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20 Agosto 2015 fête de saint Bernard |
«Les mères transmettent souvent à leurs enfants le sens le plus profond de la pratique religieuse, disait le Pape François, le 7 janvier 2015 : dans les premières prières, dans les premiers gestes de dévotion quun enfant apprend est inscrite la valeur de la foi dans la vie dun être humain. Cest un message que les mères croyantes savent transmettre sans beaucoup dexplications : celles-ci arriveront après, mais la semence de la foi réside dans ces premiers, très précieux instants. » Sainte Joaquima de Vedruna a été une de ces mères de famille par lesquelles sest effectuée la transmission de la foi. Sa vie a comporté les joies de la maternité, la douleur de la viduité puis la consécration totale de la vie religieuse.
Joaquima de Vedruna est née à Barcelone, en Espagne, le 16 avril 1783, et, le jour même, elle recevait le Baptême. Ses parents, Llorenç de Vedruna, notaire à la Chancellerie royale de la ville, et Teresa Vidal auront huit enfants dont deux garçons ; lun deux, Ramon, deviendra membre de lAcadémie des belles-lettres. À cette époque, la Catalogne sest soumise, tant bien que mal, au centralisme instauré par les Bourbons, tandis que les Lumières françaises (cest-à-dire lesprit sceptique et rationaliste infusé par des philosophes comme Voltaire) commencent à pénétrer les esprits. La famille Vedruna, pour sa part, restera toujours profondément catholique.
Une demande ingénue
Lenfant se montre souvent très recueillie, et elle répond à sa mère qui lui demande le secret de ce recueillement : « Mon moyen est à la portée de tout le monde. Quand jarrache une mauvaise herbe dans le jardin, je demande au Bon Dieu darracher un défaut de mon cur. Quand je me sers dépingles pour faire de la dentelle, je vois les épines qui, à cause de mes péchés, ont percé la tête de Jésus
» À lâge de douze ans, elle perçoit un appel de Dieu à la vie religieuse. Les Vedruna ont coutume dassister à la Messe au couvent des Carmélites ; la fillette demande ingénument à la Prieure son admission au Carmel. Celle-ci lui répond doucement que son âge ne permet pas encore une telle démarche.
À la Chancellerie de Barcelone, travaille aux côtés de monsieur Vedruna un jeune avocat appelé Théodore de Mas, originaire de Vic, ville éloignée denviron 70 km. Une telle distance ne permet pas, à lépoque, des retours quotidiens à la maison. Llorenç de Vedruna ouvre donc sa maison au jeune homme. Théodore ne tarde pas à sentir un attrait pour la charmante Joaquima, à peine âgée de seize ans. Le père se réjouit à la pensée davoir un tel gendre, et il en parle bientôt à sa fille. Joaquima, bien que toujours attirée par la vie religieuse, voit dans le désir de son père lexpression de la volonté de Dieu sur elle. Les noces sont fixées au dimanche de Pâques, 24 mars 1799. Théodore conduit son épouse au foyer familial, mais la jeune Barcelonaise na pas lheur de plaire à ses beaux-parents, ce qui entraîne de grandes incompréhensions et des tensions qui ne satténueront quavec la venue au monde de leur première fille, Anne. Les naissances se succèdent ensuite : au total neuf enfants, deux garçons et sept filles, dont trois (un garçon et deux filles) mourront dans lenfance ; quatre filles embrasseront la vie religieuse.
