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3 Setembro 2014 fête de saint Grégoire le Grand |
Le 3 septembre 2000, saint Jean-Paul II béatifiait Guillaume Chaminade, fondateur des Marianistes; dans son homélie, le Pape précisait: «Cette béatification, durant lannée jubilaire, rappelle aux fidèles quil leur appartient dinventer sans cesse des manières nouvelles dêtre témoins de la foi, notamment pour rejoindre ceux qui sont loin de lÉglise et qui nont pas les moyens habituels de connaître le Christ.» Le bienheureux était, en effet, déjà préoccupé par lévangélisation des périphéries à laquelle nous convie le Pape François.
Treizième enfant de parents vivant dans une modeste aisance (le père est vitrier et drapier), Guillaume Chaminade est né à Périgueux en 1761. Dès quil le peut, il accompagne sa mère à la cathédrale voisine, où il prie avec ferveur. À lâge de dix ans, au moment de recevoir le sacrement de Confirmation, il décide dajouter à son prénom de Baptême celui de Joseph, lhomme qui, après Jésus, est le plus proche de Marie. Guillaume-Joseph part étudier au collège Saint-Charles de Mussidan, où ses deux frères, déjà prêtres, exercent des responsabilités. Vers cette époque, il se blesse grièvement au pied. Après deux mois dun traitement inefficace, il fait vu, sil guérit, daller en pèlerinage à Notre-Dame de Verdelais, un sanctuaire proche de Bordeaux. Bientôt Guillaume-Joseph se trouve suffisamment guéri pour faire à pied ce trajet de 80 km (le sanctuaire de Verdelais est aujourdhui desservi par les Marianistes, ses fils spirituels). Après sa scolarité, Guillaume-Joseph passe deux ans à Bordeaux. À la recherche de sa vocation, il visite une douzaine de monastères, mais ne trouve en aucun deux le recueillement désiré; à cette époque, de nombreux religieux sont relâchés et contaminés par lesprit sceptique du siècle des Lumières. Il se rend à Paris au séminaire de Saint-Sulpice. Ordonné prêtre en 1785, et devenu docteur en théologie, il revient avec joie au collège Saint-Charles dirigé par ses deux frères Jean-Baptiste et Louis. La dévotion envers la bienheureuse Vierge Marie, honorée spécialement sous le vocable de lImmaculée Conception, y est en honneur.
«Courez vite!»
En août 1790, à Paris, lAssemblée nationale vote la Constitution civile du clergé, qui met lÉglise de France en état de schisme. Lannée suivante, Louis et Guillaume Chaminade refusent de prêter le serment de fidélité à cette Constitution civile, exigé par une loi (leur frère, Jean-Baptiste, est mort de maladie en janvier 1790). Confisqué et laïcisé, le collège de Mussidan se vide rapidement de ses effectifs. Guillaume se rend alors à Bordeaux pour y poursuivre un apostolat discret de prêtre non-jureur, cest-à-dire réfractaire au serment schismatique. Il y achète une propriété à la périphérie de la ville, appelée Saint-Laurent. En 1792, les prêtres non-jureurs sont bannis de France. Guillaume continue cependant son activité, au risque dêtre arrêté et condamné à mort; en pleine période de la Terreur (1793-1794), il circule dans la ville, dissimulé sous un costume et avec un attirail de rétameur ou de chaudronnier. Il célèbre la Messe en secret, dans des maisons privées. Un jour, il est interpellé par des patriotes armés: «Citoyen! Nas-tu pas vu le calotin Chaminade passer par là? On nous la dénoncé. Il ne doit pas être loin! En effet, répond-il de la mine la plus placide, courez, courez vite pour le rattraper!»
