1 mars 2001
Vble pauline Jaricot
Bien chers Amis de l’abbaye Saint-Joseph,
Printemps 1805. Au lendemain de la Révolution française, le Pape Pie VII, regagnant Rome après avoir couronné Napoléon à Paris, fait halte à Lyon. Antoine Jaricot, négociant en soie dans cette ville, en profite pour placer sa famille sur le passage du Pontife, implorant une bénédiction particulière. Pie VII pose ses mains sur la tête de la petite Pauline. Bénie par le Vicaire du Christ, cette enfant se distinguera très tôt par son amour pour Jésus et sa tendresse pour tous les malheureux.
Pauline Jaricot est née le 22 juillet 1799 à Lyon. Ses parents, Antoine Jaricot et Jeanne Lattier sont profondément chrétiens. Pauline écrira plus tard: «Heureux ceux qui ont reçu de leurs parents les premières semences de la foi. Soyez béni, Seigneur, de m’avoir donné un homme juste pour père, et pour mère une femme pleine de vertu et de charité». Six enfants forment déjà la couronne de cette famille, lorsque Pauline vient au monde.
Dans la cour de la maison familiale se trouve un puits profond. Un jour que sa mère vient de puiser un plein seau d’eau, Pauline, âgée de sept ans, s’inquiète: «Dis, maman, est-ce qu’il reste encore de l’eau dans le puits? – Mais oui, la source ne diminue pas. – Oh! que je voudrais avoir un puits d’or pour en donner à tous les malheureux, afin qu’il n’y ait plus du tout de pauvres et que personne ne pleure plus». À l’âge de dix ans, l’enfant est mise dans un pensionnat. «J’eus le malheur, reconnaîtra-t-elle, de me lier avec une compagne qui, n’ayant ni la candeur ni la simplicité de son âge, connaissait déjà les calculs et les artifices de la coquetterie. Elle me racontait toutes les «conquêtes» qu’elle croyait avoir réussies sur les coeurs». D’abord effrayée et troublée, Pauline sent bientôt naître et grandir en elle le besoin de plaire et d’être aimée. Heureusement, à l’approche de sa première Communion, elle se sépare de sa compagne douteuse: «Jésus-Christ triompha alors dans mon coeur, écrit-elle, et quand il fût décidé que je Le recevrais bientôt, je ne pensais plus qu’à Lui préparer une demeure qui ne fût pas trop indigne de Lui». Après un long examen de conscience, elle fait une bonne confession, puis reçoit Jésus-Hostie avec une immense joie. Le même jour, elle est fortifiée par le sacrement de Confirmation. Cependant, la belle société la tente encore. Elle apprécie les tenues élégantes et écoute avec complaisance les flatteries.
Un jour, Pauline tombe d’un escabeau; il s’ensuit une maladie étrange: elle marche comme une personne ivre, l’air égaré, et perd entièrement la parole. Sa mère, qui la veille jour et nuit, tombe elle-même gravement malade, puis meurt, loin de Pauline, le 26 novembre 1814, en offrant sa vie à Dieu pour sa fille. Cette mort est assez longtemps cachée à celle-ci pour qu’elle puisse recouvrer la santé. Avec la convalescence, Pauline retrouve son désir de plaire: parmi les jeunes filles de son milieu, elle se distingue comme la plus élégante. Pourtant, elle n’est pas heureuse: «Mon coeur éprouvait une soif ardente que rien ne calmait, parce que ce pauvre coeur, toujours esclave de la créature, ne trouvait qu’un vide infini dans une affection périssable, et une torture inouïe dans ses résistances à l’appel divin».
L’illusion de la vanité
Un des derniers dimanches du Carême 1816, un prêtre de grande vertu, l’abbé Jean Wendel Würtz, vicaire à la paroisse Saint-Nizier de Lyon, donne le sermon. Pauline est venue l’entendre, vêtue de sa belle robe de printemps. Les paroles du prédicateur sur les dangers et les illusions de la vanité mondaine conquièrent la jeune fille. Elle se reconnaît dans chaque détail du sermon. L’office terminé, elle se rend à la sacristie et s’ouvre à l’homme de Dieu. Après une confession générale, la pénitente, radieuse et baignée de larmes, est radicalement changée. Elle s’habille avec une robe violette très ordinaire, un bonnet blanc sur la tête. Mais, écrira-t-elle, «il m’était si terrible de briser avec mes habitudes de luxe et d’élégance que, les premiers mois de ma conversion, je souffrais cruellement quand je me montrais en public avec mon costume ridicule. J’évitais alors de regarder les jolies robes de mes amies; car ces choses avaient encore pour moi un si grand attrait, que jamais je n’aurais pu vaincre cette vanité, si je l’eusse ménagée».