« La joie davoir des enfants fait palpiter le cur des parents et rouvre lavenir, affirmait le Pape François, le 11 février 2015. Les enfants sont la joie de la famille et de la société. Ils ne sont pas un problème de biologie reproductive, ni lune des nombreuses façons de se réaliser soi-même. Ils ne sont pas davantage une possession des parents
Les enfants sont un don, ils sont un cadeau
Chacun dentre eux est unique et irremplaçable ; et ils sont en même temps incomparablement liés à leurs racines
Une société avare du don de la génération, qui naime pas sentourer denfants, qui les considère surtout comme une préoccupation, un poids, un risque, est également une société déprimée
Si une famille riche denfants est regardée comme si elle était un poids, il y a quelque chose qui ne va pas ! La génération des enfants doit être responsable, comme nous lenseigne aussi lencyclique Humanæ vitæ du bienheureux Paul VI, mais le choix davoir plus denfants nest pas automatiquement un choix irresponsable. Choisir de ne pas avoir denfants est un choix égoïste. La vie rajeunit et acquiert de lénergie en se multipliant : elle senrichit, elle ne sappauvrit pas ! Les enfants apprennent à soccuper de leur famille, ils mûrissent dans le partage de ses sacrifices, ils grandissent dans lappréciation de ses dons. Lexpérience heureuse de la fraternité anime le respect et le soin des parents, auxquels est due notre reconnaissance. »
Le xixe siècle espagnol est particulièrement troublé ; le pays est agité par des guerres continuelles, des tentatives révolutionnaires, des luttes acharnées pour le pouvoir. À la faveur du conflit familial qui atteint la maison régnante, Napoléon sempare de la péninsule. En 1808, Barcelone est occupée par larmée française, et la famille Vedruna se réfugie à la campagne. Théodore est enrôlé comme officier dans larmée espagnole, contre Napoléon. La paix revenue, la famille sinstalle à Barcelone où Théodore ouvre un cabinet de gestion. Sa santé se ressent des suites de la guerre, mais il travaille courageusement pour procurer aux siens le pain quotidien. Le 26 janvier 1816, il écrit à sa femme, qui se trouve à la ferme familiale : « Chère Joaquima, merci pour ta bonne lettre
Je suis heureux que toi et la petite vous trouviez bien
Moi, je désire que tu reviennes le plus tôt possible car les garçons me rendent fou : lun veut aller à la comédie, lautre aux petits bergers, et cest moi qui dois les y emmener
Les factures des clients ne sont pas réglées et jai honte de demander ce que lon me doit
Puissions-nous vivre beaucoup dannées pour jouir lun de lautre. Ton époux, Théodore, qui taime, éveillé, en dormant, en rêvant, en se reposant. »
« Je te choisis ! »
Deux mois plus tard, la tuberculose sempare de Théodore et lemporte au tombeau, en huit jours, le 6 mars 1816. Joaquima est accablée de douleur, mais elle puise dans la contemplation de Jésus crucifié une inébranlable confiance en Dieu le Père. La nuit même du décès de son époux, elle reçoit de Jésus cette parole : « Maintenant je te choisis pour épouse. » Elle sinstalle dans la ferme familiale du Mas Escorial à Vic, propriété héritée de son mari, et nhésite pas à sadonner aux tâches de la gestion dune exploitation agricole : soccuper des fermiers, soigner le bétail, cultiver les terres, payer les impôts, se défendre dans des procès
Au milieu de cette grande activité, elle prend de longs moments de prière qui la confortent dans son savoir-faire, sa douceur attentive envers ses enfants, et qui apaisent son cur blessé par le décès de son époux. Elle étend sa sollicitude à ses domestiques, veillant sur leurs besoins corporels et spirituels. On la voit mêlée à ses servantes pour balayer la maison et laver la vaisselle. Ainsi passent dix années de son veuvage (1816-1826).
« Les mères, disait le Pape François, le 7 janvier 2015, sont lantidote le plus fort à la diffusion de lindividualisme égoïste. Individu signifie qui ne peut pas se partager. Les mères, en revanche, se partagent, à partir du moment où elles portent un enfant pour le mettre au monde et lélever
Comme une mère souffre ! Ce sont elles qui témoignent de la beauté de la vie. Larchevêque Oscar Arnulfo Romero disait que les mères vivent un martyre maternel
Oui, être mère ne signifie pas seulement mettre au monde un fils, cest également un choix de vie
Le choix de vie dune mère est le choix de donner la vie. Et cela est grand, cela est beau. Une société sans mères serait une société inhumaine, parce que les mères savent témoigner toujours, même dans les pires moments, de la tendresse, du dévouement, de la force morale
Sans les mères, non seulement il ny aurait pas de nouveaux fidèles, mais la foi perdrait une bonne partie de sa chaleur simple et profonde. Et lÉglise est mère ; elle est notre mère ! Nous ne sommes pas orphelins, nous avons une mère !