En 1795, après la chute de Robespierre, une accalmie de la persécution permet aux prêtres fidèles de sortir de la clandestinité. Guillaume-Joseph ouvre un oratoire rue Sainte-Eulalie; il est chargé, en tant que Pénitencier des diocèses de Bordeaux et Bazas, de recevoir et dabsoudre les prêtres jureurs repentants. En deux ans, il en réconciliera une cinquantaine. Mais bientôt, le gouvernement du Directoire ayant remis en vigueur les lois contre les prêtres réfractaires, labbé Chaminade reprend son ministère clandestin. Le 18 fructidor an V (septembre 1797), à Paris, un coup dÉtat donne le pouvoir aux révolutionnaires les plus intransigeants. Guillaume-Joseph émigre à Saragosse, en Espagne. Là, il prend connaissance du projet dun ancien élève de Saint-Charles, Bernard Daries, réfugié à Tolède: ce laïc rêve de fonder, sous le nom de Société de Marie, une congrégation vouée à faire connaître et aimer la Mère de Dieu, afin de reconquérir au Christ, par sa Mère, tant dâmes qui lont abandonné. Une consécration à la Vierge Immaculée sera demandée aux adhérents. Le projet de Bernard Daries (qui mourra dès 1799) intéresse vivement labbé Chaminade. Devant lautel de Notre-Dame du Pilier (del Pilar), à Saragosse, il promet à Marie de tout faire pour commencer cette uvre.
En novembre, Bonaparte sempare du pouvoir et inaugure une politique dapaisement sur le plan religieux. Un décret consulaire permet bientôt aux prêtres exilés de rentrer en France; labbé Chaminade regagne Bordeaux où il loue une maison et ouvre une chapelle sommairement aménagée dans la plus grande pièce. Le 8 décembre 1800, il fonde avec quelques hommes, prêtres et laïcs, la congrégation de Notre-Dame, association dont les membres promettent dhonorer la Sainte Vierge sous le vocable de lImmaculée Conception. Lors de la signature dun concordat entre Napoléon et le Pape Pie VII (décembre 1801), la congrégation compte déjà une centaine de membres. On déménage pour sinstaller dans des locaux plus vastes, tout en restant discrets, pour ne pas éveiller les soupçons de la police.
En ces temps difficiles où toute la vie religieuse en France est à reconstruire, labbé Chaminade veut unir toutes les catégories sociales en une congrégation unique pour augmenter son efficacité apostolique. En son sein, on distinguera des ensembles homogènes: les jeunes gens, les jeunes filles, les hommes dâge mûr, les différents corps de métier. Des responsables sont institués, chargés les uns du chant sacré, dautres de la sacristie, des affaires matérielles, etc. En mars 1801, est constitué le rameau féminin de la congrégation, autour de Marie-Thérèse de Lamourous, une célibataire. La consécration demandée aux congréganistes est un contrat entre le fidèle et la Vierge Marie. Le chrétien sengage à rendre à Marie le culte qui lui est dû, selon les modalités prescrites par les règlements de la congrégation. Il récitera le Petit Office de lImmaculée Conception et sefforcera dhonorer Notre-Dame dans tous les actes de sa vie. Il sait quen retour la Vierge lui assurera son concours maternel en toutes circonstances. Cest une reconnaissance solennelle de la maternité de Marie sur chaque chrétien. Mais Guillaume Chaminade ne sépare jamais Marie de Jésus: la Mère de Dieu nous conduit à son divin Fils.
«Rejoindre les périphéries»
Dès son retour en France, labbé Chaminade avait sollicité et obtenu du Pape le titre de Missionnaire apostolique. Il se considérera toujours comme un apôtre chargé de gagner au Christ les hommes qui sont les plus éloignés de Lui. Des jeunes gens sans formation chrétienne suivent, à titre de prétendants, une sorte de catéchuménat qui les préparera à se confesser et à communier; ils pourront alors devenir congréganistes.
Comme, en son temps, le bienheureux Chaminade, le Pape François a souvent évoqué lurgence pour lÉglise dannoncer lÉvangile dans les périphéries, cest-à-dire dans les milieux sociaux les plus éloignés. Dans lexhortation apostolique Evangelii gaudium, du 24 novembre 2013, il écrit: «Lévangélisation obéit au mandat missionnaire de Jésus: Allez donc! De toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit (Mt 28, 19-20)... Tout chrétien et toute communauté discernera quel est le chemin que le Seigneur demande, mais nous sommes tous invités à accepter cet appel: sortir de son propre confort et avoir le courage de rejoindre toutes les périphéries qui ont besoin de la lumière de lÉvangile... Chaque Église particulière, portion de lÉglise Catholique sous la conduite de son évêque, est, elle aussi, appelée à la conversion missionnaire... Sa joie de communiquer Jésus-Christ sexprime tant dans sa préoccupation de lannoncer en dautres lieux qui en ont plus besoin, quen une constante sortie vers les périphéries de son propre territoire ou vers de nouveaux milieux sociaux-culturels. Elle semploie à être toujours là où manquent le plus la lumière et la vie du Ressuscité» (n. 19 et 30).
