Père Théodose décide l’achat de la colline qui domine le village d’Ingenbohl, en Suisse centrale, pour y établir la Maison Mère des Soeurs. Le 13 octobre 1857, Mère Marie-Thérèse est élue Supérieure générale des Soeurs de Charité de la Sainte-Croix d’Ingenbohl. Puis viennent des années d’activité débordante où les fondations se succèdent. Pour soutenir l’apostolat des Soeurs, le Père Théodose introduit à Ingenbohl l’adoration perpétuelle du Très Saint-Sacrement. Mère Marie-Thérèse puise dans l’Eucharistie une vie spirituelle toute simple. Ce qui compte à ses yeux, c’est l’amour qui dirige l’action, la fidélité au devoir d’état, la charité fraternelle. « Il faut prier avec ferveur, dit-elle, et s’habituer à mener une vie intérieure intense dans toutes les circonstances de la vie, sans pour autant prendre un visage de carême » . Une Soeur lui demande conseil sur le jeûne et la pénitence : « Les Soeurs ne doivent pas jeûner au point de porter préjudice à leur santé ; elles ont besoin de leurs forces pour servir le prochain. Je ne fais pas grand cas du cilice. J’apprécie davantage la maîtrise de soi-même, la charité dans les paroles et la lutte contre l’amour-propre… Nos véritables mortifications consistent à nous contenter de ce qu’on nous donne, à aller où l’on nous envoie, et à garder la bonne humeur » .
Mère Marie-Thérèse manifeste une grande bonté de coeur. Elle sait qu’un malheureux attache plus d’importance aux égards avec lesquels il est reçu qu’aux biens matériels qui lui sont donnés. Dans un hospice où elle vient d’arriver, les Soeurs sont réunies près d’elle lorsqu’un mendiant paraît. La Supérieure locale s’empresse et écoute celui-ci avec patience. Les Soeurs, un peu embarrassées, s’excusent, mais Mère Marie-Thérèse leur dit : « C’est ainsi que je me représente une Soeur des pauvres ; son amour pour eux doit être si grand qu’elle les servira les premiers et qu’elle ne craindra pas de faire attendre la Supérieure générale. Plus encore, elle interrompra la prière, s’il le faut, pour venir au secours d’un pauvre. Non seulement elle le traitera en égal, mais elle se comportera avec lui comme une mère avec son enfant le plus malheureux » .
Héroïque fidélité
Le Père Théodose est rempli de sollicitude pour la situation sociale et spirituelle des ouvriers, hommes, femmes et enfants, pour lesquels des centres d’accueil ont été créés par les Soeurs. En 1860, il rachète une fabrique de drap employant plusieurs centaines d’ouvriers à Oberleutensdorf en Bohème, et qui vient de faire faillite. Mère Marie-Thérèse pense que ce travail ne convient pas aux Soeurs. Néanmoins, après de longues réflexions, elle envoie cinq Soeurs dans cette usine. Avec le temps, il s’avère que les craintes de Mère Marie-Thérèse étaient fondées. Les Soeurs ne sont pas aptes à ce travail et leur indomptable courage ne peut éviter le désastre. Le Père Théodose s’épuise sur les routes d’Europe à chercher du secours. Sa santé n’y résiste pas : le 15 février 1865, il rend son âme à Dieu. C’est une heure tragique pour Mère Marie-Thérèse. Elle se fortifie par la prière et la confiance en Dieu, puis, avec une étonnante maîtrise d’elle-même, fait établir le bilan exact des créances, qui s’avère excessivement lourd. Le 15 septembre, après des mois d’intimes souffrances morales, elle prend la décision, par fidélité au Père Fondateur et pour éviter aux nombreux créanciers de subir les conséquences des dettes non payées, d’assumer l’héritage négatif du Père. Jusqu’en 1870, aidée par un comité de secours très actif, la Mère consume ses forces à satisfaire les créanciers, avec un calme qui semble inexplicable. Dans toute la Congrégation, les Soeurs acceptent généreusement de faire des efforts héroïques. « Le Bon Dieu, leur dit-elle, nous aidera si nous restons unies entre nous et si nous n’avons d’autre but que sa gloire et le bien des hommes. Mais nous devons également beaucoup travailler » . Enfin, l’inlassable patience et la confiance invincible de la Mère viennent à bout des dettes, et la Congrégation, libérée de ce poids, peut prendre un essor considérable.
L’amortissement des dettes à peine réalisé, une autre croix vient éprouver la Supérieure. Un neveu du Père Théodose, aveuglé par l’ambition et la cupidité, fait valoir de prétendus droits sur l’héritage de son oncle. Le Père Théodose avait accordé à ce neveu qui lui rendait de précieux services, plus de confiance qu’il n’en méritait. Il s’ensuit un coûteux procès, long de trois ans, dont Mère Marie-Thérèse souffre cruellement. À la fin de 1872, l’affaire est réglée par un jugement favorable aux Soeurs. Toutefois, eu égard aux services rendus au Père Théodose, la Mère fait don d’une somme convenable au neveu du Père.