Nous ne sommes pas orphelins, nous sommes fils de lÉglise, nous sommes fils de la Vierge, et nous sommes fils de nos mères. »
Le Seigneur veut autre chose
Jeune veuve de trente-trois ans, Joaquima fait impression sur la société mondaine de Vic, mais son unique attrait est de suivre lappel du Seigneur qui est devenu un trait de feu embrasant son cur, dautant que plusieurs de ses enfants sont déjà bien engagés dans la vie. Elle intensifie laccueil des pauvres, si nombreux à cette époque. Parfois, accompagnée de ses filles, elle se rend à lhôpital pour y soigner les malades ou pour les aider à bien mourir. Un jour de 1819, sa jument refuse de lui obéir et sarrête devant léglise des Capucins. Un religieux sapproche et lui dit : « Je vous attendais. » Il sagit du Frère Étienne, récemment chargé de prêcher à Vic et aux alentours. Ce capucin à la vie très austère devient son directeur spirituel. À loccasion de ses pérégrinations dans les villages de la Catalogne rurale, ce religieux missionnaire constate la pauvreté, labandon et la souffrance dans laquelle vivent les populations, ainsi que la nécessité urgente de quelque organisation stable qui leur offre une aide. De la rencontre des deux apôtres naît le projet de fondation dun nouveau type de congrégation religieuse apostolique qui réponde à ces nécessités. Laissant de côté ses aspirations à une vie cloîtrée, Joaquima sengage dans la fondation dun nouvel ordre féminin dinfirmières et de maîtresses décole vouées au service des pauvres. Elle explique : « Mon intention était dentrer au couvent mais il me semble que le Seigneur veut tout autre chose de moi : la formation de Surs qui embrassent tous les besoins des gens, en soignant les malades ou en instruisant les fillettes. »
En instituant lannée jubilaire de la Miséricorde, le Pape François exhorte les chrétiens à la pratique des uvres de miséricorde : « Jai un grand désir que le peuple chrétien réfléchisse durant le Jubilé sur les uvres de miséricorde corporelles et spirituelles
La prédication de Jésus nous dresse le tableau de ces uvres de miséricorde, pour que nous puissions comprendre si nous vivons, oui ou non, comme ses disciples. Redécouvrons les uvres de miséricorde corporelle : donner à manger aux affamés, donner à boire à ceux qui ont soif, vêtir ceux qui sont nus, accueillir les étrangers, assister les malades, visiter les prisonniers, ensevelir les morts. Et noublions pas les uvres de miséricorde spirituelle : conseiller ceux qui sont dans le doute, enseigner les ignorants, avertir les pécheurs, consoler les affligés, pardonner les offenses, supporter patiemment les personnes ennuyeuses, prier Dieu pour les vivants et pour les morts
Que les paroles de lApôtre nous accompagnent : celui qui pratique la miséricorde, quil ait le sourire (Rm 12, 8) ! » (Bulle dindiction du Jubilé extraordinaire de la Miséricorde, 11 avril 2015).
En préparation à sa mission de fondatrice, Joaquima pratique de longues heures doraison sans pourtant frustrer les siens de sa tendresse de mère, et sadonne tant aux uvres de charité quà de rudes pénitences. Elle manifeste un goût prononcé pour les prières liturgiques, dont elle pénètre la richesse et la saveur. Sa spiritualité sappuie également sur lexpérience profonde de lamour de Dieu Père, un amour que lhumanité de Jésus rend visible et que lEsprit inspire pour se mettre à la suite du Christ. Lâme de Joaquima se transforme et le Seigneur la gratifie de dons spirituels extraordinaires : extases, ravissements, lévitations
Ces phénomènes jalonneront le reste de son existence et auront, malgré le soin quelle mettra à les cacher, de nombreux témoins.