Réglée par la foi
Le nouvel archevêque de Bordeaux, Mgr dAviau, se félicite de trouver luvre déjà prospère de la congrégation de Notre-Dame, à laquelle il confie la chapelle de la Madeleine, au cur de la ville. Le fondateur habite sur place; à quarante-trois ans (en 1804), il est déjà considéré par tous comme un saint. Affable, simple, dune élocution un peu embarrassée mais porteuse dune très riche doctrine, il donne lexemple dun homme entièrement adonné aux choses de Dieu. Il ramène tout aux enseignements de la foi, sa vertu de prédilection: pensées, résolutions, conseils, actions; la vie tout entière doit être réglée par la foi, selon cette parole de saint Paul: Le juste vit de la foi (Rm 1, 17).
Les années 1806 à 1809 sont fécondes; labbé Chaminade patronne le retour à Bordeaux des Frères des Écoles Chrétiennes vers lesquels il dirige maintes vocations. De nombreuses jeunes filles congréganistes entrent dans la vie religieuse. Cependant, les épreuves ne manquent pas: décès prématuré du frère de Guillaume-Joseph, Louis-Xavier, ennuis de santé du fondateur lui-même, difficultés matérielles consécutives à la guerre européenne menée par Napoléon, conséquences du conflit entre lempereur et le Pape... Une perquisition de police a lieu en novembre 1809 chez le fondateur, accusé à tort de complot royaliste. Interdite le 24 novembre, la congrégation poursuit néanmoins ses activités dans la plus grande discrétion. Des jeunes filles de la congrégation sengagent par des vux privés et portent un habit religieux sous leurs vêtements civils. En 1814, la défaite et labdication de Napoléon rendent la liberté à la congrégation; mais son fondateur sera arrêté et incarcéré en 1815 pendant les Cent-Jours, éphémère retour au pouvoir de Napoléon.
Le sel de la terre
Après sa libération, un des premiers soins de labbé Chaminade est de fonder en 1816, à Agen, un couvent ardemment désiré depuis 1809 par quelques jeunes filles réunies par Adèle de Trenquelléon. Les postulantes ny prononcent pas de vux religieux; elles ne sont donc pas considérées comme religieuses, ni tenues à porter lhabit religieux. Lévêque dAgen, qui souhaite les utiliser pour des apostolats extérieurs, se satisfait de ce compromis; mais labbé Chaminade est convaincu de la valeur irremplaçable de létat religieux dans lÉglise et de la nécessité des vux publics, qui manifestent la consécration totale à Dieu. «La vie religieuse, explique-t-il, est au christianisme ce que le christianisme est à lhumanité. Sans les religieux, lÉvangile naurait nulle part une application complète dans la société humaine.» En 1817, il convainc lévêque, qui autorise alors les Filles de Marie à prononcer des vux, en toute discrétion.
Dans lExhortation apostolique Vita consecrata, saint Jean-Paul II écrivait: «Au-delà des estimations superficielles en fonction de lutilité, la vie consacrée est importante précisément parce quelle est surabondance de gratuité et damour, et elle lest dautant plus que ce monde risque dêtre étouffé par le tourbillon de léphémère. Sans ce signe concret, la charité de lensemble de lÉglise risquerait de se refroidir, le paradoxe salvifique de lÉvangile de sémousser, le sel de la foi de se diluer dans un monde en voie de sécularisation. La vie de lÉglise et la société elle-même ont besoin de personnes capables de se consacrer totalement à Dieu et aux autres pour lamour de Dieu. Quen serait-il du monde, sil ny avait les religieux? (sainte Thérèse dAvila, Vie par elle-même, ch. 32)» (Vita consecrata, 25 mars 1996, n. 105).