L’âme purifiée, Pauline entend clairement l’appel à une vie plus parfaite. Elle s’adonne avec ferveur à la prière et à la pénitence, visite les pauvres et les malades dont elle panse avec beaucoup de délicatesse les plus répugnants ulcères. Elle organise un petit atelier de fabrication de fleurs artificielles, pour jeunes filles sans emploi. Dans la nuit de Noël, à la chapelle de Fourvière, Pauline se place devant l’autel de la Vierge Noire et offre sa vie à Dieu par le voeu de virginité perpétuelle. Gratifiée de nombreuses grâces célestes et douée d’un haut degré de contemplation et d’intimité avec le Seigneur, elle entend l’appel de Dieu à se consacrer au service des autres. Au contact du Christ dans la Sainte Eucharistie, des lumières profondes sur le mystère du Rédempteur lui sont communiquées; elle désire les transmettre à d’autres âmes. De fait, de pieuses filles, ouvrières ou domestiques, partageant son désir de faire réparation au Coeur de Jésus, inconnu et méprisé, se groupent autour d’elle.
La Propagation de la Foi
Les bouleversements de la Révolution ont tari les ressources et le recrutement des congrégations missionnaires. À la lecture des Bulletins des Missions Étrangères, Pauline s’émeut de la situation et commence à recueillir quelques aumônes pour les Missions. Après avoir prié et réfléchi, elle reçoit, en automne 1819, l’inspiration d’une oeuvre d’aide aux Missions: «Un soir que je cherchais en Dieu le secours, c’est-à-dire le plan désiré, la claire vue de ce plan me fut donnée et je compris la facilité qu’aurait chaque personne de mon intimité à trouver dix associés donnant un sou chaque semaine pour la Propagation de la Foi. Je vis en même temps l’opportunité de choisir, parmi les plus capables des associés, ceux qui inspireraient le plus de confiance pour recevoir de dix chefs de dizaine la collecte de leurs associés, et la convenance d’un chef, réunissant les collectes de dix chefs de centaine, pour verser le tout au centre commun». Consulté, l’abbé Würtz lui dit: «Pauline, vous êtes trop bête pour avoir inventé ce plan… Évidemment, il vient de Dieu. Aussi, non seulement je vous permets, mais je vous engage fortement à le mettre à exécution!»
Malgré bien des oppositions et des incompréhensions, l’oeuvre de la Propagation de la Foi se répand avec la rapidité de l’éclair, en France puis dans le monde entier, apportant aux Missions des secours considérables. Un conseil de gestion est créé. Pauline s’efface devant lui: «Je laissai à qui voulut le prendre, l’honneur de cette fondation divine dont l’inspiration était du Ciel». Dans sa prière, elle rend grâces à Dieu: «Vous avez jeté les yeux sur ce que vous avez trouvé de plus petit ici-bas, pour en faire l’instrument de votre Providence et procurer la gloire de votre adorable Nom, afin que nulle chair ne puisse se glorifier devant vous».
Le zèle intense de Pauline en faveur des Missions s’inspire directement de l’Évangile. Avant de monter aux Cieux, le Seigneur Jésus a envoyé ses disciples en disant: Allez dans le monde entier, proclamez l’Évangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé (Mc 16, 15-16; cf. Mt 28, 18-20). Ce mandat missionnaire révèle la bonté de Dieu qui veut que les hommes connaissent la vérité et soient sauvés (cf. 1 Tm 2, 4). En effet, «le salut se trouve dans la vérité. Ceux qui obéissent à la motion de l’Esprit de vérité sont déjà sur le chemin du salut; mais l’Église, à qui cette vérité a été confiée, doit aller à la rencontre de leur désir pour la leur apporter. C’est parce qu’elle croit au dessein universel de salut, qu’elle doit être missionnaire» (Déclaration Dominus Jesus, Congrégation de la Doctrine de la Foi, 6 août 2000, n. 22).
Pourquoi la Mission?
