Eglise Notre-Dame de Dijon
Verrière des litanies de la Vierge
Vitrail de la Nativité

L'âne | Mais le bœuf, lui, |
Marie est allongée sur sa couche, | Là, Joseph, appuyé sur son bâton de marcheur, |

Il dort, mais son cœur veille (Ct 5,2), attentif à écouter* ce que le Seigneur, l’Invisible,
lui dit en songe, lui parlant ainsi comme il a coutume de le faire avec
ses prophètes. [On lit en effet dans le livre des Nombres (12,6) :
«S’il y parmi vous un prophète, c’est en vision que je me révèle à lui,
c’est dans un songe que je lui parle ».]
Au fiat de Marie
(Lc 1, 38) répond d’ailleurs, sans un mot, la docilité parfaite de
Joseph à tout ce qui lui est demandé : «Joseph fit comme l’ange du
Seigneur lui avait prescrit » (Mt 1,24, voir aussi Mt 2,14.21). Qui
ignore Joseph n’est pas entré pleinement dans le mystère de la Nativité.
Pour lui rendre justice, le sous-titre de l’image devrait être :
A Marie, l’ange a dit : «Réjouis-toi, ton fils sera grand. »
A Joseph, l’ange de Dieu dit : «Ne crains pas, fils de David. »
Marie est choisie pour sa descendance,
Joseph pour ses origines.
Marie ouvre l’avenir.
Joseph totalise la longue attente d’Israël et les promesses de Dieu.
Le fils de Marie «recevra de Dieu le trône de David ».
Joseph, «fils de David », donnera son nom au fils de Marie : Jésus.
L’une donne sa chair d’homme au Fils de Dieu.
L’autre lui donne son nom. Et ce nom est une mission :
«Tu lui donneras le nom de Jésus : le-Seigneur-sauve. »
Marie peut se réjouir :
en elle s’accomplit toute la promesse de Dieu, au-delà de toute espérance.
Joseph ne doit pas craindre : cette mission sera rude, mais il ne sera pas seul.
Dans ces deux annonciations,
dans le drame de confiance que vit ce couple,
se joue toute l’aventure du salut. »
Pierre Calimé, prêtre du diocèse d’Autun,
Dans Prions en Eglise de mars 2012, p. 289
– * «Certains textes mystiques placent la perception auditive au-dessus de la vue. […] Voir Ac 26, 13-14 (Paul sur son chemin de Damas). Ainsi encore Philostrate […] (“non seulement voir les sources du Nil, mais l’entendre bruire à son jaillissement”). Dans Cicéron […] la vision cède à un certain moment le pas à l’expérience d’un son divin qui dépasse toute perception visuelle (avec également une allusion aux sources du Nil). L’épisode d’Elie qui rencontre Dieu, par-delà tous les sens secoués, dans “la voix d’un silence pénétrant” (1R 19,12) place l’audition au-dessus de tout, avec en outre un paradoxe sublime, un oxymoron1 des plus célèbres, puisqu’il s’agit de la “voix du silence”. » (Dom Benoît Standaert, Evangile selon Marc — Commentaire, Etudes Bibliques, Nouvelle série n° 61, Paris 2010, p.925 [tome 3] : voir aussi des remarques de même sens dans son commentaire de la Transfiguration, p.661 [tome 2]). Ainsi Joseph, homme de l’écoute et du silence, a lui aussi quelque chose de capital à nous faire percevoir.
[1 Oxymoron : forme d’antithèse paradoxale articulant entre eux deux termes théoriquement incompatibles.]
Texte : Pierre AUFFRET, p.s.s.
Photo et mise en page : Christian BAUD,
tous deux prêtres du diocèse de DIJON