En 1817, un congréganiste de vingt-et-un ans, Jean-Baptiste Lalanne, confie au fondateur son intention de devenir religieux. Labbé Chaminade acquiesce avec prudence: «Faisons donc une association religieuse par les trois vux de religion, mais sans nom, sans costume distinctif, sans existence civile. Et mettons le tout sous la protection de Marie Immaculée à qui son divin Fils a réservé la dernière victoire sur lenfer.» Le 2 octobre 1817, cinq jeunes gens font entre ses mains des vux temporaires. Ce jour-là, la Société de Marie est née: on ne lappelle encore que la Petite Société. Les nouveaux religieux sinstallent dans une maison attenante à la chapelle de la Madeleine.
Parmi les uvres issues de la congrégation bordelaise à cette époque, il faut citer, à partir de 1820, celle des Bons Livres. Il sagissait de répondre à linvasion de libelles antireligieux et licencieux, caractéristique de lépoque, par la diffusion très large, en prêt, au moyen de bibliothèques roulantes, des livres catholiques. Pendant lannée 1826, 800 000 ouvrages seront ainsi diffusés. Les congréganistes prennent également en charge la visite des prisonniers; ils soccupent des petits ramoneurs auvergnats, assurant à ces enfants exploités et menacés dans leur vertu les secours spirituels et matériels nécessaires. La congrégation, qui fait tache dhuile depuis Bordeaux, sadapte avec souplesse à toutes les missions dévangélisation et déducation.
Comme la Croix
Les critiques contre luvre de labbé Chaminade ne manquent pas. On sétonne de cet Ordre religieux où se trouvent sur un pied dégalité prêtres et laïcs. Le fondateur sautorise pour cela de la Règle de saint Benoît, qui naccorde pas aux prêtres une préséance particulière sur les autres moines. En octobre 1821, est ouvert à Saint-Laurent, dans une grande pauvreté matérielle, le premier noviciat de la Société de Marie, destiné aux ouvriers et aux paysans. Deux autres noviciats vont bientôt souvrir à Bordeaux, lun pour les étudiants et lautre pour les religieuses; labbé Chaminade transmet aux novices son enthousiasme missionnaire et insiste sur les dispositions intérieures qui sont indispensables chez les postulants. Ceux-ci peuvent avoir de grands défauts, mais lessentiel est «la formation de la volonté par la foi et la charité... Un religieux qui nest pas spirituel est une chimère et un fantôme». Il insiste sur le renoncement à soi-même: «Létat religieux est une croix qui ressemble à la croix de Jésus-Christ, formée aussi de deux pièces aussi dures que le bois, de la pénitence, objet des vux de pauvreté et de chasteté, et de lobéissance, objet du troisième vu.»
Le fondateur a compris que léducation de la jeunesse est une priorité. Des écoles gratuites souvrent pour les garçons et pour les filles. Le succès est immédiat et la demande très grande. La plupart des instituteurs des écoles de garçons sont des Frères non prêtres. Dès 1821, la Société essaime dans lest de la France, à Saint-Remy, en Franche-Comté. Là, les religieux reçoivent des instituteurs de campagne laïcs pour des retraites de quinze jours; bientôt, un collège secondaire et une école normale dinstituteurs, puis des écoles professionnelles y sont ouverts. Lengagement des Frères et des religieuses dans lenseignement, alors monopole dÉtat, amène le fondateur à demander lapprobation légale de ses instituts. Aucun institut religieux, en dehors de quelques petites sociétés de frères instituteurs, na encore été approuvé depuis la Révolution. Dans le contexte plus favorable de la Restauration, le fondateur obtient cette approbation en 1825. À travers ses diverses uvres, linstitut naura dautre fin ultime que «denseigner à tous les hommes la science du Salut». La reconnaissance légale des Filles de Marie intervient deux mois plus tard.
À lheure où les milieux hostiles au christianisme rêvent de former une jeunesse sans Dieu, labbé Chaminade sefforce de créer partout des écoles normales dinstituteurs, la formation de bons maîtres chrétiens étant pour lui une priorité absolue.