Pourtant, de nos jours, constate le Pape, «certains s’interrogent: la mission auprès des non-chrétiens est-elle encore actuelle?… Le respect de la conscience et de la liberté n’exclut-il pas toute proposition de conversion? Ne peut-on faire son salut dans n’importe quelle religion?… En remontant aux origines de l’Église, nous voyons clairement affirmé que le Christ est l’unique Sauveur de tous, Celui qui seul est en mesure de révéler Dieu et de conduire à Dieu… Car il n’y pas sous le ciel d’autre Nom donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés (Ac 4, 12). Cette affirmation, adressée par saint Pierre au Sanhédrin, a une portée universelle, car pour tous – Juifs et païens –, le salut ne peut venir que de Jésus-Christ… Cette révélation définitive que Dieu fait de lui-même (en Jésus-Christ) est la raison fondamentale pour laquelle l’Église est missionnaire par sa nature. Elle ne peut pas ne pas proclamer l’Évangile, c’est-à-dire la plénitude de la vérité que Dieu nous a fait connaître sur Lui-même. Le Christ est l’unique médiateur entre Dieu et les hommes (cf. 1 Tm 2, 5-7). Les hommes ne peuvent donc entrer en communion avec Dieu que par le Christ, sous l’action de l’Esprit. Sa médiation unique et universelle, loin d’être un obstacle sur le chemin qui conduit à Dieu, est la voie tracée par Dieu Lui-même» (Jean-Paul II, Encyclique Redemptoris Missio, RM, 7 décembre 1990, n. 4 et 5). À la question: «Pourquoi la Mission?», le Saint-Père répond que dans le Christ, «et en Lui seulement, nous sommes libérés de toute aliénation et de tout égarement, de la soumission au pouvoir du péché et de la mort. Le Christ est véritablement notre paix (Ep 2, 14), et l’amour du Christ nous presse (2 Co 5, 14), donnant à notre vie son sens et sa joie» (RM, n. 11).
Avec les saints de tous les temps, Pauline a reconnu la nécessité de la Mission. L’oeuvre qu’elle a fondée se poursuit aujourd’hui: la Propagation de la Foi vient en aide à plus de 900 diocèses en Afrique, Asie, Amérique Latine, et Océanie, attribuant à chaque diocèse un subside ordinaire annuel et des subsides extraordinaires selon les besoins. L’argent vient de quêtes et de dons faits dans le monde entier et rassemblés à Rome.
Entre 1822 et 1826, la maladie ainsi que le besoin d’une plus grande intimité avec le Seigneur, forcent Pauline à se retirer dans le silence. Les lumières divines qu’elle reçoit alors la poussent de nouveau à l’action. Très attachée au Saint Rosaire, elle souhaite en propager la dévotion. Constatant que peu de personnes ont assez de temps et de ferveur pour le réciter en entier, elle a l’inspiration de le répartir entre quinze personnes qui n’auraient qu’une dizaine à réciter par jour en méditant sur un mystère. «Il me sembla que l’heure était venue, écrira-t-elle plus tard, de réaliser le dessein, formé depuis longtemps, d’une association accessible pour tous, qui produirait l’union avec la prière, et dont l’unique et courte pratique, n’effrayant personne, faciliterait aux fidèles l’usage de la méditation quotidienne, cette méditation ne fût-elle que de quelques minutes, sur les mystères de la vie et de la mort de Jésus-Christ». Ainsi fut fondé en 1826 «le Rosaire Vivant». Avec l’aide d’un Père jésuite, Pauline adjoint à cette oeuvre la distribution d’objets religieux et de bons livres pour réveiller et maintenir la foi. Par la prière et la diffusion de la bonne doctrine, le Rosaire Vivant contribuera à d’innombrables conversions.
Percevoir la détresse
Afin de donner un cadre de vie aux jeunes filles qui se sont groupées autour d’elle, Pauline fonde l’institut des Filles de Marie, consacrées au soin des malades, dans une petite maison qu’elle appelle «Nazareth», sur la colline de Fourvière. Puis elle achète une grande propriété voisine, «Lorette», qui devient le siège officiel du Rosaire Vivant. Au mois d’avril 1834, Pauline est gravement malade au point de recevoir l’Extrême-Onction. Elle se rend tout de même en Italie et, encouragée par le Pape Grégoire XVI, implore et obtient de sainte Philomène sa guérison. Le Saint-Père, rempli d’admiration et de joie à la nouvelle de ce miracle, la reçoit au Vatican. Rentrée à Lyon en 1836, Pauline constate que «Lorette» devient un lieu de rencontre et de vie spirituelle de plus en plus fréquenté où les hôtes sont accueillis avec respect et cordialité. On compte parmi eux saint Pierre-Julien Eymard, saint Jean-Marie Vianney, sainte Thérèse Couderc, sainte Claudine Thévenet… Toujours à son poste, Pauline écoute, réconforte, éclaire, ouvre son coeur et sa bourse. Un jour de 1842, une jeune fille, Françoise Dubouis, lui apporte une lettre du Curé d’Ars: «Mademoiselle Jaricot, je vous adresse une âme, que le bon Dieu a faite bien sûr pour Lui et pour vous… La Sainte Vierge l’a gardée jusqu’à présent de tout mal, gardez-la donc à votre tour, et apprenez-lui à aimer davantage Jésus et Marie». Françoise deviendra la confidente de Pauline jusqu’à sa mort.