Incompréhensions et critiques
Au mois davril 1825, un nouvel évêque, Mgr Corcuera, arrive à Vic pour remplacer son prédécesseur qui avait été assassiné. Le prélat sintéresse au projet de Joaquima, pour insolite et novateur quil soit. Le 6 janvier 1826, au cours dune Messe, celle-ci prononce, à lâge de quarante deux ans, les trois vux religieux entre les mains du prélat. La plus jeune de ses filles na que onze ans ; cela lui vaut incompréhensions et critiques. En réalité, même engagée dans la vie religieuse, la fondatrice restera très proche de ses enfants. Bientôt un groupe de jeunes filles animées du même idéal se joint à elle. Ces filles dorigine modeste perçoivent lappel de Dieu à la vie religieuse, mais elles ne peuvent apporter aucune dot ; en conséquence, selon les dispositions du droit canonique de lépoque, elles nont pas la possibilité dentrer en religion. Dans sa pétition officielle à lévêque, en vue détablir la communauté, la fondatrice écrit : « Joaquima de Mas et de Vedruna aspire à travailler pour la gloire de Dieu et le bien du prochain, en sunissant à quelques âmes pauvres, enflammées de lamour de Dieu ; celles-ci, désireuses de devenir religieuses, mais nétant pas admises dans les couvents, ne pourraient autrement désaltérer leur amour pour Jésus. Cest pourquoi je supplie Votre Excellence
»
Joaquima ne construit aucun couvent : le manoir hérité de son mari sera le berceau de la nouvelle congrégation. Le 26 février 1826, au cours dune Messe chez les Capucins de la ville, linstitut est officiellement fondé et neuf jeunes filles sy engagent ; il est placé, à la demande de lévêque, sous le patronage de Notre-Dame du Mont-Carmel. En 1850, il sera définitivement approuvé sous le nom de Congrégation des Surs Carmélites de la Charité. Au manoir, qui est devenu leur noviciat, ces Carmélites apostoliques ouvrent une école pour les filles ; de plus, elles soffrent pour veiller les malades la nuit. Joaquima est une véritable mère pour ses compagnes qui, pour la plupart, sont plus jeunes que ses propres enfants. Frère Étienne, qui leur avait écrit une Règle tout empreinte de spiritualité franciscaine, meurt en 1828, et Joaquima doit assumer luvre naissante sans le soutien de ce si précieux guide spirituel. Très sensible à lamitié des prêtres quelle connaît, elle souffre lorsquils semblent loublier. Dans une lettre à la prieure dun couvent, elle écrit : « Vous direz à labbé Francesc que je ne sais sil est vivant ou mort ; moi, je ne puis pas loublier, mais lui, je pense que oui, car je nai pas reçu un seul petit mot de lui. Enfin transmettez-lui mon souvenir. »
« Tranquillisez-la ! »
À cette époque, la population du pays est largement analphabète et linstruction est donnée surtout aux hommes. Joaquima sadresse aux mairies pour obtenir la protection de la loi et louverture de locaux destinés à lenseignement des filles. Ses disciples sont les premières religieuses consacrées à lenseignement en Espagne. La Mère ne veut pas de châtiments corporels dans ses écoles, et elle transforme le dicton : La lettre entre avec la punition, en : La lettre nentre pas avec la punition mais avec laffection. Elle recommande à ses religieuses : « Ne permettez pas quune élève quitte lécole mécontente et irritée. Sil a fallu vous fâcher contre lune delles pendant la classe, tranquillisez-la avant la sortie et faites-lui sentir que vous laimez beaucoup. » Pour que ses religieuses puissent sadonner à des tâches fort exigeantes, elles ont besoin dune santé robuste et la fondatrice leur affirme : « Je désire vous voir toutes contentes, mangeant de bon appétit et vous reposant bien la nuit. Oui, soyez joyeuses, Jésus se plaît à habiter dans le cur dune religieuse qui accepte tout avec une sainte allégresse. » Dans une lettre à une maîtresse des novices, Joaquima écrit : « Puisque parmi les novices il y en a qui sont timorées, ces peurs doivent cesser. Quelles sappliquent à faire toujours ce que Dieu veut quelles fassent ! »