Les épreuves se succèdent. En août 1872, pour remplacer le successeur du Père Théodose qui vient de mourir, un nouveau Supérieur, le Père Paul, Capucin, est nommé à Ingenbohl. Mais bientôt ce Père conçoit le projet de transformer la Congrégation pour la rendre plus contemplative et cherche à gagner à ses vues l’évêque, ses propres Supérieurs capucins, les Soeurs et les novices. Il visite plusieurs maisons des Soeurs et jette partout le trouble dans les âmes. La Mère générale, souvent en voyage, ne se rend compte que peu à peu de la situation. Avec beaucoup d’égards, elle affirme au Père son désaccord au sujet des mesures qu’il prend. Celui-ci s’entêtant dans ses vues, Mère Marie-Thérèse adresse à son évêque une lettre de renonciation à sa charge de Supérieure. Le prélat accepte la démission. « Pensons à notre Sauveur et aux innombrables offenses qu’Il reçoit chaque jour, écrit la Mère à l’une de ses filles. On ne me traite pas mieux, comme vous devez le savoir. Peu importe, on ne peut contenter tout le monde. Pourvu que Dieu soit content de nous ! » Cependant, des pétitions émanant non seulement des religieuses, mais de prêtres et de très nombreuses personnalités importantes sont adressées à l’évêque, réclamant le maintien de la Mère. En juillet 1873, un conseiller ecclésiastique est nommé pour examiner l’affaire ; son rapport se conclut ainsi : « L’idée du Père Paul est irréalisable au point de vue canonique, et, au point de vue pratique, plutôt pernicieuse » . Éclairé, l’évêque rétablit Mère Marie-Thérèse dans ses fonctions de Supérieure générale et le Père Paul est muté.
L’essentiel
En 1880, une autre épreuve du même genre atteint la Mère. Un jeune aumônier a été nommé à la Maison Mère d’Ingenbohl ; ne connaissant la vie religieuse que par les livres, il accuse la Mère de violer les Constitutions. Cette accusation malveillante la blesse au plus profond de son âme. Pourtant, elle garde le silence et ne parle ouvertement de cette pénible affaire qu’avec son assistante : « Je suis tourmentée, il m’est pénible de rentrer à la Maison Mère, lui écrit-elle ; Dieu veuille tout faire servir à notre bien. L’essentiel est que nous soyons unies et que nous nous aimions, qu’ensemble nous portions la croix et la souffrance » . En janvier 1884, pour se conformer au désir formel de l’évêque, elle présente par écrit sa justification et obtient gain de cause. Dans la suite, l’aumônier reconnaîtra ses torts et deviendra un prêtre indulgent et bienveillant.
Toute sa vie, la Mère a dû supporter des ennuis de santé : rhumatisme aigu, varices, maladie de foie… Dans le courant de 1887, un médecin constate une tumeur cancéreuse à l’estomac. Le 1er mai 1888, elle reçoit les derniers sacrements. Ses derniers jours sont particulièrement douloureux. Le 16 juin au soir, elle entre en agonie puis exhale paisiblement le dernier soupir après avoir murmuré : « Ciel… Ciel ! »
La Congrégation des Soeurs de Charité de la Sainte-Croix comptait à la mort de sa fondatrice 1658 religieuses travaillant dans plusieurs pays et réparties dans 434 établissements : écoles, orphelinats, crèches, garderies d’enfants, instituts pour sourds-muets, pour aveugles, pensions pour apprentis et étudiants pauvres, maisons d’accueil pour jeunes filles, hôpitaux, infirmières à domicile, maisons d’aliénés, asiles pour personnes âgées…
« Marie-Thérèse demeure pour nous un exemple, disait le Pape Jean-Paul II, lors de la béatification de la Mère. Sa force intérieure lui vient de sa vie spirituelle ; elle passe de nombreuses heures devant le Saint-Sacrement » . Dans son encyclique Ecclesia de Eucharistia, le Saint-Père affirme : « Tout engagement vers la sainteté… doit puiser dans le mystère eucharistique la force nécessaire… Dans l’Eucharistie, nous avons Jésus, nous avons son Sacrifice rédempteur, nous avons sa résurrection, nous avons le don de l’Esprit-Saint, nous avons l’adoration, l’obéissance et l’amour envers le Père… Sous les humbles espèces du pain et du vin, transsubstantiés en son Corps et en son Sang, le Christ marche avec nous, étant pour nous force et viatique, et il fait de nous, pour tous nos frères, des témoins d’espérance » (17 avril 2003).
En cette année de l’Eucharistie, consacrons du temps à adorer le Très Saint-Sacrement, et laissons-nous embraser par ce feu que Jésus est venu allumer sur la terre (cf. Lc 12, 49) pour attirer tous les hommes au Royaume du Ciel !
>