Depuis longtemps, Pauline a perçu la détresse provoquée chez les ouvriers par la révolution industrielle. La situation des ouvriers en soierie est particulièrement tragique à Lyon: certains sont logés et nourris par le chef d’atelier qui les emploie, entassés avec leur famille dans d’étroits logements, gagnant une somme dérisoire pour seize heures de travail par jour. Pauline note: «Chez l’ouvrier, la misère affaiblit peu à peu le courage et la vertu. Les personnes riches ne se doutent pas, au sein de l’abondance et de la sécurité, de ce qu’éprouvent un père, une mère à qui des enfants demandent du pain, quand le travail manque, ou que la maladie le rend impossible… Du pain!… Mais alors, pour en avoir, il faut mendier; et tous n’ont pas la force d’en venir là… Il me semble avoir acquis la certitude qu’il faudrait d’abord rendre à l’ouvrier sa dignité d’homme, en l’arrachant à l’esclavage d’un travail sans relâche; sa dignité de père, en lui faisant retrouver les douceurs et les charmes de la famille; sa dignité de chrétien, en lui procurant, avec les joies du foyer domestique, les consolations et les espérances de la religion». Après avoir longtemps prié, Pauline décide de consacrer sa fortune à la création d’un centre industriel où un travail réglé avec prudence et rétribué selon la justice permettrait à Jésus de régner sur les coeurs. Profitant d’une occasion favorable, elle jette les bases d’une entreprise qui lui sera un véritable chemin de croix de 1841 à sa mort, c’est-à-dire pendant vingt années.
Pour lancer l’usine, Pauline confie à des personnes qu’on lui a recommandées la somme de 700 000 francs-or. Tout d’abord, l’entreprise semble fonctionner de façon satisfaisante: les comptes-rendus présentés sont optimistes. Mais les hommes d’affaires auxquels elle a fait confiance, détournent à leur profit les capitaux. «Je tombai, écrit-elle, comme l’homme descendant de Jérusalem à Jéricho, entre les mains de voleurs». Pauline perd sa fortune et se retrouve grevée de dettes, talonnée par les créanciers. Dans cette situation dramatique, son souci se porte d’abord sur les nombreux pauvres qui lui ont prêté de petites sommes d’argent pour l’usine; elle tient fermement à les rembourser pour leur éviter la misère, et, dans ce but, se résoud à mendier. Mais cette affaire lui a coûté sa réputation. La direction de l’oeuvre de la Propagation de la Foi, qu’elle a elle-même fondée, statue ainsi sur sa demande de secours: «Vu qu’on ne saurait lui reconnaître la qualité de fondatrice, dont elle se prévaut, le conseil se refuse à accorder un secours financier».
«Plus que d’autres, dira le Pape Paul VI, Pauline devait rencontrer, accepter et dépasser dans l’amour une somme de contestations, d’échecs, d’humiliations, d’abandons qui donnèrent à son oeuvre la marque de la Croix et sa fécondité mystérieuse». Toutes les portes, en effet, se ferment devant celle qui en a tant ouvert pour d’autres, et, à chaque nouvelle souffrance, elle répète: «Mon Dieu, pardonnez-leur et comblez-les de bénédictions à mesure qu’ils m’abreuvent de plus de douleurs». Le saint Curé d’Ars, s’exclamera un jour en chaire: «Mes frères! moi, je connais une personne qui sait bien accepter les croix, même les croix les plus lourdes, et qui les porte avec grand amour. Cette personne, mes frères, c’est Mademoiselle Jaricot, de Lyon!»