À la faveur de nouvelles lois qui protègent la bienfaisance, Joaquima et ses filles peuvent offrir leurs services dans les hôpitaux municipaux. En tant que fille et épouse dhommes de loi, elle sait mettre à profit la législation en vigueur pour venir en aide aux pauvres, ses protégés. Limpact de luvre sur les administrations communales et sur les populations saccroît au point que les vocations affluent, et que, de toutes les villes, on demande les services des Carmélites de la Charité. Toutefois, alors que la congrégation na que sept ans dexistence, la première guerre carliste (1833-1839) occasionne la fermeture de presque toutes les maisons ainsi que lincarcération de Joaquima. Elle est en effet traitée en ennemie de lÉtat vainqueur, car un de ses fils sest enrôlé dans les milices carlistes (monarchistes légitimistes, partisans de Don Carlos, opposés à la monarchie libérale de Madrid). Après une rude persécution et un court passage en prison, elle doit finalement sexiler en France, où la ville de Perpignan laccueille pour un séjour qui durera trois ans (1840-1843). De là, elle peut cependant maintenir des échanges épistolaires avec ses communautés épargnées par le gouvernement. La vie dans la capitale du Roussillon nest pas facile ; installées dans un appartement trop étroit où elles survivent au moyen de quelques menus travaux, les quinze Surs et la Supérieure verront la mort de trois dentre elles. La fondatrice écrit à sa suppléante auprès des communautés espagnoles : « Malgré tout ce que je suis en train de vivre, ce que jai déjà vécu et tout ce que je vois, Dieu me soutient toujours en me donnant courage pour que je ne succombe pas complètement. Cest ainsi, ma fille, que je puis affirmer que dans le chemin de croix, celui qui porte tout, cest Jésus. Amen ! En avant ! » Les circonstances si variées, imprévues et déconcertantes de sa vie ont enseigné à Joaquima que labandon entre les mains de Dieu permet de tout traverser. Son dynamisme apostolique reste imprégné de vie contemplative. Dans ses multiples occupations, elle demeure étroitement unie à Dieu ; sa devise pourrait être : Laction par la contemplation.
Un inestimable réconfort
De retour à Vic, en 1843, Joaquima éprouve lhostilité de lévêque à son égard à cause des sympathies carlistes de son fils, dont elle nest dailleurs pas responsable. Elle accepte en silence cette injustice. Heureusement, la rencontre de saint Antoine-Marie Claret lui apporte un inestimable réconfort. Cet apôtre prend en main la défense des Surs, à la manière dun père et dun frère. Il soutient la fondatrice de tout son pouvoir, notamment pour la formation des novices, et lui propose un remodelage de la règle primitive, qui savérera extrêmement fructueux. Un nouveau noviciat est ouvert (il avait été fermé en 1840). Après le décès du Père Claret, les Missionnaires clarétains, ses fils spirituels, continueront laide fraternelle apportée aux religieuses. Malgré les nombreux problèmes posés par la guerre civile, linstitut se développe, dabord en Catalogne, puis dans toute lEspagne et jusquen Amérique du Sud. Entre 1843 et 1853, Mère Joaquima établit dix-neuf communautés destinées à tenir écoles publiques et hôpitaux municipaux.
Épuisées par tant de dévouement, les forces de la Mère diminuent. En 1849, elle a déjà été victime dun accident vasculaire cérébral. Assise dans une chaise roulante, elle assiste à lépanouissement constant de son uvre entre les mains de celle qui doit lui succéder. Le matin du 28 août 1854, à Barcelone où elle sétait installée à la fin de 1852, elle est victime dune attaque dapoplexie. Lépidémie du choléra lemporte ce même jour vers trois heures de laprès-midi, à lâge de soixante et onze ans ; le fléau de cette maladie fera quatre cents victimes dans la Maison de la Charité quelle-même a fondée. Joaquima de Vedruna, veuve, laisse six enfants en vie, onze petits-enfants et un institut qui compte 150 surs réparties en trente communautés. Béatifiée par Pie XII le 19 mai 1940, elle a été canonisée le 12 avril 1959 par saint Jean XXIII. Sous le manteau de Notre-Dame du Mont-Carmel, les Tertiaires Carmélites de la Charité-Vedruna continuent aujourdhui encore leur inlassable dévouement au service des peuples. Elles sont actuellement plus de 2500 religieuses, exerçant leur mission dans vingt-six pays sur quatre continents.
Sainte Joaquima nous rappelle que nous pouvons nous sanctifier quel que soit notre état de vie et correspondre aux vues du Seigneur « qui appelle » ; elle montre que la vie de sacrifices, éclairée par lhumilité et la prière, est un court chemin vers le Ciel. Mettons à profit son enseignement dans notre vie.