Le Catéchisme de lÉglise Catholique de 1992 a réaffirmé le droit naturel des parents à choisir lécole de leurs enfants: «Premiers responsables de léducation de leurs enfants, les parents ont le droit de choisir pour eux une école qui corresponde à leur propres convictions. Ce droit est fondamental. Les parents ont, autant que possible, le devoir de choisir les écoles qui les assisteront au mieux dans leur tâche déducateurs chrétiens. Les pouvoirs publics ont le devoir de garantir ce droit des parents et dassurer les conditions réelles de son exercice» (CEC 2229).
Juillet 1830: à Paris, une émeute vient de renverser le roi Charles X; cette révolution politique saccompagne de violences anticléricales. Guillaume-Joseph Chami-nade attend calmement les événements: «Je nai dautre politique que celle de recourir tous les jours à la Sainte Vierge.» En février 1831, des émeutiers essaient denfoncer les portes de la maison de la Madeleine avec des barres de fer; une autre troupe jette des pierres sur le noviciat de Saint-Laurent; menacé, le fondateur des Marianistes doit reprendre des habits civils comme en 1793 et se réfugier à Agen; il y restera cinq ans. Il transplante les noviciats de ses deux instituts dans cette ville moins agitée que Bordeaux.
Au nom de la laïcité de lenseignement, le régime de Louis-Philippe retire les subsides accordés aux écoles normales catholiques; celles-ci sont dès lors menacées dans leur existence même. Plus graves encore sont les difficultés internes qui surviennent dans la Société de Marie. On accuse labbé Chaminade dincompétence et dimprudence dans sa gestion financière. Les constitutions quil a élaborées pour la Société sont rejetées par certains de ses collaborateurs de la première heure, en particulier le Père Lalanne, supérieur de Saint-Remy en Haute-Saône, un homme intelligent mais individualiste et brouillon. Des membres de la Société se font relever de leurs vux. Larchevêque de Bordeaux et lévêque dAgen eux-mêmes sont peu favorables au fondateur; le second lui interdit même, en 1832, laccès à la maison de ses religieuses.
Un rejet douloureux
À partir de 1834, à la faveur de la paix retrouvée, labbé Chaminade reprend la rédaction des Constitutions de la Société de Marie. En 1839, il reçoit du Pape un décret de louange des deux instituts, masculin et féminin. Devenu octogénaire, il pense à sa succession à la tête de la Société. Mais les longues intrigues dun jeune religieux ambitieux dressent les trois assistants contre le fondateur. Un mémoire envoyé au Saint-Siège aboutit en 1845 à léviction de celui-ci, et son successeur lui interdit toute activité à lintérieur de linstitut. Les dernières années de Guillaume-Joseph Chaminade sont marquées par le sentiment douloureux davoir été rejeté de la Société quil a fondée. Le 6 janvier 1850, une crise dapoplexie le prive de la parole. Par gestes, il témoigne, les jours suivants, du pardon accordé pour les offenses subies, et de son obéissance à son supérieur. Le 22 janvier, le crucifix à la main, Guillaume-Joseph rejoint au Ciel le Dieu à qui il na jamais rien refusé. Vingt ans plus tard, les religieux de la Société de Marie, quon appellera bientôt Marianistes seront déjà plus dun millier, répandus sur quatre continents. Les Marianistes ne doivent pas être confondus avec les Maristes, membres dun institut fondé en 1816 par labbé Jean-Claude Colin.
En béatifiant Guillaume-Joseph Chaminade, saint Jean-Paul II a résumé ainsi son message: «Il invite chaque chrétien à senraciner dans son Baptême, qui le conforme au Seigneur Jésus et lui communique lEsprit Saint... Son attachement filial à Marie la maintenu dans la paix intérieure en toute circonstance, laidant à faire la volonté du Christ. Son souci de léducation humaine, morale et religieuse, est pour toute lÉglise un appel à une attention renouvelée pour la jeunesse, qui a besoin tout à la fois déducateurs et de témoins pour se tourner vers le Seigneur et prendre sa part dans la mission de lÉglise.»
Labbé Chaminade aimait à dire: «Quel puissant moyen pour parvenir à la ressemblance de Jésus-Christ, que davoir pour Mère la Mère même de Jésus-Christ!» À sa suite, consacrons-nous sans réserve à Marie, pour quelle nous obtienne la grâce de faire tout ce que son Fils nous inspirera.