Le véritable bonheur
En 1852, on suggère à Pauline d’aménager à travers le clos de «Lorette» un raccourci pour accéder au sanctuaire de Fourvière, moyennant l’acquittement d’un droit de passage. Séduite par cette idée, Pauline obtient les autorisations municipales et met en oeuvre le projet. Les revenus ainsi obtenus lui permettent, au bout de plusieurs années, de rembourser la totalité des dettes.
Mais l’usine n’existe plus: elle a été vendue au profit d’un des créanciers. En apparence, Pauline a donc échoué. En réalité, elle a fécondé par ses souffrances bien acceptées d’autres oeuvres du même genre qui seront entreprises après elle. Au sein de l’Église, elle a été l’une des premières voix à s’élever contre les abus de la révolution industrielle, préparant ainsi l’Encyclique Rerum Novarum (1891) de Léon XIII, sur les droits des ouvriers à un juste salaire et à des conditions de vie décentes. De nos jours, l’Église, confrontée à des situations nouvelles, continue d’insister sur les devoirs de justice et de solidarité. Le 4 novembre 2000, le Pape Jean-Paul II a déclaré aux responsables politiques, lors de leur jubilé à Rome: «Avec le phénomène de la mondialisation des marchés, les pays riches et développés tendent à améliorer davantage encore leur situation économique, tandis que les pays pauvres tendent à sombrer dans des formes de pauvreté toujours plus pénibles… C’est l’esprit de solidarité qui doit croître dans le monde, pour vaincre l’égoïsme des personnes et des nations… Les chrétiens qui se sentent appelés par Dieu à la vie politique ont pour tâche de soumettre les lois du marché «sauvage» aux lois de la justice et de la solidarité. C’est l’unique moyen d’assurer à notre monde un avenir pacifique, en détruisant à la racine les causes de conflits et de guerres: la paix est le fruit de la justice».
Après un répit de 35 ans, la maladie de coeur de Pauline s’aggrave. Languissante pendant plusieurs mois, la servante de Dieu reçoit à nouveau l’Extrême-Onction le soir du premier dimanche de l’Avent 1861. Le 9 janvier suivant, bien avant l’aube, on l’entend murmurer: «Comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés… Marie! Marie! Oui, oui, fiat!» enfin: «Marie, ma Mère… je suis… tout à vous…!» Ce sont ses ultimes paroles. À cinq heures du matin, le sourire aux lèvres, Pauline exhale son dernier souffle et entre, toute jeune, toute belle, toute radieuse dans la vraie vie, la Vie Éternelle. Le 25 février 1963, le bienheureux Pape Jean XXIII a déclaré l’héroïcité de ses vertus, ce qui lui vaut le titre de Vénérable.
Six ans avant sa mort, Pauline avait rédigé un testament spirituel où on peut lire: «Mon seul trésor est la Croix! En m’abandonnant à vous, Seigneur, je souscris à mon véritable bonheur; je prends possession de mon seul vrai bien. Que m’importe donc, ô volonté tout aimée et tout aimable de mon Dieu, que vous m’ôtiez les biens terrestres, la réputation, l’honneur, la santé, la vie, que vous me fassiez descendre par l’humiliation jusque dans le puits et l’abîme le plus profond… J’accepte votre calice. Je m’en reconnais tout à fait indigne, mais c’est encore de vous que j’attends le secours, la transformation, l’union et la consommation du sacrifice pour votre plus grande gloire et le salut de mes frères».
Du 17 au 19 septembre 1999, ont eu lieu à Lyon et à Paris des célébrations en l’honneur du bicentenaire de la naissance de Pauline Jaricot. À cette occasion, le Pape Jean-Paul II a adressé à l’archevêque de Lyon une lettre élogieuse pour la Vénérable: «Par sa foi, sa confiance, sa force d’âme, sa douceur et l’acceptation sereine de toutes les croix, Pauline se montra vraie disciple du Christ… Mettre en évidence cette figure marquée très tôt par une volonté inouïe d’entreprendre, doit stimuler l’amour de l’Eucharistie, la vie d’oraison et l’activité missionnaire de toute l’Église dont la fin propre est de s’unir au Sauveur, de le faire connaître et d’attirer à Lui tous les hommes… En se mettant à l’école de Pauline, l’Église doit trouver un encouragement pour affermir sa foi, qui ouvre à l’amour des frères, et pour suivre sa tradition missionnaire, sous les formes les plus variées».
Que saint Joseph, Protecteur de l’Église et de sa Mission, nous obtienne la grâce d’imiter les exemples de la vénérable Pauline, et de travailler inlassablement à l’oeuvre du salut des âmes.
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